Depuis Omnivium, bien des choses ont changé dans le camp d’Obscura (ou devrais-je dire le Steffen Kummerer Band) : départ de Christian Münzner et de Hannes Grossmann, arrivée de Tom Geldschläger et de Sebastian Lansner, écriture d’un nouvel album (avec, il semble, un apport non négligeable de Tom Geldschläger), éviction dudit Tom Geldschläger (il est même tout à fait supprimé de l’histoire d’Obscura dans la bio fournie par le label), bitch fight sur FB consécutif à ce départ forcé et arrivée de Rafael Trujillo, un guitariste de jazz… Vous suivez toujours ? Avec de tels changements au sein du groupe, on finirait par se demander comment le groupe a pu pondre Akróasis… mais le fait est là, l’album nous a été envoyé par le label et sortira d’ici quelques semaines. Voyons voir ce que la bête a dans le ventre.

Une chose est sûre : Obscura n’a pas choisi la voie de la facilité.

En gros – et c’est le groupe qui le dit, pas moi –, Akróasis se veut une « introduction presque exhaustive au Metal extrême ». Rien que ça. Un point de vue intéressant, mon brave Steffen, mais qui suinte de suffisance. Parce qu’à mes yeux, une introduction presque exhaustive au Metal extrême impliquerait des plans grindcore ou Black Metal, et j’ai beau chercher, je n’en vois pas (idem pour les growls vraiment profonds, on est loin des vocaux à la Cannibal Corpse). Par contre, oui, on est quasiment en présence du « B-A-BA du death technique », avec son lot de plans progressifs et alambiqués, ces cassures de rythme à n’en plus finir, ses lignes de basse parfaitement audibles et apportant un vrai relief au morceau, ses riffs et ses soli supersoniques et exécutés de main de maître. Et c’est bien beau. Bien propre. Et M. Santura a fait un boulot d’orfèvre au niveau de la prod’, ce qui vient encore renforcer le brillant de cet opus.

Et pourtant, malgré toutes ces qualités, certains éléments viennent troubler mon plaisir. « Akróasis » (le morceau), par exemple, et cette structure de début qui n’est pas sans rappeler « Incarnated ». Ou « Ode To The Sun » et son je-ne-sais-quoi qui rappelle la pesanteur d’« Ocean Gateways ». Oui, à certains moments, l’ombre des albums précédents plane sur Akróasis, et c’est d’autant plus dommage que d’autres passages sont à la fois géniaux et novateurs. Par ailleurs (mais c’est une question de goût), l’utilisation de voix « robotisées » n’apporte à mes yeux rien du tout : c’est un gimmick inutile.

Un single efficace en diable, plusieurs moments de bravoure (dont le morceau-fleuve « Weltseele », un quart d'heure de maestria), une production impressionnante qui rend justice à chaque intervenant : Akróasis avait de nombreuses cartes en main pour mater la concurrence. Toutefois, le génie côtoie la redite, et cela m’incite à une certaine sévérité envers un groupe qui, selon lui, « insuffle un nouveau souffle au death metal, au metal progressif et au-delà ». Un peu de modestie aurait été la bienvenue. Akroásis est très bon, meilleur que la grosse majorité de la concurrence, mais ces quelques détails, ces redites me gâchent le plaisir.

Mister Brute Force (7,5/10)

Facebook officiel

Relapse Records / 2016
Tracklist (54:01) 1. Sermon of the Seven Suns 2. The Monist 3. Akróasis 4. Ten Sepiroth 5. Ode to the Sun 6. Fractal Dimension 7. Perpetual Infinity 8. Weltseele