Jusqu’à présent, il ne s’était jamais écoulé plus de deux ans entre deux albums d’Aborted. Cette règle tacite, Aborted y a dérogé largement cette fois en laissant filer presque 4 ans depuis la sortie du décrié Strychnine .213. Certes, Svencho nous avait gratifiés d’un EP foudroyant en 2010, mais le temps commençait à sembler long, certainement après cette mise en bouche particulièrement juteuse qu’était Coronary Reconstruction. Notre attente allait-elle être récompensée ?

Oui, cent fois oui ! Même si je ne faisais pas partie de la cohorte de mécontents lorsque Strychnine .213 est sorti (il constituait même, à mes yeux, une évolution intéressante du groupe), je dois avouer que les premières écoutes de Global Flatline ont fait l’effet d’une violente torgnole dans les dents. Certes, Coronary Reconstruction avait déjà annoncé la couleur (rouge sang, bien entendu, et trois de ses morceaux figurent sur ce nouvel album), mais j’étais loin d’imaginer qu’Aborted nous proposerait un album entier du même tonneau (mis à part deux petites exceptions sur lesquelles je reviendrai dans un instant).

Sur les treize plages de cet opus, Aborted aligne les coups, violemment, sans relâche. Qu’il soit seul ou (bien) accompagné par les différents guests (Julien de Benighted, Trevor de The Black Dahlia Murder, Jason de Misery Index et Keijo de Rotten Sound), Sven mène la danse, alternant ses différents registres vocaux avec aisance. Ses compères musicaux ne sont pas en reste : Mike et Eran, les deux guitaristes, s’en donnent à cœur joie, épaulés par JB à la basse (instrument qu’il manie également dans un registre tout autre avec Leave’s Eyes) et un Ken impressionnant à la batterie (pour passer derrière Dirk Verbeuren, il faut du talent, et il l’a, c’est indéniable). Avec cet album, Aborted s’offre une cure de jouvence et semble être revenu à l’époque d’un Goremageddon : les fans puristes du groupe en seront ravis.

Une fois de plus, Aborted a frappé fort. Que ce soit dans la déferlante de violence gratuite (« The Origin Of Disease » et son départ en trombe, ou « Fecal Forgery », pour ne citer que ces deux chansons) ou dans la puissance contrôlée (« Expurgation Euphoria » et « Endstille », les deux morceaux presque mid-tempo de cet opus et dont l’ambiance oppressante n’a rien à envier à la brutalité des autres plages), Sven a adressé un message fort à la concurrence : en 2012, pour faire mieux que Global Flatline, il faudra mettre la barre haut. Très haut. La fin du monde pour décembre 2012 ? Pourquoi pas, Aborted en a déjà composé la bande originale : We Are The End Of The World.

[9,5/10] Mister Patate

Site officiel : www.goremageddon.be
Myspace officiel : www.myspace.com/abortedmetal

Century Media Records – 2012
Tracklist 1. Omega Mortis 2. Global Flatline 3. The Origin of Disease 4. Coronary Reconstruction 5. Fecal Forgery 6. Of Scabs and Boils 7. Vermicular, Obscene, Obese 8. Expurgation Euphoria 9. From a Tepid Whiff 10. The Kallinger Theory 11. Our Father, Who Art of Feces 12. Grime 13. Endstille