Author Archive

Alien – Eternity

Alien-EternityIl est facile d'ironiser sur le nom de ce groupe culte d'AOR fondé en 1986 en Suède par le chanteur Jim Jidhed et le guitariste Tony Borg : avec Alien nous sommes très loin de la créature dégoulinante et dentue de feu Giger et de Ridley Scot. La musique d'Alien, très influencée par Journey et Survivor, est relativement soft et easy listening. Il y a trente ans déjà, leur premier hit en Suède, « Only One Woman » n'avait rien de bien menaçant. La qualité du combo tenait beaucoup à la très belle voix de Jim Jidhed, qui connut d'ailleurs un certain succès en solo avec un très bon disque Full Circle, toujours dans un genre AOR classieux. 

Reformé récemment avec son line up original, Alien propose un Eternity à l'oreille des fans nostalgiques. Il n'y aura sans doute qu'eux pour s'intéresser à la nouvelle production de Jidhed est des siens, puisque rien n'a changé depuis 1986. Le son d'Eternity, assez vieillot avec pas mal de réverbération, les parties de clavier et de guitare, les lignes de chant très influencées par Steve Perry de Journey : tout ceci n'est en rien neuf, voire presque poussiéreux.

Pourtant cet Eternity n'est pas mauvais, loin de là. Du fait de la qualité de combos, certes très classiques mais extrêmement bien agencées, et surtout de la très belle voix de Jim Jidhed (« Unbroken », « Summer Of Love » qu'on imagine tout à fait sur Frontiers de Journey…), le disque s'écoute avec beaucoup de plaisir. Certes, il souffre d'une certaine longueur et il eût été meilleur plus ramassé, mais il a beaucoup d'allure dans son classicisme assumé jusqu'au bout. Et si on passe quelques parties totalement surannées, comme ce clavier clichesque en diable sur « What Goes Up », il s'écoute très bien sans vrai temps mort.

Loin de toute modernisation aventureuse, Alien a choisi donc de suivre des sentiers très balisés, mais avec un savoir-faire certain. L'académisme musical a souvent du bon.    

Baptiste (7,5/10)

 

Site officiel

AOR Heaven – GerMusica / 2014

Tracklist : 1. In Love We Trust 2. Unbroke 3. Love Will Lead Me Home 4. I Believe 5. Summer Of Love 6. What Goes Up 7. I'm A Fighter 8. Wildheart 9. Liar, Liar 10. Look At Us Know 11. Burning Heart 12. In Truth

 

L. R. S. – Down To The Core

lrs_coverDerrière les nombreux projets montés de toute pièce par les manitous de Frontiers, il y a souvent un musicien, un peu oublié, mais qui mérite le respect. On pense par exemple à Ambition, qui a permis de réécouter Thom Griffin, ou à Vertigo, qui a permis à Joseph Williams d'avoir une certaine actualité avant de renaître franchement en réintégrant Toto. Ici ce Down To The Core de L. R. S. va permettre de réentendre Tommy La Verdi l'excellent chanteur de feu 21 Guns.

En renfort, pour épauler La Verdi, Frontiers a fait appel au guitariste Josh Ramos (Hardline notamment) et au claviériste et batteur Michael Shotton (Airtime). Des gars qui ont assurément du métier pour interpréter des compositions d'une AOR archi-classique. Pour assembler et produire le tout, on retrouve Alessandro Del Vecchio, inépuisable compositeur pour le label napolitain, Del Vecchio qui a donc proposé une partie de ses chansons. 

Le résultat est surprenant. Non du fait d'une recherche musicale qui se voudrait novatrice. Loin de là… La musique de L. R. S. est à la croisée de The Storm et de Journey mais aussi parfois de Strangeways ou Alias. Elle est d'une AOR mélodique tout ce qu'il y a de plus calibrée. Pour le pire parfois, comme ce titre en ouverture, « Our Love To Stay », patent plagiat du « Never Walk Away » du Revelation de Journey ou « To Be Your Man ». Ou comme sur cette ballade réussie, mais très proche d'Alias qu'est « To Be Your Man ».

Mais pour le meilleur généralement, avec quelques excellents morceaux d'AOR classieuse et raffinée tels « Livin' 4 A Dream », « Never Surrender », « Shadow Of A Man » ou la ballade langoureuse « I Will Find My Way ». Le tout magnifié par la très belle voix de La Verdi, une voix qui mérite toujours le détour, notamment pour sa versatilité. Cela permet d'alterner les climats, le musclé étant suivi d'un titre plus velouté. 

Si la novation musicale est au premier plan de ce que vous recherchez, I. R. S. n'a rien à proposer. Si, par contre, on accepte l'optique adoptée et l'influence très forte des grands anciens de l'AOR, on peut tout à fait goûter ce Down To The Core, assurément une vraie réussite par rapport aux ambitions affichées.

Baptiste (7/10)

 

Frontiers / 2014

Tracklist : 01. Our Love To Stay 02. Livin' 4 A Dream 03. I Can Take You There 04. Never Surrender 05. Almost Over You 06. Shadow Of A Man 07. Universal Cry 08. To Be Your Man, 09. Down To The Core, 10. I Will Find My Way, 11. Waiting For Love 12. Not One Way To Give

ob_1a904b_download-gamma-ray-empire-of-the-undead-2014-fullQui attend encore grand chose de Gamma Ray ? Après l'échec de The Land Of The Free II, la banalité de To The Metal, les accusations (un peu malveillantes) de repompe musicale et de panne d'inspiration, le groupe de Kai Hansen n'a pas particulièrement fière allure actuellement. Heureusement qu'il reste des lives qui montrent le groupe plus à son avantage, comme c'est le cas du dernier en date, Skeletons & Majesties Live (2012). Cerise sombre sur le gâteau du groupe : le studio de Gamma Ray a pris feu et le batteur Dan Zimmermann a dû être remplacé pour abandon de poste. Après un EP, Master of Confusion, sympathique mais en rien transcendant, la situation n'avait rien d'enthousiasmant. On avait tout lieu d'être inquiet avec la sortie de ce nouvel opus, Empire Of The Undead, doté par ailleurs d'une illustration fort peu attractive, pour ne pas en dire plus.

Un disque inespéré

Et pourtant au milieu de tout cela, Gamma Ray a réussi a sortir un bon disque. Un disque même franchement bon, du type qu'on réécoute et non qu'on range une bonne fois pour toute à côté de best of inintéressants ou de live mal enregistrés. Même si Gamma Ray ne se réinvente pas pour un rond, cette fois l'inspiration est de la partie. Certes on remarquera quelques redondances musicales pénibles comme ce « Master Of Confusion » qui n'est qu'un décalque en bien moins réussi d'« I Want Out », ou le début d'« I Will Return » qui renvoie à celle de « March Of Time » sur Keeper Of The Seven Keys part II. Et en outre, la fin du disque perd un peu de sa qualité avec un « Seven » en rien indispensable ou une ballade plaisante comme « Time For Deliverance » mais pas franchement impérissable. 

Le reste est toutefois bon. Le long titre d'ouverture « Avalon » et ses neuf minutes d'embardées musicales démontrent d'emblée un regain d'ambition. Si cette chanson évoque évidemment le propos musical d'un « Rebellion In Dreamland » sur Land Of The Free, elle est un vrai succès qui manifeste une fois de plus que Kai Hansen est très à l'aise sur les morceaux longs. Il est triste qu'il n'en compose d'ailleurs pas plus. Ici les deux autres titres lorgnant vers les sept minutes, « Demon Seed » et « I Will Return » sont l'œuvre de respectivement Schlächter et de Richter qui démontrent eux aussi leurs solides qualités de compositeur. Le nouveau venue aux fûts, Michael Ehré, a droit lui aussi de proposer un morceau et, à ma surprise, il s'en tire très bien avec un « Pale Rider », lourd et puissant, qui fait un très bel effet. 

Un disque varié

Kai Hansen avait annoncé que, sevré de hard rock mélodique par Unisionic, sa musique serait nettement plus heavy. Ce n'est pas franchement le cas même si quelques chansons envoient la sauce à la manière d'un Walls Of Jericho, comme le puissant « Hellbent » qui aurait parfaitement pu être enregistré à l'époque pour le premier disque d'Helloween, ou « Empire Of The Undead » qu'on aurait pu tout à fait trouver sur Powerplant, notamment grâce à son refrain teigneux au diable. Le reste est franchement plus varié et c'est après tout très bien : chaque morceau a ainsi sa propre personnalité de la sorte. On retrouve ainsi la diversité présente jadis sur Heading For Tomorrow (1990) ou sur l'excellent Sigh No More (1991). 

Les surprises ne sont donc pas toujours mauvaises, loin de là. Ce Empire Of The Undead est une très bonne surprise de le part d'un groupe qui avait ma sympathie mais dont je n'attendais pas grand chose. Comment Kai Hansen et les siens font-ils pour rebondir de la sorte ? Il doit y avoir une certaine forme de talent et de métier derrière tout ça…

Baptiste (7,5/10)

 

Site officiel

earMusic / 2014

Tracklist : 01. Avalon 02. Hellbent 03. Pale Rider 04. Born To Fly 05. Master Of Confusion 06. Empire Of The Undead 07. Time For Deliverance 08. Demonseed 09. Seven 10. I Will Return 11. Built A World (European bonus track)