En 6 ans, depuis son excellent Eschaton, la paire infernale Dave Hunt – Mick Kenney nous aura donc inondé les conduits auditifs d’un flot de haine subdivisé en 5 chapitres, 5 albums dont le dénominateur commun est la folie. Une folie traduite en musique, une déferlante de négativité sur fond de riffs vicieux, de rythmiques démentes et d’une multitude de hurlements. Par ailleurs, non contents de nous en mettre plein les dents sur chaque album, ce furieux duo a toujours su progresser, se surpasser pour mieux nous surprendre, mieux nous subjuguer, mieux nous écraser. Passion, le petit dernier en date, avait d’ailleurs fait l’effet d’un sacré pavé dans la mare. Anaal Nathrakh avait-il atteint ses limites ? Vanitas serait-il à la hauteur de nos attentes ? Cet album repoussera-t-il encore les limites du combo ? Autant de questions qui me torturaient et qui ont trouvé une réponse presque évidente après quelques écoutes de ce nouvel effort Thrakhien.
 
Passion avait marqué une évolution intéressante dans le son du groupe : moins direct, plus tortueux, sa colère semblait plus rampante, moins explosive, mais toujours aussi menaçante. L’orage grondait, déchargeant ici et là un éclair de brutalité dans un lourd fracas. Vanitas, lui, éclate sans vergogne : Anaal Nathrakh revient à une formule plus directe, faite de morceaux percutants et explosifs. La colère se déchaîne sans limites, les digues se rompent, laissant échapper un flux continu de haine hystérique. La rythmique se fait inhumaine, parfois martialement industrielle de par l’ajout de beats électro qui renforce encore cette facette inhumaine ; les riffs fouettent les tympans avec hargne (avec, de temps à autre, ces riffs plus proches du Black Metal que du grind, voire même un petit côté plus mélodique dans le jeu de guitare, notamment sur « In Coelo Quies, Tout Finis Ici Bas ») et le chant… Dave Hunt n’a peut-être jamais été aussi affûté que sur Vanitas. Que ce soit en chant clair sur les refrains ou dans ses vocalises déchirantes, il insuffle à cet album une véritable folie, le genre d’état d’esprit qui pousserait quelqu’un à arracher le visage de son voisin et de s’en faire un masque sanguinolent. 
 
Vous l’aurez compris : Vanitas est un nouveau palier pour Anaal Nathrakh. Que ce soit en pure violence sonore ou en efficacité (« You Can’t Save Me, So Stop Fucking Trying » est un véritable monstre à ce niveau, avec un refrain qui fait mouche, un riff XXL et cette petite touche électro hardcore qui renvoie Morbid Angel époque Illud dans les jupes de sa mère), ce nouvel album est, à nouveau, un cran au-dessus de son prédécesseur. Hallucinant. Imparable. Indispensable. Je pourrais continuer pendant des pages en alignant des superlatifs, mais cela ne sert à rien. Amis mélomanes de l’ultraviolence, voici votre album de l’année. 
 
Mister Pathrakh (9,5/10)
 
 
Candlelight Records / Feto Records – 2012
Tracklist (39:03) 1. The Blood-Dimmed Tide 2. Forging Towards the Sunset 3. To Spite the Face 4. Todos Somos Humanos 5. In Coelo Quies, Tout Finis Ici Bas 6. You Can't Save Me, So Stop Fucking Trying 7. Make Glorious the Embrace of Saturn 8. Feeding the Beast 9. Of Fire, and Fucking Pigs 10. A Metaphor for the Dead