J’avais lâché l’affaire Machine Head en 2018 avec la déception Catharsis. Enfin, je dis « déception », j’aurais plutôt dû dire « explosion en plein vol suivi d’un back flip dans le fossé le plus proche ». Et en 2022, à la sortie d’Of Kingdom And Crown était sorti, j’avais poliment ignoré l’album. Merde, on sortait de 2 ans de confinement, ma santé mentale remontait péniblement la pente, j’allais pas me saborder en me cognant 70 minutes de Robb Flynn (un bref coup d’œil à un de ses lives confinés avait suffi). Et aujourd’hui, alléché par la durée raisonnable de la galette (on est sous la barre des 45 minutes, une première dans l’histoire du groupe), je me suis penché sur Unatoned.

This house of gold is crumbling.

Robb, tu crois pas si bien dire.

Oui, je sais, je recycle une de mes ficelles de rédaction utilisée dans la chronique de Catharsis mais, une fois de plus, Robb trouve les mots justes pour décrire l’album, que dis-je, la carrière de Machine Head. Putain que c’est pauvre. Putain que c’est MOU. On assiste en direct et au ralenti à la chute vertigineuse d’un groupe qui, au fil des ans, avait su surmonter l’adversité (on se souvient des difficultés rencontrées par le groupe après Supercharger) pour devenir un poids lourd incontournable du Metal énervé.

J’ai beau essayer d’être indulgent, mais aucun titre ne décolle réellement. Le chant manque de mordant (vous aussi, vous trouvez que la voix de Robb semble émoussée sur « Atomic Revelations » ? Adressez-vous à votre organisme de protection des consommateurs pour obtenir une indemnisation)… Et les refrains ? BORDEL, Y’A MOYEN D’AVOIR UN PEU D’AGRESSIVITÉ DANS LES REFRAINS SVP ?

Au niveau des compos, on touche le fond. Machine Head a inventé « le morceau qui dure 4 minutes mais semble en durer 10 ». Un exemple ? « Unbound ». Même pas besoin de lancer un circle pit, s’il y a bien un truc qui tourne en rond, c’est ce morceau. Ça tourne tellement en rond, on dirait un single de Gojira époque L’Enfant Sauvage, mais en moins bien (vous saluerez la performance). Et le plus moche, dans cette histoire, c’est que le groupe parvient, lors de ses trop rares fulgurances fugaces et frustrantes, à entretenir l’illusion que le groupe en a encore sous le pied. Qu’il suffirait d’une étincelle pour que Robb et sa bande reviennent botter des fiacs par paquets de 12 comme à la belle époque. Le fan qui est en moi veut encore y croire. Mais le fan qui est en moi croit aussi que Slayer reviendra un jour pour de vrai. Quel con, ce fan intérieur.

Machine Head ? Machine Dead, plutôt. Ou peut-être une évolution du groupe vers des morceaux plus taillés comme une enfilade de singles pour répondre aux tendances sur le marché du streaming. L’avenir nous dira si ce pari est payant, mais il peine à me convaincre.

3/10

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Nuclear Blast Records / 2025
Tracklist (41:42) 1. Landscape of Thorns 2. Atomic Revelations 3. Unbound 4. Outsider 5. Not Long for This World 6. These Scars Won’t Define Us 7. Dustmaker 8. Bonescraper 9. Addicted to Pain 10. Bleeding Me Dry 11. Shards of Shattered Dreams 12. Scorn