Archive for mai, 2010

Enfin ! Après des années d'attente, soit exacte-ment dix bonnes années après le début de la réédition des disques du Pourpre Profond en version remasterisé, Come Taste The Band a lui aussi droit à ce traitement. Il était temps et cette lenteur avait de quoi faire chaser, et ce d'autant plus que le dernier album du mark IV du Deep Purple avait un statut spécial de disque quelque peu « maudit ». En effet, jusqu'à l'arrivée de Steve Morse il y a plus d'une dizaine d'années, il s'agissait du seul disque de Purple sur lequel était absent Ritchie Blackmore, remplacé par le sulfureux Tommy Bolin

Une musique très différente de Machine Head

Rétrospectivement, on peut dire que c'est autant l'absence de Blackmore que la présence de Bolin qui participent du scandale que fut, pour de nombreux amateurs de Purple, ce disque sorti en 1975. Car le choix du jeune et brillant Tommy Bolin, malgré sa notoriété alors bien assurée, apparaissait alors déjà comme problématique. Outre ses frasques et ses addictions qui l'amèneront au paradis des rockers peu de temps après le split de Purple, ses influences et son style de jeu étaient teintés de musique black et de jazz fusion, à la différence d'un Blackmore très hostile à la funk et à la soul et donc aux premières inflexions suivies par le groupe à l'époque du pourtant superbe Stormbringer. Lorsqu'on connaît les goûts pour la musique afro-américaine de Glenn Hughes, l'on peut imaginer que les deux musiciens allaient rentrer en synergie pour proposer une musique très différente de celle Machine Head, voire même de Burn. L'entente se faisait toutefois aussi quant à la consommation des différentes drogues qui fit de la tournée une des plus calamiteuses du groupe jusqu'à celle de House of Blue Light ; le split de groupe fut d'ailleurs entériné à la dernière date de cette tournée.

Le dernier disque magique du Pourpre Profond

Quel avis peut-on porter sur Come Taste The Band, avec un recul conséquent de 35 ans ? Tout d'abord que le disque est assurément très bon, s'il est pris en tant que tel et que l'on peut comprendre qu'il ait ses afficionados. De la très belle ouverture « Comin' Home », en passant à l'endiablée « Lady Luck » du compagnon de composition de Bolin, Jeff Cook, jusqu'aux plus mélodiques « This Time Around » et  « You Keep On Movin' », il s'agit d'un des derniers disques de Purple réellement magique. Même les excellents Perfect Strangers ou Purpendicular n'arriveront pas à atteindre cette fameuse « magie ». 

Quant à l'influence « funk/soul », elle est indéniable et particulièrement manifeste sur un titre comme « Gettin' Tigher », quasi précurseur du funk rock, ou sur le break du pourtant rock « I Need Love », que n'aurait pas renié un Funkadelic et durant lequel Bolin se montre incontestablement brillant. Quant aux lignes de chants de Glenn Hughes, fortement inspirées de ce que put faire Stevie Wonder, on connaît les critiques qui ont pu leur être adressées (notamment par Ian Gillan). Il n'en reste pas moins qu'elles proposent de très beaux moments comme sur le superbe « This Time Around » dont je ne me lasse pas. 

Un remixe fort intéressant

De manière intéressante, après un premier CD constitué de simples remasters des chansons, le CD 2 propose l'album remixé par Kevin Shirley. Ce remixe fera grincer les dents des puristes mais il s'avère très intéressant. En effet, le remixe de Kevin Shirley, en mettant bien en valeur la basse de Glenn Hughes, éclaire plus nettement que la production originale les influences groovy du disque. Toutefois paradoxalement, en boostant la dynamique globale, il souligne bien que le groupe restait un groupe de hard rock à l'influence blues clairement garantie par la voix superbe de Coverdale, qui se taille la part du lion sur « Comin' Home », « Drifter » ou « Dealer », adressée à son ami Glenn Hughes, qui fréquentait alors trop ce type de personnage. 

Au final, les influences funk ne sont pas bien plus prononcées que sur Stormbringer et c'est surtout le jeu de Bolin qui marque une différence avec l'époque antérieure. Même s'il se montre très brillant, voire virtuose selon les critères du temps, comme en témoigne la jam présente sur le deuxième CD, son jeu manque, selon moi, de l'intelligence de celui de Blackmore, bien que son éclectisme puisse plaire à beaucoup. Dans tous les cas, sa présence sur Come Taste The Band participe indéniablement de la qualité du disque, qualité que rappelle bien à propos cette réédition.

Baptiste (9/10)

 

EMI / 2010

Tracklist : 01. Comin’ Home  02. Lady Luck  03. Gettin’ Tighter  04. Dealer  05. I Need Love  06. Drifter 07. Love Child 08. This Time Around-Owed to ‘G’  09. You Keep on Moving 10. You Keep on Moving (Single Version) 11. Comin’ Home (2010 Kevin Shirley Remix) 12. Lady Luck (2010 Kevin Shirley Remix) 13. Gettin’ Tighter (2010 Kevin Shirley Remix) 14. Dealer (2010 Kevin Shirley Remix) 15. I Need Love (2010 Kevin Shirley Remix) 16. You Keep on Moving (2010 Kevin Shirley Remix) 17. Love Child (2010 Kevin Shirley Remix) 18. This Time Around (2010 Kevin Shirley Remix) 19. Owed to ‘G’ (2010 Kevin Shirley Remix) 20. Drifter (2010 Kevin Shirley Remix) 21. Same in L.A. (2010 Kevin Shirley Remix) 22. Bolin-Paice Jam (2010 Kevin Shirley Remix)

Scorpions – Sting In The Tail

Voici donc le point d'orgue à la carrière pour le moins bien remplie de Scorpions, puisque le groupe a annoncé que ce disque serait son dernier. Même si les mauvaises langues pouvaient faire remarquer que le groupe n'était que l'ombre de lui même depuis plusieurs années (voire plusieurs décennies), la disparition du groupe teutonique en attristera plus d'un.

D'abord parce que si le Scorpions des années 90 avait effectivement connu des vaches maigres créatives (Pure Instinct etc.), sur scène la bande à Schenker restait extrêmement efficace comme les nombreux DVD réalisés récemment pouvaient en témoigner.  Mais surtout, ce groupe qui a réussi à ne jamais splitter durant un carrière de plus de trente ans constituait une exception rare au sein du hard rock. Voir Scorpions toujours en activité était quelque peu un des gages de l'immortalité de notre musique favorite. 

Remarquons par ailleurs que contrairement à certains papys se contentant d'enchaînement les tournées les plus lucratives les unes que les autres (Twisted Sisters et jusqu'à récemment Kiss), les gars de Hanovre continuaient à composer et à sortir des disques globalement de qualité. Unbreakable (2004)  avait remis le groupe sur ses rails et Humanity Hour 1 (2007) démontrait des efforts de composition réels, même si selon moi la flèche avait globalement raté sa cible. 

Étrangement toutes ces ambitions, tous ces claviers et cette production surchargée caractérisant Humanity Hour 1 ont été abandonnés sur ce tonitruant Sting In The Tail. Scorpions a cherché manifestement à retrouver une inspiration logée au milieu des années 80', à savoir ce qui est considéré par beaucoup comme la meilleure époque du groupe. L'entame du survitaminé « Raised On Rock » nous télétransportera instantanément à l'époque de Blackout (1982) et Love At First Sting (1984). On peut trouver évidemment bien pire comme référence… Et l'écoute du vigoureux « Sting In The Tail » ou du très puissant « Slave Me » nous indiquera que ce sursaut est bel et bien durable. D'ailleurs qui doutera qu'une ballade aussi belle que « SLY » (évoquant le succès de « Still Loving You ») nous renvoie à la qualité des « When The Smoke Is Going Down » ou « Holiday » ? Quant à « The Good Die Young », une des autres ballades (en duo avec une Tarja par ailleurs pas très audible), elle est assez sombre pour déroger aux canons des ballades à la Scorpions et se montrer franchement réussie.  

Entrecoupé de ces réussites totales on trouvera du plus banal comme « No Limit » ou « Rock Zone » même si la qualité de la production et l'énergie dégagée nous évite de sombrer dans l'ennui. À une époque ces titres n'auraient été que des faces B, mais nous devrons nous en satisfaire aujourd'hui. Toutefois la fin du disque, avec l'excellent « The Spirit Of Rock » ou le mélancolique et provocateur « The Best Is Yet To Come », nous laissent le sentiment d'être bientôt un peu orphelins. Nous nous consolerons sans doute lors de tournée à venir que l'on annonce déjà très très longue et sans doute réussie.  

Baptiste (8/10)

 

Columbia / 2010

Tracklist (47:37) : 1. Raised On Rock (3:57) 02. Sting In The Tail (3:12). 03. Slave Me (2:44) 04. The Good Die Young (feat. Tarja Turunen) (5:14) 05. No Limit (3:24) 06. Rock Zone (3:17) 07. Lorelei (4:31) 08. Turn You On (4:25) 09. Let's Rock (3:21) 10. SLY (5:15) 11. Spirit Of Rock (3:43) 12. The Best Is Yet To Come (4:34)

23052010_-_CA_-_HfTIDébarquant de leur Illinois natal, Cardiac Arrest nous envoie ici à la gueule (c’est la seule expression possible) leur troisième brulôt, Haven for the Insane. Signé chez les brutaux de Ibex Moon Records (qui a notamment dans son giron des noms comme Incantation, Dawn of Azazel, Fatalist, HoD, Goreaphobia ou les plus connus Asphyx entre autre), ce groupe de Chicago risque de faire beaucoup de vague. 

En trois petits quarts d’heure, les Américains nous abreuvent d’un death metal couillu, qui ne vous laissera que peu de secondes de répit. Les midtempos sont rares et lorsqu’ils sont présents, ils sont de toute façon tout aussi destructeurs que les passages blastés. La galette bénéficie d’une production très efficace, qui rend bien l’énergie du combo sans pour autant être complètement aseptisée et trop « parfaite ». Ce petit plus permet de saisir toute la maitrise des instruments. Mention spéciale d’ailleurs au batteur qui propose un jeu très varié (beaucoup de variations de rythmes sur les cymbales) et avec un groove imparable. Niveau écriture, les structures sont variées et évitent l’ennui. Le groupe varie très bien entre les passages blastés, les soli (même si peu nombreux), les rares passages midtempos. Cardiac Arrest joue un metal sans concession, que ce soit au niveau de la vitesse, au niveau de l’agressivité, au niveau des riffs, au niveau du groove. 

Vous l’aurez compris, tous les fans lambda de death metal prendrons sacrément leur pied en écoutant cette galette. Mais attention, si vous êtes plus amateur de prog ou de metal très soft, allez-y à doses homéopathiques car avec cet opus, c’est tout simplement la crise cardiaque qui vous attend…

Supercastor (08.5/10)

www.cardiacarrest666.com

myspace.com/deathrot

Ibex Moon Records – 2010

Tracklist : 1. Insanity's Grip 2. Mind and Body Deteriorated 3. Against Their Will 4. Paralyzed With Fear 5. Haunted Remnants 6. Embrace The Aftermath 7. Twitching At The Noose 8. Rage On_ Fuck Off 9. Extinction Endured 10. Affliction of the Beast 11. Unearthly Pleasures 12. The Blade That Reaps