Interview réalisée par mail, décembre 2012  

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1. Révisionnisme est en liberté depuis le 19 octobre (contrairement à Gary Glitter.) C’est un album de reprises et tout a été réalisé en interne, faute de label. Le fait de devoir tout gérer, ça vous a plu et vous incite à poursuivre dans cette direction, ou au contraire, c'est une expérience que vous ne voudriez pas renouveler?

Hreidmarr : C’était une volonté de notre part pour ce disque. Notre contrat se terminait avec Season of Mist, et connaissant le peu d’engouement des labels pour les albums de reprises, nous n’avons même pas cherché à démarcher qui que ce soit. C’est vrai que cela a représenté une masse de travail assez considérable, même si nous étions déjà habitués à nous investir à tous les niveaux, mais cela fait aussi un peu office de test pour nous… Pour le moment, difficile de répondre, mais dans tous les cas, nous sommes contents de l’avoir fait. Ne serait-ce que le fait d’avoir sorti un aussi bel objet, sans aucun compromis, nous en sommes très fiers.

 

2. Vous avez décidé de changer la couverture de Révisionnisme ; l'artwork original a d'ailleurs été présenté à l'exposition "GewaltKunstWerk". Pourquoi cette modification?

Hreidmarr : Nous en avons longuement discuté avec Valnoir, qui est à l’origine de cet artwork. Nous trouvions qu’il avait effectivement plus sa place dans une expo, plutôt que sur la pochette d’un disque, où il aurait été fatalement interprété de la façon la plus mongoloïde qui soit, au vu du niveau ambiant et du contexte actuel. Nous acceptons le débat ou la controverse, mais seulement avec des gens qui en ont les moyens, dans le cas contraire, cela devient vite lassant et ennuyeux. Et nous ne nous projetions que moyennement dans la peau d’un Richard Millet, réduit à expliquer l’étymologie des mots qu’il emploie à des journalistes attardés.

 

3. Snowy Shaw est presque un membre à part entière de CNK sur cet album. Concrètement, comment vous avez travaillé avec lui? La collaboration n'a pas été difficile à gérer ?

Hreidmarr : Effectivement, il a été considéré comme le cinquième membre du groupe sur ce disque. Nous avons évidemment beaucoup travaillé à distance. Snowy possède son propre studio, et nous aussi, ce qui nous permettait de maquetter aussitôt les idées que nous avions, tester différentes choses, etc. Nous étions en contact permanent avec lui, il y avait beaucoup d’émulation, ça partait un peu dans tous les sens, c’était très créatif comme ambiance. Après, je mentirais si je disais que ça a été "facile", héhé, il y a eu des moments de tension extrême, il a fallu gérer des crises d’ego, des bastons… Snowy est comme nous, quelqu’un d’entier, à la très forte personnalité, donc cela ne pouvait pas vraiment se passer autrement. Et d’ailleurs, je suis persuadé que si c’était le cas, si ça avait été simple, le résultat ne serait pas aussi cool.

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4. Les morceaux présents sur l'album sont de styles vraiment hétéroclites. Qu'est ce qui a été le plus difficile à reprendre : les morceaux les plus "metal" ou ceux qui en étaient plus éloignés ?

Heinrich : Curieusement, je dirais les morceaux les plus metal. Les titres plus éloignés de notre style étant plus "aérés", ils laissent de fait plus de marge à une réinterprétation… Et puis, il y a forcément un lien plus étroit avec le metal, de l’ordre de l’inconscient, qui rend la manœuvre plus délicate.

 

5. Est-ce-que le travail particulier qu'implique la reprise vous a apporté une meilleure compréhension des arrangements, de nouvelles façons de faire, que vous êtes susceptibles de réutiliser sur votre prochain album ?

Heinrich : Complètement. Le travail de réarrangement, et de  "compréhension" des morceaux a demandé beaucoup de rigueur, et nous a obligé à appréhender les choses de manière différente. Et ça effectivement influé sur ma manière de composer.

 

6. Quelques aspects m'ont énormément fait penser à Laibach sur l'album (Le titre "Gat Ist Gott", le concept même de la reprise, la voix sur  "Seasons In The Abyss"…) et il est amusant de voir que comme Laibach, vous avez tendance à décliner vos créations sur différents supports (timbre, toile…) Vous avez d'autres projets de ce genre pour le futur ?

Hreidmarr : Nous ne nous sommes jamais caché de l’énorme influence qu’a pu avoir Laibach sur CNK, y compris dans son approche "globale" de l’art, qui pourrait se rapprocher de ce que Wagner nommait le Gesamkunstwerk, l’œuvre d’art intégrale, une œuvre qui ne néglige aucun support. Après, évidemment, notre démarche reste plus légère, plus rock n’roll, et moins "art contemporain", même si, effectivement, la boucle a été finalement bouclée avec les fameuses planches de timbres CNK, éditées et exposées par le collectif IRWIN, rattaché au NSK.

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7. Une tournée est annoncée ; le show va-t-il évoluer pour l'occasion, ou rester sur la base de vos précédents live?

Hreidmarr : Il va évoluer progressivement, il y aura de nouvelles projections, de nouveaux visuels, et nous avons déjà commencé à incorporer des morceaux de Révisionnisme à la setlist…

 

8. D'ailleurs, c'est la première fois que vous allez véritablement tourner en Europe, à commencer par une date aux Pays-Bas et une au Danemark. Vous avez déjà une idée de la façon dont vous êtes perçu à l'étranger ?

Hreidmarr : Pour le moment, nous n’avons que des bons retours de l’étranger. J’ai l’impression que souvent, les gens semblent mieux comprendre notre démarche et notre humour qu’en France, du moins, si l’on exclue bien sûr la Perfide Albion. Mais au final, cela ne me surprend pas vraiment… Ceci dit, nous avons encore TOUT à faire à l’étranger, et nous sommes en train de nous y atteler!

 

9. Le groupe joue beaucoup sur le second degré et le cynisme – d'une manière générale, le public metal pour qui humour rime avec Gronibard comprend assez mal votre démarche. À une époque où faire de la musique permet tout juste de rentrer dans ses frais, ça ne donne pas envie de tout arrêter ?

Hreidmarr : Oh si, effroyablement souvent. Mais à chaque fois que l’on s’efforce d’arrêter, on y revient toujours en courant, comme vers un gros tas de coke ou un sauna gay, alors…

 

Chronique de l'album ici

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