Edguy – Jens Ludwig (juillet 2011)
Posted by PolochonSep 29
L'album précédent des allemands, Tinnitus Sanctus, avait créé la polémique, c'est le moins que l'on puisse dire: rarement bien accueilli par la presse, les fans eux-mêmes disent souvent bien du mal de cet album. Edguy a en effet commencé sa carrière dans le power metal, aussi appelé speed metal selon l'école à laquelle vous appartenez, et s'est rapidement taillé une sacrée réputation dans ce domaine. Mais le groupe semble vouloir voguer vers d'autres lieux, et advienne que pourra…
Metalchroniques: Après toutes les polémiques lancées à la sortie de Tinnitus Sanctus, un groupe prudent serait retourné dans sa… « zone de sécurité », mais on dirait que vous avez voulu montrer à quel point vous pouvez être têtus ?
Jens Ludwig : Ma foi, je suis à peu près sûr que certaines choses sur l’album vont faire dresser les cheveux sur la tête des fans de metal traditionnel, en effet. Certaines personnes pensent que « ceci, ceci et cela relèvent à un groupe de metal traditionnel », mais nous essayons d’inclure de nouvelles choses, et nous ne voulons pas nous copier nous-mêmes. Il est très important pour nous d’aimer ce que nous faisons. Après évidemment c’est mieux si des milliers d’autres personnes l’aiment aussi, mais au départ nous devons apprécier ce que nous faisons. Et ça ne marche pas si vous vous contentez de vous copier vous-mêmes. Alors nous recherchons constamment de nouveaux éléments à inclure dans notre musique, pour nous surprendre nous-mêmes et le public en même temps. J’adore écouter un album qui contient certains éléments surprenants, ne pas pouvoir deviner exactement ce que je vais entendre. Sauf pour AC/DC, bien sûr !
M.: La promotion étant la promotion, votre site web dit que « les journalistes qui ont eu la chance d’écouter l’album [avant sa sortie] sont déjà devenus dingues »… mais « dingues » dans quel sens ? A moins qu’ils n’aient fait partie des rares personnes à avoir encensé Tinnitus, parce que je ne vois pas comment on peut adorer Age Of The Joker mais détester Tinnitus…J. L.: Je ne sais pas non plus, parce que j’aime les deux albums ! C’est juste une question de goûts, d’attentes, je pense. Quand nous avons sorti Tinnitus Sanctus, je pense que beaucoup de gens s’attendaient à quelque chose de différent. Et quand vous attendez trop de quelque chose, il est facile d’être déçu. Je veux dire, j’adore Tinnitus Sanctus autant que le nouveau, mais je suis sûr que certaines personnes peuvent avoir un peu peur. J’ai lu quelques chroniques et beaucoup de gens n’ont pas été aussi satisfaits par cet album que nous, et je pense que les attentes sont moins élevées aujourd’hui. Ou… c’est simplement parce que, peut-être, l’album est simplement génial !
M.: Oui, ou peut-être que les attentes n’ont pas baissé, elles ont simplement changé ? Je veux dire… sur Age Of The Joker, vous utilisez encore plus d’influences des années 80, vous aviez un peu commencé à le faire sur Tinnitus Sanctus, mais ça n’était pas encore -aussi- poussé…
J. L.: Je ne sais pas, pour moi c’est difficile de juger. Nous faisons ce que nous faisons, tout simplement, et nous ne le ferions pas si nous ne pouvions pas le défendre. Le nouvel album est un peu plus complexe, je ne parle pas de quelque chose de progressif avec des rythmes ou des gammes qui changent sans arrêt, mais par exemple les harmonies à certains endroits sont très complexes. Il y a beaucoup de changements de tonalités à ces moments-là, ça les rend vraiment intéressants : ça n’est pas complexe d’une manière évidente, mais si vous faites attention vous réaliserez qu’il y a beaucoup de musicalité dans tout ça. C’est quelque chose que j’aime beaucoup dans le nouvel album, c’est très cool.
Mais c’était très difficile aussi, particulièrement pour les guitares solo. Je veux dire, je suis un guitariste qui aime improviser, et on ne peut pas vraiment improviser quand il faut sauter d’une gamme à l’autre, parce que vous vous dites : « oh, il faut que je me prépare pour ce changement de tonalité, et après il faut que j’aille à la tonalité suivante… » Ca peut être très piégeur de temps en temps.
M.: Si je vous posais la question, vous me diriez certainement qu’Age Of The Joker est votre meilleur album à ce jour, alors simplifions les choses : à vos yeux, en quoi est-il votre « meilleur album à ce jour »?
J. L.: Eh bien, d’abord, je peux vous dire quelque chose : quand chaque musicien dit ça, et vous savez qu’ils le disent -tous-, ils le pensent vraiment ! Par exemple quand nous avons sorti Tinnitus Sanctus, il y a trois ans, nous avons dû l’écouter des centaines de fois, joué les morceaux des centaines de fois en concert, et bien sûr c’est excitant d’avoir quelque chose de nouveau, de frais, d’avoir fait quelque chose de différent, à nouveau ! Alors bien sûr c’est « le meilleur album », parce que vous avez l’impression qu’il est tout beau tout frais, c’est l’album « au goût du jour ». Je veux dire que pour chaque groupe, chaque album représente simplement un moment précis : l’album actuel est le plus proche du moment présent, actuel. C’est pour ça que je le préfère ! Peut-être que dans dix ans ça sera complètement différent, mais pour le moment c’est comme ça, et je sais que tout le monde dit ça de son nouvel album : c’est un sentiment honnête, même si ça sonne comme une phrase pour interviews. (rires)
M.: D’ailleurs, dans vos premiers albums, est-ce qu’il y en a que vous n’aimez pas tant que ça finalement, après toutes ces années ?
J. L.: Si vous prenez particulièrement les premiers albums, beaucoup d’eau a coulé sous les ponts depuis la sortie de Theater Of Salvation [1999] par exemple. Nous avons mûri en tant que musiciens, et j’espère aussi dans nos personnalités ! (rires) Alors bien sûr quand j’écoute Theater Of Salvation ou Vain Glory Opera [1998], aujourd’hui, je ne peux pas m’empêcher de penser : « Ok, nous aurions pu faire ça un peu mieux, ou ça aurait pu être différent. » Mais encore une fois, c’est grâce à l’expérience que j’ai aujourd’hui. J’ai plutôt l’impression que chaque album est une partie de la totalité de l’histoire, et il y a une bonne raison pour laquelle ces albums sont comme ils sont : c’est parce qu’à l’époque, on ne savait pas faire mieux ! (rires) Mais vraiment, c’est un peu comme ça, je me dis que chaque album comprend une partie de toute notre histoire. Si un album comme Vain Glory Opera ne sonnait pas comme il sonne, nous ne sonnerions pas comme nous ne le faisons aujourd’hui. Je ne prendrai jamais le temps de me dire : « c’était un mauvais album. » Par contre je peux prendre le temps de me dire : « cet album est mal joué ! », parce que je ne savais pas jouer de la guitare comme je sais le faire, j’espère, aujourd’hui. D’un autre côté, si vous prenez un album comme Vain Glory Opera et que vous vous souvenez qu’il a été enregistré par des gamins de 18 ans… si vous gardez ça en tête, c’est un très bon album !
M.: C’est peut-être juste moi, mais j’ai l’impression que « Rock Of Cashel » aurait pu être sur un album d’Avantasia, alors est-ce que vous savez si Tobias l’a composée pour Avantasia au départ, ou… ?
J. L.: Non, je sais qu’il l’a composée pour Edguy dès le départ. Mais je comprends ce que vous voulez dire, avec cette « touche celtique » et tout ça. Pourtant, par exemple, sur l’album Mandrake, il y a une chanson appelée « Jerusalem » qui a un peu ce genre d’ambiance. Bien sûr il y a toujours des parallèles entre Avantasia et Edguy parce que le principal compositeur est le même, et il fait ce qu’il fait d’habitude, alors parfois ça peut sonner un peu pareil. Sa manière d’écrire des chansons, sa manière de créer des mélodies… je n’ai aucun problème avec ça, tant que c’est bon et que tout le monde dans le groupe aime ça. D’ailleurs tout le monde dans le groupe est probablement influencé par ces chansons, même moi par exemple, ma manière de jouer de la guitare, qui est probablement différente de celle de Sasha [Paeth]. Tant que le groupe trouve toujours sa propre identité, il peut y avoir énormément de parallèles, ça m’est égal. Et je pense que les gens n’y attachent pas vraiment d’importance non plus. C’est une bonne chanson de toute manière, je l’aime bien, particulièrement la fin avec tous ces trucs celtiques.
M.: Au sujet de cette fin, c’est peut-être juste moi à nouveau, mais la musique me rappelle définitivement quelque chose… je ne peux pas dire quoi parce que j’ai toujours été très mauvaise à ça, mais j’en suis vraiment sûre ?
J. L.: C’est ce qui fait qu’une bonne chanson est une bonne chanson : les gens entrent dans le truc, même s’ils ne savent pas ce qui va suivre ! Bien sûr « Rock Of Cashel » a ce côté irlandais, et pour être honnête il y a des vieilles chansons qui peuvent sonner un peu pareil. Peut-être que c’est pour ça que vous avez le sentiment de déjà connaître ce passage.
M.: Je crois que c’est la première fois depuis longtemps que vous n’avez pas enregistré au Gatestudio : pourquoi avoir « déménagé » ?
J. L.: Nous avons simplement enregistré la batterie dans un autre studio. Avant d’enregistrer l’album, nous nous sommes assis autour d’une table pour nous demander : « ok, quelles peuvent être les chansons que nous voulons avoir, que nous voulons faire », et nous en sommes venus à la conclusion que nous voulions sonner comme -un groupe-. Aujourd’hui il y a beaucoup de productions qui se ressemblent énormément, avec tous ces samples, ces batteries -triggées-et-éditées-à-mort : au final on a plus l’impression d’entendre un ordinateur, et nous voulions avoir un vrai son, organique. Pour les guitaristes, le son de la salle n’a aucune importance, parce que le micro est directement branché à la salle de contrôle, c’est la même chose pour ce qui est chanté et la basse. Mais pour la batterie, si vous utilisez un micro d’ambiance et que vous voulez vraiment récupérer le son de la batterie, alors il vous faut une salle qui ait une bonne acoustique. Nous avons utilisé le Peppermint Studio à Hanovre, nous savions qu’ils avaient une salle énorme pour les batteries, elle est vraiment grande. J’étais debout là-bas et… le son est absolument génial là-bas. C’est pour ça que nous y avons enregistré la batterie. Je suis un peu jaloux, parce que c’est toujours les batteurs qui ont droit aux gros, grands studios, alors que les guitaristes se contentent de s’assoir dans n’importe quel studio ! Je sais que nous avons une vidéo tournée pendant qu’on réglait la batterie, Sasha y est debout à 3 – 4 mètres de la batterie, en train de tenir sa veste en l’air, et on peut voir la veste bouger à cause des vagues de son ! Ca donnait un son génial aux chansons, nous voulions capturer ça pour l’album, essayer d’avoir un son organique. Pour sonner comme un groupe.
C’est aussi la raison pour laquelle Dirk et moi avons enregistré les guitares en même temps : on était assis l’un à côté de l’autre, jouant les chansons du début à la fin, bien sûr certains passages ont dû être réenregistrés (rires), mais procéder comme ça rend les choses beaucoup plus spontanées. Bien sûr vous savez ce que vous devez jouer, mais de temps à autres quelqu’un jouera quelqu’un chose d’un petit peu différent, et c’est un sentiment très agréable, un sentiment très organique. Ca donne l’impression que le groupe est en train de jouer pendant que vous écoutez l’album, c’était très important pour nous.
M.: Au fil des ans, vos albums ont commencé à avoir un côté plus sérieux, il y a de moins en moins de chansons « marrantes parce que c’est marrant d’être marrant ». Pourtant, en concert, vous continuez à accorder une place importantes aux chansons marrantes : est-ce que ça ne donne pas une idée différente, peut-être fausse, de ce qu’est Edguy « à tel moment précis » ?
J. L.: Non, pas vraiment. Nous ne jouons pas juste « les chansons marrantes » en concert. Mais oui, elles prennent beaucoup de place… C’est juste qu’il y a des chansons qui se prêtent mieux à être jouées en concert, alors que d’autres ne s’y prêtent pas si bien. Si vous avez une chanson très complexe où tout le monde devra être très concentré si vous la jouez en concert, vous ne pouvez pas sauter dans tous les sens et donner de l’énergie au public en même temps. Pendant un concert, nous voulons divertir les gens, et des gens qui s’amusent sont bien plus divertissants que des gens qui se concentrent pour suivre une direction compliquée. Et c’est beaucoup plus marrant pour nous de jouer des chansons qui créent de l’amusement. Une chanson avec des parties techniques par exemple, et pour ma part, rend les cordes tout aussi amusantes que « Lavatory Love Machine » : c’est juste une question de ressenti. On ne sépare jamais les chansons entre les « marrantes » et « pas marrantes », nous savons juste que nous devons jouer des trucs tirés des albums plus anciens, et nous voulons faire des chansons que les gens connaissent, et dont nous savons qu’ils les apprécient, qu’ils les chantent, qu’elles les rendent dingues !
M.: Quand vous jouez un « vrai » concert, où les gens viennent pour vous et vous pouvez prendre votre temps, je peux comprendre pourquoi il y a toujours un solo de batterie, tout le monde est venu pour vous après tout… mais en festival, où vous n’avez pas tant de temps ?
J. L.: Parce que ça s’y prête ? Je veux dire, vous avez dit « puisque vous n’avez pas tant de temps », mais par exemple si on joue dans un festival pendant disons 80 minutes, c’est presque le temps d’un concert en tête d’affiche, au final. La batterie fait complètement partie d’un bon concert, tant qu’elle est… bien jouée, bien sûr ! (rires) Personnellement, je ne suis pas le plus grand fan des solos de batterie en général, mais Felix en a un qui est plutôt bon, et puis évidemment nous vieillissons : des jeunes musiciens n’ont pas besoin de pause, et quand vous vieillissez c’est à ça que sert le solo de batterie ! Et évidemment, pour ceux qui n’aiment pas les solos de batterie, ils ont besoin d’une pause pour prendre un autre verre, les solos de batterie sont donc bien quelque chose de nécessaire (rires). Nous ne le faisons pas si nous jouons pendant une heure par exemple, nous le faisons plutôt quand nous avons 70, 80 ou 90 minutes.
M.: Bien, comme je n’ai jamais eu l’occasion de vous interviewer, parlons un peu de -vous- maintenant. Par exemple : en général, ceux qui s’occupent de la guitare solo dans un groupe adorent composer… mais on dirait que ça n’est pas votre cas ?
J. L.: J’adore ça ! Je compose, réellement, c’est juste que Tobi n’aime pas mes idées ! (rires) Non, je peux le comprendre, parce qu’il a besoin d’être à l’aise avec ce qu’il a en tête. Pour le reste d’entre nous, dans le groupe, c’est un peu différent, parce que quand Tobi arrive en répétition et nous présente une idée, ça sera juste quelques accords au clavier, ou un riff, quelque chose : nous ne voyons pas l’image complète qu’il a déjà en tête. Et il a besoin de cette image pour travailler sur une chanson. Si bien que si je viens vers lui avec des idées ou quelques riffs, bien sûr j’aurai déjà une image finale en tête, mais pas lui. Et pour lui c’est très difficile de continuer à travailler sur quelque chose qu’il ne visualise pas encore. Il perd tout intérêt pour quelque chose qu’il ne -voit- pas encore. En fait, nous sommes pour le moins un peu différents là-dessus ! (rires)
M.: Dans ce cas, n’avez-vous jamais pensé à faire votre propre projet ou album, où vous pourriez présenter votre propre musique ?
J. L.: Oui, il faut que je le fasse un jour. Parce que bien sûr, les idées s’empilent encore, et encore, et encore ! Mais il me faut un endroit pour réaliser ça, alors tôt ou tard il y aura bel et bien quelque chose où je pourrai être aussi créatif que je le veux, c’est certain.
M.: En tant que musicien, quelles sont vos influences ?
J. L.: Il y en a tellement ! J’écoute des genres de musique très différents, depuis AC/DC jusqu’à In Flames avec tout ce qu’il y a entre les deux.
M.: Ca reste très « hard-rock et autour »…
J. L.: Oui, peut-être. En « hard-rock » aujourd’hui j’aime beaucoup Paul Gilbert aussi. Au fil des ans je suis passé par… beaucoup de choses, comme tout le monde. Comme changer de groupe préféré, toutes ces choses. Bien sûr j’ai commencé avec Scorpions et AC/DC, puis j’ai découvert Iron Maiden, Helloween… Je suis un peu plus ouvert maintenant, par exemple j’aime beaucoup un groupe qui s’appelle The Talent : quelqu’un qui écoute strictement du metal détesterait ce groupe, mais je trouve qu’ils sont uniques, qu’ils ont un son unique, c’est pour ça que je les apprécie. Je ne peux pas dire que j’écoute du power metal traditionnel, tout ce que je peux dire c’est que j’aime la musique rock à guitares. Ce qui couvre tout ce qui peut exister depuis AC/DC jusqu’à Slayer.
M.: Puisque vous avez dit adorer improviser, est-ce que vous le faites aussi en concert, ou est-ce que c’est limité aux séances d’enregistrement ?
J. L.: En concert, il n’y a pas vraiment d’occasion pour improviser. L’occasion vient plutôt en studio, quand vous travaillez sur un arrangement qui n’est pas encore fixé. Mais pour ce qui est des concerts, bien sûr, vous voulez jouer les chansons en restant aussi proche que possible de la version CD, si bien que vous avez une très, très petite marge. Je pense que c’est surtout centré sur les solos de guitare, là vous pouvez improviser des petites choses ici et là, mais la base doit rester là. Surtout quand il y a deux guitaristes. Si Dirk et moi arrivions un soir en disant : « ok, maintenant on va commencer à improviser ! »… si nous commencions tous les deux à improviser en même temps, le résultat serait assez affreux. (rires) Les gens ne diraient pas : « oh, c’était la vraie chanson ! », mais plutôt : « ils ont joué n’importe quoi, ils ont complètement détruit la chanson ! »… il faut faire attention à ça.
M.: Un dernier mot pour les lecteurs, ou quelque chose que vous souhaitez dire mais que j’ai oublié de demander ?
J. L.: Eh bien ! Merci pour votre soutien jusque là, et nous allons continuer à faire de notre mieux pour pour rendre le groupe, sa musique et nous-mêmes heureux.
-Entretien réalisé par Polochon le 6 juillet 2011. Photos par Polochon.-
[Chronique d'Age Of The Joker d'Edguy.]
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