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Mani__LoeluEt de trois pour une de nos toutes meilleures formations de metal hexagonal. Toujours impeccablement produit, ce nouvel album de Manigance est plus prog’ que jamais avec des morceaux plus longs que d’habitude et beaucoup de passages instrumentaux (et même un morceau entièrement instrumental, « Labyrinthe » qui clôt cet album) durant lesquels les deux solistes s’en donnent à cœur joie. Et quant au reste, tout est là : Manigance joue du Manigance. Didier Leveaux est toujours aussi bon et la musique est soutenue par une rythmique sobre solide et impeccable. On a droit bien sûr à un lot de morceaux taillés pour la scène avec des refrains marquants (« Envahisseur », « L’ombre et la lumière », « Sang millénaire », « Sentinelle », « Esclave »).

Par contre, on est un peu déçu car la qualité globale de cet album n’est pas supérieure à celle d’Un autre sang alors que jusque là le groupe avait constamment progressé depuis Signes de vie. Alors bien sûr, L’ombre et la lumière est un bon disque composé par des musiciens totalement en phase avec leur style. Mais on reste un peu sur notre faim car il manque des morceaux comme « Comme une ombre », « Dernier hommage », « Intégrité » ou encore « Mourir en héros » ou « Maudit », ces morceaux qui nous collent le frisson ou qui nous font immédiatement adhérer à Manigance. Certes, le groupe marque ici la volonté d’évoluer (comme par exemple cette ballade acoustique, « La force des souvenirs », sympathique, sans plus), avec des passages progressifs riches et bien amenés : les groupes capables de pondre un album de cette trempe ne sont pas légions mais Manigance, par la qualité de ses productions, nous a rendu exigeant. Ne boudons néanmoins pas notre plaisir à écouter un album qui tient très bien la route. Les fans y trouveront leur compte.

Vik (07.5/10)

manigance.org

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Replica records  / 2006
 Tracklist (69:41 mn)
01. Abysse 02. Envahisseur 03. L’ombre et la lumière 04. Prison dorée 05. Prédateur 06. Sang Millénaire 07. Privilège 08. La Force des souvenirs 09. Sentinelle 10. Miroir de la vie 11. Esclave 12. Labyrinthe

Adagio – Dominate

Oshy_-_05042010_-_AdaLe cap du troisième album n’est pas toujours une chose évidente pour une formation qui commence à gravir les échelons de la reconnaissance. Surtout après un nouveau remaniement de line-up (nouveau batteur et surtout nouveau chanteur). Qu’importe, Adagio a écrit un album plus que remarquable. Mais parlons tout d’abord du nouveau frontman, Gus Monsanto, brésilien et qui n’a joué que dans des formations mineures.  Il a la lourde tâche de succéder à David Readman qui apportait beaucoup à l’image du groupe. Et le nouveau venu s’en tire haut la main. Adagio continue à nous proposer un metal progressif de très haute volée et avec une marque de fabrique bien à lui. Cette marque de fabrique, le quintet la puise, entre autres dans l’ajout d’éléments issues de musiques plus brutales (blast beats, voix death et black).

C’est Stephan Forté lui-même qui assure les voix gutturales et le moins que l’on puisse dire est que le résultat est convaincant. « Dominate », le morceau qui ouvre les hostilités est un exact condensé de ce qu’on va trouver sur cet album. Un prog’ metal superbement écrit, entraînant, avec un refrain imparable, des voix claires et des voix death se donnent la réplique et se superposent. Les riffs sont excellents : agressifs, mélodiques, c’est une des plus belles pièces de metal prog’ que j’ai eu l’occasion d’écouter depuis fort longtemps. Et surtout la volonté d’émancipation est affirmée avec ce break de black dans la veine de Dimmu Borgir. On ajoute à cela, des soli de guitares et de claviers magistraux.

Maintenant, on peut se demander si Stephan et sa bande ont envie de manger à tous les râteliers et essayer de rallier à sa cause les fans d’autres genres musicaux. Non en fait car ici on a droit bel et bien à un album de metal prog’ pur souche. La seule chose qui est évidente c’est qu’Adagio n’a tout simplement pas envie de se donner de limites et ainsi il agrémente sa musique d’éléments originaux pour le genre. Tout ça ne servirait pas à grand chose si l’ensemble des compostions de cet album ne tenaient pas la route. Or ce n’est pas le cas, bien au contraire. 

Comme je le disais plus haut, le groupe a d’abord écrit des chansons avec des refrains pour la plupart vraiment excellents (“Fire Forever”, “Children Of The Dead Lake”, “The Darkitecht” …) et Gus Monsanto est un chanteur fabuleux possédant une palette de registres très riche et sublimant la performance du combo, il est véritablement l’homme de la situation. Musicalement, Dominate est d’une richesse impressionnante et c’est à mon avis Kevin Codfert qui se taille la part du lion car ses arrangements de claviers sont un véritable travail d’orfèvre : donnant magnifiquement la réplique à Stephan dans les soli , il brille surtout par la pertinence de ses accompagnements.

Il sait parfaitement apporter la couleur musicale adéquate (par exemple l’intro de « Dominate » ou l’intro de « R’lyeh The Dead ») ou créer la tension notamment en maniant avec maestria les dissonances (« Terror Jungle » et surtout « Children Of The Dead Lake »). Un autre régal de cet album, ce sont bien-sûr les soli. Les fans de virtuosité en auront pour leur argent même si on ne tombe jamais dans la démonstration interminable. Et surtout, que ce soit Kevin ou Stéphane, on a jamais droit à deux fois le même soli car nos deux maîtres ont en plus le don de la diversification. Il serait injuste de ne pas citer la paire rythmique époustouflante que forment Eric Le Bailly et Franck Hermany dont la basse aurait mérité d’être mixée un poil plus fort (ceux qui ont eu l’occasion de voir Adagio en concert gardent certainement comme moi un grand souvenir du solo de basse totalement hallucinant, dispo dans le DVD bonus) car ses lignes mélodiques valent vraiment le détour. 

La prod’ est bien évidemment impeccable : puissante, claire et équilibrée. Alors je comprends qu’on puisse rester perplexe face à un album où on trouve du prog’ à la Symphony X auquel on ajoute des éléments de death, de black, une ballade sirupeuse (“Kissing The Cross”, peut-être le seul élément un peu plus faible de ce disque même si Gus est impeccable dans un registre très FM) du power-metal, des passages où les musiciens jouent aux équilibristes, et même une reprise bien heavy de Fame qui mériterait amplement sa place dans une des compiles des « Musiques de Paris Dernière », pourtant la seule chose que je puisse dire c’est qu’Adagio a écrit une oeuvre majeure du metal prog’ par son audace et par sa justesse. 

Vik (09/10)

www.adagio-online.com 

Replica Records / 2006

Tracklist (47:19)
1. Arcanas Tenebrae/ Dominate 2. Fire Forever 3. Terror Jungle 4. Children Of The Dead Lake 5. R'lyeh The Dead 6. The Darkitecht 7. Kissing The Crow 8. Fame

 

Suite au succès dont a bénéficié Ange ou Démon, Manigance passe le cap important de l'album de la confirmation. Comme pour Ange ou Démon, on prend les mêmes et on recommence : D'un autre sang a été entièrement enregistré et mixé au studio Manigance par les bons soins du groupe. Tout comme son prédécesseur, le son de cet album est vraiment excellent, on peut même sentir une marge de progression avec un son plus chaud et plus puissant par rapport à Ange ou Démon. La production de l'album brille surtout par sa clarté et l'équilibre de l'ensemble : absolument impeccable.

Un défi relevé

En plus de la production l'autre grand défi de Manigance est bien évidemment le contenu. Manigance a su évoluer en douceur vers une couleur plus progressive qui lui sied à merveille. Tout ce qu'on pouvait trouver de mieux sur Ange ou Démon est présent sur D'un autre sang avec une petite touche Symphony X que le groupe a parfaitement intégré à sa musique. Tout simplement car on a faire à un groupe qui a mûri sur la route et où chacun des membres du groupe a apporté de sa personne pour un résultat époustouflant. Manigance reste fidèle à une musique aux constructions simples et efficaces mais aux arrangements chiadés, avec la guitare magique de Bruno Ramos, soliste plus que remarquable, ainsi que les claviers magistraux de Florent Taillandier (par exemple sur « La mort dans l'âme », bourré de feeling).
 
Et surtout Manigance a su écrire toute une collection d'idées superbes et de riffs inspirés (comme exemple le riff très réussi de « Mourir en héros », un des morceaux phares de cet album qui vous donne l'envie irrésistible de monter le son). Quant au chant, que dire de plus sinon qu'on ne peut que rester subjugué en écoutant Didier Delsaux maîtriser son art à un tel niveau. Pour ceux qui redoutaient que Didier ne pourrait pas renouveler des hymnes tel Intégrité, En mon nom ou Un dernier hommage se rassurent, D'un Autre sang comporte de véritables merveilles en matière de refrains, par exemple Mourir en héros, véritable pièce de bravoure ou encore « Empire virtuel », « D'un autre sang »… bref on pourrait citer quasiment tous les morceaux de cet album.

Feeling rare

Et en plus, Didier possède un feeling rare, comme il l'avait déjà démontré sur Ange ou Démon, et sait aussi remarquablement chanter des textes plus sombres comme « Maudits », « La mort dans l'âme » (au feeling à fleur de peau) ou encore « Damoclès », morceau dans lequel il démontre son excellente maîtrise technique avec une superposition de plusieurs voix sur le refrain qui force l'admiration. 

C'est d'ailleurs une autre couleur marquante de cet album, cette couleur sombre qui s'intègre naturellement à la musique du groupe sans que pour autant elle ne dénature l'essence même de Manigance. D'un autre sang s'écoute d'une seule traite, on ne s'ennuie pas une seule seconde car les ambiances sont variées et tout est composé avec génie. A la croisée de Stratovarius et de Symphony X mais avec un personnalité très forte, Manigance signe dès le début de cet année un album qui pose la barre très, très haut. Sans aucun doute un des toutes meilleures sorties de l'année.

Vik
 
 
NTS – Wagram / 2003
 
Tracklisting: 1.Mirage 2. Empire Virtuel 3. Mourir en héros 4. Héritier 5. Hors la loi 6. Maudits 7. Mémoire 8. Damoclés 9. La mort dans l'âme 10. D'un autre sang 11. Enfin délivré.