Gotthard n'est pas un groupe en convalescence. Loin de là. Malgré la tragédie qui a touché le groupe prenant la forme du décès de l'emblématique Steve Lee, le groupe suisse a réussi à se reconstruire, à trouver un nouveau chanteur, à enregistrer un très bon nouvel album et à nous éblouir de classe et d'énergie ce soir à la Cigale. On remarquera d'abord que même si la Cigale n'était pas pleine à ras bord, l'affluence était importante ce 21 octobre. On ne peut que se féliciter de ce changement de taille après deux concerts au Nouveau Casino et à la Maroquinerie lors des tournées précédentes. En France, Gotthard semble bel et bien avoir récupéré une partie de la popularité qui l'avait vu jouer à l'Élysée Montmartre dans les années 90. 

Mais réglons d'abord le plus désagréable : la performance en première d'Incry. Bien que pas formellement incompétent, le groupe n'avait rien à faire en première partie de Gotthard. Jouant longtemps (presque une heure) son rock hard moderne pauvrissime doté de parties chantées particulièrement pénibles, il a surtout su profiter de la grande patience du public Gotthard. Il y avait sur la scène française bien d'autres groupes plus indiqués pour ouvrir ce soir.

Passons à l'essentiel. Je n'avais pas trop d'appréhension lors de la montée sur scène de Gotthard. Je savais depuis leurs nombreux live et notamment le concert du Trabendo auquel j'avais assisté pour la tournée Lipservice, à quel point le groupe était impressionnant sur scène. Gotthard comme les grands groupes de scène (Deep Purple, Iron Maiden…) est impressionant par sa capacité à combiner la maîtrise technique, la mise en place, la spontanéité et la fraîcheur. Je m'interrogeais juste sur la capacité de Nic Maeder – déjà bon sur album – à relever le défi d'une prestation vocale de Gotthard en live. Je n'ai pas été déçu. Malgré un registre de voix moins haut perché que Steve Lee, le chant de Maeder s'adapte bien aux anciennes chansons. 

J'avais lu que Nic Maeder, bien que au point vocalement, manquait encore un peu d'assurance. Il n'en est plus rien. Particulièrement à l'aise grace à sa maîtrise du français (je cite : « On ne va pa s'emmerder avec l'anglais ! »), Maeder réussit à créer tout de suite un lien immédiat avec le public parisien. Ce fut net sur les deux puissants morceaux d'ouverture : « Dream On » et « Gone Too Far ». Mais surtout sur le nouveau single « Starlight », qui vit une très belle intervention du public lors des couplets. Et lorsque Leo Leoni joua par de nombreuses vannes avec le public ou organisa le concert du second guitariste, Freddy Scherer, la bonne humeur fut à son comble. 

Car s'il faut féliciter le groupe pour sa prestation haut de gamme, il faut dire que le public fut à l'avenant. Totalement en transe, chantant à tue-tête, scandant le nom du groupe à tout va, la joie d'être là fit plaisir au groupe qui sembla franchement touché d'un tel attachement. Il faut dire que la setlist était construite pour satisfaire un public de « connaisseurs », acclamant évidemment les single du groupe « Anytime, Anywhere », « Lift U Up », « Moutain Mama », mais aussi des classiques du groupe tels « Sister Moon », « Fist In Your Face » ou « Ride On ». Les ballades furent donc assez rares et la fastidieuse « Heaven » nous fut évitée au profit l'incontournable « One Life One Soul » (sur laquelle Maeder nous fit part de son émotion en chantant ce morceau) et de quelques chansons lentes de de Firebirth. J'ai déjà expliqué que j'aimais beaucoup ces ballades et donc je ne vais pas me plaindre. Peut-être pourrait-on reprocher au groupe d'avoir par trop insisté sur son nouveau album en en proposant sept extraits au détriment que quelques titres cultes (« Firedance » et « Let It Be » voire « Angel »), mais l'énergie pour jouer « Fight » ou « The Story's Over » justifia finalement ce choix.

Les rappels furent évidemment des moments de folie, l'enthousiasme du public incitant Leo Leoni et les siens à interpréter un morceau non prévu : la reprise de Bob Dylan « Mighty Quinn », tout à fait transformée par Gotthard au point d'en faire un brulôt qui transforma la Cigale en un vrai lieu de communion musicale. Le 21 octobre 2012, ce n'est pas à un simple concert que nous avons assisté, mais à une résurrection scénique. Ni plus ni moins. 

Baptiste 

 

Son : Bon et agressif. Bien plus « hard rock » que « rock ».
Lumière : De bonne qualité
Affluence : Bonne. Même si les balcons n'étaient pas ouverts, l'affluence était importante remplissant la fosse et les fauteuils de rez-de-chaussée.
Ambiance : De folie.
Moments forts : Les premiers couplets de « Starlight » qui montraient que le public adhérait totalement au nouvel album. Le second rappel non prévu.


Setlist : 

1. Dream On
2. Gone Too Far
3. Starlight
4. Top Of The World
5. Remember It's Me
6. Sister Moon
7. Fight
8. Hush
9. One Life One Soul
10. Shine
11. The Story's Over
12. Fist In Your Face
13. Give Me Real
14. Tell Me
15. Mountain Mama
16. Ride On
17. Lift U Up

Rappel 1 :
18. Master Of Illusion
19. Anytime Anywhere

Rappel 2 : 
20. Mighty Quinn

Soit :
Gotthard (1)
Dial Hard (1)
G (5)
Human Zoo (1)
Lipservice (3)
Domino Effect (2)
Firebirth (7)