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Defeated Sanity – Chronicles Of Lunacy

Plus le temps passe, et plus j’ai l’impression que 1. le temps n’a aucune emprise sur la capacité de Defeated Sanity et 2. le groupe n’a, pour des raisons qui m’échappent, jamais vraiment atteint le statut qu’il mérite. Vraiment, faites le test autour de vous : demandez à vos potes de Metal de citer 10 groupes de Death Metal encore actifs, qui ont sorti au moins 5 albums et qui, à leurs yeux, ont une carrière sans faille. Je vous le mets en mille, certains citeront Morbid Angel avant de ne penser ne fût-ce qu’un instant à Defeated Sanity. Et pourtant, placer « Morbid Angel » et « carrière sans faille » dans la même phrase, il faut se lever tôt pour le faire.

Et pourtant, une fois de plus, la bande à Lille Gruber (dernier membre de la famille Gruber à encore être actif au sein du groupe et unique membre fondateur encore présent) nous rappelle à son bon souvenir avec une nouvelle plaque qui cogne sans pour autant oublier sa petite dose de groove. Dès « Amputationsdrang », le groupe nous place en terrain familier : accélérations ravageuses, ralentissements écrasants, un growl qui n’a rien à envier à celui de ses prédécesseurs (et pourtant, quand on voit le CV de certains des anciens frontmen du groupe, on se demande parfois où ils vont chercher autant de mecs aussi doués) et toujours ce tandem basse-batterie en béton armé (les plus curieux noteront qu’il s’agit aussi des deux plus anciens du groupe, ce qui explique probablement cette osmose et cette efficacité).

Des reproches ? Mis à part une durée un peu légère (la demi-heure syndicale est à peine franchie), il n’y a pas grand-chose à dire de négatif sur cet album. À la limite – et histoire de pinailler –, aucun morceau ne ressort vraiment du lot. Ce qui est en fait un signe de qualité devient presque un défaut : il n’y a pas CE moment de l’album que l’on anticipe, que l’on sent arriver au fil des morceaux (comme un South Of Heaven de Slayer articulé autour de trois morceaux en tête, au milieu et à la fin). Mais dans l’ensemble, ce petit reproche passe bien inaperçu à côté des qualités de l’album.

Un peu à la manière d’un Gorguts, Defeated Sanity aligne les réussites sans attirer autant de regards que d’autres formations pas forcément aussi douées. Les connaisseurs apprécieront, les autres passeront à côté d’un des albums de Death à tendance technico-brutale (ou brutalo-technique) les plus recommandables de l’année.

8,5/10

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Season Of Mist / 2024
Tracklist (33:32) 1. Amputationsdrang 2. The Odour of Sanctity 3. Accelerating the Rot 4. Temporal Disintegration 5. Extrinsically Enraged 6. A Patriarchy Perverse 7. Condemned to Vascular Famine 8. Heredity Violated

11 mai 2022 : les réseaux sociaux annoncent le décès de Trevor Strnad. Je prends la nouvelle comme si on venait de m’annoncer la disparition d’un pote dont je me sens terriblement proche mais à qui je n’ai jamais parlé. Et je constate que je suis loin d’être le seul à vivre cela de cette manière. Comme me le confiait Patate, par exemple : « La disparition de Trevor m’a vraiment touché. Bien plus que celle de Lemmy. Lemmy, on sentait bien qu’il était plus proche d’une partie de poker avec Jésus que d’une tournée avec Judas ». Une sorte de chape de plomb qui a mis beaucoup de temps à se dissiper sur une communauté. Une figure emblématique, un geek puissance 1.000 du death metal ; un gars qui a largement contribué à la reconnaissance de ce style ces 15 dernières années et à l’émergence de tas de groupes. Le gars était un pilier du groupe, sa voix sur plaque, sur scène et en dehors. Et quels que soient ces domaines, il était devenu une référence tant ses compétences et son style étaient devenus reconnaissables. Il était également le seul membre originel restant avec Brian Eschbach, guitariste rythmique de la formation. On pouvait donc assez logiquement craindre pour l’avenir de ces petits anges noirs.

C’est donc avec le poids de cet héritage que The Black Dahlia Murder a repris le chemin des studios. Attendu par certains comme d’autres attendent un nouvel album de Bon Jovi (ou de Gojira), cette nouvelle plaque de The Black Dahlia Murder suscitait des attentes pour les fans teintées d’une réserve légitime sur la capacité du nouveau line-up à se passer de leur précédent leader. Si le transfuge d’Eschbach de la gratte au micro résonne comme quelque chose de logique en termes d’héritage et de légitimité, les craintes d’avoir une formation avec un chanteur d’une division inferieure pouvait assez logiquement s’entendre vu le niveau du gaillard qui officiait précédemment.

A contrario, le retour de Ryan Knight dans l’équipe augurait quand même de belles choses. Si Brandon Ellis est un soliste de niveau « wallah », Knight est quand même celui qui a permis au groupe d’acquérir ses lettres de noblesses. Après la sortie des premiers vidéos live du retour sur scène du groupe et de la sortie des premiers singles, les inquiétudes qui concernaient les capacités vocales de Brian Eschbach ont été balayées.

À l’écoute de Servitude, une chose saute aux oreilles : The Black Dahlia Murder n’a rien perdu de sa force de composition. Ils sont mêmes revenus à quelque chose de plus tranchant et direct qui rappelle les premières heures du groupe. Les solos sont à la hauteur de l’équipe des 6 cordes, ça envoie dans la plus pure tradition du genre. Les mecs ne dérogent à aucune des règles qui ont fait du groupe une valeur sure du genre. Cassidy n’a toujours pas décidé d’être chiant à la batterie, le flow et les passages aigus/ graves d’Eschbach sont largement à la hauteur. Mes préférences perso’ vont vers les deux singles « Aftermath » & « Panic Hysteric » ainsi que « Transcosmic Blueprint » pour ces passages solos qui sortent du lot.

Servitude n’est pas un album à la gloire de celui qui est parti, c’est la marque d’un groupe qui est passé par le bûcher et qui revient avec un petit sourire en coin pour démontrer qu’il avait assez de ressource pour revenir plus déter’ que jamais à provoquer des courbatures de nuques. Les prestations scéniques du groupe sont d’ailleurs largement à la hauteur tant au niveau musical qu’en termes d’ambiance.

Le roi est mort, longue vie aux rois !

Kadaf (8/10)

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Metal Blade Records / 2024
Tracklist (32:32) 1. Evening Ephemeral 2. Panic Hysteric 3. Aftermath 4. Cursed Creator 5. An Intermission 6. Asserting Dominion 7. Servitude 8. Mammoth’s Hand 9. Transcosmic Blueprint 10. Utopia Black

Fleshgod Apocalypse – Opera

Fleshgod Apocalypse fait partie de ces groupes qui, dans mon esprit de vieux con, font partie « de la nouvelle garde ». La bande à Francesco ? Je me souviens encore quand je les ai vus pour la première fois, c’était à un Mass Deathtruction à Namur, y’a quoi… 7-8 ans ? Eh bien non, sale boomer, Fleshgod Apocalypse à Namur, c’était en 2009. Il y a 15 ans. Et à l’époque, y’avait pas tout ce tralala de costumes, de pianiste, de chanteuse lyrique. Non, juste quelques ritals sur scène, en relative fin d’aprèm, et une furieuse tendance à pilonner le public avec son death brutal à souhait. De cette époque bénie, il ne reste plus que Francesco Paoli, le Rémy Bricka transalpin qui aura occupé tous les postes au sein du groupe. Le personnel a changé, mais la formule, quant à elle, a peu évolué depuis le pavé Agony sorti en 2011.

Au menu, donc, cette combinaison désormais familière de death italien et de musique classique. Si vous n’accrochiez pas à cette formule par le passé, Opera ne vous rabibochera pas avec le groupe. On retrouve cette capacité du groupe d’alterner les passages pied au plancher (Eugene Ryabchenko, batteur depuis 2020, est loin d’être un manchot et peut rivaliser aisément avec ses illustres prédécesseurs) et morceaux plus posés, plus lourds sans pour autant se vautrer dans une pseudo-torpeur. Par contre (et c’est peut-être LA bonne nouvelle pour certains fans, dont moi) : Paolo Rossi ayant quitté le navire en début d’année, l’intégralité du chant clair est confiée à Veronica Bordacchini (qui s’occupait déjà du chant soprano depuis 2020). Personnellement, ce changement me plait beaucoup, et je serais d’ailleurs très curieux d’entendre les anciens morceaux en live avec le chant clair de Veronica.

Et la production (ce qui, à l’époque, avait plombé Labyrinth), me direz-vous ? Comme sur King, on sent que tout a été fait pour rendre le disque décortiquable lorsqu’on l’écoute au casque. Bon, la batterie est parfois un peu envahissante, mais on ne tombe pas dans une bouillie infâme. La grande inconnue reste, bien entendu, de savoir si le groupe parviendra à restituer ces morceaux de manière fidèle sur scène.

Au final, peu de surprises, mais un 6e album qui tient la route. Ca manque peut-être un peu de folie (comme le génial single « The Fool » sur King), mais Fleshgod Apocalypse continue à creuser son sillon dans son propre genre.

7,5/10

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Nuclear Blast / 2024
Tracklist (43:20) 1. Ode to Art (De’ sepolcri) 2. I Can Never Die 3. Pendulum 4. Bloodclock 5. At War with My Soul 6. Morphine Waltz 7. Matricide 8.21 8. Per Aspera ad Astra 9. Till Death Do Us Part 10. Opera