Archive for the ‘ Live Reports ’ Category

Tous les ans, le cycle recommence. Après une semaine de préparation, un sac rempli d’affaires diverses et variées, nous sommes enfin prêts. La motivation est au top, les appareils photos vérifiés, les batteries rechargées. A nouveau, avec un plaisir assumé, nous allons arpenter durant quatre jours ce festival incontournable qu’est le Hellfest. Une fois le pass photo en poche, c’est reparti pour un tour.

Passés les contrôles, le temps de traverser l’espace V.I.P, nous arrivons en terrain connu. : le sanctuaire du merchandising, toujours présent pour le festivalier doté d’un bon capital « patience ». La disposition des scènes n’a pas changé d’un iota, la réorganisation de la Valley et de la Warzone reste judicieuse ; la zone de restauration propose toujours des mets de qualité. Rien à redire, le Hellfest est une affaire qui roule.

Niveau nouveauté, nous apprécions l’ajout d’un stand merch « artistes », même s’il faut l’éviter le premier jour pour la trop longue file d’attente. Très attendue, la gardienne des ténèbres focalise tous les regards devant la forêt. Une jolie machine, mélange d’humain, d’araignée et de scorpion, que nous ne voyons pas en action trop occupé par les concerts. Mais maintenant, parlons musique.

Asinhell a la lourde tâche de débuter le festival. Le groupe de Michael Poulsen (Volbeat) et Marc Grewe (ex Morgoth, Insidious Disease) se débrouille plutôt bien. Son death metal est de bonne facture. Les excellentes compos de Impii Hora sont exécutées avec soin. Au vu du pedigree de ses membres, il est dommage que le quintet ne propose pas grand-chose d’excitant sur scène. Mais cela n’empêche pas le public d’être ravi.

Sous l’Altar, Immolation s’impose comme le rouleau compresseur de la journée. Les tauliers Robert Vigna et Ross Dolan savent y faire. Le public remue et fait honneur aux compositions de leur dernier très bon album Act of gods. Bon boulot bien exécuté, comme d’habitude.

Entre deux concerts, nous avons le choix. Soit claquer son PEL au Metal Market, soit découvrir des groupes. La deuxième option est choisie. Direction la Temple pour assister à la prestation de (Dolch). On ne regrette pas le détour ; ce groupe mélangeant avec talent rock gothique, ambiant et darkwave est captivant. Dolch envoûte grâce au talent de sa chanteuse M, qui mène à la baguette sa troupe. Et ça donne envie de jeter une oreille attentive sur leurs albums.

La prestation de Kerry King est très attendue. Fort d’un premier album respectable, le Californien et sa troupe donnent une prestation… respectable. C’est carré, pro, sans fioriture. Si tous les yeux sont logiquement fixés sur le musculeux guitariste, Mark Osegueda (chanteur de Death Angel) se démarque lui aussi, de par son charisme, sa voix et cette capacité à tout donner. La setlist se focalise sur un From Hell I Rise qui, hélas, ne révèle pas encore un titre que l’on qualifiera de « classique ». En revanche, le père Kerry provoque une sacrée excitation dans le public avec « Disciple », « Raining blood » et « Black magic » de Slayer. On n’échappe pas à son passé aussi facilement.

Nous nous ruons ensuite vers l’Altar pour assister au quart d’heure final de Brujeria. Bien nous en a pris car un concert de Brujeria est toujours un bon moment de fun. Les Chicanos vantent toujours la Marijuana au détriment de la Cocaïne avant d’enchaîner avec un furieux « Mantados Gueros ». Clap de fin avec l’obligatoire « Marijuana » qui fait danser le metalleux au rythme de la Macarena. C’est aussi une des dernières prestations avec Pinche Peach, mort à l’heure où nous écrivons ces quelques lignes… R.I.P.

C’est le moment de se placer pour aller prendre des photos pour Megadeth, quand soudain, nous nous apercevons avec quelques pauvres infortunés qu’il va falloir subir le concert de Baby Metal. La suite s’avère un peu floue : K-Pop…metal… Sakura… riffs… Idols… « Ratatata »… « Fu Fu »… Electric callboy, Sailor Moon… Incompréhensible (quoiqu’assez fascinant au final) pour notre part. Mais ça plaît, donc tant mieux. ありがとうございます, mais maintenant passons à autre chose.

Cette autre chose, c’est Megadeth. Le groupe récemment reconfiguré (ici avec Teemu Mäntysaari, dernier guitariste en date) est en grande forme. Dave Mustaine semble satisfait et balance une set list de festival qui fait mouche : l’obligatoire « A tout le monde », « Symphony of destruction », « Skin O my teeth » … Le groupe ressort même de son pochon de vieilles speederies (« Rattlehead », « Mechanix » (pour enquiquiner qui vous savez) qui démontrent, au cas où on l’aurait oublié, que Mustaine est un sacré compositeur. L’affaire se termine sur « Peace Sells » et « Holy Wars » qui prouvent que Megadeth reste un glorieux (vieux) mastodonte du thrash.

Il est temps de se restaurer avant de faire un choix cornélien : Avenged Sevenfold (dont le dernier album est fantastique) ou Sodom (qui n’a rien sorti de vraiment flagrant depuis une éternité mais qui reste une valeur sure en live) ?

Nous choisissons la facilité en nous dirigeant vers l’Altar. Résumons : en concert, Sodom reste une machine de guerre. Tom Angelripper balance impunément quelques skeuds. Et vlan, un « Jabba the hut » gluant ; paf, un « Outbreak of evil » ; boum, un « Agent Orange » pas piqué des hannetons et rajoutons un « The saw is the law » toujours aussi tranchant. Voilà, Sodom reste un pilier du thrash, solide comme un roc. Nous ressortons avec un capital fatigue désormais dans le négatif. Reste juste assez d’énergie pour se déplacer jusqu’à la Temple voisine en l’honneur de Cradle Of Filth.

Pas de surprise, Dani Filth hurle toujours comme un Porcinet qu’on égorge et ses acolytes marquent la scène de leur empreinte. Mais il est temps d’aller dormir après un « The principle of evil made flesh » qui nous servira de berceuse. C’est que demain, ça recommence !

Nico.

Les photos de cette première journée se trouvent ici.

Comme chaque année, en début d’automne, une poignée d’irréductibles se retrouve pour célébrer les musiques extrêmes au Muscadeath. Grâce à une programmation qualitative, le festival ne cesse de croître. Et le public aussi. Le « marketplace » accueille une foule d’exposants reconnus ; le nouvel espace presse apporte confort aux médias présents. De petit festival, le Muscadeath est devenu important, mais toujours à taille humaine.

Vendredi 29 Septembre 2023 :

C’est soir, la programmation est aux petits oignons. Moonreich, Aorlhac et Acod offrent de belles prestations de black-metal. La volonté d’en découdre est là ; le public répond présent.

Pas de surprise avec Necrowretch. Depuis des années le groupe reste calé sur son créneau death/black. Tant mieux car, en quatre albums, le groupe n’a fait que monter en puissance. Sur scène, c’est le même constat. La prestation impeccable propulse le groupe de Vlad au pinacle de la soirée. A noter qu’un nouvel album, Swords of Dajjal est prévu pour Février 2024.

En tête d’affiche, place à God Dethroned, qu’on avait pas vu depuis 2020 et le denier album Illuminati. Le groupe a repris la route, même s’il n’a rien à promouvoir ; il est là pour le plaisir de rencontrer son public. God Dethroned frappe fort : la set-list est un best-of lancé par le virulent « Hating life ». La suite déroule du câble au kilomètre. Même si cette prestation reste sage, c’est plaisant de voir cette institution batave défendre bec et ongle son death-metal blasphématoire.

Samedi 30 Septembre 2022 :

Pour cette deuxième journée, le menu est copieux. Le public fait monter encore plus haut la jauge de la veille ; le nom de Carcass en tête d’affiche n’est sûrement pas étranger à l’affaire.

Des valeurs sûres sont au programme : Iron Flesh, Skelethal, Gorod et Blood red throne. Ils frappent tous au centre de la cible ; le public du Champilambart célèbre ces prestations en stage diving, pogos et autres joyeusetés. Pour Blood Red Throned, il s’agissait du dernier concert de Stian (bassiste) avant son traitement pour une leucémie. Nous lui souhaitons le meilleur.

Escula Grind est le premier groupe de la journée à se démarquer. Katerina Economou déborde d’énergie et offre, avec ses compères, le concert le plus dynamique. Les potards sont constamment dans le rouge. Ce mélange réjouissant de death/grind saupoudré de touches de hardcore donne envie d’en entendre plus. Ce n’est pas un hasard si Escuela Grind est le petit groupe qui monte.

On continue avec une institution : Blockheads. Les patrons, c’est eux ! Et pas pour n’importe quelle raison. Avec trente années consacrées au grindcore et un dernier album (Trip to the void) très apprécié, les Nancéens ne lâchent rien. Ils restent comme à leur débuts : déterminés, solides, acharnés. Un concert de Blockheads, c’est une expérience dont on ne ressort pas indemne. Les discours (souvent) politiques, la violence de leur musique, ça prend aux tripes. On se laisse emporter et on ressort de ce bouillon pleins de bleus et d’ecchymoses. Et quand Xav invite le public à monter sur scène, c’est une apothéose fraternelle. Un nouveau titre est joué. Nous espérons donc ne pas avoir à attendre huit ans pour replonger dans l’univers perturbé du quintet.

Kronos est de retour. Les titans du brutal death n’avaient pas donné de leur nouvelles depuis Arisen new era. Ce soir, le Muscadeath a l’immense honneur d’inaugurer la tournée de reformation du groupe. Kronos reste ce monolithe qui écrase tout sur son passage. Kronos est content d’être là pour célébrer les vingt années de Colossal Titan Strife. C’est un retour aux affaires gagnant.

Carcass clôture la journée. Jeff Walker, Bill Steer, Daniel Wilding (batterie) et leur guitariste de session savent y faire. Leur prestation est impeccable. Techniquement, Walker et Steer sont au top. Ils continuent d’impressionner et débordent d’une énergie communicative. Ces vieux routards en ont encore sous la semelle. Une ribambelle de tubes (« Black star », « Incarnated solvent abuse », « Corporal jigsore quandary ») met le public sens dessus dessous, avec ce flegme britannique qui caractérise bien la formation.

Le Muscadeath a clairement passé un cap cette année. Plus grand, plus fort, le festival garde cette identité qui fait tout son attrait ; il s’impose comme un passage obligé pour tout amateur de musique extrême qui se respecte.

Nico.

Treponem Pal est un groupe qui bourlingue depuis le milieu des années 80. Premier groupe français signé sur le label Roadrunner, Treponem a roulé ensuite sa bosse un peu partout dans le monde (dont un Lollapaloza avec Ministry dans les nineties). Suite à son dernier album Screamers, le groupe de Marco Neves a repris la route pour s’arrêter ce soir au Ferrailleur à Nantes.

Treponem Pal entame son set avec « The fall ». Babylone brûle et le public du Ferrailleur entre dans la transe. « Badass sound system » enchaîne le pas et prouve que ces nouveaux morceaux tiennent bien la route en concert, à l’image de « Earthquake » et du titre « Screamers ».

La machine s’emballe avec « Planet crash ». Les classiques s’enchaînent ; les vibrations industrielles résonnent : l’hypnotique « Pushing you too far », « Funk me » et « Excess and overdrive » traversent les âges sans encombre. Le dub indus de « Panorama » invite à la danse et rappelle la richesse musicale de Treponem Pal. Les reprises (« Planet Claire » des B’52 et « Funky Town » de Lipps Inc) sont redoutables. Le groupe sait y faire.

La formation actuelle est à son meilleur. Marco reste le grand organisateur chamanique de l’affaire. Il est débordant de charisme. Laurent B, de retour depuis peu, et Polak assurent riffs et rythmiques avec efficacité. Quant à la session rythmique, elle impressionne. Nicky Tchernenko insuffle un groove crasseux et métallique à la basse. Très post punk dans l’esprit. Bastien Amy, son binôme à la batterie, frappe ses fûts avec conviction.

Le concert passe à grande vitesse et il faut se résoudre : la fin approche. Par bonheur, le quartet nous offre un bonus, « In/Out » exhumé de son premier album. Point final d’un show parfait d’un bout à l’autre.

Nico.

La galerie photos du concert se trouve ici.