On le dit souvent chez Metalchroniques et nous ne sommes pas les premiers et encore moins les derniers à faire ce constat : l’exercice du premier album est un passage difficile et délicat pour toutes formations musicales. On peut comparer cet acte à quand un navigateur passe pour la première fois le Cap Horn ou les Quarantièmes rugissants. C’est bien souvent ce qui déterminera les hospices sous lesquels la suite du périple se déroulera. C’est encore plus difficile quand un groupe décide pour franchir ce cap d'emprunter une embarcation Fusion Metal car ça peut très vite prendre l’eau si le talent n’est pas au rendez-vous. En effet, les profondeurs du paysage Metal sont jonchées d'épaves ayant sombré par le fond à ce moment précis. Implacable sont les tumultes des préjugés d’un publique exigeant comme celui de la scène Metal.


Autant vous dire que quand un groupe affiche cette prétention il a intérêt à avoir la coque solide et l’équipage qui va avec ! Dès les premiers instants de l’écoute de ce premier album des parisiens de Human Vacuum, le bien nommé Enter the Playground, j’ai été séduit ! Le fait que leurs compositions hument le parfum suranné des 90s que votre serviteur affectionne tant n’y est certainement pas étranger. Cependant le groupe dégage énormément de feeling musical tout du long de cet album et le résumer simplement à un énième groupe de Fusion Metal 90s serait une erreur. Je m’explique, il est vrai que l’on retrouve énormément de gimmicks de cette scène et plus particulièrement celles du Rap Metal. J’ai d'ailleurs souvent pensé à 311 (son flow précis de même que ses mélodies insidieuses ainsi que ses nombreuses incursions Raggae) mais Human Vacuum les métisse toujours à d’autres champs musicaux. On va prendre un exemple pour que vous puissiez mieux saisir ce que je veux dire. Ce n’est pas que je vous prenne pour des bœufs mais c’est toujours mieux de décortiquer un peu la bête pour voir ce qu’elle a dans le ventre.

 
Prenez un titre comme « Unicorns Represent » : l’ossature du morceau peut être comparée à la musique de 311 comme dit plus haut en y ajoutant des claviers typés Coldwave avec des instrumentations proches de certains titres de Rammstein comme « Klavier » ou « Seemann » et le tout saupoudré d’envolées lyriques semblables à ce que fait Systeme Of A Down sur le chant ainsi que des solo Heavy Metal. Vous obtiendrez alors une des nombreuses créatures peuplant Enter the Playground. Ce qui est terrible c’est que tous les plans fonctionnent à merveille et que la magie opère à chaque fois. Pour ce faire Human Vacuum se tient judicieusement à distance de cette scène Nawak Fusion Metal qui a souvent tendance à trop miser sur la surenchère et l’empilage de textures sonore.

 
Le tout reste toujours digeste chez eux et d’une sobriété très efficace même quand il s’attaque au Metal Progressif d’un Opeth comme sur « The Void Ahead » et on peut par la même occasion en profiter pour apprécier le travail effectué sur les vocaux qui sont justes, versatiles, suaves et même agressifs (vraiment cool ces Deathgrowls). La production est sobre et elle rappelle ce son des 90s où la basse peut exprimer ces sauts d’humeurs sans être entravée par le reste. Je ne vais pas décortiquer tout l’album de la sorte car ça serait fastidieux pour moi et que ça ne servirait pas à grand-chose mais sachez que les 12 titres de cet album sont géniaux et plein de surprises. A noter également les participations de Asphodel de Pin-Up Went Down sur « Tout s’efface » et Nicolas « Shred » Muller  sur « Unicorns Represent ».

 
Il faut aussi dire que la qualité des textes chantés en français et en anglais apporte une valeur ajoutée non négligeable. Ils regorgent de seconds degrés et de dérision comme sur « La Vérité (Biskuit Mou Couverture) » ou « Neo » sans toutefois oublier quelques coups de gueule ou des passages plus sérieux qui sont les biens venus. Une véritable réussite ce Enter the Playground que je soutiens à 200 % ! Je mets donc une très bonne note et je vous encourage grandement, surtout si vous êtes « un ancien », à aller écouter cet album que vous trouverez en streaming complet sur leur Bandcamp. Je peux dire assez tranquillement qu’ils ont tout ce qu’il faut pour nous faire une belle route du Rhum ! C’est tout ce que je leurs souhaite ! 


FalculA (9/10) 


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TMTC Production / 2014 
Tracklist (69 minutes) 1. Enter the Playground 2. Unicorns Represent 3. The Void Ahead 4. Les gens qui parlent seuls 5. Interlude – HV Indahouse 6. La Vérité (Biskuit Mou Couverture) 7. The Grain 8. Neo 9. The Flow 10. Tout s'efface 11. Bienvenue 12. Outro