Archive for the ‘ Live Reports ’ Category

Comme chaque année, en début d’automne, une poignée d’irréductibles se retrouve pour célébrer les musiques extrêmes au Muscadeath. Grâce à une programmation qualitative, le festival ne cesse de croître. Et le public aussi. Le « marketplace » accueille une foule d’exposants reconnus ; le nouvel espace presse apporte confort aux médias présents. De petit festival, le Muscadeath est devenu important, mais toujours à taille humaine.

Vendredi 29 Septembre 2023 :

C’est soir, la programmation est aux petits oignons. Moonreich, Aorlhac et Acod offrent de belles prestations de black-metal. La volonté d’en découdre est là ; le public répond présent.

Pas de surprise avec Necrowretch. Depuis des années le groupe reste calé sur son créneau death/black. Tant mieux car, en quatre albums, le groupe n’a fait que monter en puissance. Sur scène, c’est le même constat. La prestation impeccable propulse le groupe de Vlad au pinacle de la soirée. A noter qu’un nouvel album, Swords of Dajjal est prévu pour Février 2024.

En tête d’affiche, place à God Dethroned, qu’on avait pas vu depuis 2020 et le denier album Illuminati. Le groupe a repris la route, même s’il n’a rien à promouvoir ; il est là pour le plaisir de rencontrer son public. God Dethroned frappe fort : la set-list est un best-of lancé par le virulent « Hating life ». La suite déroule du câble au kilomètre. Même si cette prestation reste sage, c’est plaisant de voir cette institution batave défendre bec et ongle son death-metal blasphématoire.

Samedi 30 Septembre 2022 :

Pour cette deuxième journée, le menu est copieux. Le public fait monter encore plus haut la jauge de la veille ; le nom de Carcass en tête d’affiche n’est sûrement pas étranger à l’affaire.

Des valeurs sûres sont au programme : Iron Flesh, Skelethal, Gorod et Blood red throne. Ils frappent tous au centre de la cible ; le public du Champilambart célèbre ces prestations en stage diving, pogos et autres joyeusetés. Pour Blood Red Throned, il s’agissait du dernier concert de Stian (bassiste) avant son traitement pour une leucémie. Nous lui souhaitons le meilleur.

Escula Grind est le premier groupe de la journée à se démarquer. Katerina Economou déborde d’énergie et offre, avec ses compères, le concert le plus dynamique. Les potards sont constamment dans le rouge. Ce mélange réjouissant de death/grind saupoudré de touches de hardcore donne envie d’en entendre plus. Ce n’est pas un hasard si Escuela Grind est le petit groupe qui monte.

On continue avec une institution : Blockheads. Les patrons, c’est eux ! Et pas pour n’importe quelle raison. Avec trente années consacrées au grindcore et un dernier album (Trip to the void) très apprécié, les Nancéens ne lâchent rien. Ils restent comme à leur débuts : déterminés, solides, acharnés. Un concert de Blockheads, c’est une expérience dont on ne ressort pas indemne. Les discours (souvent) politiques, la violence de leur musique, ça prend aux tripes. On se laisse emporter et on ressort de ce bouillon pleins de bleus et d’ecchymoses. Et quand Xav invite le public à monter sur scène, c’est une apothéose fraternelle. Un nouveau titre est joué. Nous espérons donc ne pas avoir à attendre huit ans pour replonger dans l’univers perturbé du quintet.

Kronos est de retour. Les titans du brutal death n’avaient pas donné de leur nouvelles depuis Arisen new era. Ce soir, le Muscadeath a l’immense honneur d’inaugurer la tournée de reformation du groupe. Kronos reste ce monolithe qui écrase tout sur son passage. Kronos est content d’être là pour célébrer les vingt années de Colossal Titan Strife. C’est un retour aux affaires gagnant.

Carcass clôture la journée. Jeff Walker, Bill Steer, Daniel Wilding (batterie) et leur guitariste de session savent y faire. Leur prestation est impeccable. Techniquement, Walker et Steer sont au top. Ils continuent d’impressionner et débordent d’une énergie communicative. Ces vieux routards en ont encore sous la semelle. Une ribambelle de tubes (« Black star », « Incarnated solvent abuse », « Corporal jigsore quandary ») met le public sens dessus dessous, avec ce flegme britannique qui caractérise bien la formation.

Le Muscadeath a clairement passé un cap cette année. Plus grand, plus fort, le festival garde cette identité qui fait tout son attrait ; il s’impose comme un passage obligé pour tout amateur de musique extrême qui se respecte.

Nico.

Treponem Pal est un groupe qui bourlingue depuis le milieu des années 80. Premier groupe français signé sur le label Roadrunner, Treponem a roulé ensuite sa bosse un peu partout dans le monde (dont un Lollapaloza avec Ministry dans les nineties). Suite à son dernier album Screamers, le groupe de Marco Neves a repris la route pour s’arrêter ce soir au Ferrailleur à Nantes.

Treponem Pal entame son set avec « The fall ». Babylone brûle et le public du Ferrailleur entre dans la transe. « Badass sound system » enchaîne le pas et prouve que ces nouveaux morceaux tiennent bien la route en concert, à l’image de « Earthquake » et du titre « Screamers ».

La machine s’emballe avec « Planet crash ». Les classiques s’enchaînent ; les vibrations industrielles résonnent : l’hypnotique « Pushing you too far », « Funk me » et « Excess and overdrive » traversent les âges sans encombre. Le dub indus de « Panorama » invite à la danse et rappelle la richesse musicale de Treponem Pal. Les reprises (« Planet Claire » des B’52 et « Funky Town » de Lipps Inc) sont redoutables. Le groupe sait y faire.

La formation actuelle est à son meilleur. Marco reste le grand organisateur chamanique de l’affaire. Il est débordant de charisme. Laurent B, de retour depuis peu, et Polak assurent riffs et rythmiques avec efficacité. Quant à la session rythmique, elle impressionne. Nicky Tchernenko insuffle un groove crasseux et métallique à la basse. Très post punk dans l’esprit. Bastien Amy, son binôme à la batterie, frappe ses fûts avec conviction.

Le concert passe à grande vitesse et il faut se résoudre : la fin approche. Par bonheur, le quartet nous offre un bonus, « In/Out » exhumé de son premier album. Point final d’un show parfait d’un bout à l’autre.

Nico.

La galerie photos du concert se trouve ici.

Hellfest 2023: Dimanche 18 Juin

Après une nuit vraiment réparatrice, nous embarquons pour cette dernière journée de festival.

Mainstages :

Peu de concerts vus sur les mainstages en ce Dimanche. Notons tout de même l’arrivée, bien à propos, des Suédoises de Thundermother sous le tonnerre et une pluie diluvienne. C’est ce qui s’appelle savoir ménager son entrée en scène. Malheureusement, ce temps maussade nous empêche aussi d’assister à la prestation de HO99O9…

Plus tard dans l’après-midi, au sec, c’est au tour d’Amon Amarth d’investir la grande scène principale. Son death-metal velu s’accompagne d’une grosse production : statues gigantesques ; traditionnelle bataille de vikings ; et même le serpent géant Jörmungand (« Twilight of the thunder god »). La set-list enfile les tubes barbus (« Guardians of Asgaard », « Death in fire », « First kill »…). Pas de surprise, mais une régularité qui fait plaisir à voir et entendre.

Remplaçant Incubus au pied levé, Crisix saisit une belle occasion de briller. C’est tout sourire que le groupe de Julian Baz donne tout ce qu’il a dans les tripes. Son thrash véloce et joyeux entraîne la mainstage 2 dans un mix de circle pits, pogos et walls of death. Plus de doute : « The world needs MOSH » !

Entre le concert de Dark Angel et celui des Melvins (voir plus bas), nous constatons le temps de « Five minutes alone » que la dernière version de Pantera est convaincante. Mais le destin nous dirige vers d’autres scènes.

Altar :

Evil Invaders et son thrash old school de série B fait le plein sous l’Altar. Normal, dehors il pleut encore. Une grande partie du public se retrouve ici faute de mieux. En huit titres, les Belges arrivent à convaincre. Certes, les riffs ont déjà étés entendus plus de mille fois et le chanteur en fait des caisses. Mais le spectacle est réjouissant ; tout le monde passe un excellent moment.

Après un hiatus de quelques années, Vektor s’est reformé autour de David DiSanto et Erik Nelson. Cela n’a pas entamé le mordant de ce thrash progressif si particulier. Quel plaisir de réentendre les classiques Black future », « Cosmic cortex » et « Recharging the void ». Ces 45 minutes passent comme une lettre à la Poste.

L’Altar, probablement chauffée par les tubes de Lionel Richie et Wham, fait un triomphe à ce qui doit être le dernier tour de piste de Holy Moses. Sabina Classen affiche une belle forme malgré la soixantaine. Son groupe enchaîne les uppercuts speed/thrash ! Les récents « Invisible queen » et « Cult of the machine » se mêlent parfaitement avec le classique « Finished with the dogs » ou encore « Current of death ». Une belle révérence.

Le concert de Dark Angel n’attire pas les foules. C’est dommage car le groupe de Gene Hoglan donne une belle prestation à la hauteur de sa légende. Les « Time does not heal », « Perish in flames » et « Darkness descend » sont joués à la perfection par un groupe aiguisé comme une lame. Nous retiendrons l’excellente prestation vocale de Ron Rineheart et les guitares acérées d’Eric Meyer et de Mme Hoglan, Laura Christine. Et évidemment la frappe chirurgicale de Hoglan.

Testament assure le dernier concert de la journée. Pas grand-chose à dire. Le groupe donne une prestation, comme à l’habitude, dans ses standards habituels. C’est efficace, ça ne se fiche pas du client et ça aligne les tubes : « Rise up », « The new order », « Practice what you preach », « Dnr » , « Over the wall »… Tous sont au rendez-vous ! Les Californiens concluent le festival avec le définitif « Into the pit ». Soufflant.

Temple :

Tôt dans la matinée, Gregor Mackintosh (Paradise Lost) crache sa misanthropie à la face de l’humanité. Strigoi propose une bien belle tambouille à base de death metal, de crust et de guitares option barquette de frites. C’est goûtu et même assez impressionnant car tellement loin de l’univers habituel de son leader.

Treponem Pal est enfin de retour au Hellfest, fort d’un dernier album très réussi. Musicalement, l’affaire est rondement menée. Le groupe se focalise sur Screamer, mais n’oublie pas ses morceaux phares. Le public ne se trompe pas et fait un triomphe aux classiques indus, « Pushing you too far », « Rest is a war » et « Renegade ». Scéniquement cela reste assez statique, mais nous ne boudons pas notre bonheur de réentendre ce mastodonte de la musique industrielle.

Valley :

Impossible de rater la prestation de Dozer. Les Suédois, maîtres du stoner rock scandinave, se font rares en nos contrées. D’emblée, Frederik Nordin et ses acolytes accrochent la Valley avec le terrible « Big sky theory » qui donne le ton du concert. Les guitares de Tommi Holappa virevoltent et l’imposant guitariste fait le show. Une corde cassée énerve un peu Nordin, mais l’affaire reprend son cours et la suite du concert se passe dans les meilleures conditions. Après un break de 15 ans, le groupe a eu cette bonne idée de revenir aux affaires. Judicieux au vu de cet excellent concert et de son très bon nouvel album Drifting in the endless void.

Les Melvins clôturent les festivités sur la Valley. Dale Cover, Steve McDonald et Buzz Osborne donnent tout et bien plus encore. Ils sont dans une belle forme et donnent sans compter : dans leur attitude et dans la musique, tout est parfait. La set list enquille les morceaux abruptes (« Zodiac », l’énooooooorme « Revolve »…), une reprise décalée de « I want to hold your hand » des Fab Four et quelques excentricités à l’image de « Hammering ». Cet ultime concert conclue d’une bien belle manière les festivités sur la Valley. Messieurs, revenez quand vous voulez.

En conclusion de ces quatre jours, nous retenons la riche et éclectique programmation musicale, une organisation au top et un bel état d’esprit qui continue de perdurer. En n’oubliant pas qu’un festival est ce qu’on en fait (facile à dire quand on a une accréditation, je vous le concède).

Nico.

Les photos de cette quatrième journée se trouvent ici.

Hellfest: https://hellfest.fr/