Flatter l’œil avant l’oreille peut s’avérer être une stratégie particulièrement efficace pour des nouveaux groupes cherchant à se faire connaître et à s’extraire de la masse des très nombreuses sorties hebdomadaires. Pari réussi pour SCOLOPENDRA qui affiche une pochette à la fois originale et diablement efficace, avec un petit côté old-school / fait maison forcément sympathique. Né en 2006, le groupe aura pris son temps pour se forger un son et une identité solide en proposant une musique complexe sortant des sentiers battus, un mélange entre musique extrême, thrash et hardcore particulièrement venimeux.
Ils partagent ce trait de caractère avec leur animal totem, lorsqu’ils mordent, ils ne lâchent plus leur proie. Après la petite intro de rigueur, l’auditeur se voit irrémédiablement capturer par un maelstrom musical qui ne le laissera pas indemne. Dès les premières secondes de « Purity », le déferlement commence et ne s’arrêtera plus. Le quintet ne rassemble pas vraiment des poètes, ils savent y faire pour faire trembler les murs et retourner la tête. Les guitares claquent, soutenues par une section rythmique imparable et un chant tout aussi possédé. Les salves s’enchainent sans temps mort et la population est invitée à se diriger vers les abris. SCOLOPENDRA se transforme rapidement en un rouleau-compresseur que rien n’arrêtera. Le barrage d’artillerie s’enchainent, entrecoupés de breaks plus techniques et, osons le dire, plus mélodique où les guitaristes démontrent une solide maîtrise technique. Personne ne s’économise et la batterie impose un rythme implacable. Ils affichent clairement leurs influences : METALLICA comme tout le monde mais surtout MACHINE HEAD et MESHUGGAH pour ce mélange entre puissance directe et structures complexes, virevoltantes. Mais ne vous y trompez pas, le son du quintet reste ne permanence trempé dans une noirceur et une violence assumées. Cycles souffre de quelques longueurs, SCOLOPENDRA est bien meilleur quand il fait synthétique et concis. Les petites concentrations d’agressivité et de haine des deux « Pinhole of Diffraction » s’avèrent particulièrement impressionnantes par exemple.
Pas la peine de tourner autour du pot, SCOLOPENDRA réussit son pari avec Cycles. Tout un chacun ressortira bien secoué de l’écoute de ce disque solide sur le fond comme sur la forme. Nos compatriotes n’ont pas froid aux yeux et se frottent aux cadors du genre avec ce disque à la fois direct et protéiforme. Le groupe bénéficie désormais d’une belle carte de visite à même de les faire à la fois progresser et plus largement connaître.
Oshyrya (7/10)
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Autoproduction / 2016
Tracklist (45:35 mn) 01. Dream Sequences 02. Purity 03. Awake Nightmare 04. Spartan Killer Instinct 05. Morbid Psychosis 06. Mental Torture 07. Psychic Paralysis 08. End of Tunnels 09. Pinhole of Diffraction 10. Pinhole of Diffraction (part2) 11. Psychotic Mass Murderer 12. Soul Dissolution
Les stars qui montent en ce moment même les marches du palais des festivals à Cannes vous le diront : il est important de réussir son entrée et de laisser d’emblée une impression positive. Les alsaciens de KHASM l’ont bien compris et tente de se présenter au public sous le meilleur jour possible à travers ce premier EP, Fenris.
Pour cela ils mettent tous les atouts de leur côté sur la forme d’abord en invoquant sur la pochette le loup monstrueux de la mythologie nordique puis ne n’hésitant pas à travailler avec Jock Skog (CLAWFINGER, FEARD…) afin d’assurer l’enregistrement, la production et le mixage de cet EP. Pour le fond, KHASM compte sur son talent pour pondre à la chaîne des titres tranchants et rageurs dans un registre Thrash old school. En quatre chansons et douze minutes de musique, nos compatriotes montrent un joli potentiel pour les amateurs d’uppercuts sans concession. Les guitares tronçonnent consciencieusement tout en restant agiles et techniques, la paire basse – batterie alternent groove et rythmes métronomiques pour offrir un écrin de choix à un chant direct, râpeux.
En quatre salves destructrices, KHASM risque de remporter bien des suffrages. Si vous ajoutez à cela un son aux petits oignons et la présence d’un invité de prestige comme Per Nilsson (SCAR SYMMETRY), vous obtenez un apéritif particulièrement épicé. La mise en bouche est prometteuse, quid de la suite ?
Oshyrya (07/10)
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Autoproduction / 2016
Tracklist (12:25 mn) 01. Fenris 02. No More Justice 03. Nightwatch 04. Turmoil
On dit que la vie est un éternel recommencement et les musiciens de FACTOR HATE ont pu expérimenter cette maxime de près. Alors qu’ils assouvissaient leur passion sous le nom de MANKIND à partir de 2005, il leur a fallu presque tout reprendre à zéro au départ de leur chanteur en 2011 (ce dernier devenant leur manager, oui c’est bizarre). Mais, tel le phénix de la mythologie grecque, les quatre musiciens rescapés n’abdiquent pas et continuent de composer en attendant de trouver la perle rare derrière le micro. C’est chose faite en janvier 2012 et le groupe, renommé, peut alors reprendre son envol. L’année suivante ils publient un EP fait maison qui se vend très rapidement. La suite des événements s’est alors imposée à eux, l’enregistrement d’un premier LP que voici, Scary Tales.
FACTOR HATE a développé, à partir de l’EP un nouveau concept autour du personnage central de The Watcher (l’Observateur). L’auditeur suit le périple de ce dernier comme l’écrit le groupe « un personnage évoluant à la frontière entre les rêves et les cauchemars, entre le raison et la folie… ». Afin de donner corps à cette histoire, le groupe distille un hard / heavy metal assez classique nourrit des ténors de le NWOBHM comme JUDAS PRIEST. Mais FACTOR HATE apporte une dimension théâtrale supplémentaire en plongeant l’auditeur dans son univers si singulier. Le groupe ne s’en cache pas, ALICE COOPER et son shock rock reste une référence et un modèle. On retrouve ce même savoir-faire pour tisser des ambiances et faire naître des atmosphères. Scary Tales nous immerge dans un monde sombre et dangereux à la manière de Welcome to my Nightmare d’ALICE COOPER.
De multiples interludes viennent renforcer le concept, ces petites scènes dialoguées enrichissent le propos général et donnent du grain à moudre à l’auditeur. Musicalement parlant, FACTOR HATE a fait le pari de la simplicité, proposant des compositions ramassées et directes, quelques bons riffs et une solide mélodique vocale font le boulot attendu. Nous ne sommes souvent pas loin non plus d’un AVANTASIA pour ce côté visuel et théâtral. Par contre, ils ne bénéficient pas des mêmes budgets que Tobias Sammet. Les chansons ne sont pas exceptionnelles mais le groupe possède assez de talent collectif pour répondre aux attentes des plus exigeants.
Scary Tales laisse à chaque écoute une impression positive. Rien de nouveau sous le soleil mais un travail sérieux et soigné dans l’ensemble. Le son est un peu brut, il manque de vigueur et d’éclat mais FACTOR HATE n’a pas à rougir car ils ont su faire au mieux avec leurs moyens. Le quintet a su donner consistance à son Watcher et lui offrir un écrin sur mesure. Mais le meilleur reste à venir, tout fan d’ALICE COOPER vous le dira, rien en vaut la scène pour passer définitivement de l'autre côté du miroir.
Oshyrya (07/10)
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Autoproduction / 2016
Tracklist (53:33 mn) 01. Overture 02. You're in the Nightmare 03. The Watcher 04. Wild as the Wind 05. The Eyes in the Dark 06. Scyzophrenia 07. Asylum 08. The Bride 09. Black Roses 10. Riding Fast and High 11. Reach to the Sky 12. Lunatic World 13. Kingdom of Madness 14. Behind Me 15. Raise you Hand 16. Underture