Interview par mail de Liv Kristine (chant – LEAVES'EYES, ex-THEATRE of TRAGEDY), octobre 2012

 

 

01. Quel est ton état d’esprit quelques semaines après la sortie de ton quatrième album solo Libertine ?

Liv: Les réactions à la fois de la presse et des fans ont été absolument géniales et dans le monde entier. Je pense qu’il s’agit de la réponse la plus positive depuis le début de ma carrière, il y a plus de 20 ans de cela. J’en suis très émue et vraiment reconnaissante. Ma petite voix intérieure que dit qu’il faut que j’aille défendre ces chansons sur scène le plus vite possible ! JE suis tellement excitée par cette sortie et surtout très fière. C’est l’album le plus vital, intéressant et varié depuis le début de ma carrière solo. Le clip de la chanson « Paris Paris » est d’ailleurs disponible sur internet. J’en suis très très satisfaite, il s’agit de ma quatrième collaboration avec Patrick (NDLR : Ullaeus) et son équipe de Revolver (http://www.revolver.se/).

 

02. De ton point de vue, quelles sont les principales différences entre Skintight et Libertine ?

Liv: Si on le compare à mes précédents albums, Deus ex Machina (1198) était très atmosphérique, rappelant un peu le travail de la chanteuse irlandais ENYA, un véritable album pop. Enter My Religion a pris une tournure plus terrestre, plus orientée guitares avec des influences exotiques & folk intéressantes. Du côté de Skintight (2010) les influences sont plutôt à chercher du côté de J. CASH, cela emmène parfois à l’auditeur vers des sentiments et une expérience réconfortante à la manière d’un feu de camp. Pour Libertine, j’ai voulu faire un retour vers mes racines, l’album contient les compositions, les ballades les plus chargées d’émotions de ma carrière. On trouve même ici et là une touche sombre mais douce à travers à la fois le piano, les lignes de basses assez dombres et les guitares. Il me semble que mes albums deviennent de plus en plus individuels, comme si je me rapprochais de moi-même. Tous mes disques restent cependant dans la veine, indie, pop/rock.

 

03. Quelles ont été tes principales influences lors de la composition de Libertine ?

Liv: Je suis les palpitations artistiques de mon cœur à chaque fois et j’aime que les choses coulent naturellement pendant la phase de production. Cela m’a inspiré pour le titre « Spread my Wings ». En réalité, au niveau thématique, Libertine est un album qui rassemble des moments particuliers de ma vie. De plus, tu trouveras dans mes paroles quelques définitions de l’amour. Je me souviens par exemple de cet instant, durant mon concert à Nagold, en Allemagne, en décembre 2011 alors que je présentais pour la première fois une version démo de la chanson « Libertine ». Nous avons aussi joué quelques titre de THEATRE OF TRAGEDY, c’était important pour moi. A travers cette expérience et d’autres moments de vie, j’ai compris quelle orientation musicale allait prendre l’album, plus puissant, un retour vers mes racines. Tout le monde était là, ma famille et mes amis les plus proches, mes fans fantastiques venus du monde entier, d’Argentine, de Belgique, du Danemark, du Royaume-Uni, de Finlande, d’Espagne de Hollande et de partout en Allemagne. J’étais si heureuse. Ce fut une nuit très spéciale pour moi, si spéciale que nous allons remettre le couvert le 22 décembre prochain !

 

04. En regardant carrière en détail, il m’a semblé que tu entretenais consciemment ou non, de nombreuses dualités. Première dualité en assurant en parallèle deux carrières. L’une s’adresse aux fans de métal à travers THEATRE OF TRAGEDY puis LEAVES’EYES et l’autre s’adresse au grand public à travers tes albums solo ou différents projets annexes. Est-ce intentionnel et penses-tu que ces deux publics sont compatibles ?

Liv: Je crois que mon public garde un esprit très ouvert et je dois te dire que je me considère comme une privilégiée. Tout d’abord j’ai énormément de reconnaissance envers mes fans et mes amis qui me donnent à chaque fois respect, amour et de l’énergie positive. Certains suivent mon parcours depuis les début de mon groupe précédent THEATRE OF TRAGEDY, il y a 17 ou 18 ans de cela. Mes fans m’ont donné cette liberté que j’apprécie tant ! A travers LEAVES’EYES et mes projets solo je peux désormais exprimer entièrement mon instinct musical. Cela fait partie de moi depuis le jour où, à l’âge de sept ans, j’ai pris conscience que j’avais reçu génétiquement un don pour la musique. Depuis mon enfance j’ai cherché à être créative tous les jours d’une façon ou d’une autre. J’aime simplement chanter, composer, écrire et surtout faire des concerts ! A mes concerts, je rencontre et partage avec plaisir avec mon public. Sans eux, sans vous tous, je ne serais pas là car le business de la musique est froid et inhumain.

 

05. La deuxième dualité concerne les thèmes abordés dans tes chansons. As-tu besoin de parler de toi et de ta vie sur tes albums solo et au contraire de de projeter dans des mondes imaginaires ou des vieilles légendes avec LEAVES’EYES ?

Liv: J’écris toutes les paroles que ce soit pour mes albums solo ou LEAVES’EYES. J’aime beaucoup la poésie et la linguistique. Si je ne rédigeais pas des paroles de chansons, je pense que je composerais des livres de poésie. Au niveau thématique, mon travail en solo repose sur ma vie de femme, de mère et sur mes expériences passées. Quant à LEAVES’EYES les concepts sont construits principalement à partir des mythes et de l’histoire, en particulier les mythes nordiques et l’histoire vikings. J’aimais déjà ces sujets à l’école et tu en as déjà parlé gentiment 😉

 

06. La troisième dualité concerne ta vie publique et privée. Comment concilies-tu le fait d’être la chanteuse d’un groupe de heavy-métal souvent sur la route et ta vie de famille ? Ne souhaiterais pas parfois avoir un travail “normal”?

Liv: oh, oui, crois-moi, j’aimerais bien parfois ! J’ai déjà eu l’occasion de la dire mais le business de la musique est loin d’être juste et amical. J’ai déjà exercé des activités plus normales comme être fossoyeur pour le cimetière local pendant quatre étés consécutifs dans les années 90. J’ai aussi travaillé comme professeur pour des enfants soi-disant « difficiles » pendant ma grossesse quand je ne pouvais pas faire de tournée. Actuellement, j’enseigne la langue norvégienne à des adultes à travers des leçons privées en dehors des concerts. Cela me plait beaucoup mais j’aime aussi composer, enregistrer en studio, gérer les relations presse jusqu’à minuit, faire des tournées et rencontrer les fans dans le monde entier. Je parviens à faire cohabiter la musique et ma vie de famille assez bien, c’est comme un rêve devenu réalité.

 

07. Tu prouves à nouveau ton affection envers la rance à travers la chanson « Paris Paris ». Pourquoi ce titre dédié à la ville et que peux-tu nous dire du tournage du clip vidéo ?

Liv: Le clip de la chanson est désormais en ligne (ici) et je suis très heureuse du résultat et encore plus d’avoir eu l’opportunité de travailler pour la quatrième fois avec Patric. La démo de cette chanson date ne fait du temps de THEATRE OF TRAGEDY mais elle n’avait jamais été enregistrée. Cependant, je l’ai retravaillée par amusement en utilisant le logiciel Garage Band (NDLR : Apple). Mes camarades ont tous bien aimé et nous avons donc réenregistré tous les instruments. C’est vraiment une chanson très rafraichissante.

08. Avec LEAVES’EYES, tu enchaines les tournées à travers le monde, cette fois avec FIREWIND. En plus de la passion, est-ce une nécessité financière pour toi, pour vivre de la musique ?

Liv: Je me t’assurer que ces tournées n’ont pas fait de moi, jusqu’à présent, une femme riche !Mais plus important c’est l’enrichissement en terme d’expériences que cela me procure. Imagines ce que j’ai pu emmagasiner depuis plus de 18 ans, c’est fou ! Et cela a fait de moi l’artiste que je suis à aujourd’hui.

 

09. Etes-vous déjà en train de travailler sur le nouveau chapitres des aventures de LEAVES’EYES après Meredead en (2011) ?

Liv: Comme je l’ai déjà dit, nous revenons juste de notre fantastique tournée avec FIREWIND. Nous commençons donc en ce moment même l’enregistrement de notre cinquième album studio, et il s’annonce très folk et heavy !

 

10. Ok! Merci, les derniers mots t’appartiennent…

Liv: Merci d’être à mes côtés depuis tant d’années avec THEATRE OF TRAGEDY, LEAVES’EYES et mes albums solo. J’espère que vous appréciez Libertine et que vous ressentez autant de joie que moi pendant sa composition et son enregistrement. J’ai hâte de pouvoir le jouer pour vous. On se voit bientôt, il me tarde de revenir en France !

 

 

Site officiel

Chronique de l’album