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CNKFLYTaux de remplissage: probablement pas loin du sold out.
Son: très bon.
Lights: les épileptiques ne se sont pas plaints. Enfin. Je crois.
Ambiance: chaude.
Moments forts: Diapsiquir et CNK

Diapsiquir et CNK ont fait "rayonner le soleil" à Paris.
Chacun à sa manière.
Alors, non, je ne parle pas des lumières stroboscopiques. Je vais devoir expliquer un peu, surtout pour ceux qui n'étaient pas là. Les cons.

J'arrive juste à temps pour Diapsiquir, la salle est pleine, je me dirige avec difficulté vers la cène. Ouais, la cène. Un problème ?
Ceux qui connaissent ne sont pas dépaysés, le show est globalement le même que pour les précédentes dates. L'éclairage est donc minimaliste et les projections bien en place.
Mais plus le set avance, plus je remarque que les gens ont du mal à se caler. Ils subissent. Comme semble subir Rixx, des White Dolls, qui bouge à la manière d'une poupée désarticulée sur les projections qui accompagnent "Ennui". À la fin de la chanson Toxik, ou Toxsick, on ne sait plus très bien, adresse au public un : "c'est mou sa mère, c'est mou sa mère, y'a rien".
Heureusement, par moments, certains sortent de leur léthargie et pogottent un peu. Ça chantonne même. Mais y'a pas de putain de transe.

Les anciens morceaux se font entendre, encore une fois c'est l'occasion de souligner le travail de recomposition et d'adaptation pour le live. "Diapsiquir", "Génération Maudite", et "LSD" font régner une atmosphère de trou noir, de crasse. C'est parfait. On sent que la fin approche. Toujours pas de trace sniffée sur scène, mais avant de tirer un trait sur le concert, le groupe joue "Seul". Ce putain de tube prend tout son sens car : "C’est sur vous l’histoire ". Damien possédé, dresse un Guide du Routard sur l'Asie en nous parlant du Lolitas…
Les premiers accords de "Fais le" tombent et clôturent la performance hallucinée et hallucinante de Diaps. Après avoir essayé une dernière fois de remuer ce public, Damien finit par lancer son micro au hasard, coupe les projections et s’éclipse. Être faiseur de pluie acide. Et faire des merveilles.

Durant le changement de plateau Occulte, qui tourne en fond, distille un climat particulier. Le concert est filmé et je m'attends à un suicide scénique en règle, le genre de truc qui cause des problèmes. Non que les droogies soient médiocres, loin de là, ils ont bon goût. Surtout dans le mauvais.
Forcément je sens venir la connerie quand les projections nous livrent des images de la croisière noire et qu'un muezzin retentit dans toute la salle. Les cons – ils ont osé.
C'est alors que Hreidmarr débarque, casque colonial, jumelles sur le nez, ça sent le sable chaud.
Le groupe est déchainé, et miracle, le public aussi : dès "Dinner is Ready", ça bouge dans tous les sens. Le show se met très vite en place ; chacun sait ce qu'il doit faire pour exécuter parfaitement les morceaux. Notament "Blood is Thicker Than Water", qui pour une "chanson d'amour à la con" est foutrement efficace. Les tubes s'enchaînent et voilà qu'Hreidmarr annonce l'inédite "Bunkermoon Khaos III". Sur Ultraviolence, certains couplets sont intorchables ; je crains que la pluie de bombes ne vire à la douche froide. Petit miracle, le groupe s'en sort bien. Les nouvelles projections assènent une ambiance d’apocalypse dans la salle, il n'y aura pas de prisonniers. À peine le sample de "Full Metal Jacket" terminé, commence "Cosa Nostra Klub". Les CNK Girls arrivent sur scène, burqa style, porte jarretelles et confettis. Ici, c'est PARIS. Les man'quins, les grands magasins, le Paradis Latin.

Le temps file à une vitesse incroyable. Dans la fosse on sent que le fanKlub commence à fatiguer. Hreidmarr harangue les survivants et annonce en guest Pills de Prime Sinister. Sur les écrans, Malcolm X apparaît et balance son "Wake Up, Clean Up and Stand Up". Bordel, concert de révisionnisme oblige, c'est la version de Herrschaft, "(We Don't Care About) Kommando '96", qui est interprétée. Les droogies prennent un plaisir vicieux à faire brûler le Divan Du Monde et Pills n'est pas en reste. Sans compter qu'après "Political Police", c'est Swan de BlackRain qui nous fait l'honneur de sa présence pour "Too Fast For Love". Du metalhead cradingue (pléonasme?), monte sur scène et montre son cul. Certainement pour prouver, encore une fois, que ce n'est pas parce qu'on est  "l'élite" qu'on ne sait pas rire. Hey, les cons, vous voulez pas jouer à Colin-maillard sur l'autoroute la prochaine fois?
Du coup ce n'est pas le déferlement que j'attendais, et il me semble qu'au Glazart c'était beaucoup plus furieux. Dommage, la contribution de Swan fait quand même vraiment plaisir.
Depuis le début, Volponi ne tient pas en place derrière ses futs. C'est la même chose pour les autres membres qui sont survolté. Sabotage est le dernier morceau avant le rappel; le climat se fait très gangsta Klub. C'est le temps du Hip Hop sur Paname, "Our backs are now against the wall"  Je suis littéralement vidé, il fait très chaud, mais ce n'est pas encore totalement terminé. Les projections réclament des applaudissement. Panem et circenses!

Le groupe revient, du sang sur la gueule, et décide de clôturer magistralement la soirée. D'abord par "Gadd Ist Gott", une chanson "pour finir en prison". En intro elle était déjà très hostile, alors là… que fait la putain de police? Ensuite, "Get A Gun", juste putain d'imparable. Zoé exhibe sa basse en forme de flingue, folie furieuse dans le public. Le show a été très solide, sans temps mort. C'était le meilleur concert de CNK, tout simplement.
Cerise sur le gâteau, pour ceux qui voulaient des surprises et finir raide morts, un after était organisé. L'équivalent d'une invitation à boire un verre d'acide citrique à l'ombre du prochain champignon thermonucléaire. Applaudissements, Légion d'Honneur, Panthéon et VIVE LA MORT.

Ymishima.

Facebook CNK / Diapsiquir / Varsovie

Interview de The CNK

Shining / Monumentum Split E.P

ShiningMonumentumShining et Monumentum se réunissent pour un split limité à 300 exemplaires. Tant mieux, ce qui est beau est rare.  Deux morceaux sur ce vinyle 7”.  En me renseignant sur le contenu, je m'attends à quelque chose de… surprenant. Et effectivement, c'est une nouvelle facette de la mélancolie qui s'offre à nous.

Shining livre une cover de "Pale Colors", de Bay Laurel. Ce groupe suédois, aujourd'hui disparu, officiait dans un registre assez proche de The Sisters of Mercy ou The Mission. Un mélange de metal goth, alternatif, assez sensuel. Et ça tombe bien, j'y suis très réceptif.
"Pale Colors" commence donc, lentement, batterie en avant. Tout en rythme. Niklas n'est malheureusement pas totalement convaincant dans son chant clair. C'est pourtant quelque chose qu'il sait faire, mais tirer la quintessence d'un art aussi exigeant n'est pas toujours évident. Surtout que le ton est ici très lancinant.
Vient le moment du refrain, une rafale chasse les nuages, le début d'une spirale. La guitare électrique se réveille : on est entraîné dans la danse. Le morceau n'est pas dénaturé, l'esprit d'origine demeure. Avec quelque chose de plus malsain qui se promène tranquillement en arrière plan.

Monumentum est un groupe italien assez proche de la scène expérimentale. Cette fois, le morceau repris est "The River", de l'anglaise PJ Harvey. Le travail de réinterprétation porte ses fruits et marque une intéressante différence avec l'originale. Le son des guitares est ample et occupe une large partie du spectre. Une atmosphère presque lascive envahit l'esprit.
La cover me touche tout de même un peu moins, à cause de la perte du coté cristallin de PJ Harvey, mais reste une réussite en son genre.

Finalement, il existe encore des groupes qui offrent du contemplatif pour pas grand chose. Ce n'est pas négligeable à une époque où la durée de vie de la musique fond comme neige au soleil. Réduite à l'état de bien consommable. On a ici un condensé original et vraiment surprenant d'une musique qui incite au rêve.

Ymishima (7/10)

Facebook Shining

Myspace Monumentum

Avantgarde Music / 2013

Tracklist (08:35)  : 1. Pale Colors 2. The River

The CNK (Décembre 2012)

Interview réalisée par mail, décembre 2012  

logocnk

 

1. Révisionnisme est en liberté depuis le 19 octobre (contrairement à Gary Glitter.) C’est un album de reprises et tout a été réalisé en interne, faute de label. Le fait de devoir tout gérer, ça vous a plu et vous incite à poursuivre dans cette direction, ou au contraire, c'est une expérience que vous ne voudriez pas renouveler?

Hreidmarr : C’était une volonté de notre part pour ce disque. Notre contrat se terminait avec Season of Mist, et connaissant le peu d’engouement des labels pour les albums de reprises, nous n’avons même pas cherché à démarcher qui que ce soit. C’est vrai que cela a représenté une masse de travail assez considérable, même si nous étions déjà habitués à nous investir à tous les niveaux, mais cela fait aussi un peu office de test pour nous… Pour le moment, difficile de répondre, mais dans tous les cas, nous sommes contents de l’avoir fait. Ne serait-ce que le fait d’avoir sorti un aussi bel objet, sans aucun compromis, nous en sommes très fiers.

 

2. Vous avez décidé de changer la couverture de Révisionnisme ; l'artwork original a d'ailleurs été présenté à l'exposition "GewaltKunstWerk". Pourquoi cette modification?

Hreidmarr : Nous en avons longuement discuté avec Valnoir, qui est à l’origine de cet artwork. Nous trouvions qu’il avait effectivement plus sa place dans une expo, plutôt que sur la pochette d’un disque, où il aurait été fatalement interprété de la façon la plus mongoloïde qui soit, au vu du niveau ambiant et du contexte actuel. Nous acceptons le débat ou la controverse, mais seulement avec des gens qui en ont les moyens, dans le cas contraire, cela devient vite lassant et ennuyeux. Et nous ne nous projetions que moyennement dans la peau d’un Richard Millet, réduit à expliquer l’étymologie des mots qu’il emploie à des journalistes attardés.

 

3. Snowy Shaw est presque un membre à part entière de CNK sur cet album. Concrètement, comment vous avez travaillé avec lui? La collaboration n'a pas été difficile à gérer ?

Hreidmarr : Effectivement, il a été considéré comme le cinquième membre du groupe sur ce disque. Nous avons évidemment beaucoup travaillé à distance. Snowy possède son propre studio, et nous aussi, ce qui nous permettait de maquetter aussitôt les idées que nous avions, tester différentes choses, etc. Nous étions en contact permanent avec lui, il y avait beaucoup d’émulation, ça partait un peu dans tous les sens, c’était très créatif comme ambiance. Après, je mentirais si je disais que ça a été "facile", héhé, il y a eu des moments de tension extrême, il a fallu gérer des crises d’ego, des bastons… Snowy est comme nous, quelqu’un d’entier, à la très forte personnalité, donc cela ne pouvait pas vraiment se passer autrement. Et d’ailleurs, je suis persuadé que si c’était le cas, si ça avait été simple, le résultat ne serait pas aussi cool.

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4. Les morceaux présents sur l'album sont de styles vraiment hétéroclites. Qu'est ce qui a été le plus difficile à reprendre : les morceaux les plus "metal" ou ceux qui en étaient plus éloignés ?

Heinrich : Curieusement, je dirais les morceaux les plus metal. Les titres plus éloignés de notre style étant plus "aérés", ils laissent de fait plus de marge à une réinterprétation… Et puis, il y a forcément un lien plus étroit avec le metal, de l’ordre de l’inconscient, qui rend la manœuvre plus délicate.

 

5. Est-ce-que le travail particulier qu'implique la reprise vous a apporté une meilleure compréhension des arrangements, de nouvelles façons de faire, que vous êtes susceptibles de réutiliser sur votre prochain album ?

Heinrich : Complètement. Le travail de réarrangement, et de  "compréhension" des morceaux a demandé beaucoup de rigueur, et nous a obligé à appréhender les choses de manière différente. Et ça effectivement influé sur ma manière de composer.

 

6. Quelques aspects m'ont énormément fait penser à Laibach sur l'album (Le titre "Gat Ist Gott", le concept même de la reprise, la voix sur  "Seasons In The Abyss"…) et il est amusant de voir que comme Laibach, vous avez tendance à décliner vos créations sur différents supports (timbre, toile…) Vous avez d'autres projets de ce genre pour le futur ?

Hreidmarr : Nous ne nous sommes jamais caché de l’énorme influence qu’a pu avoir Laibach sur CNK, y compris dans son approche "globale" de l’art, qui pourrait se rapprocher de ce que Wagner nommait le Gesamkunstwerk, l’œuvre d’art intégrale, une œuvre qui ne néglige aucun support. Après, évidemment, notre démarche reste plus légère, plus rock n’roll, et moins "art contemporain", même si, effectivement, la boucle a été finalement bouclée avec les fameuses planches de timbres CNK, éditées et exposées par le collectif IRWIN, rattaché au NSK.

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7. Une tournée est annoncée ; le show va-t-il évoluer pour l'occasion, ou rester sur la base de vos précédents live?

Hreidmarr : Il va évoluer progressivement, il y aura de nouvelles projections, de nouveaux visuels, et nous avons déjà commencé à incorporer des morceaux de Révisionnisme à la setlist…

 

8. D'ailleurs, c'est la première fois que vous allez véritablement tourner en Europe, à commencer par une date aux Pays-Bas et une au Danemark. Vous avez déjà une idée de la façon dont vous êtes perçu à l'étranger ?

Hreidmarr : Pour le moment, nous n’avons que des bons retours de l’étranger. J’ai l’impression que souvent, les gens semblent mieux comprendre notre démarche et notre humour qu’en France, du moins, si l’on exclue bien sûr la Perfide Albion. Mais au final, cela ne me surprend pas vraiment… Ceci dit, nous avons encore TOUT à faire à l’étranger, et nous sommes en train de nous y atteler!

 

9. Le groupe joue beaucoup sur le second degré et le cynisme – d'une manière générale, le public metal pour qui humour rime avec Gronibard comprend assez mal votre démarche. À une époque où faire de la musique permet tout juste de rentrer dans ses frais, ça ne donne pas envie de tout arrêter ?

Hreidmarr : Oh si, effroyablement souvent. Mais à chaque fois que l’on s’efforce d’arrêter, on y revient toujours en courant, comme vers un gros tas de coke ou un sauna gay, alors…

 

Chronique de l'album ici

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