Ce n’est pas si courant, principalement pour un groupe de pagan/viking metal qui parle souvent plus du passé que de l’avenir, mais pour son cinquième album, les allemands de VARG s’engagent et s’attaquent de front aux maladies qui gangrènent nos sociétés modernes et en particulier la démagogie et le verbe mensongers de bien trop de politiques. Sans tomber dans les bons sentiments, le quintet se lâche et déploie tout son savoir-faire et toute sa hargne à travers neuf nouvelles compositions. Le visuel très direct de ce disque ne laisse que peu de place à l’équivoque. Comme SABATON à l’époque de Carolus Rex, ce disque sous présente sous deux formes : un album chanté en allemand comme d’habitude mais aussi une version entièrement chanté en anglais. Il semble qu’il s’agisse là d’une profession de foi de VARG qui souhaite que son message puisse être diffusé le plus largement possible sans la barrière de la langue.
Après une introduction reprenant le discours final de Charlie Chaplin dans son film le Dictateur, la première offensive débute sous un feu nourri. Avec « Das Ende Aller Lügen » ne fait pas dans la demi-mesure, un riff simple mais accrocheur à la guitare qui prend une sacrée ampleur dès que la section rythmique infernale se met en branle et que Freki hurle son chant avec une rare conviction. Les allemands enfoncent encore le clou avec un « Revolution » encore plus extrême et sans concession dans la brutalité affichée. Dans l’ensemble les nouvelles chansons sont courtes et directes et affichent trois ou quatre minutes maximum au compteur. On ne fait pas dans la dentelle ici, il faut que le message claque et que les uppercuts s’enchainent. Trop forts dans le registre brutal, VARG sait aussi ralentir le rythme et proposer une respiration plus mélodique comme sur « Streyfzug ». Mais l’accalmie ne dure pas longtemps et les hostilités reprennent via un « Achtung » plus indus que viking métal. Malgré la violence du propos et de la musique, la dimension mélodique n’est jamais complétement oubliée, il faut que les choses montrent un certain caractère et restent accrocheuses. Quelques nappes de claviers ici et là adoucissent un peu le propos et renforce encore l’impact des chansons.
Dans l’ensemble, Das Ende Aller Lügen s’avère être une belle expérience, un album fort et accrocheur. La version chantée en allemand reste la meilleure mais son pendant anglais permettra sans aucun doute à VARG de toucher un plus large public et d’accroitre ainsi sa diffusion. Ils confirment en tout cas leur place parmi les leaders de ce genre en Allemagne aux côtés des EQUILIBRIUM et FALKENBACH.
A l’écoute de ce premier album de BE THE WOLF nous pourrions croire qu’il s’avère facile de composer et de jouer du rock, il suffit en effet de quelques riffs et d’une mélodie vocale accrocheuse. Sur le papier l’équation n’est pas si complexe mais dans la réalité, c’est une autre paire de manche. Soyez en sûr, beaucoup ont essayé et finalement peu ont réussi à atteindre l’objectif fixé. Formé en 2011 à Turin, les italiens de BE THE WOLF ont d’emblée adopté une démarche assez saine, prendre le temps de créer un son et une identité en progressant par étape. Après avoir publié quelques singles, des clips vidéos, un EP et avoir assuré le maximum de concerts en Europe, les transalpins se sont sentis prêts à plonger dans le grand bain et proposer un premier album, Imago, que voici chez Scarlet Records.
Le power trio proposé un rock classique modernisé et accrocheur. Enfin modernisé si on veut, les ingédients de la recette n’ont pas varié mais la production se veut plus directe et les compositions se doivent d’être immédiatement accrocheuses. En dix chansons très courtes, autour des trois minutes, les italiens tentent de vous séduire dès les premières secondes avant de ne plus vous lâcher. L’album est très court (trop) et cela ne vous demandera pas un grand effort surtout que dans l’ensemble, la majorité des titres s’avèrent assez agréables. C’est du grand classique mais les mélodies passent bien et quelques refrains touchent le centre de la cible. Imago débute en trombe avec un « Si(g)ns » bien rentre dedans, avec un son chaud et un esprit très américain. Au petit jeu des comparaisons, nous pourrions citer RIVAL SONS ou même HALESTORM. Chapeau en particulier au chanteur qui assure avec une grande classe, chantant avec force et conviction tout au long de l’album. Imago finit par s’essouffler un peu sur la faim avec des compositions un peu moins convaincantes mais chaque écoute de ce disque laisse une impression très favorable.
Saluons le travail effectué sur la production, les chansons claquent et le dynamisme de l’ensemble saute aux oreilles. L’enregistrement, le mixage et le mastering ont été confiés à Andrea Fusini et ce choix s’est avéré gagnant. D’un accès très facile, Imago vous fera taper du pied et secouer la tête. Difficile d’en demander plus à un disque de rock.
Tracklist (34:18 mn) 01. Si(g)ns 02. Chameleon 03. The Fall 04. Jungle Julia 05. 24 06. The Comedian 07. Florinda’s Murderer 08. Dust in Hoffmann 09. The House of the Dead Snow 10. One Man Wolfpack
Suite à la séparation d’Immortal et aux nauséabondes complications judiciaires qui ont suivi, Abbath a clôturé un chapitre de sa carrière. Le bonhomme n’est pourtant pas resté inactif. En parallèle de son groupe de reprises de Motörhead, Bömbers, il s’est entouré de King (ex-Gorgoroth, ex God Seed) et de Creature (Kevin Folley, ex Benighted, qui ne fait déjà plus partie du projet) pour mener à bien un premier album solo sous son propre nom.
Attendu comme le loup blanc, Abbath ne déconcertera pas les aficionados d’Immortal. Nous sommes ici dans la lignée directe de l’excellent All shall fall et de I. Ces neuf nouveaux titres prouvent la pleine forme d’Abbath. Ecoutez l’épique « Winterbane », pierre angulaire de l’album, pour vous en convaincre ; c’est du tout bon. Ultra dynamique, le heavy/black d’Abbath fait plaisir à entendre. La brutalité originelle de certains titres (« Ashes of the damned », « Fenrir hunts ») nous rappelle que Olve Eikemo n’a rien oublié de ses origines et de ce qui fait la saveur de sa musique. Il n’oublie pas non plus ce côté légèrement kitch et grandiloquent (« Ocean of wounds ») qui est sa véritable marque de fabrique. C’est un album à son image.
Abbath, l’album, donne donc à son public ce qu’il veut entendre : du black metal saupoudré d’influences heavy metal. Accessible pour le néophyte, cet opus confortera les adeptes de l’homme en blanc et noir. C’est enfin la confirmation de ce que nous savions déjà : le bonhomme a du talent, la rage au ventre et il n’est pas près de s’arrêter en si bon chemin.