Archive for juillet, 2009

Hackneyed – Burn After Reaping

Hackneyed09Faisant partie des vieux cons aigris avant l’heure, il n’est pas rare de m’entendre grommeler à qui veut l’entendre que la scène metal actuelle est dans un bien piteux état et que la relève tarde à pointer le bout de son nez. Ces foutus jeunes sont juste bons à mettre du « -core » dans tous leurs morceaux, à se tartiner une tonne de gel sur les cheveux pour avoir la coiffure de l’été et à sautiller comme des glandus en faisant leur numéro de tough guy pour minettes prépubères qui mouillent leur culotte devant une photo du minet efféminé qui sert de frontman à Tok’chiottes Hotel. Foutue époque pourrie jusqu’à la moelle, dirait mon confrère Vlad, et il n’a pas tort… 
 
Cependant, cette situation est peut-être en passe de changer, et le groupe qui pourrait prendre la relève vient également d’Outre-Rhin. À l’instar de Tokio Hotel, les membres sont très jeunes (moyenne d’âge de 16 à 17 ans), allemands et ont tapé dans l’œil d’un gros label, en l’occurrence, Nuclear Blast. Et si Nuclear Blast a daigné prêter une oreille attentive à ce groupe, cela ne doit pas être un hasard. Le plus simple, pour vérifier cela, est de se coller Burn After Reaping dans les esgourdes.
 
Et là, on sent qu’Hackneyed n’est pas juste un énième groupe de petits jeunes aux dents longues qui tombera dans l’oubli après un ou deux albums. On sent que ces gamins ont les bonnes bases, qu’ils ont biberonnés du death et que, non contents de s’en inspirer, ils se sont mis à en faire. La maîtrise est là, le groupe fait preuve d’une sacrée maturité et signe là un deuxième album plus qu’enthousiasmant, même s’il est loin d’être parfait. Parfois un peu brouillon, parfois un peu approximatif, Hackneyed semble davantage se laisser guider par son enthousiasme, quitte à perdre en efficacité. La voix, quant à elle, est légèrement en retrait, il lui manque ce petit quelque chose qui insuffle de la rage dans le chant. Ces défauts, Hackneyed peut les surmonter et gravir les échelons un à un…
 
Mais…
 
Bien sûr, cela aurait été trop beau, l’avènement d’un nouveau groupe-phare auquel rien ni personne ne résisterait… Cependant, il faut reconnaître que le succès de cet album est aussi dû, en grande partie, à leur label (ce qui leur permet d’obtenir une couverture médiatique bien plus large que s’il avait été signé par un label moyen) et à l’âge des musiciens. Je suis d’ailleurs persuadé que cet album n’aurait pas le même retentissement si on nous disait que les gars qui l’ont composé ont tous 25-26 ans. Les quelques défauts de cet album (car oui, cette galette n’est pas parfaite non plus, loin de là) sont atténués, voire presque gommés par leur jeunesse, et on aurait vite tendance à se dire : « Ils sont jeunes, ils doivent encore apprendre et progresser… ». 
 
Voilà justement le point sur lequel les petits gars d’Hackneyed doivent travailler d’arrache-pied s’ils veulent un jour pouvoir prétendre au statut de groupe majeur. C’est bien beau, de sortir coup sur coup deux albums qui valent le détour et de devenir une des nouvelles coqueluches d’un grand label, mais il faut pouvoir bâtir sur cette notoriété, continuer à mûrir, à évoluer, au risque de finir aux oubliettes, auprès de dizaines de groupes qui étaient également promis à un avenir radieux et qui se sont avérés de simples feux de paille… 
 
Mister Patate (07/10)

www.hackneyed.de

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Nuclear Blast / 2009

Tracklist : (55:53) 01. Burn… 02. Finger On The Trigger 03. Deatholution 04. Weed Flavoured Meat 05. March Of The Worms 06. Bloodshed 07. Redying 08. Kingdom of Thoughts 09. Home Meat Home 10. Putrid 11. Last Man On Earth 12. …After Reaping

 

Ron Bolton Band – S/T

ronboltonbandCe genre de résurrection farfelue a quelque chose d'émouvant. Imaginez un peu : un combo d'AOR typique du début des années 80, dont l'unique (?) album n'était probablement jamais sorti en CD avant. Et pour couronner le tout, un nom plombé par un homonyne (Michael Bolton) au C.V. largement défraichi de nos jours.
Un groupe au son délicieusement suranné, complètement daté, qui représentait à l'époque une démarche ouvertement commerciale.
Comme ses collègues plus connus, le Ron Bolton Band bénéficiait des atouts usuels du genre : des compos solides, agréables, jamais trop agressives, suffisamment variées (on passe de tendances hard à des accents reggae !) et un chanteur compétent – Bolton lui-même. Curieux sens du marketing : le meilleur morceau survient à la fin (le rétrospectivement très ironique « We're Gonna Make It »).
Visiblement, le courageux label allemand qui exhume la galette n'a pas eu beaucoup de moyens pour donner un coup de jeune au son de l'album, qui parfois sent le renfermé. Mais bon, mieux vaut le renfermé de Californie que l'atmosphère des hôtels particuliers de Saint-Cloud.
Un dernier mot pour les amateurs de kitsch : la vision du verso de la pochette ne vous laissera pas insensible.

David Taugis (07/10)

Avenue Of Allies – Underclass / 2009

Tracklist (36:52) : 01. Maybe I’m Dreamin’ 02. Do It All for Love 03. Friends 04. Search of the Kind 05. 21 06. Livin’ on the Line 07. Midnight Lover 08. Little Girl 09. Play Your Game 10. We’re Gonna Make It

 

Alestorm – Black Sails at Midnight

alestorm09Je pensais avoir tout vu, tout entendu… Je pensais que ces colleurs d’étiquettes, qui parvenaient toujours à dénicher l’appellation saugrenue pour décrire le genre de musique proposé par un nouveau groupe étaient arrivés à un point où leur imagination fertile leur faisait défaut… Hélas, j’étais loin du compte, car un nouveau genre (encore un, me direz-vous) pointe le bout de son nez depuis quelque temps et semble même creuser son trou : le PIRATE METAL ! Jambes de bois, mousquets, perroquets, bandeaux noirs, vérifiez vos attirails, moussaillons, car nous partons au large ! Du pirate, Alestorm tient le costume et le thème des chansons (« nous sommes des pirates, yohoyoho, et une bouteille de rhum »)…

C’est un bon début, certes, mais toutes ces caractéristiques sont secondaires. Musicalement, Alestorm pourrait se rapprocher de cette vague folk festive et haute en couleurs venant des pays scandinaves (Korpiklaani, Turisas, Finntroll), mais dont on aurait remplacé les instruments typiques par d’autres instruments qui « sonnent plus pirate » (l’accordéon, notamment). Et c’est bel et bien là que le bât blesse…

Pour se forger une identité propre (et encore, depuis que ces Écossais ont été rejoint par les Ricains de Swashbuckle, ils ne sont plus les seuls à voguer fièrement sur cette nouvelle vague), Alestorm a tout misé sur l’image, en oubliant, par la même occasion, d’être originaux sur le plan musical (un morceau comme Keelhauled, par exemple, débute sur un rythme et une combinaison batterie-accordéon comparable à un bon vieux Finntroll). Certes, les refrains sont bigrement efficaces et s’impriment presque instantanément dans les méninges, ce qui devrait permettre de les reprendre à tue-tête avec un taux d’alcoolémie peu raisonnable dans les veines, mais c’est bien le seul point fort de l’album.

En résumé, nous nous trouvons devant un album idéal pour faire une bonne petite fête entre amis, histoire d’avoir une bonne raison de ressortir ces costumes de carnaval de l’armoire et de siffler du rhum pendant toute la nuit (pour rester dans le thème pirate, bien sûr)… mais, aussitôt la fête terminée, cet album risque bien de rejoindre les costumes et de prendre la poussière.

Mister Patate (03.5/10)

 

 www.alestorm.net 

 www.myspace.com/alestorm

Napalm Records – 2009

Tracklist : 01. The Quest 02. Leviathan 03. That Famous Ol' Spiced 04. Keelhauled 05. To the End of Our Days 06. Black Sails at Midnight 07. No Quarter 08. Pirate Song 09. Chronicles of Vengeance 10. Wolves of the Sea (Pirates of the Sea cover).