tesseract-altered-stateCéder à la facilité, bacler la chronique, échapper à la mauvaise pression des albums qui s'accumulent. Simple et -parfois- tentant. Sauf que, contrairement aux croyances répandues à notre sujet par quelques trolls et boulets, on ne mange pas de ce pain là. Pourtant avec TesseracT j'aurais pu sans peine le faire, avec une recette assez simpliste, un poil de ton suspicieux, pour souligner une fois encore le chauvinisme de la presse britannique concernant la scène locale, et reprendre le sempiternel cliché sur le thème si c'est progressif, c'est (forcément) chiant…
Sauf que depuis 12 ans on s'en tient à une seule ligne de conduite qui tranche pour le meilleur et pour le pire, cerner si l'album qu'on nous propose vaut plus que le silence, ni plus ni moins. Partant de ce postulat TesseracT retrouve toutes ces chances. "Altered State" part d'un principe qui sert de fil rouge à l'album, le thème du changement, mis en lumière part un changement notable dans le line up, avec le départ du chanteur Daniel Tompkins, déjà remplacé à deux reprises, par Elliot Coleman, puis par Ashe O'Hara pour l'enregistrement de l'album. Nombre de groupes auraient sans doute trébuché avec l'épreuve du changement du vocaliste, mais TesseracT a toujours surmonté cette difficulté, après tout Ashe O'Hara est le cinquième chanteur du groupe (promis on attendra le dixième vocaliste pour évoquer un lien avec Spinal Tap).
L'album est découpé en quatre parties censées illustrer les changements traversés par le groupe ces dernières années : Of Matter, Of Mind, Of Reality et Of Energy. Changement et continuité, le groupe ne bouleverse pas fondamentalement de figure de style pour autant mais évolue par petites touches, "Altered State" impose avant tout son metal progressif, avec une atmosphère éthérée toujours aussi finement ciselée par les nappes de claviers (et un son au poil établi par le guitariste Acle Kahney, et le bassiste Amos Williams). Si l'on doit retenir une évolution majeure c'est bien le fait qu'Ashe O'Hara s'en tient au seul chant clair. La section rythmique aux influences jazz, et notamment la basse ronflante fait toujours partie de la marque de fabrique du groupe, tandis que les riffs de guitares un poil rugueux sont en retrait au profit de la tendance mélodique. L'expérimentation, l'ajout de petites touches est toujours de mise, comme par exemple sur le morceau "Calabi-Yau" et sur le final "Embers" ou s'illustre un saxophone. L'album mérite l'écoute intégrale d'une seule traite, fluide et moins contrasté que ses prédecesseurs, il n'en demeure pas moins solide et accrocheur. TesseracT arrondit les angles mais témoigne d'une vitalité à toute épreuve.

Hamster (08/10)

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Century media / 2013 

Tracklisting (55:55) 1. Of Matter – Proxy 2. Of Matter – Retrospect 3. Of Matter – Resist 4. Of Mind – Nocturne 5. Of Mind – Exile 6. Of Reality – Eclipse 7. Of Reality – Palingenesis 8. Of Reality – Calabi-Yau (saxophone) 9. Of Energy – Singularity 10. Of Energy – Embers