371031C’est plutôt agaçant, cette manie qu’ont certains artistes de ressentir le besoin de prouver qu’ils existent en alignant les sorties, quitte à oublier quelque peu l’aspect qualitatif de la chose. Quantité vs qualité, l’éternel débat, et il n’existe aucune règle applicable à tous en la matière. Certains pondront de petits chefs d’œuvre tous les ans (oh, pas forcément toujours des albums entiers, mais aussi des EP, des splits), d’autres laisseront filer quelques années avant de revenir avec un album solide… mais beaucoup confondent vitesse et précipitation et nous proposent tout ce qui leur passe par la tête. 

Dans le cas de Burzum (dont c’est déjà le cinquième album en trois ans), la démarche est encore différente. En effet, ce brave Varg ne s’est pas contenté de nous pisser cinq copies presque identiques. Après le retour au Black, il nous avait ainsi proposé un album de réenregistrements, suivi d’un Umskiptar plus bancal, moins inspiré. En bref, nous avions pu découvrir non pas une, mais trois facettes différentes de Burzum, et voilà qu’il nous en propose une quatrième pour le moins surprenante.

Tiens, ils l’ont de nouveau coffré ?

Eh oui, Varg renoue avec ses amours instrumentales, un peu comme à l’époque Dauði Baldrs ou Hliðskjálf, les deux albums sortis alors qu’il passait du temps au frais et en cabane. À l’époque, les obligations liées à son statut de prisonnier expliquaient l’utilisation d’un synthétiseur (les autres instruments étant interdits). Ici, le choix est délibéré. Varg serait-il conscient des limites de sa voix ? Impossible à dire, ce brave bougre est trop occupé à déverser ses théories plutôt douteuses sur son site officiel. Ou à gambader dans les forêts, déguisé en soldat du Moyen-âge. Non, la raison est plus simple… 

On navigue ici dans le dark ambient, la musique de film… et c’est là qu’on découvre l’existence de Forebears, un film de Marie Cachet (madame Vikernes) et de Varg Vikernes. Le sujet ? « Varg VIKERNES embarks on a spiritual journey back in time, to the Stone Age (around 30 000 BC) to a previous life. He sees the distant past through the eyes of his former self, and doing so understands the meaning of the forgotten bear cult rituals, that still influences the modern mind. He discovers that these age-old rituals are the roots to all philosophies, traditions and religions ». En gros, pour faire un raccourci très réducteur, le personnage de Jésus a été inspiré par un ours. Et la soundtrack ? Dans le mille, Émile !

Bon, je ne jugerai pas le film (je ne l’ai pas vu, et je ne compte pas le regarder), mais s’il est à l’image de la musique, je sens qu’on va s’emmerder grave. Sôl Austan, Mâni Vestan est long, contemplatif, répétitif, et son seul véritable avantage par rapport aux albums « prison » est la qualité du son, rehaussé par la présence d’une guitare sèche à de trop rares moments. Burzum cherche en vain à créer une ambiance de réflexion, de contemplation… Mais le seul sentiment qui pointe rapidement le bout de son nez, c’est la lassitude. 

Mister Patate (ennui/10)

 

Site officiel 

Byelobog Productions / 2013

Tracklist (58:05) : 1. Sôl austan 2. Rûnar munt þû finna 3. Sôlarrâs 4. Haugaeldr 5. Feðrahellir 6. Sôlarguði 7. Ganga at sôlu 8. Hîð 9. Heljarmyrkr 10. Mâni vestan 11. Sôlbjörg