01. Trois mots pour résumer le groupe et pourquoi ?
Henrik Danhage : Ce sera assez simple car nous n’aimons pas trop nous prendre la tête, la musique vient des tripes, tu sais. Je dirais donc « bonne, bien jouée et rock ». Il faut prendre du plaisir, t’amuser en faisant cela. Tout notre aventure a commencé comme cela, nous avions tous des groupes « sérieux » et nous voulions simplement avoir un espace pour nous amuser. Finalement cela nous a amené à construire un vrai groupe mais cette philosophie reste ancrée en nous.
02. Si l’on revient un moment sur la période du premier album. Que retiens-tu de cette époque ?
Ce qui me vient à l’esprit c'est la grande fierté que nous avons pu ressentir, de pouvoir montrer aux autres, à tout le monde, ce dont nous étions capables. C’était un nouveau groupe, nous nous sommes lancés dans l’inconnu sans parachute ni certitude. Alors que nous voulions simplement nous amuser, rapidement nous sommes signés chez Sony. Tu montes alors sur scène et tu donnes ton meilleur pour tout renverser. C’est une bonne période pour nous, tout semblait facile.
03. Cette volonté de prendre du plaisir était-elle née d’une réaction face à l’ennui, la pression qui vous pouviez ressentir au sein de votre groupe précédent (EVERGREY) ?
Oui bien sûr même si je garde également de bons souvenirs de cette période avec des moments également joyeux et amusants. Mais disons que les derniers mois ont été plus difficiles à vivre mais ils ne doivent pas effacer le bon temps que nous avons pu prendre au sein d’EVERGREY. Cela reste de solides amis et tout va bien entre nous. Musicalement parlant nous voulions aussi faire autre chose et donc notre frustration, notre insatisfaction grandissait. La musique que nous proposons maintenant est beaucoup plus proche de mes racines, de ce que jouais étant plus jeune. EVERGREY n’a jamais construit sa musique autour du groove, tout était plus complexe et à la fin je n’étais plus comblé. Et maintenant certains élément d’EVERGREY me manque, bref la vie est une éternelle insatisfaction !
Mais avec Tony (Jelencovich – chant) avec nous maintenant notre palette s’avère plus large et je peux passer du noir au gris. Avec le premier disque, je voulais faire table rase du passé et mettre le plus de distance possible avec mon groupe précédent. Maintenant je redécouvre certains aspects et je peux à nouveaux m’ouvrir à d’autres influences, à des suggestions plus variées.
04. Depuis le premier album, vous avez dû faire face à des changements de line-up. Que peux-tu nous en dire ?
A l’époque du premier album nous étions un groupe très uni et nous voulions avancer tous ensemble et faire de nouveaux albums. Mais assez rapidement Jonas et moi en avons eu marre d’être assis et d’attendre. Attendre que les autres gars soient disponibles, Fredrik (Larsson – basse) également. J’aurais pu comprendre cette attitude si nous avions alors été signé sur un label de seconde, zone sans grand avenir, ce n'était pas grave mais nous étions chez Sony et ils nous disaient d’avancer. Et nous leur répondions : « oui nous voudrions vraiment proposer un second album mais le chanteur est en ce moment-là et le bassiste encore ailleurs… ».
Cela ne faisait vraiment pas sérieux. Nous savions vu le CV des gars que nous pourrions rencontrer ce problème mais cela n’était pas géré sérieusement. Encore maintenant nous pourrions affronter cette situation mais désormais je pense différemment. Si tu n’es pas prêt à faire les efforts nécessaires, ne les fait pas, personne n’a un flingue sur la tempe… Et nous avons eu de la chance en trouvant Tony qui était alors prêt à s’investir pour le groupe.
05. Quelle a été votre idée, votre démarche en commençant à travailler sur ce second album ?
Ici presque tout est neuf alors que si tu regardes en détail les chansons du premier album étaient toutes déjà ancienne car composées tout au long de ces dernières années. Avec Jonas nous voulions encore plus nous concentrer et faire exploser le groove. Le processus fut assez long, nous avons enregistré l’EP d’abord et puis certaines chansons se sont alors imposées à nous. Nous étions alors en train de trouver notre son et avec l’arrivée de Tony, le champ des possibles a grandi.
Nous pouvions encore élargir notre palette parce que Jimmie Strimell est un super hurleur mais parfois il ne pouvait pas rendre justice à certaines chansons car ses possibilités étaient limitées en dehors du chant hurlé. Et nous devions alors rejeter certaines idées car cela n’aurait pas eu de sens avec le chant de Jimmie. Avec Tony, tout d’un coup je peux me permettre d’utiliser des riffs plus doux ou même plus durs et donc nous pouvions alors travailler sr la dynamique des compositions.
06. En quoi l’arrivée de Tony a-t-elle changé la chimie du groupe, quelle a été sa contribution ?
Je ne sais pas vraiment te répondre. A nouveau le sentiment qui a pu prévaloir alors est le fait de bénéficier d’un coup de plus de liberté. Et Tony comme nous aime beaucoup le principe des jams, nous testons des choses nous essayons en direct selon nos idées du moment et nous voyons ce qui sort de ces sessions. Nous ne sommes pas du genre à nous asseoir des jour pour intellectualiser les choses. Parfois l’un de nous souhaite travailler dans un ton plus lent ou plus sombre et nous essayons directement voir ce que cela peut donner.
A l’origine des chansons, la plupart du temps, Jonas ou moi arrivons avec des riffs et nous voyons comment la magie opère. Fredrik a aussi une très bonne oreille, donc il nous dit si cela lui plait, il ajoute de la basse et donc la chanson prend forme. Tony arrive alors également avec des oreilles neuves et suggèrent certaines choses. Ce n’est pas simple comme processus, il faut du temps mais cela marche bien pour nous ainsi.
07. Que peux-tu nous dire des sessions d'enregistrement du nouvel album ?
Il a fallu donner encore plus que pour le premier, s’investir et aller encore plus en profondeur. Nous connaissions aussi mieux le producteur cette fois-ci. Il avait aussi pris de la bouteille et donc était plus confiant pour nous dire les choses ou nous suggérer certaines modifications. Autant la composition s’est bien passée, nous avions beaucoup d’idées autant l’enregistrement a été plus ardu. Pour certains des riffs de Jonas, comme tout est minutieusement construit sur ordinateur, je ne les avais jamais joués avant d’entrer en studio.
C’est de la pression car le studio coûte cher. Même chose pour Jonas, c’est facile de programmer sur ordinateur des séquences de batterie folles et géniales mais c’est une autre paire de manches que de les reproduire en studio. Mais une fois l’enregistrement final en main nous étions encore plus fiers que pour le premier, le travail a payé.
08. Que peux-tu nous dire de la pochette de cet album ?
Nous avons trouvé ce mec qui s’appelle Dmitry (Vtorushyn) et qui réalise vraiment des visuels très réussis et cool. Tony le connaissait et donc nous sommes allez voir en détail ce qu’il proposait et découvrir son style. Nous avons regardé sur le net et vraiment apprécié qu’il développe son propre style graphique. Et c’est important si tu réfléchis un peu plus loin que ta pochette, pour le merchandising du groupe par exemple. Et donc il a fait en tout trois pochettes pour nous, vous verrez les autres bientôt. Son style nous correspond parfaitement et c’est désormais devenu un ami du groupe.
J’aimerais bien que ce crâne devienne un de nos gimmicks au niveau visuel, notre Eddy à nous. Cela pourrait être sympa, un symbole pour nous fans et nous saurons dans quelques années si ce crâne a été une bonne chose pour nous. Même chose pour le nom. Cela fait sourire beaucoup, de monde mais nous l’avons choisi sans nous prendre trop la tête et soudainement nous sommes signés chez Sony.
09. Quels sont tes espoirs et tes attentes pour DEATHDESTRUCTION ?
Ce serait bien de pouvoir participer à certains festivals d’été à venir et puis de prendre part à quelques tournées à la rentrée et en 2015. Rien n’est prévu pour l’instant car c’est difficile de démarché quand tu n’as pas de nouvel album sous la main et la sortir de ce disque a été tant de fois repoussée que nos démarches n’ont pas encore abouties. Cette situation a été difficile car nous étions sans défense face aux décisions du label, tu ne comprends pas et le groupe se meurt, se détruit vis-à-vis du public si tu ne proposes pas de nouveau disque. Et donc notre frustration montait forcément.
Etre sur une major est une très bonne chose quand tout va pour le mieux mais nous ne sommes rien en comparaison de leurs grands artistes internationaux. Et étant presque les seuls métalleux, ils n’ont pas de référence par rapport aux autres et nous pouvons parfois être délaissés. Nous signons nos contrats album après album donc nous verrons quel est le meilleur choix pour nous pour la suite de notre carrière.
10. Parlons un peu de la scène métal suédoise. Le plus gros vendeur actuellement semble être SABATON. Que penses-tu de cette situation ?
C’est bien pour eux mais pour être honnête avec toi je m’en fous un peu. Je leur dit bravo, c’est bien pour eux parce qu’ils ont beaucoup travaillé pour cela et qu’ils ont été eux aussi un petit groupe avant de progresser disque après disque. Et tu ne peux leur retirer qu’ils méritent ce qu’ils ont car cela n’a pas été facile tous les jours. Le côté business est aussi traité de façon professionnel et je respecte cela. Si tu n’es pas un artiste musicien professionnel plus gros qu’eux, tu ne devrais pas les critiquer. Ce fut la même chose pour nous quand tu lis les forums comme celui de Blabbermouth. Tu peux y lire des mecs se moquant de nous en disant « peut-être devrais-je monter un groupe qui s’appelle METALLICASLAYER ». Et là j’ai envie de répondre à ce fils de p… « oui fais donc cela et on verra si tu peux te faire signer sur une major ! ». C’est la même chose !
J’ai déjà fait des interviews où on me demande de critiquer les autres groupes et à la fin tu fais le constat que ce n’est pas bon pour eux et pas bon pour toi non plus. Je me souviens que SABATON a ouvert pour EVERGREY il y a des années de cela et les bases de leur show étaient déjà là mais ils bénéficient désormais de très gros moyens. Mais en ce qui me concerne, et je n’apprécie pas vraiment le genre power-méta car tous les groupes me semblent identiques et proposent la même chose, je leur tire mon chapeau pour le travail accompli. Je suis heureux quand IN FLAMES rencontrent un énorme succès car ce sont mes amis. Le travail est toujours respectable.
11. Nous avons appris récemment la mort par suicide du leader de THE DEVIL’S BLOOD (Selim Lemouchi). Penses-tu que les artistes sont plus enclins à avoir ce type de comportement extrême ?
Les artistes sont des gens très créatifs et donc expérimentent souvent des sentiments extrêmes, dans la joie ou la tristesse. Chacun est un grand carré et cette forme est remplit de nos expériences et de nos émotions. Les artistes en général et moi-même, nous sommes des gens plutôt égoïstes. A travers ma musique je me vends aux autres, mon travail e celui de trois autres personnes. Je mets tout dans ma musique, mon cœur et mon âme. En tant qu’artiste tu espères rencontrer le succès en étant constamment loin de ta famille et de tes proches, en tournée. Donc tu dois accepter et supporter des choses que les gens hors de ce business ne feraient pas.
Mais être artiste n’excuse pas tout, tu décides de ta vie en bien ou en mal et tu n’as pas de circonstances atténuantes car tu es un artiste. Le mec qui boit trois bouteilles de vins par jour et un putain d’alcoolique, qu’il soit musicien ou pas et qu’ils se produisent devant vingt ou vingt mille personnes. Je peux m’imaginer en train de me donner la mort, qui sait si quelque chose de grave arrive à mon famille. Alors mes talents de musiciens ne me maintiendront pas en vie. Je ne sais pas…
Et enfin "Le Quizz De Métal Chroniques Quizz" pour terminer cette interview
1. Le déclic qui t’a fait de lancer dans l’apprentissage de la guitare ?
Alive de KISS que j’ai reçu de mon grand-père quand j’avais cinq ans. Cela a créé quelquechose en moi mais je ne savais bien sûr pas encore à cet âge ce que je ferai de cette envie. Ace Frehley m’a fait choisir la guitare.
2. Le meilleur solo de guitare à ton avis ?
« Eruption » sur le premier album de VAN HALEN.
3. La chanson que tu as composée pour laquelle tu voudrais que l’on se souvienne de toi ?
Au moment où l’on se parle, je suis très fier de « Towards the Light ». Mais cette réponse est assez réductrice. Je suis très fier de mon temps avec EVERGREY, ce fut souvent fantastique. Mais j’ai dû vraiment lutter pour sortir de moi « Towards the Light » donc cette chanson est spéciale à mes yeux.
04. Un artiste ou un groupe avec lequel tu rêvais oui rêve encore de jouer sur scène ?
Oh merde ! Plus que jouer avec eux, je n’ai jamais vu PANTERA sur scène et cela me gonfle de savoir que cette opportunité a aujourd’hui disparue. Ils sont venus trois fois en Suède et à chaque fois j’ai décidé de ne pas y aller et cela me fait gamberger.
Sinon être un enfant et faire l’expérience de KISS sur scène sur la période Alive aurait été génial ! Ou encore voir VAN HALEN sur scène pour l’un de leurs trois premiers albums…
Tous nos remerciements à Roger WESSIER (Replica Promotion)
Chronique de l'album ici
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