Archive for janvier, 2019

Peste Noire – Split with Peste Noire

Peste Noire se moque de notre avis. Famine est un de ces (trop) rares artistes libres de faire ce qui leur chante tout en conservant une maîtrise et une cohérence rares. Certains apprécieront, d’autres beaucoup moins.

Voilà comment je concluais ma chronique de l’excellent La Chaise-Dyable, dernier effort en date de KPN. Oui, Famine fait ce qui lui chante, quitte à s’aliéner une partie de son public. Et en quelque sorte, cette insolence, cette indépendance font de Famine un individu unique dans un environnement trop souvent formaté. Du concert acoustique dans les rues ukrainiennes (pays où il passe de plus en plus de temps) aux expériences rap et à un split avec lui-même, le groupe ne recule devant rien.

Certains apprécieront, d’autres beaucoup moins, disais-je donc.

Prenons le premier volet du split, la face Traditionnelle. Ici, l’auditeur est en terrain connu. On se retrouve à l’époque des opus précédents, avec un Black Metal qui tient la route. Quelques cuivres, des morceaux longs mais jamais redondants : même si on n’adhère pas aux textes (c’est clairement mon cas), il faut reconnaître que les compos sont efficaces et, mis à part quelques petites faiblesses (l’intervention du chanteur de M8l8th étant le point noir le plus flagrant de la partie BM de l’album), Famine remet une bonne copie.

Par contre, les choses se gâtent sur la face Dégénérée et les expérimentations rap. Je passerai sur l’artwork, le blackface et la provoc’ à deux balles (en fait, non, je ne devrais pas passer là-dessus, mais j’ai fait le choix de ne parler que de musique) et je me concentre sur la musique. C’est laborieux.

Il y a une volonté de sortir du cadre, de surprendre, de choquer. Et, pendant quelques instants, Famine touche de peu la recette qui ferait mouche. Malheureusement, cette partie rap souffre de plusieurs défauts. Tout d’abord, sur « Noire Peste », KPN ne s’affranchit pas assez de ses racines BM, comme s’il craignait de lâcher le bord pour sauter dans le bain, et ce résultat bâtard reste trop le cul entre deux chaises. Ensuite, le remix d’un titre est toujours un exercice risqué, car l’auditeur aura toujours envie de comparer les deux versions, et si son affection pour ce morceau est forte, il y a fort à parier qu’il ne l’appréciera pas.

Et les morceaux vraiment typés rap ? Personnellement, ils me déçoivent beaucoup. J’attendais plus de hargne, plus d’agression. Je m’attendais à un rap sans limites, ni concessions, à la Steen, un MC hollandais qui distille un rap mordant à souhait, baigné dans les drogues, l’alcool et une colère noire envers le monde. À côté de Steen, Famine le rappeur fait pâle figure, ce qui pourrait sembler paradoxal.

Une partie Black Metal sans surprise, un volet rap qui ne répond pas à mes attentes… La note sera sévère, non seulement parce que le résultat final me déçoit plus qu’il ne me plait, mais aussi parce que son prédécesseur était si intéressant. Peut-être aurais-je été plus indulgent si cet album n’était pas sorti sous le nom de Peste Noire, ou si ce split était sorti sous la forme de deux EP distincts à des dates différentes.

Mister Patate (4/10)

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Militant Zone – 2018
Tracklist (48:45) 1. Aux armes! 2. Interlude 3. Songe viking 4. Raid éclair 5. 666 millions d’esclaves et de déchets 6. Noire Peste 7. Des médecins malades et des saints séquestrés 8. Turbofascisme 9. Aristocrasse 10. Domine

Alors que Season Of Mist ressort Grand Declaration Of War en version « Completely remixed and remastered from the original master tapes », nous nous interrogeons. S’agit-il d’une basse manœuvre commerciale pour fêter les 18 ans de l’album le plus controversé de Mayhem, ou une sincère tentative de réhabilitation ?

Season Of Mist s’est donné les moyens et a effectué un vrai travail de fond pour redonner du sens (et du son) à un album exceptionnel. Jaime Gomez Arellano, en charge de cette refonte, a effectué un boulot époustouflant. Le son est limpide, la basse y fait son retour et l’on redécouvre le jeu de batterie d’un Hellhammer au meilleur de sa forme. Les guitares sont incisives ; elles offrent plus de nuances que sur la première version. Seuls les vocaux n’ont pas étés modifiés à la demande de Maniac. Mais une chose est certaine : l’ensemble dégage plus de puissance et de clarté.

Grand Declaration Of War n’a pas changé. L’album bouscule toujours avec violence tous les codes du black-metal. Dans le deuxième acte dantesque, Mayhem s’autorise les plus belles audaces de sa carrière : influences trip-hop, post punk, électro, voire hip-hop, se mélangent au black-metal des Norvégiens pour créer une musique futuriste même 18 ans après. Une œuvre dingue à tous les niveaux à l’image de Sven-Erik Kristiansen qui s’impose comme le chanteur ultime du genre.

En temps normal, une réédition est un prétexte facile pour faire fonctionner la machine à cash. Ici, ce n’est pas le propos. Au delà de redécouvrir l’album en posant une oreille nouvelle sur ce chef d’œuvre absolu du black-metal… Cette nouvelle version enterre tout bonnement l’originale.

Nico (*/10)

Site Officiel : https://www.thetruemayhem.com/

Season Of Mist/2018

01. A Grand Declaration of War 02. In the Lies Where upon you lay 03. A Time to Die 04. View From Nihil; Pt. 1 05. View From Nihil; Pt. 2 06. A Bloodsword And A Colder Sun, Pt. 1 ) 07. A Bloodsword And A Colder Sun, Pt. 2 08. Crystalized Pain In Deconstruction 09. Completion In Science Of Agony, Pt. 1 10. To Daimonion 11. Untitled I 12. Untitled II 13. Completion In Science Of Agony, Pt. 2

KEN Mode – Loved

Il y a des albums parfaits. Ni trop longs, ni trop courts, avec un sain équilibre entre mélodie et énergie. Chaque morceau est entrainant, chaque refrain est un hymne que l’on reprend en chœur dès la première écoute. Ces albums sont efficaces en diable. Ces albums plaisent. Et ces albums m’ennuient.

Ils m’ennuient parce que la beauté réside dans le chaos, l’inattendu. La symétrie ? C’est la loi du moindre effort. Les pièces du puzzle tombent parfaitement… et de manière cruellement prévisible. Plus le temps passe, et plus cet élément de tension me semble, à mes yeux, indispensable pour passer un palier. Pour garder l’auditeur en haleine. Si je voulais me faire bercer tendrement, je n’écouterais pas du Metal. Et KEN Mode l’a bien compris sur ce Loved ravageur.

Tous les éléments sont là : cassures rythmiques, riffs dissonants, hurlements déchirants, petite touche free jazz avec les cuivres… Loved s’inscrit dans la pure lignée des autres formations énervées de la trempe d’un Dillinger Escape Plan ou d’un Converge. Alors oui, cet album manque de cohésion, ça part dans tous les sens, quitte à parfois donner le tournis, mais putain que c’est jouissif. Et c’est quand le groupe se met en tête de jouer sur les ambiances lourdes et malsaines qu’il prend une dimension supérieure. Que ce soit avec « This Is A Love Test » et ses interludes chuchotées avec ligne de sax ou la cacophonie « No Gentle Art » en fin d’album, les Canadiens frôlent le sublime.

Cette septième sortie de KEN Mode est une réussite totale. Il est temps de rattraper mon retard et de découvrir le reste de la discographie.

Mister Patate (9/10)

Facebook officiel 

Season Of Mist Records / 2018
Tracklist (35:29) 1. Doesn’t Feel Pain Like He Should 2. The Illusion Of Dignity 3. Feathers & Lips 4. Learning To Be Too Cold 5. Not Soulmates 6. Very Small Men 7. This Is A Love Test 8. Fractures In Adults 9. No Gentle Art