Archive for février, 2013

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La question va te paraitre bête mais je n’avais que 6 ans à la sortie de Trop Fou Pour Toi et je ne dois pas être le seul parmi nos lecteurs : qui est SATAN JOKERS ?

La SATAN JOKERS du passé était un groupe très arrogant, un mélange, une synthèse de différents styles. On aimait autant le jazz rock que le métal, autant MAGMA que JUDAS PRIEST, autant RUSH que BLACK SABBATH et on était des vrais musiciens. Il y avait Laurent Bernat à la basse qui est malheureusement décédé il y a presque 10 ans maintenant, Pierre Guiraud au chant, il venait de Toulouse. Il n’était pas du tout chanteur mais un grand showman et il est devenu le chanteur du groupe, blond décoloré, une espèce de frontman qui aurait pu se retrouver chez MOTLEY CRÜE et qui s’est retrouvé chez nous et Stéphane Bonneau à la guitare, que l’on appelait l’ange blanc car il était habillé en blanc et nous en cuir noir. La presse s’accorde à dire que l’on a inventé la fusion métal, c’est très gentil. Je pense qu’il s’agit d’un très beau compliment, cela fait très chic à dire mais que c’est un peu exagéré. Nous étions simplement la synthèse de nos cultures musicales. Nous étions de vrais musiciens avec une culture musicales parfois une peu plus riche que d’autres groupes de métal dans l’hexagone. Et forcément un peu plus arrogant, parfois pas forcément bien compris, avec une image détestée, adorée… Nous ne laissions pas indifférent et c’était assez intéressant.

Ça c’est le groupe des années 80, reformation en 2009. Pourquoi ? Parce qu’un mec me propose un festival pour être tête d’affiche, cela ne s’est jamais fait d’ailleurs, mais Pascal Mulot, bassiste exceptionnel et ami de Laurent me dit « ce serait quand même génial pour un festival ou deux et même se serait bien que l’on fasse un album ». Je le regarde et je fais « chiche ! ». Et on se retrouve en studio chez un mec avec qui je faisais des titres à l’époque et je remonte SATAN JOKERS. Et quatre albums de 2009 à aujourd’hui : SJ 2009, Fetish X, AddictionS et Psychiatric. Cela donne une formation d’un groupe culte des années 80, tout aussi culte aujourd’hui car tout aussi controversé. Finalement rien n’a changé et cela me fait rire. Pourquoi controversé ? Car aujourd’hui nous proposons des textes composés avec un psychiatre-addictologue qui m’a sorti d’une addiction de 17 ans à la coke et ça fait parler ! Mais cela me fait marrer car tout cela reste juste du rock n’roll, juste de l’amusement, de l’entertainement.

 

Le moins que l'on puisse dire c'est que cet album arrive vite : presque un an après AddictionS qui datait de 2011. Qu'est-ce qui explique cette grande fécondité selon toi ? une fécondité présente dès la reformation de Satan Jokers puisque nous en sommes à quatre albums studios !

C’est une boulimie de travail parce que justement 17 ans d’addiction et l’impression d’avoir perdu du temps. Je n’ai pas fait certaine fois ce que j’aurais voulu faire. Aujourd’hui il est de bon ton d’avoir plusieurs projets. Moi quand je faisais SATAN JOKERS, aimer plusieurs styles musicaux c’était être un paria, être un traître à la cause, un traître. Le fait que je vive de mon art et que je parte dans le camp de variété française, dans le pop/rock, que je fasse les trois plus grandes comédies musicales françaises : Starmania, La légende de Jimmy et Notre dame de Paris, certains métalleux ne le comprenaient. Ils pensaient que j’avais renié mes origines. Mais pas du tout ! Je suis avant tout un musicien et j’écoute autant Kate Bush, Peter Gabriel et Michel Jonasz que du métal comme ILL NINO et PANTERA. Pourquoi je devrais me contenter que d’un truc, pourquoi b*** que des blondes si je peux avoir une belle brune. C’est abstrait.

Donc boulimie de travail car l’impression d’avoir perdu du temps et également la peur du temps qui passe et quand tu fais ça tu ne fais pas de conneries ! C’est thérapeutique et aussi, et c’est peut-être le plus important, la peur que l’objet, tu sais cet objet qui est le disque disparaisse avec le matériel d’aujourd’hui, avec internet. Les chiffres de vente sont catastrophiques aujourd’hui donc quand j’annonce sur la page du groupe que l’on est en réassort c’est formidable mais en vérité il s’agit de score dérisoire par rapport à une certaine époque. Mais on est super content d’être en rupture de stock et de remettre des disques en place dans les magasins. Mais c’est à mourir de rire car on va gagner peanuts. Bref tout ça pour dire, éviter les conneries et avoir peur que le cd disparaisse. Déjà le cd a remplacé le vinyle et moi j’aime le disque, je suis un acheteur de disques. J’aime en acheter et plus que tout j’aime en faire ! J’ai envie de laisser une trace de mon passage.

 

Quel est ton état d’esprit pour la sortie de Psychiatric ? Quand on voit cette créativité, on imagine que c'est parce que tu tiens la forme et pourtant, à la lecture d’interview dans la presse, tu sembles désenchanté et amer…

Non je suis pas désenchanté, je vis avec mon époque, avec mon temps et je suis réaliste. Ce qui me rend malheureux avec SATAN JOKERS c’est que l’on a pas de management et pas de gros tourneur et donc le groupe ne peut pas donner autant de concerts qu’il devrait en donner pour défendre ces disques. Mais ça c’est un problème typiquement français. Et ça cela me rend malheureux et dnc j’ai décidé de mettre le groupe en sommeil. Il sera en sommeil sauf les fois où nous serons contactés pour jouer mais quand on nous prend au sérieux, c'est-à-dire quand on nous paye sérieusementr. Je ne vais pas accepté les conditions dans lesquelles se produisent certains groupes des années 80 qui jouent pour 500 euros parce que cela ne m’intéresse pas.

Nous avons une démarche à faire valoir. Je n’ai pas un deuxième métier, je ne suis pas charcutier la journée et musicien le soir. Mon métier c’est la musique et comme j’ai plusieurs projets, j’ai une école qui fonctionne du feu de Dieu, que je fais des bouquins, je gagne ma vie avec la musique. Le travail que l’on fait sur scène est de qualité, SATAN JOKERS c’est quand même une dream team : Michaël Zurita à la guitare c’est quand même le Steve Vai français, Aurel à la batterie c’est quand même un cyborg, Pascal Mulot à la basse et moi au chant, je suis désolé mais ça vaut tant. 500 euros c’est pas possible.

 

Pourquoi le titre de ce disque apparaît-il avec une orthographe anglaise alors que SATAN JOKERS a toujours tenu à l'expression en français. Et c’était déjà le cas pour Fetish X ?

Non c’est un hasard, il n’y plus aucune volonté de s’exporter, le rêve américain c’est fini. Je l’ai eu à 18 balais mais il est vite passé. Ils ne nous attendent pas et moi non plus. Non je sais pas c’est totalement le hasard. C’est le fait de Laurent Karila et il t’aurait sans doute mieux expliquer ça que moi. Il est psychiatre-addictologue et il est très branché gimmick comme moi. Et donc Psychiatric avec un « c » sonnait plus rock n’roll c’est aussi con que ça, il faut n’y voir aucun calcul. On est vraiment un groupe francophone, nous chantons en français. J’ai un projet en anglais qui s’appelle FURIOUS ZOO… Au niveau du design du mot c’était mieux comme ça.

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Il semble qu'à la différence du précédent la thématique de l'album tourne autour de la maladie mentale… (sujet abordé est particulièrement casse gueule) pourquoi ce choix ? A contrario vous avez abandonné un certain nombre de paroles légères, comme celles de « Trop fou pour Toi », « Infidèle ». Est-ce volontaire ?

Oui cela fait un moment que nous avons abandonné ce créneau au niveau des thématiques et cela ne risque pas de revenir tout de suite car le cinquième membre du groupe c’est Laurent Karila. Vraiment. Et c’est un privilège d’avoir ainsi un mec qui peut faire évoluer ton groupe avec des textes intelligents, avec une approche médicale de certains sujets. Faire AddictionS c’est faire de la prévention. Cet album va avoir une deuxième vie car normalement dans les semaines qui viennent, je l’espère et ce sera plus important pour moi que le Top 50 car nous sommes dans les starting-blocks avec la MILDT (Mission interministérielle de lutte contre la drogue et la toxicomanie – site ici). Cette action gouvernementale devrait utiliser notre travail dans des actions de prévention. Et ça franchement c’est super important, la contribution de ma vie d’artiste. Ce serait sans précédent dans le monde.

Donc quand ton thérapeute est devenu ton ami, ton frère, qu’il a des idées à ta place, il te tire, on finira le tryptique. Je vais mettre SATAN JOKERS en sommeil, oui, mais il y a déjà un album prévu qui sera très certainement ce qu’il appelle lui un « sexe-opéra », un opéra rock sur les addictions et les perversions sexuelles et on aura boucler la boucler. On y trouvera des mecs comme Stéphane Buriez (LOUDBLAST) car j’adore ce mec, je le veux et il sera là en plus de différents chanteurs de métal francophone et une chanteuse de métal française. Par contre en live on joue des trucs légers, « En Partance Pour l’Enfer », « Pas Fréquentables » en même temps que des trucs intelligents (rires) ! Mais le seul élément du groupe des années 80 c’est moi ! Et tout cela c’est du rock, c’est pas trop sérieux. Quand je fais des déclarations tapageuses c’est du vingtième degré…

 

Votre chansons sont toujours super catchy alors qu’avec le line-up on pouvait s’attendre à une musique très technique. Comme se fait l’équilibre ?

Le côté attrayant est ma patte, c’est la marque de fabrique de ma carrière solo et SATAN JOKERS a toujours été le laboratoire de mes expérimentations. Cela explique des chiffres de vente supérieurs à nos confrères à part TRUST qui a été un énorme phénomène. Et nous étions les seuls à pouvoir un peu les concurrencer. Le groupe a aussi toujours attiré plus de « gonzesses » que la moyenne mais pas parce nous étions des playboys mais simplement parce que les refrains étaient plus accrocheurs. Alors SATAN JOKERS aujourd’hui pose des questions à mes fans pop/rock. Ils se demandent pourquoi je suis attaché à ce bébé pourquoi cela me tient à cœur et ils écoutent. Et souvent ils adhèrent parce que les refrains sont là alors qu’ils m’aiment parfois pour des balades sirupeuses piano/voix. Des mères de famille ou des gamines de 18 ans le disent « je suis allé bossée avec Psychiatric dans la bagnole et cela m’a donné une patate ! ». Et là tu es content…

 

Pour ce Psychiatric, c'est encore Laurent Karila qui s'est chargé des paroles comme sur AddictionS. Alors que tu aimes écrire (voir ton bouquin autobiographique Poudre aux yeux), tu sembles avoir abandonné cette tâche facilement. Pourquoi ?

Oui mais il parle de 17 ans de ma vie de A à Z, comme il le dit c’est mon « neurone-miroir ». Pour AddictionS, je lui proposais une fin d’album qui s’appelait « une vie avec ou une vie sans ». Et là il me regarde il me dit « ah non, cela va s’appeler ma vie sans ». Il avait décidé pour moi et j’arrêtais, c’était son rôle de thérapeute aussi bien sûr. Cela me décharge juste d’un poids, j’ai ainsi une vision plus globale, je choisi les texte, les ambiances qui s’adaptent le mieux… Je suis une tour de contrôle et c’est formidable. Nous n’avons jamais été autant un groupe et j’attends qu’Aurel (le batteur) se mette à écrire pour SATAN JOKERS. Il ne fait pour l’instant que les arrangements de batterie et ses parties sont fondamentales, c’est une valeur ajoutée. On a jamais autant bossé en groupe, au téléphone, mais les idées fusent. On échange des mp3, on est obligé on ne peut plus faire autrement. Economie de budget, il faut être réaliste. Je suis sur Cubase, l’ingé-son intervient…

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A quoi aspirez-vous désormais après avoir connu les plus hauts et les bas de la notoriété mais aussi le fond du trou avec les drogues ?

Il ne faut pas se le cacher mais avec les drogues au début il y avait du plaisir. Moi je les utilisais avec une connotation sexuelle. Je le dis dans le deuxième bouquin, je n’étais plus le même mec, je passais de quelqu’un d’hyper directif à un agneau, « d’un culbutor du cul » à une vraie merde et cela m’excitait. C’était une recherche de plaisir, tu sais, on commence à se droguer parce que l’on aime ça ! Et on ne se rend pas compte des conséquences. Si j’avais eu les règles du jeu avant, je n’aurais pas commencé ou alors je serais mort en y allant à fond. Mais j’ai toujours du mal, j’ai fait des faux-pas… Tout le monde me disait que j’allais devenir le nouveau Balavoine mais je rencontre en 1994 la drogue, deux ans après la mort de Michel Berger et j’y vais à fond. Mais personne le sait et je l’avoue en 2011. Je suis passé à travers tout, la police, la justice, les RG… Etre dans une tricherie permanente pendant 17 ans. Et ma famille ne pouvait rien faire dans ma dérive.

 

Par ailleurs le CD est livré avec un DVD bourré de bonus très intéressants il me semble. Peux-tu les présenter ?

Le but c’est de faire plaisir aux gens et c’est une vraie belle trace du groupe. Le DVD de 3 heures avec 3 chapitres : le premier présente l’intégralité de l’album Addictions joué l’année dernière au Satan’s Fest sans remix, sans retouche, brut de décoffrage. Et cela le fait grave. Ensuite des clips et un colloque fait à la FNAC avec des titres unplugged et ensuite on parle et on fait de la prévention. Troisième chapitre, le groupe des années 80, 40 minutes que j’ai réussi à synthétiser en passant ce qu’il y avait de plus acceptable des bandes VHS de l’époque. Alors cadeau ! Petit prix avec un beau DVD dedans.

 

Et enfin "Le Quizz De Metal Chroniques Quizz" pour terminer cette interview :

01. Quelle est votre chanson préférée (tous artistes, époques…) ?

« Une » je peux pas, je t’en donne plusieurs : « Four Sticks » de LED ZEPPELIN, « Get out of My House » de KATE BUSH et « Domino » de JESSI J, c’est un tube de dance actuel, une tuerie, « Teenage Dream » de KATHY PERRY, c’est énorme… Je vais la faire en piano/voix lors des concerts à venir les 29 et 30 mars au Pacific Rock à Cergy pour mes 50 ans. J’ai l’impression d’être un teenager prisonnier dans un corps de 50 balais !

02. Premier album acheté ?

En 1969, j’avais 6 ans et c’était II de LED ZEPPELIN

03. Dernier album acheté ?

J’en ai acheté 15 en même temps, moi quand je suis dans un magasin… Une compil de RONNIE JAMES DIO, un peu pourrie mais j’adore et je suis très malheureux de sa disparition, un des plus grands…

04. Quel son ou bruit aimez-vous ?

L’orgasme d’une fille…

05. Quel son ou bruit détestez-vous ?

Les travaux chez mes voisins.

 

Tous nos remerciements à Roger WESSIER (Replica Promotion)

 

Chronique de l'album ici

Chronique Addictions ici

Site internet

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01. Pourriez-vous nous préciser l’orientation choisie pour le nouvel album, à quoi doit-on s’attendre ?

Mana : Il va être plus lourd, plus thrash, plus sale que les albums précédents.

Mr Lordi : Les éléments traditionnels, la patte du groupe est bien présente mais effectivement il est un peu plus heavy et agressif.

 

02. Pour la deuxième fois vous avez travaillé avec Michael Wagner comme producteur. Comment cela s’est-il passé cette fois ? Et avec qui rêveriez-vous de travailler ?

Mr Lordi : C’est toujours très bien, c’est un type super, il a comme nous conservé cet esprit enfantin. C’était encore en plus simple, tout a fonctionné entre lui et nous à merveille, nous nous connaissions déjà. Nous avons rapidement su que nous allions retravailler avec lui. Pour la suite on verra, tout est possible.

Mana : Bob Ezrin sans hésitation…

 

03. Comment devons-nous comprendre le titre de l’album, To Beast or Not to Beast, ainsi que la pochette et le référence à Hamlet de Shakespeare ?

Mr Lordi : C’est une coïncidence en réalité. A l’origine il devait s’appeler Upgradead et j’ai peint moi-même la pochette de l’album avec cette fille vintage. J’ai montré ce visuel à notre guitariste Amen et il m’a répondu qu’il aimait mais que cela ne correspondait pas au titre de l’album. Il pensait plutôt à Hamlet et « To be or not to be ». Donc j’ai réfléchi et To Beast or not to Beast a paru bien plus adaptée. Fuck Yeah ! Et cela a été compliqué avec le label car l’album était déjà en fabrication ! En insistant tout s’est finalement bien fini pour nous.

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04. Mana, comment se déroule-t-il jusqu’à présent sur scène ? Et que faisiez-vous avant LORDI ? Que peut-on attendre des concerts à venir ?

Mana : tout va bien je ne suis pas trop effrayé, anxieux bien sûr mais tout se passe bien. Faire cette promo ici à Paris c’est vraiment amusant. La bière est bonne… Jusqu’ici tout va bien. Avant LORDI j’étais batteur au sein de nombreux groupes et je le suis toujours

Mr Lordi : Tout va changer, le show va être complétement nouveau. Nous apportons de nouveau effets scéniques et visuels, nous progressons dans ce domaine et vous pouvez vous attendre à quelques surprises. Les classiques du groupe seront là mais aussi des titres peu joués, extrait de Scarchives, et beaucoup de nouvelles chansons, un super show en perspective.

 

05. Vous vous moquez régulièrement de Satan dans vos chansons ce qui inhabituel pour un groupe métal. Que est votre philosophie sur ce sujet ?

Mr Lordi : Oui nous sommes les STRYPER des temps modernes ! (rires) Ce personnage de fiction est devenu cliché dans le métal, certains groupes prennent cela trop au sérieux alors qu’il ne s’agit que de contes de fées. Nous avons été critiqué avec des chansons comme « Devil Is A Loser » mais soyons sérieux, nous nous amusons ! J’enc*** le diable

 

06. On parle depuis longtemps d’un documentaire sur le groupe. Quand va-t-il sortir ?

Mr Lordi: Une équipe de tournage suit le groupe depuis plus de deux ans et nous espérons une sortie pour 2014. On nous y voit en tournée, backstage mais aussi dans notre vie quotidienne au téléphone ou en train de nourrir mes animaux de compagnie. Vous nous verrez sans doute dans nos masques mais nos visages n’apparaîtront cependant pas…

 

07. Avez-vous essayé de jouer en première partie de KISS et Gene et Paul connaissent-ils votre existence ?

Mr Lordi : Oui bien sûr et Gene a été un soutien précieux pour nous depuis le premier album. A la sortie de notre premier disque, Get Heavy, je suis allez le voir au moment de la sortie d’Asshole son opus solo, pour le lui donner en lui précisant qu’il s’agissait d’un hommage au Love Gun de KISS. Et il nous a fait des compliments et cela compte beaucoup pour moi. Et depuis ce temps, il est derrière nous et c’est très important pour nous. Une tournée commune serait un rêve mais il faut voir cela avec notre management. Nous avons partagé la scène d’un festival en Nouvelle-Zélande avec d’autres grands noms du hard-rock.

 

08. Si vous êtes d’accord, parlons d’Otus ? Comment comprendre la dernière chanson de ce nouvel album « SCG6: Otus' Butcher Clinic » ?

Mr Lordi : Nous sommes exactement un an après sa disparition. Ce n’a pas été difficile d’inclure ce titre, mais chacun vit différemment la perte d’un ami. Mais je sais qu’il aurait été le premier à nous encourager à continuer et à nous donner le téléphone d’un nouveau batteur. Il a été difficile de mettre sur cet album une chose qui lui appartienne car il rejoint le groupe juste après la sortie du précédent album et n’a donc rien enregistré avec nous. Nous avons finalement récupéré son disque dur et y avons retrouvé par hasard son solo de batterie réalisé sur scène ici à Paris. Donc au dernier moment à Nashville nous avons pu intégrer ces éléments dans une chanson en conservant ses parties intactes. In faut parler d’Otus, cela ne le ramènerait pas pour autant parmi nous mais ainsi il restera vivant. Son jeu a rendu notre son plus puissant et agressif car il était beaucoup plus véloce que notre précédent batteur. C’est aussi sa contribution.

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09. Mr Lordi, en interview, vous expliquiez que vous pouviez comprendre les fans de PANTERA ou de ROB ZOMBIE mais pas ceux de Death ou Black Metal. Pourriez-vous développer ?

Mr Lordi : Oui bien sûr. Dans PANTERA par exemple on trouve des éléments de mélodie, une ligne musicale à suivre même dans les parties les plus agressives. Je comprends cette musique, je peux l’écouter et l’apprécier. Je peux entendre le savoir-faire des artistes Death et Black métal , ces gars savent jouer, ils maitrisent particulièrement bien leurs instruments, j’ai du respect mais à mon oreille cela me semble étranger, je ne le comprends pas. Et pourtant j’adore Udo Dirkschneider ou King Diamond mais là je trouve une mélodie. La chimie n’agit pas pour moi…

 

10. A qui est dédicacé le titre « Sincerely with Love » ? Michel Drucker je suppose ?

Mr Lordi : Ah ok, oui je comprends la référence et la plaisanterie. Je voulais écrire un titre avec un refrain connu de tous pour pouvoir être repris en cœur en concert pour vraiment tout le monde. Même si tu ne parles pas anglais tu comprends « Fuck You Asshole ». Donc ceux qui nous aiment pourront le chanter et ceux qui nous déteste aussi. L’idée était d’avoir un refrain universel.

 

11. En prenant du recul sur votre carrière, de quoi êtes-vous le plus fier et le pire moment de ces années avec LORDI ?

Mr Lordi : Tous les artistes vont diront sans doute la même chose mais je suis très fier d’avoir réussi à sortir un premier album avec mon propre groupe et de poursuivre une carrière. Et l’autre élément de fierté pour moi est d’être devenu ami avec mes idoles de jeunesse comme Udo Dirkschneider (ACCEPT, UDO), Jay Jay French (TWISTED SISTERS) et également les compliments de membres de KISS ou ALICE COOPER… En ce qui concerne le pire moment de notre carrière, il faut parler de ce concert à Moscou donné il y a quelques années de cela lors du sommet du G8 en 2006 ou 2007. Plus d’un million de personnes s’étaient rassemblées sur la Place Rouge, des groupes de renommée internationale à l’affiche comme par exemple THE SCORPIONS. Avec une diffusion dans tout le pays et deux chansons à faire.

Et avant de monter sur scène, le promoteur nous demande "Vous jouez en playback ou en acoustique ?". Je n’e crois pas mes oreilles mais il ne veut rien entendre et il faut bien choisir. L’exercice acoustique étant peu adapté à notre musique et surtout jamais tenté nous devons opter pour le playback et nous donnons une copie de l’album du groupe aux techniciens. Nous donnons une DAT pour une musique de bonne qualité. Et ils utilisaient un lecteur cd tout pourri, d’une qualité vraiment médiocre et ce qui devait arriver arriva… Au bout de quelques minutes, le cd saute et nous nous retrouvons comme des imbéciles sur scène, la supercherie dévoilée. J’espère alors sauver les meubles en expliquant la situation à la foule mais même le micro était une triste copie. Furieux nous finissons comme nous pouvons le concert. La honte, plus jamais…

En sortant de scène nous croisons Klaus Meine de THE SCORPIONS hilare qui se moque de nous pour avoir choisi le playback. Et il faut bien avouer qu’ils assureront ce soir-là un super concert acoustique.

 

12. Vous avez changé de label en signant chez AFM Records, pourquoi ?

Nous sommes toujours publié par Sony en Finlande mais pour le reste du monde c’est effectivement AFM Records. Nous avons un nouveau management et nous avons décidé d’avoir un label plus spécialisé pour mieux nous travailler. Sony Finland est génial car nous sommes chez nous mais pour l’étranger nous sommes un parmi des centaines et cela se passait moins bien. Triste mais vrai. Nous en compétition avec AC/DC par exemple chez Sony international. Donc on a changé pour le mieux…

 

13. Un conseil aux groupes débutants qui cherchent à tourner ?

Mana : s’entraîner, s’entraîner, s’entraîner et… encore s’entraîner

Mr Lordi : Et aussi surtout croire en soit et en son projet.

 

Tous nos remerciements à Roger WESSIER (Replica Promotion)

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MetalChroniques : Tu es, et tu as été, dans beaucoup de projets et de groupes, alors que cherches-tu à concrétiser avec Voodoo Circle, musicalement ?
Alex Beyrodt : De l’argent ! Non, sérieusement… si c’était le cas, je ferais du hip-hop ou de la pop. J’ai lance Voodoo Circle parce que je voulais avoir un groupe qui jouerait la musique des groupes avec lesquels j’ai grandi. Surtout qu’on n’entend plus ce genre de musique aujourd’hui. Egalement, je voulais avoir dans le groupe des musiciens qui seraient capables d’improviser sur scène, de manière à ce que chaque soir, chaque concert serait différent : parfois telle chanson dure quatre minutes, et parfois c’est quinze minutes, selon le « feeling » de la soirée. Ces idées sont à la base de Voodoo Circle.
M.C. : Donc régulièrement, en concert, vous allez complètement dans l’improvisation ?
A.B. : Oui. Nous avons une set-list, mais personne ne sait jamais combien de temps ça durera vraiment ! D’ailleurs parfois c’est un problème, quand nous jouons dans des festivals surtout : il y a des horaires imposés très précis, et… « nous avons déjà joué trois chansons, et nous devons terminer le concert, ouah ! »

M.C. : Ce nouvel album a toujours quelque chose des années 70, mais il y a aussi quelque chose des années 80 qui se dégage très nettement. Est-ce que c’était intentionnel, dès le départ ?
A.B. : Pas du tout, à vrai dire. Ca s’est juste avéré comme ça. C’est probablement lié à la manière avec laquelle nous avons produit l’album et au matériel que nous avons utilise. Par exemple je suis passé d’une Stratocaster à une Les Paul [deux types de guitares] : elles ont un son différent et la manière d’en jouer aussi est différente. Grâce à ça, j’ai pu avoir une approche totalement différente des chansons.
La manière d’écrire les chansons a un peu changé, aussi. Quand j’ai commencé à enregistrer et à sélectionner des riffs de guitare, tous mes riffs étaient influencés par des groupes des années 80. Au bout du compte, j’avais trente-cinq chansons ou idées, parmi lesquelles j’ai sélectionné 14 titres. Mais il ne faut pas croire que je me suis assis en me disant que j’allais écrire « un album des années 80 », ça n’est pas le cas du tout.
M.C. : Mais aussi… par exemple, les instruments en eux-mêmes ont souvent un son très « années 70 », particulièrement les claviers, mais en même temps les arrangements font extrêmement « années 80 » ?
A.B. : Tout à fait, et… est-ce que c’est bien ou mal ? Sois honnête, ça te plaît ou non ?
M.C. : Je ne sais pas vraiment ? J’aime bien la musique des années 70 [enfin, pas certains des groupes qui l’influencent visiblement, mais passons], j’aime bien la musique des années 80 et… Pour dire les choses différemment : le premier album de Voodoo Circle était énormément influencé par Malmsteen…
A.B. : Oui. Et c’était intentionnel.
M.C. : Le deuxième était extrêmement tourné vers les années 70, en général, dans la musique comme l’atmosphère…
A.B. : Tout à fait, tu as bien fait tes devoirs !
M.C. : Mais je connais ces albums, je ne suis pas tombée dans le metal il y a deux semaines ! [on peut être une fille, ressembler à tout sauf à une metalleuse ET écouter du metal depuis longtemps, dediou !] Et au final, je parle juste de l’évolution du groupe. Par exemple, puisqu’on est passé aux années 80 sur cet album, pourquoi pas pour le prochain…
A.B. : Les années 60…
M.C. : Pourquoi pas, mais ça serait difficile pour du metal !
A.B. : Pas d’années 90 ! Cette période est très mauvaise pour la musique rock.
M.C. : Pourquoi ?
A.B. : Le grunge, ils ont tout tué ! Enfin, ce qui est drôle c’est qu’aujourd’hui je comprends le grunge, et je peux l’apprécier. Mais à l’époque, je détestais ça !

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MC. : Il y a aussi beaucoup moins d’influences neo-classiques, pour ne pas dire qu’elles ont disparu : est-ce qu’elles ont fini par vous lasser, ou c’est juste que là pour cet album elles n’étaient pas nécessaires ?
A.B. : J’ai été influencé par Ritchie Blackmore pendant toute ma vie. Si j’ai commencé à jouer de la guitare, c’était justement par rapport à Blackmore et Jimmy Hendrix : c’est toujours présent dans mes racines musicales. Mais comme je l’ai déjà dit, j’ai changé de guitare pour ce nouvel album, j’utilise une Les Paul sur ces chansons. Or, on joue différemment sur une Les Paul ! Une Les Paul a beaucoup plus de « sustain » [anglicisme, revient à dire qu’on tient mieux une note avec une Les Paul], un son beaucoup plus « gros » et « gras ». C’est l’opposé avec une Stratocaster, si bien qu’on a toujours envie de jouer plus, on ne cherche pas à faire tenir une note. Avec une Les Paul, on peut tenir une note, boire une bière, et puis une autre, et la note ne bouge pas ! En tant que musicien, ça donne l’opportunité de jouer différemment. Pour ma part, j’ai commencé à jouer moins de notes, à faire des choses plus mélodiques, j’ai utilisé des sons différents et après avoir joué avec une Stratocaster pendant 25 ans, je suis tombé amoureux des Les Paul ! Et ça représente un énorme changement !
M.C. : En effet, j’ai lu beaucoup d’interviews où tu proclamais ton amour éternel et inconditionnel pour les Stratocaster …
A.B. : Oui, et c’est toujours le cas. Quand j’ai ma Strat’, je me sens chez moi. Mais il y a plus d’un chemin vers chez soi ! [ahlala, le charme d’une amante… tous pareils !] Et puis… une Les Paul, ça se tient assez bas, alors qu’une Strat’ on peut la porter en haut : le bras est forcément un peu tendu sur une Les Paul, et on ne peut pas jouer tous ces trucs plus en « feeling » ou plein de virtuosité. Enfin, certains y arrivent, mais moi pas ! Si bien que je dois me limiter, ça m’oblige à jouer ce qui est vraiment nécessaire ; d’une certaine manière, je joue avec plus de « feeling » aussi.

 

M.C. : Au final, cet album nous rappelle quand même beaucoup d’autres groupes, passés : à tes yeux, comment faut-il définir « le son de Voodoo Circle, et lui seul » ?
A.B. : C’est toujours difficile d’expliquer la musique en mots… Je dirais « la combinaison parfaite entre Deep Purple, Whitesnake, Rainbow et Led Zeppelin ».
M.C. : Pourquoi pas… mais donc, ça se limite à citer des groupes ?
A.B. : Oui, oui… je veux dire, pour ma part, évidemment, je suis très influencé par ces groupes-là. Notre groupe est comparé à ces groupes-là d’ailleurs, et c’est exactement ce que nous voulons : nous voulons sonner comme eux, il n’y a absolument rien de mal à ça ! Surtout que pour moi, ce sont les plus grands et les meilleurs groupes au monde ! Je suis doué pour écrire des chansons dans ce style, avec ce « feeling », probablement parce que j’ai grandi avec cette musique, et quelque part c’est intentionnel : je veux prendre le meilleur de Deep Purple, le meilleur de Rainbow, le meilleur de Whitesnake, tout cuisiner ensemble, et au final on obtient Voodoo Circle. Je pense que c’est une bonne manière de résumer ça.

M.C. : Quelles sont tes influences, guitar-heroes exclus [puisque si on ne précise pas, il parle -toujours- de guitar-heroes] ?
A.B. : [après un long temps de réflexion] A propos de musique uniquement, ou dans la vie en général ?
M.C. : Ca peut être pour la vie en général, comme ça t’arrange.
A.B. : Alors disons que j’aime ce qui est anticonformiste, ou non-conformiste. J’aime les gens et les artistes ouverts d’esprit, c’est certainement mon influence principale, de manière générale.
M.C. : Peux-tu citer un exemple ?
A.B. : Eh bien, c’est d’ailleurs lié au titre de l’album, j’aime bien les gens qui agissent de manière inattendue, ça permet de découvrir des choses nouvelles. La société nous dit que si on veut faire ci, il faut agir de telle manière. Sauf que rien n’oblige à faire les choses de cette manière juste parce que la société le dicte ! Vous pouvez aussi le faire à votre manière, faire des erreurs, apprendre de vos erreurs, peut-être apprendre quelque chose de nouveau en chemin, et même réussir à atteindre votre but initial. « Il y a plus d’un chemin vers chez soi » [There’s More Than One Way Home, titre de l’album]. C’est comme ça que je vis, c’est ce que j’apprécie.
Aaah ! Je sais ce dont tu voulais me faire parler !
M.C. : Je n’en ai pas la moindre idée moi-même !
A.B. : C’est un écrivain, un écrivain célèbre, et son livre L’Alchimiste a complètement changé ma vie.
M.C. : Qui est-ce ?
A.B. : Paulo Coelho, un brésilien. En résumé, ce livre parle de la pensée positive, de la manière avec laquelle nous pouvons avoir une influence sur nos vies en pensant de manière positive. C’est vraiment très résumé, « le livre en une phrase ». Ce livre m’a beaucoup aidé dans des périodes difficiles de ma vie et m’a complètement changé. C’est une très bonne et très grande influence pour moi.

M.C. : Au bout du compte, tu joues et as joué dans des groupes et projets aux styles très différents. Mais une fois chez toi, quand tu prends une guitare au hasard, qu’est-ce que tu préfères jouer ? Les trucs plus « lourds » à la Primal Fear, ou les trucs plus blusy / hard-rock classique à la Voodoo Circle ?
A.B. : Des choses bluesy. Quand je prends une guitare et que je joue ce qui me passe par la tête, je joue des riffs influencés par Hendrix, surtout.
M.C. : Malgré tout, tu as d’abord été connu pour des groupes plutôt « heavy ». Alors… si tu préfères jouer des trucs plutôt bluesy, qu’est-ce qui t’a amené à rejoindre voire monter ces groupes plus « heavy » ?
A.B. : Tout a commencé avec le heavy-metal. J’ai grandi dans les années 80, ou à la fin des années 70, et je voulais devenir un guitariste de heavy-metal. C’est comme ça que je suis devenu un musicien de heavy-metal, et je le suis toujours. Mais après joué du heavy-metal pendant… non, je ne te dirai pas quel est mon âge, disons « depuis si longtemps », j’ai commencé à m’ennuyer. Faire la même chose, sans arrêt… C’est là que j’ai commencé à m’ouvrir à d’autres styles, en les écoutant et en essayant de les jouer. Grâce à ça, j’ai découvert mon amour pour tout ce qui est bluesy. Ca doit faire six ans maintenant ?
M.C. : Oh, donc c’est très récent…
A.B. : Oui.
M.C. : Pourtant, tu as dit avoir été influencé par Hendrix et Blackmore avant tout, et je doute que tu les aies découverts il y a six ans seulement ?
A.B. : Non, bien sûr. C’est par rapport à eux que j’ai commencé à jouer de la guitare, mais malgré tout j’étais toujours dans des groupes de heavy-metal, où il n’y avait pas d’occasion pour jouer dans ce style. Il fallait jouer ce qui était nécessaire pour les chansons, c’est très technique en fait. Et il ne faut pas se méprendre, j’adore jouer ce style même aujourd’hui, j’adore jouer avec Primal Fear : dès que l’on commence une tournée, je suis le type le plus heureux du monde ! Mais pour moi, écrire des chansons dans le style de Voodoo Circle a quelque chose de plus naturel, c’est plus facile pour moi, c’est plus dans mes gènes.

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M.C. : Dans ce cas, est-ce que ça pourrait être une des raisons pour lesquelles Silent Force [groupe précédent de Beyrodt, très teuton aussi, mais moins mono-neural que Primal Fear] a arrêté ses activités [aucune séparation n’a jamais été annoncée, mais le groupe n’a plus aucune actualité depuis 2007… sans réelle explication] ?
A.B. : Il y a beaucoup de raisons pour lesquelles j’ai gelé Silent Force dans de la glace. Tout a commencé avec des histoires personnelles, pas que les miennes mais aussi pour les autres membres du groupe. Ensuite, André [Hilgers], le batteur, a rejoint Rage [en 2007, il y est toujours] si bien qu’il était très occupé, de mon côté j’ai déménagé vers les Iles Caraïbes, c’était très sympa là bas…
M.C. : …mais très loin !
A.B. : Plutôt, oui ! Après j’ai rejoint Primal Fear [il les a d’abord accompagnés sur scène pendant quelques années, avant de les rejoindre officiellement en studio etc. en 2012]… et le timing n’était pas bon, tout simplement ! Je dois aussi dire que je n’étais plus très content de certains des membres du groupe, à cause de leur attitude : ça m’a fait perdre un peu d’énergie. J’avais l’impression de faire tout le boulot, et personne n’en était reconnaissant. Vraiment ! Une année par exemple, et je m’en souviens de manière très précise, j’étais dans mon studio en sous-sol, enfermé dans le noir, aucune lumière du jour, pendant l’été entier. Pendant ce temps, certains des autres membres du groupe étaient partis en vacances, s’étaient reposés le long de la piscine… et j’écrivais des chansons, j’ai écrit un album entier. A la fin de l’été, je leur ai fait passer ces chansons, en leur disant : « ok les gars, voici les chansons pour le nouvel album. » Et là, ils m’ont dit qu’ils voulaient aussi avoir leur part dans l’écriture des chansons.
– « Pardon ? »
– « Oui, nous sommes un groupe, et nous devrions partager tout ça, entre nous cinq. »
– « Euh… pourquoi ? »
– « Eh bien, parce que nous sommes un groupe ! »  
– « Oui mais… j’ai écrit toutes les chansons ? Pendant que vous étiez en vacances ? Et j’étais dans ce p***** de sous-sol ? »
A ce moment-là, j’ai perdu l’énergie et la confiance que j’avais dans ce groupe. Avant ça, nous nous considérions comme des amis, nous luttions ensemble pour acquérir le succès, la célébrité, l’argent, les filles, tous ces trucs cools liés au rock’n’roll ! Mais là, j’ai commencé à me dire que les choses ne tournaient pas rond : ils ne me donnaient pas leur argent quand ils allaient travailler, alors pourquoi est-ce que je devrais céder ? J’ai raison, n’est-ce pas ?
M.C. : Oui, enfin, ça représentait une énorme déception après tout…
A.B. : Tout à fait, Dieu m’a donné ce talent, mais c’est à moins de travailler dur pour concrétiser ce talent, pour créer de meilleures chansons.
M.C. : Malgré tout, si les autres membres étaient venus te voir avant que tu ne t’enfermes dans ce sous-sol, pour te proposer des chansons ou des idées de chansons, les aurais-tu refusées ou…
A.B. : J’ai -toujours- dit à tout le monde : « apportez-moi vos idées, on travaillera là-dessus ! » J’ai même acheté un ampli pour guitare pour le donner à l’un d’eux : « voilà un ampli pour guitare, je sais que tu as une guitare électrique, écris des riffs ! » Résultat ? Même pas un seul. Ca aussi ça a été une déception, et ça a fini par ne plus m’intéresser. D’autant que j’ai commencé à jouer avec Primal Fear après, et que j’avais déjà lancé Voodoo Circle avant ça.
Mais maintenant, je recommence à écrire pour Silent Force et je souhaite sortir un nouvel album.
M.C. : Il serait temps…
A.B. : Oui, je sais. Beaucoup de gens me le demandent. Mais ! Le groupe sera complètement différent. Du groupe d’origine, ne resteront qu’André, le batteur, et moi. Tout le reste sera différent. Au final ça sera un groupe différent : nous verrons bien ce que les gens en pensent.
M.C. : Et est-ce que tu as une idée de la période dans laquelle cet album sortira ?
A.B. : Eh bien, mon intention première était de le sortir cet automne, mais je peux déjà dire que ça n’arrivera pas ! Si bien que maintenant je parle de la fin d’année… mais il vaut sans doute mieux tabler sur le début d’année prochaine. Espérons ! Mon emploi du temps pour cette année est absolument dingue…

M.C. : J’ai lu que tu possèdes environ quarante guitares… penses-tu que ça soit suffisant ?
A.B. : Non ! Personne ne possède jamais assez de guitares ! C’est comme les chaussures : on n’en a jamais assez !
M.C. : C’est quelque chose que je ne comprends jamais avec les guitaristes. Par exemple, j’ai un ami qui a sept guitares, ou plutôt un modèle dans sept couleurs différentes [véridique]
A.B. : Oui, et elles sont toutes différentes ! Elles ont un son différent [j’admets, ces sept guitares sont aussi accordées différemment… m’enfin même quoi !], on en joue différemment, elles ont un look différent, leur odeur est différente…
M.C. : …bien sûr !
A.B. : Et elles t’enflamment de manière différente ! Comme des chaussures ! Combien de paires de chaussures as-tu ?
M.C. : Pas tant que ça en fait… pour une fille.
A.B. : J’en ai environ quarante paires aussi, de chaussures je veux dire. J’adore les chaussures… j’en ai peut-être plus, d’ailleurs ! Vraiment, je collectionne l’argent les chaussures et les guitares ; hélas, je n’ai pas beaucoup de succès dans ma collection d’argent, mais je suis très bon quand il s’agit de le dépenser.

M.C. : Comme déjà dit encore, tu as participé à beaucoup de groupes et autres projets : jusque là, lequel a été le plus « frappant » pour toi, qu’est-ce qui te rend le plus fier ?
A.B. : Avoir été le guitariste sur scène pendant deux mois de Ian Gillan [ex-Deep Purple]. C’est quelque chose dont je suis extrêmement fier. En particulier pour la manière avec laquelle il me traitait, les histoires qu’il m’a racontées, les choses qu’il m’a dites, même si je ne peux hélas pas t’en parler. Enfin, je peux t’en raconter, mais tu ne peux pas les écrire ! J’ai aussi joué avec Glenn Hughes [ex-Deep Purple, Black Country Communion actuellement]… et pour lui, je peux te dire ce qu’il m’a dit ! Nous nous sommes rencontrés à l’aéroport de Düsseldorf, près de l’endroit où nous allions répéter, nous ne nous étions jamais vus avant. C’était juste après le premier album de Voodoo Circle, il était question que je devienne son guitariste principal à l’époque [et de mémoire ils feront en effet quelques concerts ensemble], ce qui était… énorme. Evidemment, c’est dans la salle de répétition que nous avons joué ensemble pour la première fois ; nous avons joué « Stormbringer » [chanson de Deep Purple]. Quand nous avons fini la chanson, Glenn m’a regardé en disant :
– « Il faut que je te dise quelque chose… »
Je suis devenu… « oh mon Dieu… je suis viré, ça y est, j’ai été tellement mauvais, ou il n’aime pas ce que j’ai fait, j’ai sans doute fait des erreurs idiotes… » Il a continué à me regarder en disant :
– « Eh bien, je n’ai pas joué avec un guitariste qui utilise une Stratocaster depuis bien longtemps, et tu te débrouilles très bien avec ça : ça me manquait vraiment. Merci beaucoup ! »
Là, je suis devenu… c’était un moment exceptionnel.
Comme avec Ian Gillan, à nouveau : pendant cette tournée, nous jouions « Blind Man » [sans doute « When A Blind Man Cries » de son titre complet] de Deep Purple, où j’avais un solo à faire. Et chaque soir, il venait vers moi et me regardait après le solo en disant [en chuchotant et en faisant une grimace de satisfaction] : « tu es bon. » Et il avait l’air vraiment touché ! Et ça… c’est quelque chose qui ne s’achète pas. Je veux dire, j’ai commencé à jouer de la guitare grâce à Deep Purple, et me voilà sur scène avec ce gentleman, qui me traite tellement bien et c’est… c’est juste génial.

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M.C. : Un dernier mot pour les lecteurs, ou quelque chose que tu souhaites dire mais que je n’ai pas demandé ?
A.B. : Ah ! Demande-moi de te parler de la chanson « Alissa », qui est sur notre nouvel album.
M.C. : Très bien, alors que peux-tu me dire sur la chanson « Alissa », pourquoi ce titre ?
A.B. : En fait, j’ai écrit cette chanson pour ma petite amie. Et c’est la première fois de ma vie que j’ai écrit des paroles ! Et j’ai dédié cette chanson à ma petite amie… Parce que, en résumé, ces quatre dernières années j’ai vécu des moments très difficiles dans ma vie privée : je suis passé par un divorce, mes enfants vivent maintenant au Japon et je ne sais pas si je les reverrai un jour… et d’autres trucs encore. J’étais vraiment brisé. Ca n’est pas que j’avais le cœur brisé, c’est juste que j’étais très triste, détruit. Puis j’ai rencontré cette femme, j’en suis tombé amoureux, et elle m’a ramené à la vie d’une certaine manière, elle m’a rendu heureux à nouveau, elle m’a fait retrouver le sourire… c’est pour ça que j’ai écrit cette chanson, pour elle.
M.C. : C’est-y pas mignon !
A.B. : Je sais, et je savais que tu allais adorer cette histoire ! [Allons messieurs, avouez que ça vous chatouille le cœur à vous aussi !]


Propos receuillis par Polochon.
Photos officielles, sauf la photo à l'hôtel (« version peluches ») par Polochon. 
Chronique de More Than One Way Home.