Après un long moment d'absence The CNK relance la machine à merde. À peine la teneur du projet dévoilée on pouvait déjà entendre les Ouin, ouin, ouin. Et vas y que « oh un album de reprise c'est naze », « mais moi je voulais de nouveaux morceaux ». Formidable. D'autant plus que cela avait été annoncé de longue date… Mais bon que voulez vous… Heureusement le groupe est rodé. Souvenez vous en 2002 déjà « C'est nul, on dirait de la techno ». Forcément au moment de dévoiler le nom et la couverture de l'album on pouvait s'attendre à rigoler. CNK s'est spécialisé dans le bon goût et surtout dans le mauvais. Le pari est putain de réussi. Il n'est pas nécessaire d'en dire plus, ça va peut être encore couiner, mais le rock 'n' roll et la France hein… Bon, les pisses froid, votre moment de gloire est passé. Vous n'allez pas aimer. Pour les autres, parlons musique.

Suite à l'expérience un brin traumatisante de l'Hymne à la joie, (oui… quand on se retrouve avec  des tonnes de pistes à mixer sur une seule chanson il y a de quoi devenir fou…) le groupe voulait renouer avec quelque chose de plus « simple ». Alors en bon branleur qu'ils sont, ils ont eu l'idée de faire des reprises. Ouais ça paraît facile comme ça. Mais l'exercice est vraiment compliqué. Surtout quand on voit la diversité des groupes choisis. Imagine une partouze géante avec Slayer, Leonard Cohen, Emperor, Rammstein, Beastie Boys… et beaucoup de drogue. Cela reflète totalement les influences de CNK. Seulement, faire sonner tout ce petit monde ensemble c'est un peu la conspiration de la poudre et le mur de flammes. Ça ne veut rien dire, mais ça a l'air cool.
Pour rendre l'exercice encore plus périlleux un certain nombre de guests se joignent à l'album. Snowy Shaw est le plus représenté, mais il y a aussi Swann de Blackrain, et Pills de Prime Sinister. On aime ou pas mais la démarche est intégrale, pas de demi-mesure.

Tous les éléments sont réunis pour que le révisionnisme soit de qualité. Et il est vrai que l'histoire qu'on nous présente est séduisante. La différence entre les morceaux orignaux et les reprises est digne de l'histoire racontée dans 1984 (Orwell). Mais il ne s'agit pas non plus d'une totale réécriture. Le groupe parvient à s'approprier les chansons sans les dénaturer. Elles demeurent reconnaissables  et respectent l'esprit qui les anime. Les émotions sont là, passées sous le filtre CNK.

« Sabotage » par exemple est un putain de morceau Hip Hop qui casse des bouches. La touche «  martiale  » apporte un gros coté badass. Un morceau à écouter à fond, vitres ouvertes, bouteille de bourbon sur le siège passager d'une Chevrolet. Où encore « Everybody Knows » à faire hurler dans le désert sur un couché de soleil. L'œil rivé sur l'horizon, en écrasant une larme. Car « everybody knows that the dice are loaded  ». J'y peux rien cette chanson me foutait déjà des frissons dans la bouche de Cohen. Il y a aussi des morceaux plus classiques tel que « Blood Is Thicker Than Water », probablement la reprise la plus proche de la chanson originale et pourtant pas la moins efficace. Pour ceux qui la trouve trop conventionnelle, une version alternative est présente sur le CD, vraiment plus typée erase and rewrite.

Il y en a pour tous les goûts, c'est l'avantage d'avoir une palette large en termes de genres. Cela ne se fait pas au détriment de la cohérence, aucune chanson ne semble être là «  par hasard  ». Même si certains pourront trouver l'écoute du disque d'une traite assez déroutante.

Du coté de la production, rien n'est à jeter. Que ça soit le gros compresseur pour jouer à Milan Fras aux boucles électro tout est maîtrisé, un son vraiment large.

Bon, le ministère de l'Amour me fait signe qu'il est temps de conclure. Tout va bien dans le meilleur des mondes, vous pouvez dormir tranquillement, CNK veille. L'album sera offert à tous les couples se mariant dans l'année de sa sortie. Non je déconne.
Compréhension, Déconstruction, Reconstruction. Voilà ce qu'il faut retenir. The CNK a utilisé des morceaux qu'ils connaissaient par cœur, qu'ils se sont appropriées, qu'ils ont refaçonnés. Un petit traité d'alchimie, une petite leçon. Certains groupes devraient prendre des notes.

Ymishima (7,5/10)

 

www.thecnk.org

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Autoproduction / 2012

Tracklist (50:03) 1.Gadd Ist Godd (Gary Glitter medley) 2.Sabotage (Beastie Boys) 3.You Could Be Mine (GNFR) 4. Everybody Knows (Leonard Cohen) 5. Blood Is Thicker Than Water (Impaled Nazarene) 6. Seasons In The Abyss (Slayer) 7. Too fast For Love (Mötley Crüe) 8. Weisses Fleisch (Rammstein) 9. Where The Wild Roses Grow (Nick Cave & The Bad Seeds) 10. I Am The Black Wizards (Emperor) 11. Blood Is Thicker Than Snow (Impaled Nazarene – alternate version).