Archive for juillet, 2003

Sepultura – Roorback

Honnêtement je n'attendais rien de particulier du groupe brésilien, et quelle ne fut pas ma surprise à l'écoute du troisième album réalisé avec Derrick au chant. Un son puissant concoté encore une fois par Steve Evetts (il avait déjà participé à l'élboration de Nation). Des compos accrocheuses, de gros riffs (très en avant sur Corrupted), un plus grand travail sur les ambiances (parfois atmosphériques, notamment sur Godless), et Derrick s'en sort plutôt bien, certes, il n'a pas la puissance rageuse de Max, mais il a l'avantage de pouvoir chanter et varier ses lignes de chant. Le groupe à semble-t'il tourné la page du thrash tribal qui lui avait permis d'acquérir une rénommée planétaire, et revient à du metal teinté de hardcore, on n'est parfois pas si éloigné de Chaos AD finalement. Il manque juste le petit truc, la petite étincelle qui permettrait aux brésiliens de se refaire une place au premier plan… Car l'album, malgré des compos relativement courtes et directes n'est pas totalement accessible à la première écoute, mais avec un peu d'entêtement, vous verrez, vous finirez par taper du pied (non pas sur la chaine hi fi pour éjecter l'album…). 

Autre retour à noter, Andreas se remet aux solis de guitares (bon d'accord, Baptiste ce n'est pas un demi dieu de la 7 cordes mais bon…) ! En tout cas le groupe démontre qu'il est toujours vivant (come back alive), et qu'il sait encore taper là ou ça fait mal.
A noter l'édition limitée qui vaut son pesant de décibels grâce à la reprise très réussie de Piranha d'Exodus (les autres sont plus dispensables). A vous de voir…
 
Web hamster (07/10)
 
 
SPV – Wagram / 2003
 
Track listing (51:45)
1.Come back alive 2. Godless 3. Apes of god 4. More of the same 5. Urge 6. Corrupted 7. As it is 8. Mindwar 9. Leech 10. The rift 11. Bottomed out 12. Activist
CD Bonus – Revolusongs
1. Messiah 2. Angel 3. Black Steel in the hour of Chaos 4. Mongoloid 5. Mountain song 6. Bullet the blue sky 7. Piranha
+ Vidéo Bullet the blue sky.

 

On The Rise – S/t

Il ne m'était jamais arrivé de prendre au sérieux la publicité orchestrée par les labels autour de leur dernière signature, dans les présentations fournies avec les pressages destinés à la presse. Généralement les superlatifs et les hyperboles s'amoncellent sans ne provoquer d'autre sentiment qu'un amusement un peu détaché. Mais cette fois tous les commentaires louangeurs sont appropriés car c'est une perle rare que vient de signer Frontiers et sans doute une sensation dans le monde de l'AOR. On se sent même portés à envisager que le groupe perce au-delà de ce milieu tant On The Rise fait preuve d'un talent et d'une maturité exceptionnels sur son premier album. 

Énumérer toutes les qualités dont fait preuve le groupe au fur et à mesure des quatorze morceaux qui composent son premier opus toucherait au fastidieux, tant à chaque nouvelle écoute une finesse de composition, d'arrangement ou mélodie vocale se révèle. Je tenterai donc d'en cerner les plus importantes.

Constatons une réelle originalité, qui ne tient pas tant au souhait ou à la propension à sortir des sentiers battus qu'à la capacité à se forger une identité à partir de mille sources dont le groupe sait effacer les traces. On The Rise sonne à sa manière, malgré tous les parallèles que l'on pourra tenter d'établir. Cette originalité tient en partie au son du groupe, mis en valeur par une production impeccable, répondant parfaitement aux standards actuels. On the rise est doté d'un son léger mais non fade, péchu mais pas agressif, pour soutenir des compositions riches mais jamais touffues ni laborieuses. 

Il met parfaitement en valeur le jeu du guitariste Terje Eide, qui produit de bout en bout du disque un travail irréprochable. Travail caractérisé par le choix de la superposition très fréquente de deux parties de guitares, au détriment des claviers peu présents sur l'album. Eide apprécie particulièrement la juxtaposition de parties en saturées et en son clair, pour mieux doser ainsi l'énergie dégagée par les morceaux (le couplet de « Sadness Like A Stone  »). Il dévoile un réel talent pour dénicher les riffs simples mais tout de suite mémorisables (« Pride ») sans pour autant négliger des recherches plus complexes (le riff de couplet du tubesque « Stay Away »). Jamais il ne se montre lassant ou redondant et son phrasé éthéré sied à merveilleux à la légèreté et à l'élégance du groupe (le solo de « Lift You Up »). Sa fluidité et sa dextérité peuvent se faire plus tranchantes, comme sur « World Of Change », mais dans tous les cas chaque intervention se révèle mise au service des chansons. 

Il épaule aussi au chant l'autre pilier du groupe, le chanteur Bennech Lyngboe, et à chaque fois leurs voix se marient parfaitement. Les quatre ballades sont riches d'émotion sans jamais d'accents sirupeux, tant Benech Lyngboe pose parfaitement sa très belle voix, systématiquement secondé par les passages solo d'Eide d'une grande pureté. Les deux amis excellent particulièrement aux harmonisations vocales sur « Keep My Love Alive » mais aussi sur les chœurs de titres plus rock comme « Stranded ». Cette richesse vocale, cette créativité s'expriment en fait sur chacun des refrains qui se révèlent quasiment tous entraînants voire entêtants.

Ainsi au gré de l'écoute, chacun des morceaux prend place sans jamais suggérer l'ennui, tant l'inspiration doublée d'inventivité est présente en permanence. En d'autres temps, la musique d'On the rise aurait saturé les bandes FM de singles et rempli des stades. Il reste à croiser les doigts pour que son talent force les portes du succès devenues à ce jour trop closes pour le rock mélodique.

Baptiste (8,5/10)

 

Frontiers / 2003

Tracklist : 1. Beat Of Your Heart 2. Lift You 3. The World Of Change 4. Memories Forever 5. Pride 6. Leaps & Bounds 7. Running In The Night 8. Keep Our Love Alive 9. Stay Away 10. Sadness Hits Like A Stone 11. Two Young Hearts 12. Could Have Been The Last Time 13. Stranded 14. The Moment

Urban Tale – Sign Of Times

Urban Tale est un groupe de rock mélodique finlandais, tout d'abord spécialisé dans les covers de Journey, qui a déjà produit deux ans de cela, un premier album éponyme assez remarqué dans le petit monde des amateurs d'AOR, de par le sens de la composition manifesté par des musiciens au potentiel prometteur. Les Finlandais reviennent avec un album en tout point supérieur à son prédécesseur. Du fait tout d'abord de la production, claire sans être clinique, maintenant parfaitement l'équilibre recherché par Urban Tale entre un certain mordant, soigneusement dosé, et une légèreté musicale consubstantielle au style. 
Du fait aussi des efforts très nets dans la composition pour éviter la plupart des gimmicks propres au style.

D'où le recul sensible de l'influence de Journey, perceptible surtout sur les soli d'Erkka Korhonen – au sens mélodique prononcé –, et dans les intonations vocales de Kimmo Blom, souvent cassées comme sur la ballade « Mary ». Le garçon ne jouit pas d'un timbre de voix hors du commun, mais sait parfaitement l'utiliser, dénichant de nombreuses trouvailles vocales (« Houdini's Eyes » ou « Beggar and Thief ») qui rendent chacun des titres accrocheurs et variés. Le groupe alterne les titres typiquement AOR (l'entêtant « Starship of Giants » en ouverture ou « Open Your Heart »), des morceaux plus rentre-dedans (« Son Of A Gun », où la guitare se fait plus tranchante et les riffs assez métal), ou des chansons plus aventureuses (comme « Beggar And Thief » au crescendo enlevé très bien orchestré ou le plus alternatif « Monsters » avec des parties de batterie manifestement samplées et un entrelacs de voix bienvenu). 

Le refus de céder aux clichés du style est aussi constatable à la lecture des textes qui délaissent les roucoulades habituelles pour se montrer plus graves (« Son Of A Gun (Hero of the World) »), sauf sur la ballade « Still Strong » sur laquelle la voie de Blom fait des merveilles et dégage une émotion magnifique. 
Une cohérence d'ensemble se détache toutefois parfaitement de l'album, qui témoigne que l'intégration de chacun des morceaux dans le tout a été soigneusement réfléchie. 

Une grande réussite musicale, une personnalité indéniable, une intelligence certaine dans la composition et une vraie maîtrise dans l'interprétation : ce sont là des atouts qui donnent toutes ces chances à Sign of Times pour apporter sa pierre au renouveau du rock mélodique.

Baptiste (7,5/10)

 

Frontiers / 2003

Tracklist : 1.The Starship of Giants 2.Hello Light! 3. Houdini’s Eyes 4. Still Strong 5. Son of a Gun (Hero of the World) 6. Open Your Heart 7. Captain of Clouds 8. Don’t You Know ? 9. Beggar and Thief 10. Morning 11. Smoke 12. Monsters 13. Mary