Author Archive

vc_logo

MetalChroniques : Tu es, et tu as été, dans beaucoup de projets et de groupes, alors que cherches-tu à concrétiser avec Voodoo Circle, musicalement ?
Alex Beyrodt : De l’argent ! Non, sérieusement… si c’était le cas, je ferais du hip-hop ou de la pop. J’ai lance Voodoo Circle parce que je voulais avoir un groupe qui jouerait la musique des groupes avec lesquels j’ai grandi. Surtout qu’on n’entend plus ce genre de musique aujourd’hui. Egalement, je voulais avoir dans le groupe des musiciens qui seraient capables d’improviser sur scène, de manière à ce que chaque soir, chaque concert serait différent : parfois telle chanson dure quatre minutes, et parfois c’est quinze minutes, selon le « feeling » de la soirée. Ces idées sont à la base de Voodoo Circle.
M.C. : Donc régulièrement, en concert, vous allez complètement dans l’improvisation ?
A.B. : Oui. Nous avons une set-list, mais personne ne sait jamais combien de temps ça durera vraiment ! D’ailleurs parfois c’est un problème, quand nous jouons dans des festivals surtout : il y a des horaires imposés très précis, et… « nous avons déjà joué trois chansons, et nous devons terminer le concert, ouah ! »

M.C. : Ce nouvel album a toujours quelque chose des années 70, mais il y a aussi quelque chose des années 80 qui se dégage très nettement. Est-ce que c’était intentionnel, dès le départ ?
A.B. : Pas du tout, à vrai dire. Ca s’est juste avéré comme ça. C’est probablement lié à la manière avec laquelle nous avons produit l’album et au matériel que nous avons utilise. Par exemple je suis passé d’une Stratocaster à une Les Paul [deux types de guitares] : elles ont un son différent et la manière d’en jouer aussi est différente. Grâce à ça, j’ai pu avoir une approche totalement différente des chansons.
La manière d’écrire les chansons a un peu changé, aussi. Quand j’ai commencé à enregistrer et à sélectionner des riffs de guitare, tous mes riffs étaient influencés par des groupes des années 80. Au bout du compte, j’avais trente-cinq chansons ou idées, parmi lesquelles j’ai sélectionné 14 titres. Mais il ne faut pas croire que je me suis assis en me disant que j’allais écrire « un album des années 80 », ça n’est pas le cas du tout.
M.C. : Mais aussi… par exemple, les instruments en eux-mêmes ont souvent un son très « années 70 », particulièrement les claviers, mais en même temps les arrangements font extrêmement « années 80 » ?
A.B. : Tout à fait, et… est-ce que c’est bien ou mal ? Sois honnête, ça te plaît ou non ?
M.C. : Je ne sais pas vraiment ? J’aime bien la musique des années 70 [enfin, pas certains des groupes qui l’influencent visiblement, mais passons], j’aime bien la musique des années 80 et… Pour dire les choses différemment : le premier album de Voodoo Circle était énormément influencé par Malmsteen…
A.B. : Oui. Et c’était intentionnel.
M.C. : Le deuxième était extrêmement tourné vers les années 70, en général, dans la musique comme l’atmosphère…
A.B. : Tout à fait, tu as bien fait tes devoirs !
M.C. : Mais je connais ces albums, je ne suis pas tombée dans le metal il y a deux semaines ! [on peut être une fille, ressembler à tout sauf à une metalleuse ET écouter du metal depuis longtemps, dediou !] Et au final, je parle juste de l’évolution du groupe. Par exemple, puisqu’on est passé aux années 80 sur cet album, pourquoi pas pour le prochain…
A.B. : Les années 60…
M.C. : Pourquoi pas, mais ça serait difficile pour du metal !
A.B. : Pas d’années 90 ! Cette période est très mauvaise pour la musique rock.
M.C. : Pourquoi ?
A.B. : Le grunge, ils ont tout tué ! Enfin, ce qui est drôle c’est qu’aujourd’hui je comprends le grunge, et je peux l’apprécier. Mais à l’époque, je détestais ça !

vd_01

MC. : Il y a aussi beaucoup moins d’influences neo-classiques, pour ne pas dire qu’elles ont disparu : est-ce qu’elles ont fini par vous lasser, ou c’est juste que là pour cet album elles n’étaient pas nécessaires ?
A.B. : J’ai été influencé par Ritchie Blackmore pendant toute ma vie. Si j’ai commencé à jouer de la guitare, c’était justement par rapport à Blackmore et Jimmy Hendrix : c’est toujours présent dans mes racines musicales. Mais comme je l’ai déjà dit, j’ai changé de guitare pour ce nouvel album, j’utilise une Les Paul sur ces chansons. Or, on joue différemment sur une Les Paul ! Une Les Paul a beaucoup plus de « sustain » [anglicisme, revient à dire qu’on tient mieux une note avec une Les Paul], un son beaucoup plus « gros » et « gras ». C’est l’opposé avec une Stratocaster, si bien qu’on a toujours envie de jouer plus, on ne cherche pas à faire tenir une note. Avec une Les Paul, on peut tenir une note, boire une bière, et puis une autre, et la note ne bouge pas ! En tant que musicien, ça donne l’opportunité de jouer différemment. Pour ma part, j’ai commencé à jouer moins de notes, à faire des choses plus mélodiques, j’ai utilisé des sons différents et après avoir joué avec une Stratocaster pendant 25 ans, je suis tombé amoureux des Les Paul ! Et ça représente un énorme changement !
M.C. : En effet, j’ai lu beaucoup d’interviews où tu proclamais ton amour éternel et inconditionnel pour les Stratocaster …
A.B. : Oui, et c’est toujours le cas. Quand j’ai ma Strat’, je me sens chez moi. Mais il y a plus d’un chemin vers chez soi ! [ahlala, le charme d’une amante… tous pareils !] Et puis… une Les Paul, ça se tient assez bas, alors qu’une Strat’ on peut la porter en haut : le bras est forcément un peu tendu sur une Les Paul, et on ne peut pas jouer tous ces trucs plus en « feeling » ou plein de virtuosité. Enfin, certains y arrivent, mais moi pas ! Si bien que je dois me limiter, ça m’oblige à jouer ce qui est vraiment nécessaire ; d’une certaine manière, je joue avec plus de « feeling » aussi.

 

M.C. : Au final, cet album nous rappelle quand même beaucoup d’autres groupes, passés : à tes yeux, comment faut-il définir « le son de Voodoo Circle, et lui seul » ?
A.B. : C’est toujours difficile d’expliquer la musique en mots… Je dirais « la combinaison parfaite entre Deep Purple, Whitesnake, Rainbow et Led Zeppelin ».
M.C. : Pourquoi pas… mais donc, ça se limite à citer des groupes ?
A.B. : Oui, oui… je veux dire, pour ma part, évidemment, je suis très influencé par ces groupes-là. Notre groupe est comparé à ces groupes-là d’ailleurs, et c’est exactement ce que nous voulons : nous voulons sonner comme eux, il n’y a absolument rien de mal à ça ! Surtout que pour moi, ce sont les plus grands et les meilleurs groupes au monde ! Je suis doué pour écrire des chansons dans ce style, avec ce « feeling », probablement parce que j’ai grandi avec cette musique, et quelque part c’est intentionnel : je veux prendre le meilleur de Deep Purple, le meilleur de Rainbow, le meilleur de Whitesnake, tout cuisiner ensemble, et au final on obtient Voodoo Circle. Je pense que c’est une bonne manière de résumer ça.

M.C. : Quelles sont tes influences, guitar-heroes exclus [puisque si on ne précise pas, il parle -toujours- de guitar-heroes] ?
A.B. : [après un long temps de réflexion] A propos de musique uniquement, ou dans la vie en général ?
M.C. : Ca peut être pour la vie en général, comme ça t’arrange.
A.B. : Alors disons que j’aime ce qui est anticonformiste, ou non-conformiste. J’aime les gens et les artistes ouverts d’esprit, c’est certainement mon influence principale, de manière générale.
M.C. : Peux-tu citer un exemple ?
A.B. : Eh bien, c’est d’ailleurs lié au titre de l’album, j’aime bien les gens qui agissent de manière inattendue, ça permet de découvrir des choses nouvelles. La société nous dit que si on veut faire ci, il faut agir de telle manière. Sauf que rien n’oblige à faire les choses de cette manière juste parce que la société le dicte ! Vous pouvez aussi le faire à votre manière, faire des erreurs, apprendre de vos erreurs, peut-être apprendre quelque chose de nouveau en chemin, et même réussir à atteindre votre but initial. « Il y a plus d’un chemin vers chez soi » [There’s More Than One Way Home, titre de l’album]. C’est comme ça que je vis, c’est ce que j’apprécie.
Aaah ! Je sais ce dont tu voulais me faire parler !
M.C. : Je n’en ai pas la moindre idée moi-même !
A.B. : C’est un écrivain, un écrivain célèbre, et son livre L’Alchimiste a complètement changé ma vie.
M.C. : Qui est-ce ?
A.B. : Paulo Coelho, un brésilien. En résumé, ce livre parle de la pensée positive, de la manière avec laquelle nous pouvons avoir une influence sur nos vies en pensant de manière positive. C’est vraiment très résumé, « le livre en une phrase ». Ce livre m’a beaucoup aidé dans des périodes difficiles de ma vie et m’a complètement changé. C’est une très bonne et très grande influence pour moi.

M.C. : Au bout du compte, tu joues et as joué dans des groupes et projets aux styles très différents. Mais une fois chez toi, quand tu prends une guitare au hasard, qu’est-ce que tu préfères jouer ? Les trucs plus « lourds » à la Primal Fear, ou les trucs plus blusy / hard-rock classique à la Voodoo Circle ?
A.B. : Des choses bluesy. Quand je prends une guitare et que je joue ce qui me passe par la tête, je joue des riffs influencés par Hendrix, surtout.
M.C. : Malgré tout, tu as d’abord été connu pour des groupes plutôt « heavy ». Alors… si tu préfères jouer des trucs plutôt bluesy, qu’est-ce qui t’a amené à rejoindre voire monter ces groupes plus « heavy » ?
A.B. : Tout a commencé avec le heavy-metal. J’ai grandi dans les années 80, ou à la fin des années 70, et je voulais devenir un guitariste de heavy-metal. C’est comme ça que je suis devenu un musicien de heavy-metal, et je le suis toujours. Mais après joué du heavy-metal pendant… non, je ne te dirai pas quel est mon âge, disons « depuis si longtemps », j’ai commencé à m’ennuyer. Faire la même chose, sans arrêt… C’est là que j’ai commencé à m’ouvrir à d’autres styles, en les écoutant et en essayant de les jouer. Grâce à ça, j’ai découvert mon amour pour tout ce qui est bluesy. Ca doit faire six ans maintenant ?
M.C. : Oh, donc c’est très récent…
A.B. : Oui.
M.C. : Pourtant, tu as dit avoir été influencé par Hendrix et Blackmore avant tout, et je doute que tu les aies découverts il y a six ans seulement ?
A.B. : Non, bien sûr. C’est par rapport à eux que j’ai commencé à jouer de la guitare, mais malgré tout j’étais toujours dans des groupes de heavy-metal, où il n’y avait pas d’occasion pour jouer dans ce style. Il fallait jouer ce qui était nécessaire pour les chansons, c’est très technique en fait. Et il ne faut pas se méprendre, j’adore jouer ce style même aujourd’hui, j’adore jouer avec Primal Fear : dès que l’on commence une tournée, je suis le type le plus heureux du monde ! Mais pour moi, écrire des chansons dans le style de Voodoo Circle a quelque chose de plus naturel, c’est plus facile pour moi, c’est plus dans mes gènes.

vc_ab

M.C. : Dans ce cas, est-ce que ça pourrait être une des raisons pour lesquelles Silent Force [groupe précédent de Beyrodt, très teuton aussi, mais moins mono-neural que Primal Fear] a arrêté ses activités [aucune séparation n’a jamais été annoncée, mais le groupe n’a plus aucune actualité depuis 2007… sans réelle explication] ?
A.B. : Il y a beaucoup de raisons pour lesquelles j’ai gelé Silent Force dans de la glace. Tout a commencé avec des histoires personnelles, pas que les miennes mais aussi pour les autres membres du groupe. Ensuite, André [Hilgers], le batteur, a rejoint Rage [en 2007, il y est toujours] si bien qu’il était très occupé, de mon côté j’ai déménagé vers les Iles Caraïbes, c’était très sympa là bas…
M.C. : …mais très loin !
A.B. : Plutôt, oui ! Après j’ai rejoint Primal Fear [il les a d’abord accompagnés sur scène pendant quelques années, avant de les rejoindre officiellement en studio etc. en 2012]… et le timing n’était pas bon, tout simplement ! Je dois aussi dire que je n’étais plus très content de certains des membres du groupe, à cause de leur attitude : ça m’a fait perdre un peu d’énergie. J’avais l’impression de faire tout le boulot, et personne n’en était reconnaissant. Vraiment ! Une année par exemple, et je m’en souviens de manière très précise, j’étais dans mon studio en sous-sol, enfermé dans le noir, aucune lumière du jour, pendant l’été entier. Pendant ce temps, certains des autres membres du groupe étaient partis en vacances, s’étaient reposés le long de la piscine… et j’écrivais des chansons, j’ai écrit un album entier. A la fin de l’été, je leur ai fait passer ces chansons, en leur disant : « ok les gars, voici les chansons pour le nouvel album. » Et là, ils m’ont dit qu’ils voulaient aussi avoir leur part dans l’écriture des chansons.
– « Pardon ? »
– « Oui, nous sommes un groupe, et nous devrions partager tout ça, entre nous cinq. »
– « Euh… pourquoi ? »
– « Eh bien, parce que nous sommes un groupe ! »  
– « Oui mais… j’ai écrit toutes les chansons ? Pendant que vous étiez en vacances ? Et j’étais dans ce p***** de sous-sol ? »
A ce moment-là, j’ai perdu l’énergie et la confiance que j’avais dans ce groupe. Avant ça, nous nous considérions comme des amis, nous luttions ensemble pour acquérir le succès, la célébrité, l’argent, les filles, tous ces trucs cools liés au rock’n’roll ! Mais là, j’ai commencé à me dire que les choses ne tournaient pas rond : ils ne me donnaient pas leur argent quand ils allaient travailler, alors pourquoi est-ce que je devrais céder ? J’ai raison, n’est-ce pas ?
M.C. : Oui, enfin, ça représentait une énorme déception après tout…
A.B. : Tout à fait, Dieu m’a donné ce talent, mais c’est à moins de travailler dur pour concrétiser ce talent, pour créer de meilleures chansons.
M.C. : Malgré tout, si les autres membres étaient venus te voir avant que tu ne t’enfermes dans ce sous-sol, pour te proposer des chansons ou des idées de chansons, les aurais-tu refusées ou…
A.B. : J’ai -toujours- dit à tout le monde : « apportez-moi vos idées, on travaillera là-dessus ! » J’ai même acheté un ampli pour guitare pour le donner à l’un d’eux : « voilà un ampli pour guitare, je sais que tu as une guitare électrique, écris des riffs ! » Résultat ? Même pas un seul. Ca aussi ça a été une déception, et ça a fini par ne plus m’intéresser. D’autant que j’ai commencé à jouer avec Primal Fear après, et que j’avais déjà lancé Voodoo Circle avant ça.
Mais maintenant, je recommence à écrire pour Silent Force et je souhaite sortir un nouvel album.
M.C. : Il serait temps…
A.B. : Oui, je sais. Beaucoup de gens me le demandent. Mais ! Le groupe sera complètement différent. Du groupe d’origine, ne resteront qu’André, le batteur, et moi. Tout le reste sera différent. Au final ça sera un groupe différent : nous verrons bien ce que les gens en pensent.
M.C. : Et est-ce que tu as une idée de la période dans laquelle cet album sortira ?
A.B. : Eh bien, mon intention première était de le sortir cet automne, mais je peux déjà dire que ça n’arrivera pas ! Si bien que maintenant je parle de la fin d’année… mais il vaut sans doute mieux tabler sur le début d’année prochaine. Espérons ! Mon emploi du temps pour cette année est absolument dingue…

M.C. : J’ai lu que tu possèdes environ quarante guitares… penses-tu que ça soit suffisant ?
A.B. : Non ! Personne ne possède jamais assez de guitares ! C’est comme les chaussures : on n’en a jamais assez !
M.C. : C’est quelque chose que je ne comprends jamais avec les guitaristes. Par exemple, j’ai un ami qui a sept guitares, ou plutôt un modèle dans sept couleurs différentes [véridique]
A.B. : Oui, et elles sont toutes différentes ! Elles ont un son différent [j’admets, ces sept guitares sont aussi accordées différemment… m’enfin même quoi !], on en joue différemment, elles ont un look différent, leur odeur est différente…
M.C. : …bien sûr !
A.B. : Et elles t’enflamment de manière différente ! Comme des chaussures ! Combien de paires de chaussures as-tu ?
M.C. : Pas tant que ça en fait… pour une fille.
A.B. : J’en ai environ quarante paires aussi, de chaussures je veux dire. J’adore les chaussures… j’en ai peut-être plus, d’ailleurs ! Vraiment, je collectionne l’argent les chaussures et les guitares ; hélas, je n’ai pas beaucoup de succès dans ma collection d’argent, mais je suis très bon quand il s’agit de le dépenser.

M.C. : Comme déjà dit encore, tu as participé à beaucoup de groupes et autres projets : jusque là, lequel a été le plus « frappant » pour toi, qu’est-ce qui te rend le plus fier ?
A.B. : Avoir été le guitariste sur scène pendant deux mois de Ian Gillan [ex-Deep Purple]. C’est quelque chose dont je suis extrêmement fier. En particulier pour la manière avec laquelle il me traitait, les histoires qu’il m’a racontées, les choses qu’il m’a dites, même si je ne peux hélas pas t’en parler. Enfin, je peux t’en raconter, mais tu ne peux pas les écrire ! J’ai aussi joué avec Glenn Hughes [ex-Deep Purple, Black Country Communion actuellement]… et pour lui, je peux te dire ce qu’il m’a dit ! Nous nous sommes rencontrés à l’aéroport de Düsseldorf, près de l’endroit où nous allions répéter, nous ne nous étions jamais vus avant. C’était juste après le premier album de Voodoo Circle, il était question que je devienne son guitariste principal à l’époque [et de mémoire ils feront en effet quelques concerts ensemble], ce qui était… énorme. Evidemment, c’est dans la salle de répétition que nous avons joué ensemble pour la première fois ; nous avons joué « Stormbringer » [chanson de Deep Purple]. Quand nous avons fini la chanson, Glenn m’a regardé en disant :
– « Il faut que je te dise quelque chose… »
Je suis devenu… « oh mon Dieu… je suis viré, ça y est, j’ai été tellement mauvais, ou il n’aime pas ce que j’ai fait, j’ai sans doute fait des erreurs idiotes… » Il a continué à me regarder en disant :
– « Eh bien, je n’ai pas joué avec un guitariste qui utilise une Stratocaster depuis bien longtemps, et tu te débrouilles très bien avec ça : ça me manquait vraiment. Merci beaucoup ! »
Là, je suis devenu… c’était un moment exceptionnel.
Comme avec Ian Gillan, à nouveau : pendant cette tournée, nous jouions « Blind Man » [sans doute « When A Blind Man Cries » de son titre complet] de Deep Purple, où j’avais un solo à faire. Et chaque soir, il venait vers moi et me regardait après le solo en disant [en chuchotant et en faisant une grimace de satisfaction] : « tu es bon. » Et il avait l’air vraiment touché ! Et ça… c’est quelque chose qui ne s’achète pas. Je veux dire, j’ai commencé à jouer de la guitare grâce à Deep Purple, et me voilà sur scène avec ce gentleman, qui me traite tellement bien et c’est… c’est juste génial.

vc_ab2

M.C. : Un dernier mot pour les lecteurs, ou quelque chose que tu souhaites dire mais que je n’ai pas demandé ?
A.B. : Ah ! Demande-moi de te parler de la chanson « Alissa », qui est sur notre nouvel album.
M.C. : Très bien, alors que peux-tu me dire sur la chanson « Alissa », pourquoi ce titre ?
A.B. : En fait, j’ai écrit cette chanson pour ma petite amie. Et c’est la première fois de ma vie que j’ai écrit des paroles ! Et j’ai dédié cette chanson à ma petite amie… Parce que, en résumé, ces quatre dernières années j’ai vécu des moments très difficiles dans ma vie privée : je suis passé par un divorce, mes enfants vivent maintenant au Japon et je ne sais pas si je les reverrai un jour… et d’autres trucs encore. J’étais vraiment brisé. Ca n’est pas que j’avais le cœur brisé, c’est juste que j’étais très triste, détruit. Puis j’ai rencontré cette femme, j’en suis tombé amoureux, et elle m’a ramené à la vie d’une certaine manière, elle m’a rendu heureux à nouveau, elle m’a fait retrouver le sourire… c’est pour ça que j’ai écrit cette chanson, pour elle.
M.C. : C’est-y pas mignon !
A.B. : Je sais, et je savais que tu allais adorer cette histoire ! [Allons messieurs, avouez que ça vous chatouille le cœur à vous aussi !]


Propos receuillis par Polochon.
Photos officielles, sauf la photo à l'hôtel (« version peluches ») par Polochon. 
Chronique de More Than One Way Home.

vc_wahoAprès un premier album largement inspiré par Yngwie Malmsteen en 2007, Voodoo Circle était revenu en 2011 pour de la musique très 70's: cette fois-ci, nous partons beaucoup plus dans les années 80. Ou plutôt, les chansons elles-mêmes ont toujours quelque chose de très 70's, mais le son, l'ambiance générale rappellent plus souvent Whitesnake que Deep Purple. Or, je n'ai jamais énormément apprécié Whitesnake, parce qu'ils m'ont toujours donné l'impression qui se prend au sérieux avant de prendre la musique, en elle-même, au sérieux… et peut-être à cause de ça ?, ce More Than One Way Home « glisse » sur moi, impossible de véritablement rentrer dedans.

Objectivement, c’est tout à fait bien réalisé : le son est bon, clair, les musiciens sont très bons, Beyrodt fait partie de ces (rares) guitaristes/prétendants guitar-heroes qui ne cherchent pas à s’imposer à ses musiciens envers et contre tout,  les compos sont complètement dans le genre visé (hard-rock old-school tendance commercial… à l’époque) et tuti quanti. Si vous appréciez le genre, vous avez de fortes chances d’apprécier cet album, calibré pour vous. Dans le cas contraire, il est peu probable qu’il vous donne envie de découvrir toute cette période, des années 70 et 80 : le problème avec un groupe que les membres eux-mêmes n’arrivent pas à définir autrement que par « un mélange de Tel Groupe et de Tel Autre Groupe », c’est qu’il est difficile de leur trouver une identité propre. Et par suite d’apprécier réellement leur musique, si on n’est pas déjà (très) amateur des groupes-influences.

Encore une fois, cet album n’est pas mauvais, à proprement parler. Il est juste calibré pour une frange bien particulière du public : les amateurs de hard-rock 80’s (plus que 70’s, pour cet album-ci). Avec le quota de ballades un peu boostées que ça implique, trois de mémoire ici, mais elles passent bien dans l’ensemble (sauf « The Saint And The Sinner » peut-être, trop répétitive.) Pour les autres… il fera très bien quand votre belle-famille passera à la maison, mais vous le sortirez certainement peu de son boîtier en dehors de ces moments où il faut « paraître bien ».

Polochon (6,5/10) 

Site officiel : http://www.voodoocircle.de/
Page MySpace officielle : http://www.myspace.com/voodoocircleband
Page Facebook officielle : http://www.facebook.com/voodoocircle

AFM Records / Replica – 2013
Tracklist (54:19) : 01. Graveyard City 02. Tears In The Rain 03. Heart Of Babylon 04. Cry For Love 05. Alissa 06. The Ghost In Your Heart 07. Bane Of My Existence 08. More Than One Way Home 09. The Killer In You 10. The Saint And The Sinner 11. Victim Of Love 12. Open Your Eyes

Interview d'Alex Beyrodt, par rapport à cet album.

   ther-logo

Le moins que l’on puisse dire, c’est que Les fleurs du mal, dernier album en date de Therion, divise. Même pas de clans « anciens c. jeunes recrues », juste l’incompréhension la plus totale face à ce qu’est devenu ce groupe (à l’image de la chronique rédigée par Oshyrya sur Metalchros), alors que les plus ouverts d’esprit trouvent la démarche intéressante, à tout le moins. Dans tous les cas Christofer Johnsson, leader du groupe pour résumer, est un grand bavard et adore défendre son beefsteak : voyons comment il compte présenter cette affaire (ou plutôt son plan marketing, et ça tombe bien il le revendique).
[Note : si jamais vous avez l’occasion de discuter avec Christofer Johnsson et que vous êtes pressés, ne lui proposez surtout pas « une dernière question avant la fin ? » : je m’attendais à l’habituelle réponse de trente secondes chrono… sauf qu’il a enchaîné pendant 15 minutes. Montre en main. Le bougre.]

MetalChroniques : En général, pour célébrer un anniversaire, les groupes sortent des best-of… et vous sortez un album de reprises de chansons françaises ? Pourquoi ce choix ?
Christofer Johnsson : C’est une idée que j’avais en tête depuis de longues années. Pas pour faire une énième version du « Run To The Hills » d’Iron Maiden, mais de vraiment faire un nouvel album, simplement composé par d’autres artistes. Quand j’ai commencé à faire une liste, j’ai réalisé que la moitié des chansons que je voulais faire étaient françaises… alors pourquoi pas faire un truc vraiment fou, avec un album entièrement en français ? J’aime bien choquer un peu les gens et… disons que n’importe quelle ficelle a un bout, une fin, et la musique que nous faisons commençait à être passée de mode, alors pourquoi pas faire quelque chose de véritablement artistique, qui ferait parler les gens ? Autant y aller à fond, et faire un truc vraiment dingue : c’est complètement dans l’esprit de Therion. Je veux dire qu’un album best of… c’est vraiment la chose la plus ennuyeuse du monde, la seule chose potentiellement pire serait de réenregistrer un vieil album, comme Running Wild ou Twisted Sister l’ont fait ; c’est comme un crime contre l’histoire de la musique !

M.C. : Mais… qu’est-ce qui vous plaît tellement dans la chanson française, si vous préférez ? Pourquoi pas des chansons d’autres pays, tant qu’à faire ?
C.J. : C’est quelque chose que vous ne comprendrez jamais, parce que vous êtes française. Vous regardez à travers la fenêtre, et voilà, c’est normal. Alors que si vous rencontrez quelqu’un venant d’un pays étrange, vous trouverez qu’il porte des vêtements étranges, un chapeau bizarre, alors que pour lui tout est normal, il est juste allé faire un tour en portant ses vêtements de tous les jours. Vous ne réalisez pas à quel point la France, sa culture est étrange aux yeux et aux oreilles des autres. Vos films sont célèbres dans le monde entier sont célèbres pour être incompréhensibles et bizarres. Je les adore ceci-dit, La cité des enfants perdus ou Delicatessen par exemple. Et c’est pareil avec la musique ! Si vous prenez les yéyés, qu’est-ce que c’est au fond ? De la musique pop américaine chewing-gum, qui a été francisée. Si la France était une machine et qu’on mettait quelque chose dans cette machine, n’importe quoi, un truc étrange et biscornu sortirait de l’autre côté. Au final, alors que les premiers yéyés n’étaient que des reprises de chansons américaines avec des paroles françaises, dès qu’ils ont commencé à écrire leurs propres chansons ça a commencé à devenir plus « français », avec des paroles plus tristes, plus étranges et mélancoliques. C’est quelque chose que certains apprécient vraiment.

Après les yéyés, vous avez commencé à produire une sorte de « pop baroque », d’ailleurs c’est surtout ça que l’on retrouve sur notre album, pas des yéyés ; sauf celle de Claire Dixon [« Je n’ai besoin que de tendresse »], qui est une chanson yéyé. On le retrouve chez France Gall, quand elle fait [Christopher sifflote l’air de « Laisse tomber les filles », très juste d’ailleurs, il siffle très bien le monsieur !], et plus tard « Polichinelle » a presque une influence classique avec Bach. « Poupée de cire, poupée de son » ressemble à une chanson pop, mais elle est très bien écrite, aucune simplicité. Elle s’est beaucoup développée, en tant qu’artiste, elle a fait beaucoup de choses jazzy aussi. Au final… avoir été un artiste yéyé ne signifie pas qu’ils l’ont toujours été. Même Sheila qui a fait « Ouki Kouki » au début, je n’aime pas du tout celle-là, a évolué et par exemple son album Love en 1971 est plutôt bien écrit ; Sheila ne fait pas partie de mes préférées mais cet album est plutôt bon. Et puis il y a aussi Stella, qui écrivait des paroles pour dire à quel point les textes des yéyés étaient idiots…

Notre idée de base était de ne prendre que des compositrices, à l’exception de Serge Gainsbourg puisque la moitié de ses chansons sont chantées par des chanteuses, il a écrit beaucoup d’hommages à la femme aussi, et de toute manière il a écrit beaucoup de chansons pour les chansons : il avait droit à sa place d’honneur sur notre album. Et puis avec sa vie tellement baudelairienne… il devait figurer sur l’album ! Et finalement nous avons vraiment voulu faire quelque chose avec Evariste, un chanteur très intéressant. Mais dans l’ensemble, nous voulions centrer les choses sur les femmes, comme un hommage à deux des poèmes qui furent interdits dans Les fleurs du mal [de Baudelaire, cette fois], « Lesbos » et « Femmes damnées ». C’est aussi pour ça que le livret offre un hommage à l’érotisme féminin.

M.C. : Et comment avez-vous choisi les chansons pour cet album, en dehors du « critère féminin » ?
C.J. : J’ai pris mes préférées, tout simplement.
M.C. : Malgré tout, certaines de ces chansons sont très peu connues même en France : comment les avez-vous connues ?
C.J. : En fait, il y a un public underground [souterrain ? l’habitude des anglicismes…] qui adore cette scène française. Par exemple, aux tout débuts du metal, les gens échangeaient des cassettes, même de démos de groupes, et aujourd’hui il y une sorte de réseau underground d’échanges de mp3 ! Beaucoup de ces artistes, comme Victoire Scott ou Léonie (Luceau ?), n’ont jamais fait d’album, juste quelques singles avec trois ou quatre chansons. Victoire Scott n’a jamais été rééditée en cd, pour Léonie je crois qu’une chanson a été rééditée, parce qu’elle avait été utilisée pour un film des années 70. En dehors de ça, il faut acheter ces vieux vinyles sur ebay, et certains en font des mp3s de bonne qualité qu’ils partagent avec les autres. C’est comme ça que l’on peut découvrir tous ces artistes plus obscurs. D’ailleurs, à mon sens, c’est souvent les meilleurs.

M.C. : Pourquoi appeler cet album Les fleurs du mal ?
J.C. : Ma foi, ça allait être un album en français alors autant lui donner un titre français, et puisque ça allait être provocant pour beaucoup de gens… En fait, j’ai réalisé : comment provoquer la scène metal ? Ca ne sert plus à rien de parler de Satan, ou de [montrer son affection profonde aux cadavres] [littéralement « fucking with corpses », je vous laisse le traduire dans un langage plus fleuri !], ou quoi que ce soit en rapport avec des cimetières… à la rigueur on pourrait faire du metal pédophile, mais personne ne s’y risque parce que c’est d’un tel manque de goût ! Chanter [son affection profonde pour un cadavre], pas de problème, mais [son affection profonde pour les enfants] ? Non, quand même ! Il ne reste plus grand-chose pour provoquer le public metal. La scène metal en elle-même est une provocation envers la société « normale » après tout. Alors une bonne manière de provoquer… est en fait de faire quelque chose de normal ! Prendre des chansons pop que nous apprécions vraiment, ouah, c’est un bon défi. Et puisque c’est provocant, j’ai été inspiré par Baudelaire, qui était provocant à son époque.

En plus, j’ai réalisé qu’en faisant ça je provoquerais aussi beaucoup de gens qui aiment Baudelaire, parce que « Baudelaire ne peut pas être lié à la musique pop » [dit-il en prenant un air pincé]. D’ailleurs c’est assez drôle : ces gens défendent une norme dans leur environnement propre, alors que les gens qui défendaient leur environnement propre à l’époque de Baudelaire étaient contre lui. Au final, le dédain que ces gens montrent est exactement le même que celui des gens qui voulaient interdire Baudelaire, lui infligeant des procès et lui faisant payer des sommes énormes en s’assurant que ses poèmes seraient interdits, à une époque pas si ancienne d’ailleurs [le milieu du XIXe, je précise au besoin]. D’ailleurs, on ne pouvait pas acheter une version véritablement complète des Fleurs du mal avant 1968 [il me semble que l’édition Nelson proposait une version intégrale un peu avant… mais je n’ai pas le livre là sous la main pour vérifier]. J’ai trouvé beaucoup d’inspiration dans ses poèmes, un peu dans les poèmes interdits, mais surtout dans les réactions qu’ils ont provoquées : ces gens ne faisaient que défendre leur norme, tout comme un protestant intégriste aux Etats-Unis ne fait que défendre sa norme quand il veut interdire le metal.

ther-03

Il y a un tel manque de transparence dans leur manière de penser, un tel manichéisme… les liens avec Baudelaire sont là, réellement, Serge Gainsbourg est un peu un cousin des temps modernes de Baudelaire par exemple : les deux étaient très alcooliques, les deux abusaient des drogues, les deux étaient coureurs de jupon. Baudelaire était même sans doute pire : quand il avait hérité la vie était belle, il pouvait aller voir les prostituées de luxe, mais quand il a fini par dépenser tout son argent il a dû aller vers les moins cotées, c’est comme ça qu’il s’est retrouvé avec à la fois avec la syphilis et [oublié l’autre, et Christopher dit ce mot trop vite pour que je le comprenne… Baudelaire a enchaîné de toute manière, c’est un fait], et la syphilis à nouveau, à cause des drogues cette fois, a fini par le tuer à l’âge de 46 ans. Comme parallèle, il y a aussi ce poème où il décrit cette femme innocente, vierge, qu’il veut ravager entièrement ; c’est très proche de ce que Serge Gainsbourg a fait avec France Gall pour « Les Sucettes ». Il l’a dupée en lui faisant chanter une chanson parlant de fellation devant la France entière, en faisant comme s’il s’agissait d’un bonbon.

Egalement, des gens disent que les paroles sont idiotes. Mais soyons honnêtes : si on prenait des paroles de chansons metal, ou hard-rock, et qu’on les traduisait en français, afin de comparer une bonne fois pour toutes… Tiens, je vais te demander de prendre la chanson Cherry Pie par le groupe Warrant, et d’en faire une traduction que tu publieras avec cette interview [arf, une chanson qui m’a toujours éclatée pour sa crétinerie, ça tombe bien !] : je défie quiconque de me dire que ces paroles sont meilleures, de quelque manière que ce soit, que celles d’une chanson des yéyés. C’est juste parce que les paroles sont en anglais que les gens laissent passer ça ! Même s’ils comprennent le sens, l’image n’est pas aussi forte que s’ils l’entendaient, ou le lisaient, dans leur propre langue. Ou même Manowar et leur : « heavy metal or no metal at all, wimps and posers leave the hall » [en traduit : « heavy metal ou rien d’autre / aucun autre metal, mauviettes et poseurs dégagez de la salle » (littéralement « quittez », mais « dégagez » fait quand même plus dans l’esprit de la chose, n’est-il pas…)], à savoir « si tu n’es pas metal, on ne peut pas être amis. » Ou même « Metal Daze » sur leur premier album, que j’adore en plus, j’adore Manowar : « So Mr. DJ, play just one for me, you know, the one with the crashin’ and the screams » [traduction : « alors M. DJ, joue-m’en juste une, tu sais, celle avec les fracas et les cris »] Vas m’expliquer que ce sont des paroles très intelligentes !

Au moins beaucoup des chansons que nous reprenons sur cet album ont un double sens intéressant. « Poupée de cire, poupée de son » par exemple, en tant que poème elle n’a pas beaucoup de sens, mais en tenant compte du contexte, sachant que France Gall est la personne décrite par les paroles, en train de le chanter sans le savoir, alors qu’elle est contrôlée par beaucoup de gens, comme une poupée, avec son producteur, ses managers, sa maison de disques, et même Serge Gainsbourg en tant que compositeur : tous ces gens la contrôlaient, comme une poupée. Et en fait, elle décrit la manière avec laquelle elle est contrôlée, sans savoir qu’elle chante sur elle-même ! Je trouve ça triste, et en même temps ça représente une œuvre d’art fantastique. Les paroles de « Lilith » aussi, là on pourrait les traduire en anglais et ça pourrait devenir une chanson metal.

Je crois que les gens extrapolent beaucoup autour de tout ça, parce qu’ils savent que c’est de la musique pop : ils rangent d’office ça dans la case « pop débile pour fillettes de la génération passée », ils ne regardent pas ça avec des yeux objectifs. Je ne prétends pas que toutes les paroles soient fantastiques, mais certaines ne sont pas mauvaises du tout. Même « Sœur Angélique » n’est pas mauvaise je trouve, si l’on sait à quoi elle pense réellement, en cherchant le sens plus caché, un peu comme un enfant qui écoute une chanson sans comprendre (ni se douter) d’une référence sexuelle. « Viens dormir avec moi », l’enfant se dira : « oh, ils vont dormir ensemble ? ils sont fatigués ? » Alors que parfois, ces paroles sont plus intelligentes qu’il n’y paraît. Evidemment il y a des textes particulièrement idiots, comme Ouki Couki de Sheila, mais à cette époque du « pop-age baroque » d’où nous avons tiré nos reprises, je pense qu’ils étaient déjà plus matures… ces paroles ne sont pas totalement mauvaises.

M.C. : Comment avez-vous abordé les arrangements pour ces chansons? Elles sont plutôt simples au départ après tout, et évidemment très « pop »…
J.C. :  Je crois que nous sommes assez proches des originaux ? Je veux dire… on peut me faire passer à peu près n’importe quelle chanson, si j’ai la possibilité de défaire tout le puzzle et le reconstruire à nouveau, je peux en faire quelque chose d’écoutable. Presque n’importe quelle chanson. Mais ça n’a jamais été notre intention ici. Nous voulions montrer que la musique n’est pas aussi différente que les gens le croient. Ils se contentent de regarder la surface pour dire que ça n’est que quelques vieilles chansons pop, alors qu’elles ne sont pas si différentes que ça. Pour certaines, nous les avons simplement jouées, sans arrangement particulier…
M.C. : Mais dans ce cas, pourquoi avoir fait deux versions de « Poupée de cire, poupée de son » ?
J.C. : Ca, c’est parce que j’avais une idée autour de la version originale, celle qui a été mise à la fin de l’album, plus proche de l’original. Christian Vidal m’a alors dit qu’il voulait essayer une autre version : bien sûr, vas-y ! Et il a fait quelque chose d’affreux, on aurait dit du Panthera, un truc tellement mauvais que si je l’avais mis à la poubelle j’aurais été désolé pour la poubelle. Il a fait un nouvel essai, et cette fois c’était brillant : nous nous retrouvions avec deux bonnes versions, alors laquelle choisir ? Nous avons décidé de les garder dans un coin pour décider plus tard. L’une donnait l’impression d’un « Hé, salut, bienvenue au spectacle ! », l’autre faisait plus : « au revoir, merci d’être passé ! » Et puis la chanson est tellement courte, elle n’a pas le temps de te lasser de toute manière. Si ces versions étaient longues ça serait énervant de l’entendre à nouveau, et puis comme le rythme est différent, avec des arrangements différents… je me suis dit que ça pourrait fonctionner comme une B.O., avec un début et une fin, comme dans une comédie musicale ou un opéra, quand le thème d’ouverture revient à la fin.

M.C. : [pourquoi j’ai demandé ça, POURQUOI J’AI DEMANDE CA !!!] Nous allons devoir finir ici, sinon je vais vraiment être en retard : Un dernier mot pour les lecteurs, ou quelque chose que tu souhaitais évoquer mais que je n’ai pas eu le temps de demander ?
J.C. : Il y a beaucoup de choses à évoquer, alors tu choisis quelque chose.
M.C. : [rit, un peu jaune quand même, parce que se doutant de la suite…] Je ne sais pas ? Quelque chose de vraiment important pour vous, que vous voyez comme une clé pour comprendre cet album ?

J.C. : Ma foi, ça serait ce « projet artistique » [« art project » en V.O.] alors. Ca n’est pas un album habituel, dans le sens où les gens attendent juste un nouvel album réalisé par Therion. Il a été fait pour les fans, dans le sens où nous avons souhaité faire une expérience, un essai pour marquer les 25 ans de Therion. Et puis c’est quelque chose que je voulais faire pour moi-même, enregistrer ces chansons : il a aussi été fait pour des raisons purement égoïstes. Mais en même temps, c’est un projet artistique. Il y a beaucoup de psychologie sur les attitudes sociales là-dedans, avec tous ces idiots sur Internet qui descendent toujours tout très brutalement, ils ne diraient jamais tout ça face à face, mais la magie de l’écran semble les autoriser à raconter n’importe quoi. Dès que quelqu’un sort un album et ils n’aiment pas un accord, ils vont raconter à quel point l’album est naze. On dirait que tout le monde là-bas a 11 ans, tellement ils exagèrent tout ! Si tu as une main pleine de crottin de cheval, évidemment c’est du crottin de cheval… mais c’est aussi un fertilisant : faisons pousser quelque chose ! Alors je me suis demandé comment utiliser ces idiots pour quelque chose de positif ?

J’ai dû racheter les masters auprès de notre label parce qu’ils ne voulaient pas le sortir, ils ne l’aimaient pas : c’est difficile quand il s’agit de reprises, ils ne veulent pas que ça soit quelque chose de compliqué. Si bien que pour éviter d’abîmer nos bonnes relations, j’ai préféré tout racheter et tout va pour le mieux ; en plus comme ça je peux faire ce que je veux et ils n’ont rien à y redire. J’ai donc dû faire un prêt pour racheter les masters, et après ça il ne me restait plus rien pour la promotion. Alors… c’est un peu comme sur une île déserte, tu aimerais aller à l’hôtel mais il n’y a pas d’hôtel ; oh mais il y a du bambou, essayons de faire quelque chose avec le bambou ! En plus avec les noix de coco on peut manger et boire, c’est parfait. C’est comme ça que j’ai réalisé que, pour m’appuyer, j’avais beaucoup de gens qui allaient dire beaucoup d’âneries infantiles après avoir écouté l’album cinq secondes… oui, je peux utiliser ça !

ther-02

Déjà, voir Therion faire un album de chansons françaises, ça allait les faire beaucoup parler [imite une poule]. Un peu comme quand j’ai entendu Lou Reed et Metallica. Ou comme si vous preniez le meilleur cuisinier français, la France étant célèbre pour sa cuisine, et que vous lui demandiez de faire un plat, n’importe lequel, mais en utilisant des crottes de chien : que peut-il faire ? Quoi qu’il cuisine, ça restera des crottes de chien, et je suis désolé mais personne ne peut manger ça ! Et Lou Reed… il pourrait pas faire la moindre note juste même si sa vie en dépendait : j’attendais vraiment le pire de cet album. Et après il a été question que l’album s’appelle « Lulu » [dit « Loulou » à l’anglaise]… ok, compris, ça va être spectaculairement mauvais ! Et tout le monde en parlait, pour expliquer à quel point ce groupe était fini, fini, « le monde touche à sa fin parce que je n’aime pas le nouvel album de Metallica ! Et ils n’aiment pas les fans, parce qu’ils ont commis ça ! Et j’ai des hémorroïdes ! » D’un autre côté, ces commentaires avaient éveillé ma curiosité, j’ai cherché des liens pour télécharger l’album [roh le vilain], pour pouvoir juger par moi-même, avoir ma propre opinion.

C’est comme ça que j’ai réalisé que si on faisait un album en français, les gens allaient dire : « ça y est, Christopher a craqué, il a pété un plomb ». Et plus ils en disent du mal, plus ils en parlent, mieux c’est ! Parce que les gens veulent savoir pourquoi on en dit autant de mal : c’est la meilleure promotion qui soit. Si bien que tous ceux sur la planète avec une connexion Internet qui ont pu être intéressés même de loin une fois dans leur vie par Therion vont vouloir se faire leur propre opinion. Au final, nous exposons l’album auprès de tous les acheteurs potentiels, et s’ils aiment ils achètent, s’ils n’aiment pas ils n’achètent pas. Et je n’ai pas dépensé un seul euro en promotion, et aucun autre album de Therion n’a fait autant parler de lui depuis Theli.

Il se vend mieux que l’album précédent, alors qu’il n’y a aucun label derrière ! Nous avons vendu 4 000 exemplaires sur la tournée uniquement, directement aux fans ; j’ai vendu 3 000 pre-commandes par notre site, tu peux imaginer combien ça représente à travers les distributeurs ; quand je suis rentré de la tournée, je vendais quelque chose comme 30 exemplaires par jour juste par le site, soit une centaine en trois jours juste avec ce petit truc de vente en ligne. J’en ai envoyé en Allemagne, mais ils se sont rapidement écoulés, et j’ai dû en renvoyer très vite, sans passer par la phase : « ok, nous commençons la distribution, nous vous recontacterons quand il nous en faudra plus », c’était juste : « envoie-nous-en plus ! » Les choses se passent vraiment bien ! Surtout en Allemagne, Autriche et en Angleterre, le Benelux aussi je crois. Je n’ai pas reçu de retour de la France encore mais… à vrai dire, la France est un des pays les plus négatifs.
M.C. : Pour être honnête, ces temps-ci… je ne vais pas vous apprendre que ça marche par cycles dans la musique, or en ce moment en France le metal est dans la phase creuse de ce cycle…
J.C. : Oui, mais ça n’est pas du metal sur cet album !
M.C. : En fait c’était une de mes questions justement, je veux dire… je suis à peu près sure que cet album, sans le nom « Therion », sans l’étiquette « groupe de metal », mais avec « album de rock » par exemple, aurait certainement eu de bien meilleures chroniques.
J.C. : Peut-être, mais dans ce cas personne n’en parlerait.
M.C. : C’est sûr !
J.C. : Mais c’est sûr qu’on pourrait l’envoyer à une major et voir ce qu’ils en font, avec une couverture gentillette. Enfin, certaines chansons sont vraiment « metal », d’autres non. De toute manière, beaucoup de titres de Therion ne sont pas « metal », on pourrait faire un album avec des chansons comme « Wondrous World Of Punt », « Lemuria », « Siren Of The Woods », « Land Of Canaan », « Dreams Of Swedenborg »… ça n’est pas des chansons metal !
M.C. : Oui mais là il s’agit pratiquement de tout l’album, pas juste un ou deux titres ici et là…
J.C. : C’est intéressant ceci-dit. Parmi les gens qui n’ont pas aimé cet album sur Internet, si on avait pris les mêmes chansons, exactement, juste avec des paroles en anglais à la place sur quelque chose d’occulte ou quelque chose comme ça, et qu’on les avait mises sur nos anciens albums, n’importe lesquels, ils les auraient écoutées et les auraient trouvées géniales. Tout repose sur l’emballage. Je pense qu’en France, simplement par principe, peu importe qui joue, peu importe comment ça rend, ils n’admettraient jamais, jamais que : « oh ! ‘Poupée de cire, poupée de son’ est bien ! » Parce qu’ils s’estiment très cool, que le metal est très cool, mais France Gall n’est pas cool. Peu importe qui en fait une reprise, même si c’était Rammstein ils réagiraient de la même manière.

Mais ça fait partie du projet artistique, d’initier la discussion, de créer l’émotion. Le genre musical que nous pratiquons devient démodé de toute manière, toutes les modes vont et viennent de toute manière, alors c’est très bon pour nous d’avoir quelque chose dont les gens parlent, au lieu de… je prends toujours l’exemple de Status Quo, dont les gens attendent toujours un nouvel album de boogie, comme s’il s’agissait de simplement l’ajouter à leur collection. Mais ça n’est pas comme si des gens dormaient devant les locaux de la maison de disque pour être les premiers à avoir le nouvel album de Status Quo ! Pour moi, faire des choses différentes comme ça, c’est une bonne manière de garder le groupe en vie. Je m’ennuierais tellement si nous devions faire partie de ces groupes-dinosaures ; nous avons fait quinze albums studio maintenant et je ne me vois pas du tout devenir un vieil homme qui referait toujours les mêmes choses.

Nous nous imposons toujours des défis avec de nouvelles choses. Nous avons fait beaucoup de choses en studio qui auraient pu nous valoir les gros titres, comme quand un aveugle presque sourd a joué de l’harmonica, de manière très triste. Dans les années 90 ou au début des années 2000 ils faisaient les gros titres pratiquement avec des choses comme : « oh ! ils s’appuyaient contre le mur pendant les séances d’enregistrement ! ». Alors qu’aujourd’hui c’est plus : « oh, ok, vous n’avez pas fait sauter la moindre bombe atomique pendant l’enregistrement… peu importe. Therion sort un nouvel album, salut ! » Ce changement d’attitude est visible.

Je me souviens aussi d’une interview avec Steve Harris [bassiste d’Iron Maiden, je précise au cas où] dans les années 90, -le- Steve Harris d’Iron Maiden, et d’accord ils n’attiraient que 3 000 ou 4 000 personnes par concert à l’époque [en France au moins c’était plutôt 1 500 – 2 000 au mieux, mais passons] au lieu de 10 000 aujourd’hui, ils étaient moins importants, mais… ce « satané » [censure powered] journaliste lui a demandé : « Pensez-vous que votre musique a un avenir ? » A Steve Harris ! Voilà la violence des modes, ce qu’on vous renvoie quand vous n’êtes plus à la mode. Evidemment il a répondu quelque chose comme : « oh, le grunge est juste quelque chose de nouveau, ça deviendra la nouveauté d’hier, ils mourront en dinosaures. » Personne n’a encore été aussi rude envers moi, mais un jour un journaliste m’a demandé : « ces temps-ci, le metal symphonique n’attire pas tellement d’attention, pas autant qu’avant en tout cas, qu’est-ce que ça vous fait ? » Ce qui est juste une manière gentille de dire : « mon pote, tu entres dans la quarantaine, tu deviens Status Quo ! Est-ce que tu crois que des gens vont encore acheter ton album de boogie dans trois ans ? » Je comprends ce raisonnement, mais ça n’est pas pour autant que je vais l’accepter. Les dinosaures vivront éternellement !

Egalement… je veux faire du bel art à partir de tout ça, c’est pourquoi nous avons décidé de faire une vidéo avec la reprise de Betty Mars, « J’ai le mal de toi ». C’est quelqu’un qui a été très populaire, elle gagnait bien sa vie, avait beaucoup d’ « amis », comme toujours quand vous êtes populaires, et dans les années 70 elle est devenue démodée, alors elle a essayé de faire du porno, à la Emmanuelle. Ca n’a pas marché, les années 80 sont arrivées, au début elle faisait quelques télés pour les nostalgiques, et elle a fini par ne plus être assez bien même pour ces programmes : personne ne voulait plus l’entendre chanter, elle ne gagnait plus d’argent à cause de ça, ses amis sont partis à cause de ça, le coup le plus dur a été quand l’amour de sa vie l’a quittée… elle s’est retrouvée sans rien, elle n’avait plus que son appartement à Paris. D’après ce que j’ai entendu dire, elle a toujours refusé de le vendre, elle ne voulait pas aller en banlieue, elle voulait continuer à naviguer dans l’océan comme le capitaine d’un navire en train de couler, que la seule chose qui reste d’elle soit un verre de vin et la mort. Elle a bu un verre de vin pour se donner du courage avant de sauter à travers une fenêtre. La vidéo que nous avons fait est un hommage à cette femme, tout en essayant de créer une belle œuvre par rapport à la situation dans laquelle nous sommes aujourd’hui, en train de devenir démodés, mais au lieu de nous laisser entrainer vers le bas… des gens peuvent essayer de créer de l’art à partir de poubelles ou n’importe quoi, même si je ne suis pas sûr que j’appellerais ça de l’art mais peu importe, des gens les exposent et les achètent. En ce qui me concerne, je voulais créer une œuvre en partant du constat que ma musique est en train de devenir démodée, mais sans aigreur, sans peur, en gardant un sentiment positif, parce qu’au fond ça me donne un nouvel outil pour créer, et même un défi en étant encore plus face au mur. Est-ce que tu te souviens de … [sur le moment pas compris, ça n’est qu’en réécoutant mon enregistrement et en cherchant sur Internet que je dirais qu’il parle d’Army Of Lovers, apparemment un groupe suédois de la fin des années 80] ?
M.C. : Qui ?
J.C. : Army Of Lovers. Ils étaient… un mélange de transexuels, glamour, symphonique, disco. C’est un groupe des années 80, ils ont décollé au milieu du grunge, au milieu de tout le glamour des années 80, par rapport à ce qui se faisait à l’époque ils étaient complètement à côté de la plaque, on ne peut plus à côté de la plaque. Pourtant ils ont fait carrière, vendu des millions de disques, alors qu’ils étaient complètement déphasés par rapport à leur époque. C’est une très bonne inspiration : s’ils peuvent réussir avec ça, nous pouvons réussir avec un opéra rock ! Et la vidéo pour « J’ai le mal de toi » est comme un hommage réconfortant à tous ces groupes qui ont été tristement oubliés parce que la mode commençait à tourner.

-Polochon-
[Chronique des Fleurs du mal (Therion).]

La traduction en français de Cherry Pie (Warrant), à la demande de Christopher Johnsson… et parce qu’elle est poilante cette chanson, il faut le dire :
[Tu as moins de 12 ans ? Tu as des devoirs à faire : ouste, ne lis pas la suite.]

– Tarte aux cerises –
[= ch’tite métaphore des familles, presque mignonne en tout cas très risible.]

Sale, pourrie, obscène, puante…

Elle est  ma tarte aux cerises ;
Une gorgée d’eau agréable, une surprise si délicieuse,
Un si bon goût qu’un adulte en pleure,
Douce tarte aux cerises.

Onduler sur le porche avant,
Onduler sur la pelouse,
Onduler où nous voulons,
Parce qu’il n’y a personne à la maison.
Onduler à gauche,
Et onduler à droite,
Si je pense au baseball,
J’ondulerai toute la nuit, ouais.

Onduler dans le séjour,
Onduler dans la cuisine,
La plupart des gens ne le font pas car,
Râler les occupe trop.
Onduler là-bas parce que
Elle voulait que je la nourrisse ;
Alors j’ai mélangé la pâte,
Et elle a léché le batteur.

Je crie, tu cries,
Nous crions tous pour elle,
N’essayez même pas car
Vous ne pouvez pas l’ignorer.

Elle est ma tarte aux cerises ;
Une gorgée d’eau agréable, une surprise si délicieuse,
Un si bon goût qu’un adulte en pleure,
Douce tarte aux cerises, oh oui.
Elle est ma tarte aux cerises,
Vous donne le sourire aux lèvres, 10 kilomètres de large,
Si appétissante, elle vous met la larme à l’œil,
Douce tarte aux cerises.

Onduler avec la batterie,
Onduler avec la guitare,
Onduler avec la basse,
A l’arrière de la voiture.
Je n’ai pas d’argent, je n’ai pas d’essence,
Mais nous arriverons là où nous allons,
Si nous ondulons vraiment vite.

Je crie, tu cries,
Nous crions tous pour elle,
N’essayez même pas car
Vous ne pouvez pas l’ignorer.

Elle est ma tarte aux cerises ;
Une gorgée d’eau agréable, une surprise si délicieuse,
Un si bon goût qu’un adulte en pleure,
Douce tarte aux cerises, oh oui.
Elle est ma tarte aux cerises,
Vous donne le sourire aux lèvres, 10 kilomètres de large,
Si appétissante, elle vous met la larme à l’œil,
Douce tarte aux cerises, ouais, tarte.

Ondule ! Toute la nuit,
Ondule !
Onduler dans la salle de bains,
Onduler sur le sol,
Onduler tellement fort,
Que nous nous oublions de fermer la porte.
Vers nous vient son père,
Du haut de son mètre quatre-vingt quinze,
Il dit tu n’onduleras plus
Avec ma fille, plus jamais.

Elle est ma tarte aux cerises ;
Une gorgée d’eau agréable, une surprise si délicieuse,
Un si bon goût qu’un adulte en pleure,
Douce tarte aux cerises, oh oui.
Elle est ma tarte aux cerises,
Vous donne le sourire aux lèvres, 10 kilomètres de large,
Si appétissante, elle vous met la larme à l’œil,
Douce tarte aux cerises,
Douce tarte aux cerises.

Ondule !