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Édito Été 2022 – Tout ça pour quoi ?

Tout ça pour quoi ?

Vous l’aurez remarqué (ou pas) : le zine fonctionne au ralenti depuis maintenant quelques mois / années. Et sans la ténacité de quelques indécrottables, Metalchroniques aurait rejoint la longue liste de webzines disparus trop tôt (ou trop tard, selon la ligne éditoriale).

Et au final, est-ce une surprise ? À l’heure où Youtube, Spotify, Bandcamp et consorts permettent à tout un chacun de se faire une idée rapide, légale et gratuite de la qualité d’une sortie, à quoi bon s’échiner à rédiger une chronique ? Qui suis-je, qui sommes-nous pour dicter ce qui est bon, ce qui est digne d’une écoute ?

Des passionnés. Qui n’ont pas la prétention d’avoir le bon goût ultime. La preuve, Nico a aimé le dernier Gojira. Et si, par chance, une de nos chroniques permet à un lecteur de découvrir ne fût-ce qu’un groupe dans l’énorme chiée de sorties qui défilent chaque vendredi, cela aura servi à quelque chose. Dans les semaines à venir, nous essayerons donc d’être un peu plus présents. De prendre le temps de parler musique. Parce que, nichés dans la masse d’albums hebdomadaires, il subsiste quelques pépites. Des albums qui méritent le détour, parfois bien dissimulés derrière les épouvantails survendus par la majorité. Et ça mérite un avis certes subjectif, mais jamais guidé par une volonté de publireportage.

 

Nostalgie partout, musique nulle part

J’ai déjà évoqué cette évolution par le passé, à de nombreuses reprises. Mais aujourd’hui, il semble pour ainsi dire impossible de trouver ne fût-ce qu’une once d’originalité ou de créativité dans la scène Metal actuelle. Pis encore : toute tentative de s’écarter du chemin que l’on s’était tracé déclenche l’ire des fans (dans un cas extrême, ils ont même été jusqu’à lancer une pétition pour empêcher la sortie du prochain album de Suicide Silence).

Alors on nous sert une tournée « Sublime Dementia » de Loudblast (remarquez, ça aurait pu être pire, on aurait pu fêter les 16 ans de Planet Pandemonium), Gruesome nous propose à nouveau un hommage plus qu’appuyé à Death, et plus particulièrement à Human, avec « Fragments Of Psyche » et un petit featuring de Sean Reinert, les rééditions de Human (justement) s’arrachent à prix d’or comme des adolescentes esclaves sexuelles de l’État Islamique sur le marché de Palmyre, Distillator s’apprête à battre un nouveau record en sortant le 1er mai 2017 un album qui est probablement déjà sorti en 1987 tant il pue l’hommage appuyé à la scène thrash old school… C’est quoi la prochaine étape ? Une tournée de Heaven & Hell avec un Diologramme ?

Le problème actuel ne vient pas tant du manque de talent des artistes. Au contraire, la scène Metal actuelle dégueule de talent. Je n’arrive par exemple pas à adresser le moindre reproche à un gars comme Matt Harvey qui a décidé, à sa manière, de faire revivre l’œuvre de Chuck. Le problème réside dans le fait que cette initiative n’est pas isolée. À force de dégueuler du talent, la scène Metal souffre de constipation créative. Les groupes et les artistes actuels sont devenus de simples feuilles de papier-carbone, singeant leurs aînés. Vous en connaissez beaucoup, des groupes qui parviennent encore à ouvrir de nouvelles voies ? À nous surprendre au fil des sorties en prenant des risques, en osant ? Et surtout, qui parviennent malgré tout à proposer un résultat final qui tient la route ? Personnellement, je les compte sur les doigts de mes deux mains… Et parmi ces groupes, certains m’insupportent franchement, comme Devin Townsend, mais je reconnais sa créativité, son audace.

Et une fois de plus, les labels jouent un rôle dans cette tendance, en misant sur ce côté conservateur du consommateur, en ne jouant pas ce rôle de yaourt au bifidus qui doit garantir ce flux de créativité, quitte parfois à ne sortir qu’un bel étron bien fumant (comme le dernier Suicide Silence que j’écoute en rédigeant ces lignes). Labels frileux, groupes dès lors prêts à rentrer dans le carcan qui leur permettra de connaître une gloire éphémère, public trop peu curieux… Toutes les conditions sont réunies. Heureusement qu’il reste quelques artistes « Dulcolax », qui sortent des sentiers battus, sinon nous en serions réduits à se contenter de clones de copies des pères fondateurs du Metal…
 

Stop ou encore ?

hamster_old-300x300Quand on y réfléchit, la toile est une immense déchetterie, ou un vaste cimetière. J'ai toujours en mémoire cette étude dont les conclusions estimaient que 73 % des sites internet francophones n'étaient pas mis à jour depuis plus d'un an. 27 % sont entretenus et maintenus en vie Il va de soi que les dizaines (centaines ?) de sites consacrés à la gloire de la grande famille du metal n'échappent pas à la règle. C'est la règle du jeu, entretenir un site, l'alimenter en chroniques, news, reports et photos exige du temps. Temps qui se réduit dès lors que la rédaction bascule dans la vie de famille et batifole dans l'idée de se reproduire. Forcément les priorités évoluent avec le temps, les grandes suppliques de chargés de promotion qui te jurent que tu ne peux pas continuer ton zine sans avoir publié une interview du tout nouveau groupe Suicide en Silence font moins d'effet. On devient sourd avec l'âge que voulez vous. 

N'allez pas imaginer qu'on a le melon parce que ça fait plus de 15 ans que nous sévissons sur la toile, on peut avoir un moment de gloire sur le web puis disparaitre en un clic et tomber dans l'oubli très rapidement. Alors que pendant ce temps là, le metal n'en finira pas de tourner (comme les tournées d'adieux à rallonges des dinosaures). 

Pourtant lever le pied, c'est de notre point de vue la seule manière de poursuivre sur la durée. N'allez pas croire que l'idée d'arrêter ne nous traverse pas le bulbe de temps à autre histoire de retrouver une vie normale. On freine pour durer, on ne tente plus de battre le record de 12 chroniques par jour et par chroniqueur mises en ligne. Chacun gère ses addictions tout en aménageant une place pour le site. On sait que le jour ou on en aura assez, on fermera. Ce jour n'est pas arrivé. 

D'ici là, j'ai encore quelques milliers d'articles à déterrer, et les nouveaux albums ne cessent d'arriver. Les derniers clichés du Hellfest sont à peine en ligne que les autres rendez-vous estivaux s'approchent. Nous voilà repartis pour une nouvelle saison.

Hamster