Voodoo Circle – Alex Beyrodt (2013)
Posted by PolochonFév 23
MetalChroniques : Tu es, et tu as été, dans beaucoup de projets et de groupes, alors que cherches-tu à concrétiser avec Voodoo Circle, musicalement ?
Alex Beyrodt : De l’argent ! Non, sérieusement… si c’était le cas, je ferais du hip-hop ou de la pop. J’ai lance Voodoo Circle parce que je voulais avoir un groupe qui jouerait la musique des groupes avec lesquels j’ai grandi. Surtout qu’on n’entend plus ce genre de musique aujourd’hui. Egalement, je voulais avoir dans le groupe des musiciens qui seraient capables d’improviser sur scène, de manière à ce que chaque soir, chaque concert serait différent : parfois telle chanson dure quatre minutes, et parfois c’est quinze minutes, selon le « feeling » de la soirée. Ces idées sont à la base de Voodoo Circle.
M.C. : Donc régulièrement, en concert, vous allez complètement dans l’improvisation ?
A.B. : Oui. Nous avons une set-list, mais personne ne sait jamais combien de temps ça durera vraiment ! D’ailleurs parfois c’est un problème, quand nous jouons dans des festivals surtout : il y a des horaires imposés très précis, et… « nous avons déjà joué trois chansons, et nous devons terminer le concert, ouah ! »
M.C. : Ce nouvel album a toujours quelque chose des années 70, mais il y a aussi quelque chose des années 80 qui se dégage très nettement. Est-ce que c’était intentionnel, dès le départ ?
A.B. : Pas du tout, à vrai dire. Ca s’est juste avéré comme ça. C’est probablement lié à la manière avec laquelle nous avons produit l’album et au matériel que nous avons utilise. Par exemple je suis passé d’une Stratocaster à une Les Paul [deux types de guitares] : elles ont un son différent et la manière d’en jouer aussi est différente. Grâce à ça, j’ai pu avoir une approche totalement différente des chansons.
La manière d’écrire les chansons a un peu changé, aussi. Quand j’ai commencé à enregistrer et à sélectionner des riffs de guitare, tous mes riffs étaient influencés par des groupes des années 80. Au bout du compte, j’avais trente-cinq chansons ou idées, parmi lesquelles j’ai sélectionné 14 titres. Mais il ne faut pas croire que je me suis assis en me disant que j’allais écrire « un album des années 80 », ça n’est pas le cas du tout.
M.C. : Mais aussi… par exemple, les instruments en eux-mêmes ont souvent un son très « années 70 », particulièrement les claviers, mais en même temps les arrangements font extrêmement « années 80 » ?
A.B. : Tout à fait, et… est-ce que c’est bien ou mal ? Sois honnête, ça te plaît ou non ?
M.C. : Je ne sais pas vraiment ? J’aime bien la musique des années 70 [enfin, pas certains des groupes qui l’influencent visiblement, mais passons], j’aime bien la musique des années 80 et… Pour dire les choses différemment : le premier album de Voodoo Circle était énormément influencé par Malmsteen…
A.B. : Oui. Et c’était intentionnel.
M.C. : Le deuxième était extrêmement tourné vers les années 70, en général, dans la musique comme l’atmosphère…
A.B. : Tout à fait, tu as bien fait tes devoirs !
M.C. : Mais je connais ces albums, je ne suis pas tombée dans le metal il y a deux semaines ! [on peut être une fille, ressembler à tout sauf à une metalleuse ET écouter du metal depuis longtemps, dediou !] Et au final, je parle juste de l’évolution du groupe. Par exemple, puisqu’on est passé aux années 80 sur cet album, pourquoi pas pour le prochain…
A.B. : Les années 60…
M.C. : Pourquoi pas, mais ça serait difficile pour du metal !
A.B. : Pas d’années 90 ! Cette période est très mauvaise pour la musique rock.
M.C. : Pourquoi ?
A.B. : Le grunge, ils ont tout tué ! Enfin, ce qui est drôle c’est qu’aujourd’hui je comprends le grunge, et je peux l’apprécier. Mais à l’époque, je détestais ça !
MC. : Il y a aussi beaucoup moins d’influences neo-classiques, pour ne pas dire qu’elles ont disparu : est-ce qu’elles ont fini par vous lasser, ou c’est juste que là pour cet album elles n’étaient pas nécessaires ?
A.B. : J’ai été influencé par Ritchie Blackmore pendant toute ma vie. Si j’ai commencé à jouer de la guitare, c’était justement par rapport à Blackmore et Jimmy Hendrix : c’est toujours présent dans mes racines musicales. Mais comme je l’ai déjà dit, j’ai changé de guitare pour ce nouvel album, j’utilise une Les Paul sur ces chansons. Or, on joue différemment sur une Les Paul ! Une Les Paul a beaucoup plus de « sustain » [anglicisme, revient à dire qu’on tient mieux une note avec une Les Paul], un son beaucoup plus « gros » et « gras ». C’est l’opposé avec une Stratocaster, si bien qu’on a toujours envie de jouer plus, on ne cherche pas à faire tenir une note. Avec une Les Paul, on peut tenir une note, boire une bière, et puis une autre, et la note ne bouge pas ! En tant que musicien, ça donne l’opportunité de jouer différemment. Pour ma part, j’ai commencé à jouer moins de notes, à faire des choses plus mélodiques, j’ai utilisé des sons différents et après avoir joué avec une Stratocaster pendant 25 ans, je suis tombé amoureux des Les Paul ! Et ça représente un énorme changement !
M.C. : En effet, j’ai lu beaucoup d’interviews où tu proclamais ton amour éternel et inconditionnel pour les Stratocaster …
A.B. : Oui, et c’est toujours le cas. Quand j’ai ma Strat’, je me sens chez moi. Mais il y a plus d’un chemin vers chez soi ! [ahlala, le charme d’une amante… tous pareils !] Et puis… une Les Paul, ça se tient assez bas, alors qu’une Strat’ on peut la porter en haut : le bras est forcément un peu tendu sur une Les Paul, et on ne peut pas jouer tous ces trucs plus en « feeling » ou plein de virtuosité. Enfin, certains y arrivent, mais moi pas ! Si bien que je dois me limiter, ça m’oblige à jouer ce qui est vraiment nécessaire ; d’une certaine manière, je joue avec plus de « feeling » aussi.
M.C. : Au final, cet album nous rappelle quand même beaucoup d’autres groupes, passés : à tes yeux, comment faut-il définir « le son de Voodoo Circle, et lui seul » ?
A.B. : C’est toujours difficile d’expliquer la musique en mots… Je dirais « la combinaison parfaite entre Deep Purple, Whitesnake, Rainbow et Led Zeppelin ».
M.C. : Pourquoi pas… mais donc, ça se limite à citer des groupes ?
A.B. : Oui, oui… je veux dire, pour ma part, évidemment, je suis très influencé par ces groupes-là. Notre groupe est comparé à ces groupes-là d’ailleurs, et c’est exactement ce que nous voulons : nous voulons sonner comme eux, il n’y a absolument rien de mal à ça ! Surtout que pour moi, ce sont les plus grands et les meilleurs groupes au monde ! Je suis doué pour écrire des chansons dans ce style, avec ce « feeling », probablement parce que j’ai grandi avec cette musique, et quelque part c’est intentionnel : je veux prendre le meilleur de Deep Purple, le meilleur de Rainbow, le meilleur de Whitesnake, tout cuisiner ensemble, et au final on obtient Voodoo Circle. Je pense que c’est une bonne manière de résumer ça.
M.C. : Quelles sont tes influences, guitar-heroes exclus [puisque si on ne précise pas, il parle -toujours- de guitar-heroes] ?
A.B. : [après un long temps de réflexion] A propos de musique uniquement, ou dans la vie en général ?
M.C. : Ca peut être pour la vie en général, comme ça t’arrange.
A.B. : Alors disons que j’aime ce qui est anticonformiste, ou non-conformiste. J’aime les gens et les artistes ouverts d’esprit, c’est certainement mon influence principale, de manière générale.
M.C. : Peux-tu citer un exemple ?
A.B. : Eh bien, c’est d’ailleurs lié au titre de l’album, j’aime bien les gens qui agissent de manière inattendue, ça permet de découvrir des choses nouvelles. La société nous dit que si on veut faire ci, il faut agir de telle manière. Sauf que rien n’oblige à faire les choses de cette manière juste parce que la société le dicte ! Vous pouvez aussi le faire à votre manière, faire des erreurs, apprendre de vos erreurs, peut-être apprendre quelque chose de nouveau en chemin, et même réussir à atteindre votre but initial. « Il y a plus d’un chemin vers chez soi » [There’s More Than One Way Home, titre de l’album]. C’est comme ça que je vis, c’est ce que j’apprécie.
Aaah ! Je sais ce dont tu voulais me faire parler !
M.C. : Je n’en ai pas la moindre idée moi-même !
A.B. : C’est un écrivain, un écrivain célèbre, et son livre L’Alchimiste a complètement changé ma vie.
M.C. : Qui est-ce ?
A.B. : Paulo Coelho, un brésilien. En résumé, ce livre parle de la pensée positive, de la manière avec laquelle nous pouvons avoir une influence sur nos vies en pensant de manière positive. C’est vraiment très résumé, « le livre en une phrase ». Ce livre m’a beaucoup aidé dans des périodes difficiles de ma vie et m’a complètement changé. C’est une très bonne et très grande influence pour moi.
M.C. : Au bout du compte, tu joues et as joué dans des groupes et projets aux styles très différents. Mais une fois chez toi, quand tu prends une guitare au hasard, qu’est-ce que tu préfères jouer ? Les trucs plus « lourds » à la Primal Fear, ou les trucs plus blusy / hard-rock classique à la Voodoo Circle ?
A.B. : Des choses bluesy. Quand je prends une guitare et que je joue ce qui me passe par la tête, je joue des riffs influencés par Hendrix, surtout.
M.C. : Malgré tout, tu as d’abord été connu pour des groupes plutôt « heavy ». Alors… si tu préfères jouer des trucs plutôt bluesy, qu’est-ce qui t’a amené à rejoindre voire monter ces groupes plus « heavy » ?
A.B. : Tout a commencé avec le heavy-metal. J’ai grandi dans les années 80, ou à la fin des années 70, et je voulais devenir un guitariste de heavy-metal. C’est comme ça que je suis devenu un musicien de heavy-metal, et je le suis toujours. Mais après joué du heavy-metal pendant… non, je ne te dirai pas quel est mon âge, disons « depuis si longtemps », j’ai commencé à m’ennuyer. Faire la même chose, sans arrêt… C’est là que j’ai commencé à m’ouvrir à d’autres styles, en les écoutant et en essayant de les jouer. Grâce à ça, j’ai découvert mon amour pour tout ce qui est bluesy. Ca doit faire six ans maintenant ?
M.C. : Oh, donc c’est très récent…
A.B. : Oui.
M.C. : Pourtant, tu as dit avoir été influencé par Hendrix et Blackmore avant tout, et je doute que tu les aies découverts il y a six ans seulement ?
A.B. : Non, bien sûr. C’est par rapport à eux que j’ai commencé à jouer de la guitare, mais malgré tout j’étais toujours dans des groupes de heavy-metal, où il n’y avait pas d’occasion pour jouer dans ce style. Il fallait jouer ce qui était nécessaire pour les chansons, c’est très technique en fait. Et il ne faut pas se méprendre, j’adore jouer ce style même aujourd’hui, j’adore jouer avec Primal Fear : dès que l’on commence une tournée, je suis le type le plus heureux du monde ! Mais pour moi, écrire des chansons dans le style de Voodoo Circle a quelque chose de plus naturel, c’est plus facile pour moi, c’est plus dans mes gènes.
M.C. : Dans ce cas, est-ce que ça pourrait être une des raisons pour lesquelles Silent Force [groupe précédent de Beyrodt, très teuton aussi, mais moins mono-neural que Primal Fear] a arrêté ses activités [aucune séparation n’a jamais été annoncée, mais le groupe n’a plus aucune actualité depuis 2007… sans réelle explication] ?
A.B. : Il y a beaucoup de raisons pour lesquelles j’ai gelé Silent Force dans de la glace. Tout a commencé avec des histoires personnelles, pas que les miennes mais aussi pour les autres membres du groupe. Ensuite, André [Hilgers], le batteur, a rejoint Rage [en 2007, il y est toujours] si bien qu’il était très occupé, de mon côté j’ai déménagé vers les Iles Caraïbes, c’était très sympa là bas…
M.C. : …mais très loin !
A.B. : Plutôt, oui ! Après j’ai rejoint Primal Fear [il les a d’abord accompagnés sur scène pendant quelques années, avant de les rejoindre officiellement en studio etc. en 2012]… et le timing n’était pas bon, tout simplement ! Je dois aussi dire que je n’étais plus très content de certains des membres du groupe, à cause de leur attitude : ça m’a fait perdre un peu d’énergie. J’avais l’impression de faire tout le boulot, et personne n’en était reconnaissant. Vraiment ! Une année par exemple, et je m’en souviens de manière très précise, j’étais dans mon studio en sous-sol, enfermé dans le noir, aucune lumière du jour, pendant l’été entier. Pendant ce temps, certains des autres membres du groupe étaient partis en vacances, s’étaient reposés le long de la piscine… et j’écrivais des chansons, j’ai écrit un album entier. A la fin de l’été, je leur ai fait passer ces chansons, en leur disant : « ok les gars, voici les chansons pour le nouvel album. » Et là, ils m’ont dit qu’ils voulaient aussi avoir leur part dans l’écriture des chansons.
– « Pardon ? »
– « Oui, nous sommes un groupe, et nous devrions partager tout ça, entre nous cinq. »
– « Euh… pourquoi ? »
– « Eh bien, parce que nous sommes un groupe ! »
– « Oui mais… j’ai écrit toutes les chansons ? Pendant que vous étiez en vacances ? Et j’étais dans ce p***** de sous-sol ? »
A ce moment-là, j’ai perdu l’énergie et la confiance que j’avais dans ce groupe. Avant ça, nous nous considérions comme des amis, nous luttions ensemble pour acquérir le succès, la célébrité, l’argent, les filles, tous ces trucs cools liés au rock’n’roll ! Mais là, j’ai commencé à me dire que les choses ne tournaient pas rond : ils ne me donnaient pas leur argent quand ils allaient travailler, alors pourquoi est-ce que je devrais céder ? J’ai raison, n’est-ce pas ?
M.C. : Oui, enfin, ça représentait une énorme déception après tout…
A.B. : Tout à fait, Dieu m’a donné ce talent, mais c’est à moins de travailler dur pour concrétiser ce talent, pour créer de meilleures chansons.
M.C. : Malgré tout, si les autres membres étaient venus te voir avant que tu ne t’enfermes dans ce sous-sol, pour te proposer des chansons ou des idées de chansons, les aurais-tu refusées ou…
A.B. : J’ai -toujours- dit à tout le monde : « apportez-moi vos idées, on travaillera là-dessus ! » J’ai même acheté un ampli pour guitare pour le donner à l’un d’eux : « voilà un ampli pour guitare, je sais que tu as une guitare électrique, écris des riffs ! » Résultat ? Même pas un seul. Ca aussi ça a été une déception, et ça a fini par ne plus m’intéresser. D’autant que j’ai commencé à jouer avec Primal Fear après, et que j’avais déjà lancé Voodoo Circle avant ça.
Mais maintenant, je recommence à écrire pour Silent Force et je souhaite sortir un nouvel album.
M.C. : Il serait temps…
A.B. : Oui, je sais. Beaucoup de gens me le demandent. Mais ! Le groupe sera complètement différent. Du groupe d’origine, ne resteront qu’André, le batteur, et moi. Tout le reste sera différent. Au final ça sera un groupe différent : nous verrons bien ce que les gens en pensent.
M.C. : Et est-ce que tu as une idée de la période dans laquelle cet album sortira ?
A.B. : Eh bien, mon intention première était de le sortir cet automne, mais je peux déjà dire que ça n’arrivera pas ! Si bien que maintenant je parle de la fin d’année… mais il vaut sans doute mieux tabler sur le début d’année prochaine. Espérons ! Mon emploi du temps pour cette année est absolument dingue…
M.C. : J’ai lu que tu possèdes environ quarante guitares… penses-tu que ça soit suffisant ?
A.B. : Non ! Personne ne possède jamais assez de guitares ! C’est comme les chaussures : on n’en a jamais assez !
M.C. : C’est quelque chose que je ne comprends jamais avec les guitaristes. Par exemple, j’ai un ami qui a sept guitares, ou plutôt un modèle dans sept couleurs différentes [véridique]…
A.B. : Oui, et elles sont toutes différentes ! Elles ont un son différent [j’admets, ces sept guitares sont aussi accordées différemment… m’enfin même quoi !], on en joue différemment, elles ont un look différent, leur odeur est différente…
M.C. : …bien sûr !
A.B. : Et elles t’enflamment de manière différente ! Comme des chaussures ! Combien de paires de chaussures as-tu ?
M.C. : Pas tant que ça en fait… pour une fille.
A.B. : J’en ai environ quarante paires aussi, de chaussures je veux dire. J’adore les chaussures… j’en ai peut-être plus, d’ailleurs ! Vraiment, je collectionne l’argent les chaussures et les guitares ; hélas, je n’ai pas beaucoup de succès dans ma collection d’argent, mais je suis très bon quand il s’agit de le dépenser.
M.C. : Comme déjà dit encore, tu as participé à beaucoup de groupes et autres projets : jusque là, lequel a été le plus « frappant » pour toi, qu’est-ce qui te rend le plus fier ?
A.B. : Avoir été le guitariste sur scène pendant deux mois de Ian Gillan [ex-Deep Purple]. C’est quelque chose dont je suis extrêmement fier. En particulier pour la manière avec laquelle il me traitait, les histoires qu’il m’a racontées, les choses qu’il m’a dites, même si je ne peux hélas pas t’en parler. Enfin, je peux t’en raconter, mais tu ne peux pas les écrire ! J’ai aussi joué avec Glenn Hughes [ex-Deep Purple, Black Country Communion actuellement]… et pour lui, je peux te dire ce qu’il m’a dit ! Nous nous sommes rencontrés à l’aéroport de Düsseldorf, près de l’endroit où nous allions répéter, nous ne nous étions jamais vus avant. C’était juste après le premier album de Voodoo Circle, il était question que je devienne son guitariste principal à l’époque [et de mémoire ils feront en effet quelques concerts ensemble], ce qui était… énorme. Evidemment, c’est dans la salle de répétition que nous avons joué ensemble pour la première fois ; nous avons joué « Stormbringer » [chanson de Deep Purple]. Quand nous avons fini la chanson, Glenn m’a regardé en disant :
– « Il faut que je te dise quelque chose… »
Je suis devenu… « oh mon Dieu… je suis viré, ça y est, j’ai été tellement mauvais, ou il n’aime pas ce que j’ai fait, j’ai sans doute fait des erreurs idiotes… » Il a continué à me regarder en disant :
– « Eh bien, je n’ai pas joué avec un guitariste qui utilise une Stratocaster depuis bien longtemps, et tu te débrouilles très bien avec ça : ça me manquait vraiment. Merci beaucoup ! »
Là, je suis devenu… c’était un moment exceptionnel.
Comme avec Ian Gillan, à nouveau : pendant cette tournée, nous jouions « Blind Man » [sans doute « When A Blind Man Cries » de son titre complet] de Deep Purple, où j’avais un solo à faire. Et chaque soir, il venait vers moi et me regardait après le solo en disant [en chuchotant et en faisant une grimace de satisfaction] : « tu es bon. » Et il avait l’air vraiment touché ! Et ça… c’est quelque chose qui ne s’achète pas. Je veux dire, j’ai commencé à jouer de la guitare grâce à Deep Purple, et me voilà sur scène avec ce gentleman, qui me traite tellement bien et c’est… c’est juste génial.
M.C. : Un dernier mot pour les lecteurs, ou quelque chose que tu souhaites dire mais que je n’ai pas demandé ?
A.B. : Ah ! Demande-moi de te parler de la chanson « Alissa », qui est sur notre nouvel album.
M.C. : Très bien, alors que peux-tu me dire sur la chanson « Alissa », pourquoi ce titre ?
A.B. : En fait, j’ai écrit cette chanson pour ma petite amie. Et c’est la première fois de ma vie que j’ai écrit des paroles ! Et j’ai dédié cette chanson à ma petite amie… Parce que, en résumé, ces quatre dernières années j’ai vécu des moments très difficiles dans ma vie privée : je suis passé par un divorce, mes enfants vivent maintenant au Japon et je ne sais pas si je les reverrai un jour… et d’autres trucs encore. J’étais vraiment brisé. Ca n’est pas que j’avais le cœur brisé, c’est juste que j’étais très triste, détruit. Puis j’ai rencontré cette femme, j’en suis tombé amoureux, et elle m’a ramené à la vie d’une certaine manière, elle m’a rendu heureux à nouveau, elle m’a fait retrouver le sourire… c’est pour ça que j’ai écrit cette chanson, pour elle.
M.C. : C’est-y pas mignon !
A.B. : Je sais, et je savais que tu allais adorer cette histoire ! [Allons messieurs, avouez que ça vous chatouille le cœur à vous aussi !]
Propos receuillis par Polochon.
Photos officielles, sauf la photo à l'hôtel (« version peluches ») par Polochon.
Chronique de More Than One Way Home.
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