Archive for septembre, 2011

Avec Communion, Septicflesh avait fait un retour remarquable. Il s’agissait à mon sens d’une belle réussite, doublée d’une grosse claque : cet album avait pris une bonne place dans mon top 10 de l’année 2008. Dire que j’attendais avec impatience son successeur relève donc de l’euphémisme. Mais c’est aussi avec une légère appréhension que j’accueillais The Great Mass…C’est souvent le cas quand un album nous marque : on a peur que son successeur ne soit pas vraiment à la hauteur. Mais en sachant que le groupe avait fait appel au grand Peter Tägtgren pour produire ce nouvel album, et que le Prague Filharmonic Orchestra était de la partie, on pouvait s’attendre à un opus marquant.
 
Mais je vais être honnête : je reste encore aujourd’hui, après de très nombreuses écoutes, sur un sentiment quelque peu mitigé. Le travail effectué sur The Great Mass est indéniablement époustouflant au niveau des orchestrations, à ce niveau on s’en prend plein la tronche, si tant est qu’on soit amateur. Septicflesh a placé la barre très haute en ce qui concerne le côté épique, grandiloquent et classieux : la collaboration avec l’orchestre philarmonique de Prague est belle une réussite, une fois de plus. J’irais même jusqu’à dire qu’il s’agit là de l’album le plus ambitieux du groupe à ce niveau. La production est également une réussite indéniable, qui met bien en valeur tout ce travail d’orchestration. Le père Tägtgren nous met une fois de plus une bonne claque tant le boulot est impressionnant : une écoute au casque devrait suffire à vous mettre d’accord. Puissance, profondeur, et précision, la prod est taillée sur mesure pour faire ressortir toute la théâtralité des compos de ce nouvel album, et l’osmose entre l’orchestre et le groupe est optimale. 
 
Là où je reste tout de même déçu, c’est sur le manque de brutalité purement Metal de cet album. Communion, tout comme les albums précédents, nous donnait quand même droit à de bons tabassages en règles, avec quelques morceaux bien virils, et indéniablement extrêmes. The Great Mass manque de gros riffs accrocheurs, et j’ai trop souvent le sentiment que les guitares, la basse et la batterie ne sont là que pour soutenir les orchestrations alors que ca devrait être le contraire, non ? Je m’attendais à un album clairement plus viril, plus bourrin, plus…Death Metal quoi, à la façon des précédents albums, qui tout en étant très théâtraux, très grandiloquents, gardaient leur allégeance au Metal extrême clairement prépondérante. Avec The Great Mass, les grecs font un pas de plus vers les orchestrations et soignent particulièrement les ambiances, mais s’éloignent de ce fait un peu de l’aspect Death Metal. Cet album manque de guitares, pour moi, c’est évident. Notons également que le chant clair de Sothiris est ici moins sollicité que sur le précédent album. De plus, j’ai l’impression d’une légère irrégularité concernant la qualité de l’ensemble : un morceau comme « Rising » n’est, à mon avis, pas du même niveau que le reste, et se démarque de ce fait des autres compos. Cependant, il faut être clair sur le fait que toute chose est relative : même si The Great Mass me déçoit un peu par certains aspects, peu de groupes seraient capables de nous proposer un tel album. Même quand Septicflesh se montre perfectible, il reste un groupe à part, au dessus du lot dans son style.
 
Avis mitigé donc, sur ce huitième album de Septicflesh où les orchestrations somptueuses et le traitement du son dantesque semblent avoir pris le pas sur le reste, notamment sur les guitares qui sont ici trop discrètes à mon goût. L’ensemble reste d’un très bon niveau, mais j’ai l’impression que Septicflesh aurait pu aller plus loin. J’écoute cet album avec plaisir et je me délecte même de certains passages, sans pour autant avoir le sentiment de me prendre de grosses claques comme ce fut le cas sur Communion ou Sumerian Daemons.
 
Sheol (07,5/10)
 
Site Officiel: www.septicflesh.com/
 
 
Season of Mist / 2011
Tracklist (43:35 mn) 1. The vampire from Nazareth 2. A great mass of death 3. Pyramid God 4. Five-pointed star 5. Oceans of grey 6. The undead keep dreaming 7. Rising 8. Apocalypse 9. Mad architect 10. Therianthropy

 

Mastodon – The Hunter

Chroniquer un album de Mastodon est une épreuve. On ne peut pas s’attaquer à une plaque de ce groupe comme on le ferait avec n’importe quelles autres formations. Le statut acquis par Mastodon en dix ans, la richesse musicale de chaque album et l’évolution qui a été la leur, rendent le ressenti, l’analyse et la critique complexes. Mais « lourde est la couronne », et « The Hunter » est, en plus, un album qui était attendu depuis que l’album précédent a déchaîné l’auditoire du groupe et la critique. En écrivant « Blood Mountain » puis « Crack the sky », Mastodon est passé du statut de « groupe pour initiés » à celui de « monument » aux yeux d’une presse et d’un public métal qui a quasi unanimement encensée à grand coup de superlatifs ces albums. Le dernier nommé qui restera certainement dans le top 20 des albums de metal à posséder pour beaucoup d’adeptes. 

Une épreuve donc pour le groupe d'Atlanta car il est souvent plus compliqué de conserver ce genre de statut que de surprendre un auditoire qui ne s’attend pas à ramasser une gifle. On attendait donc beaucoup de la bande emmenée par Troy Sanders .
En entamant l’écoute de « The Hunter » on doit d’abord essayer, autant que possible, de s’y plonger comme pour une plaque à part entière, et non comme le successeur d’un grand frère superstar. C’est difficile, très difficile. C’est comme partir en vacance en allant juste à côté d’un endroit où on a passé de très bons moments. On est excité, mais on aussi très peur d’être déçu. J’y vais, je me lance et je vous raconterai où je suis allé. 
 
Ow, oW, OW !!!!! C’est chaque fois la même chose, quand on se plonge dans ce genre d’univers, on  en sort tout chamboulé. Choses promises choses dues. Voici un récit de voyage dans la contrée nommée « The Hunter ». 
Pour ceux qui aurait peur que Mastodon n’ait succombé aux chants des sirènes du succès, autant ne pas faire durer le suspense… il n’en est rien. « The Hunter » est bel et bien un album fabriqué de ce bois et de cette hargne qui a fait du groupe ce qu’il est devenu. Mais des surprises, il y en a. 
 
Pour bien comprendre cet album, je pense qu’il est nécessaire de prendre toute la discographie du groupe en compte. De Remission à Crack the Sky, Mastodon a évolué, proposé, assumé bon nombre de choix. Sur ce nouvel opus, il semble que l’idée directrice n’ait pas changé : proposer quelque chose de cohérent avec la musique qu’ils produisent depuis leur début sans pour autant se répéter. On trouve, au travers des 13 titres de The Hunter, une mosaïque d’éléments qui sont les fondamentaux de leur discographie. La richesse musicale est donc toujours bien au rendez-vous. 
 
« Black tongue » met le pied à l’étrier et le moins que l’on puisse dire c’est que les choses sont claires dés le départ, on n’est pas là pour rire. La patte de la bête est profonde et reconnaissable entre milles. Les choses continuent de plus belle avec un « Curl of the burl » plus en mid-tempo et avec des riffs de guitares à la fois gras et savamment étudiés. "Blasteroïde" clôture cette première partie de l’album en accélérant la cadence, en rendant le propos plus dur, un morceau taillé pour la scène qui fera certainement très mal. Après ce trio de pattes dans la tronche, la surprise est certainement moins située au niveau des instruments qu’à l’écoute des voix. Les mélodies sont plus directes que sur Crack the sky. Qu’on ne s’y trompe pas, « directe » ne signifie pas « facile », mais après quelques écoutes, elles ont déjà fait leur chemin et ont commencé à s’imprimer sur la paroi des tympans.
 
« Stargasm » et «Octopus has no friends » entament une série de titres plus en rapport avec l’identité qu’ils ont développés sur Crack the sky. "All the heavy lifting" amène une intensité et une urgence qu’on n’avait pas encore atteinte sur cet album. Et comme c’est souvent le cas, après l’urgence vient la bouffée d’air. Le titre qui a donné son nom à l’album propose des mélodies et des rythmiques plus posées et plus lancinantes.
 
Les vraies surprises commencent avec "Dry Bone Valley". Brann Dailor fait sa première vraie apparition à la voix. On peut d’ailleurs saluer son jeu de batterie qui est une nouvelle fois irréprochable sur tout l’album. Même si ce sont souvent les guitares qui sont mises à l’honneur, c’est aussi à ce batteur que Mastodon doit une partie de son succès tellement les rythmiques qu’ils proposent sont fines, adaptées et techniques. "Thickening" joue sur des jeux de voix multiples et les plages de guitares qui s’entrecroisent. "Creatures Lives" est un peu le morceau ovni de l’album. Après une intro à la limite de l’expérimental, il part dans un voyage musical très osé. Les guitares sont limites lyriques et flirtent avec des mélodies dignes d’hymnes nationaux. Une nouvelle fois, Mastodon surprend et ne se repose pas sur ses acquis. Même si certaines choses sont plus difficiles à digérer, c’est en écoutant l’album dans son entièreté que l’on peut réellement comprendre l’intérêt de chaque morceau. 
 
Après avoir visités des contrées bigarrées, "SpectreLight" revient à l’essence même du groupe sur un tempo ravageur et met tout le monde d’accord. "Bedazzled Fingernails" mélange urgence, changement de tempo, travail de voix, et riffs de guitares complexes. Enfin "The Sparrow" met fin au voyage en douceur dans une ambiance progressive.
Que pouvait-on espérer de Mastodon après Crack the Sky ? Mon avis est que la réponse se trouve dans The Hunter. A mon sens, plus de la trempe de Blood Mountain, cet album ose, rend le propos de Mastodon parfois plus accessible sans galvauder la richesse musicale qu’ils ont toujours pris soin de garantir. Ils sont rares ces groupes qui cherchent à se renouveler, parfois l’intention ne suffit pas, mais ces 5 là connaissent leur affaire et savent comment rendre un propos cohérent tout en évoluant. 
 
Kadaf (09/10)
 
Roadrunner / 2011
 
Tracklist :
1. Black tongue 2. Curl of the burn 3. Blasteroïd 4. Stargasm 5. Octopus has no friends 6. All the heavy lifting 7. The hunter 8. Dry bone valley 9. Thickening 10. Creature lives 11.Spectrelight 12. Bedazzled fingernails 13. The sparrow

 

Atriarch – Forever The End

oshy_25092011_AtriarJe ne sais pas vous, mais j’ai bien cru que j’allais m’emmerder ferme pendant toute la durée de ces quatre titres… heureusement, Atriarch ne s’enferme pas dans un Doom lent et plombé, mais nous propose également quelques folles échappées qui viennent un peu nuancer le propos. Et c’est tant mieux car si j’avais eu affaire à 36 minutes dans la lignée du premier morceau, je ne sais pas comment j’aurais pu échapper à une sieste imprévue. 

Au menu de ce premier EP, Atriarch nous propose des compos longues et lentes, sorte de mélange entre un Doom lent et plombé passé au filtre d’un Black versatile, avec une voix d’outre tombe, semblant venir de très loin en échos et quelques arpèges distordus. Niveau ambiances, Forever The End est réussi : c’est noir, malsain et carrément plombant, et c’est justement ce qui rattrape le manque cruel de puissance de l’ensemble. Car au-delà d’une prod assez moyenne (manque de moyens quand tu nous tiens !), ce premier Ep d’Atriarch nous propose une musique assez intéressante, même si elle ne casse pas des briques. Forever The End s’adresse avant tout, à mon avis, aux amateurs de tempos ultra lents et de son qui grésille. Je ne cible pas avant tout les fans de Doom, car le groupe ne se réduit pas à cela : il y a un arrière goût Drone et presque atmosphérique là dedans, dont la caractéristique principal repose sur ce chant venu d’ailleurs, lui-même lent et pour ainsi dire dépressif, scandé comme une incantation. Cela dit, on aimerait parfois que le chanteur s’énerve un peu et nous propose des lignes de chant un peu moins monotones, comme il le fait sur la fin de « Downfall ». Le clavier ne viendra pas vraiment casser la monotonie qui s’installe rapidement, car il n’est utilisé que très rarement. Idem pour le piano qui n’apparait hélas que trop rarement, alors qu’il aurait pu apporter beaucoup aux compos.

Alors que les premières écoutes furent laborieuses et pas vraiment convaincantes, je ne peux qu’avouer qu’avec le temps et un peu de recul, l’ensemble passe un peu mieux. Il ne faut pas s’arrêter à la première impression avec ce genre de groupes, mais au contraire persévérer. Cela dit, le temps ne jouera pas en la faveur d’une batterie à qui la variation fait cruellement défaut. Non je le répète, l’intérêt majeur d’un tel EP réside avant tout dans les ambiances, les compos sont quant à elles assez répétitives et monotones.

Sheol (06/10)

http://atriarch.bandcamp.com

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Seventh Rule Records – Clawhammer PR / 2011

Tracklist (36 mn) 01. Plague 02. Shadows 03. Fracture 04. Downfall