Archive for mars, 2013

Six Feet Under – Unborn

uneburneComme quoi, tout peut arriver sur cette scène Metal où les bonnes surprises se raréfient au fil des ans. Alors que tout se casse la gueule, que même des rocs indéboulonnables comme Slayer montrent des signes de faiblesse ou de dissensions internes, Six Feet Under prend tout le monde à contrepied en proposant son premier album intéressant depuis 1997 et Warpath (eh oui, ça remonte, hein).

Et pourtant, ça commençait plutôt mal pour SFU, avec les départs successifs de Matt DeVries et de Rob Arnold, les deux compères en droite provenance de Chimaira. Niveau beau monde, il ne restait donc que Kevin Talley (dont je me demandais encore pourquoi il perdait encore son temps au sein de ce groupe), bien vite rejoint par Ola Englund, un Suédois de luxe sous le soleil ricain. Ajoutez à cela le rythme de sortie (Undead, le dernier méfait, remonte à moins d’un an) et vous comprenez pourquoi je fronçais le nez à l’idée de me farcir cette galette.

Eh bien, je serais passé à côté de la surprise de l’année. Ni plus, ni moins. Et j’avoue que ça me fout les glandes. Depuis des années, Chris Barnes nous gratifiait de sorties anecdotiques, voire proprement nulles, et voilà que, du jour au lendemain, il nous sort, avec un line-up qui fait moins rêver, l’album que l’on n’attend pas, débarrassé de ses lourdeurs. Pis encore : « Zombie Blood Curse », par exemple, étonne par son efficacité et son potentiel de morceau qui secoue la tignasse. Même le père Barnes semble avoir ici retrouvé son second souffle et nous gratifie d’une prestation mieux maîtrisée et plus variée que sur ses derniers méfaits. Au rayon des surprises, on épinglera également le réussi « Neuro Osmosis », l’opener inattendu, avec ses parties de guitare sèche et son rythme hypnotique. Ca, du SFU ? 

Après de longues années d’errance, SFU parvient à nouveau, en 2013, à pondre un album digne d’intérêt. Coïncidence ou pas, deux États ricains ont légalisé l’herbe au cours de la même année… Ne boudons pas notre plaisir, ça faisait bien longtemps que Chris Barnes avait pu capter mon attention plus de deux morceaux !

Mister Patate (7/10)

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Myspace officiel 

Metal Blade Records – 2013
Tracklist (36:01) 1. Neuro Osmosis 2. Prophecy 3. Zombie Blood Curse 4. Decapitate 5. Incision 6. Fragment 7. Alive to Kill You 8. The Sinister Craving 9. Inferno 10. Psychosis 11. The Curse of Ancients

 

The Amenta – The Flesh Is Heir

theamenta-thefleshLe troisième album de The Amenta était attendu de pied ferme dans la rédaction, il faut dire que les remarquables prestations sur scène du groupe auxquelles nous avions assisté en 2012 (Mass Deathtruction, Eindhoven Metal Meeting), sonnaient pour nous comme des avertissements. Annoncé depuis 2011, " The Flesh Is Heir " voit enfin le jour, quelques 5 années après " n0n ". Entretemps nous aurons eu de quoi patienter avec VO1D (distribué gratuitement via le site du groupe) et le EP Chokehold en 2012.
Amateurs d'étiquettes en tous genres, sachez que cantonner les australiens à la case Death Metal Industriel, ne saurait suffire à décrire l'intégralité de l'arsenal dont use et abuse le groupe. Comme le groupe l'affirme au risque de paraitre un poil prétentieux, c'est de la musique extrème, pas de l'industriel, ni du Death ou du Black, c'est The Amenta. "Flesh Is Heir" ne tarde pas à dévoiler toutes ses facettes, d'un riff agressif en guise d'intro nous voilà pris à la gorge par une section rythmique implacable qui livre un pilonnage en règle. Mais ne vous y trompez pas, on ne parle pas d'un bestial groupe nord américain binaire qui enclenche le rouleau compresseur jusqu'a la mort des conduits auditifs.The Amenta a plus d'un tour dans son sac, cantonner le groupe dans une case ce serait un poil négliger tout le travail accompli pour instaurer une atmosphère oppressante développée dans l'album à coups de guitares torturées, de claviers et de samples (les interludes instrumentaux " A Womb Ton "," A Palimpsest ", l'intro de " Cel l").

Premier album composé par le line up actuel, The Amenta n'en est pas au stade de prouver qu'il résiste aux changements de personnel, il fait un pas en avant dans sa démarche en proposant un metal extrème qui ne sera pas destiné aux oreilles chastes, du début à la fin de l'album. Les démonstrations de force sont multiples tout au long de l'opus, l'entame agressive, le morceau " Teeth ", " Sewer ", l'un des sommets de la brutalité du groupe est atteint avec "Disintegrate" qui porte bien son nom et le final Tabula Rasa. Une fin en apothéose brutale. Un déluge de coups et un cauchemar pour les âmes sensibles. L'album aligne les compos aux tempos variés, sans s'essoufler (combien d'albums démarrent fort pour sombrer dans l'ennui en milieu de parcours ?). C'est une bande sonore apocalyptique dont on retient un son au poil, puissant sans être crade, ni trop propre sur lui, concocté par le groupe lui même qui a assuré le production et le mixage de l'album. A l'image de la faune locale australienne réputée pour être une des plus venimeuses de la planète, en voici un équivalent sonore et metallique qui s'affirme de plus en en plus redoutable.

Hamster (09/10) 

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Listenable records / 2013

Tracklist (45 minutes) 1. Flesh Is Heir 2. Ego Ergo Sum 3. Teeth 4. A Womb Tone 5. Obliterate’s Prayer 6. Sewer 7.The Argument 8. Cell 9. Disintegrate 10. A Palimpesest 11. Tabula Rasa

 

Avantasia – The Mystery Of Time

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Tobias Sammet avait « promis, juré » qu'Avantasia ne referait plus surface et que les deux excellents derniers albums, The Wicked Symphony et Angels Of Babylon, constitueraient un point d'orgue à son projet parallèle à Edguy. Il n'en a rien été… La faute à une inspiration galopante selon le chanteur, inspiration qui l'aurait lancé vers l'écriture d'un concept album tourné autour du Temps, de la Connaissance et de Dieu, qui serait parfait pour Avantasia. Faisons crédit à Tobias Sammet d'une certaine bonne foi et écartons l'idée de motifs plus « mercantiles » à la remise sur pied d'un projet quand même bien plus inspiré qu'Edguy et sans doute plus vendeur. Et ce alors qu'une suite à ce nouvel album est déjà annoncée. Mais passons. 

Un orchestre… quel orchestre ? …et pourquoi un orchestre ? 

Pour proposer ce The Mystery Of Time aux auditeurs après deux très bons opus qui semblaient avoir fait le tour de la question, il fallait proposer un peu de neuf, sans pour autant décevoir les fans de heavy mélodique qui recherchent avant tout les mélodies réussies, les chœurs majestueux, les orchestrations grandiloquentes mais aussi quelques tempos bien enlevés. Si l'on retrouve bien ces derniers ingrédients à de forte dose, Sammet propose toutefois du neuf sur deux points. 

Tout d'abord il a pu faire appel à un orchestre classique, le Babelsberg Film Orchestra, alors que jusqu'alors les orchestrations étaient « reproduites » par force samples et claviers. Ce qui pourrait sembler une coqueterie de nanti n'en est pas une puisque l'orchestre est ici très bien utilisé. Car il n'est pas trop envahissant sans pour autant se révéler « accessoire ». Sur « Spectres », « Black Orchid » ou « The Great Mystery » l'apport est indéniable. Et il faut dire d'emblée que les deux dernières chansons citées, si on lui adjoint l'autre titre épico-symphonique « Savior In The Clockwork », s'affichent comme des moments forts d'un heavy symphonique de haute tenue en partie grâce à l'orchestre. Par ailleurs, introduire un orchestre a incité Sammet et son producteur, l'incontournable Sascha Paeth, à choisir une production plutôt chaude et organique, à la manière d'un son de batterie qu'on n'entend pas beaucoup dans le metal symphonique. Un son de batterie issu tout droit des baguettes de Russell Gilbrook… d'Uriah Heep.  

Quelques chanteurs fourbus et d'autres plus vaillants

La deuxième nouveauté est le recours à quelques nouveaux chanteurs et l'abandon d'autres comme Jorn Lande qui n'a pas été invité. Parmi les nouveaux venus on trouve Ronny Atkins de Pretty Maids pour un furieux « Invoke The Machine » très enlevé. Ou Eric Martin pour une power ballade très réussie, « What's Left Of Me », sur laquelle il se montre très à l'aise. Voici pour les bonnes surprises. Car ni Biff Byford (sur « The Watchmakers' Dream » ou « The Great Mystery ») ni Joe Lynn Turner (sur « Spectres » trop poussif, ou sur « The Watchmakers' Dream ») ne se montrent franchement à la hauteur. S'ils ont du métier, leur chant me paraît bien fourbu, surtout à côté de celui d'un Michael Kiske ou de Sammet lui-même qui se montre toujours très à l'aise sur ses propres compositions. 

Car c'est sans doute la prestation de Michael Kiske qui s'avère la plus marquante de toutes. Si son chant n'est mis en avant que sur deux titres – « Where Clock Hands Freeze » et « Dweller In A Dream » –, il y fait une apparition de très grande classe, proposant notamment de superbe montées dans les aigus et des lignes de chant à la manière des plus grands moments des Keeper Of The Seven Keys. Manifestement Tobias Samett sait parfaitement utiliser la voix de son idole et maître. C'est peut-être moins le cas pour Turner ou Bifford. Dommage. Et on lui conseillera aussi de cesser de faire appel à Cloudy Yang dont le chant souvent sirupeux s'avère encore une fois assez pénible sur la première partie de la semi-ballade « Sleepwalking », avant qu'un très bon break ne lance enfin le morceau.  

À la fin de cette avalanche de remarques plus ou moins favorables, il faut toutefois faire le constat suivant : ces remarques ne se comprennent que parce que The Mystery Of Time, s'il nécessite un certain nombre d'écoutes pour rentrer pleinement dans son propos musical, justifie aussi par la richesse du travail de composition et de l'interprétation de nombreuses écoutes. Le metal symphonique d'Avantasia, oscillant plus que jamais entre Meat Loaf, Magnum, Savatage mais aussi Helloween ou Gamma Ray, est incontestablement de qualité. Et ce même si certains signes des redites frôlant le pastiche (écouter le deuxième break de « The Great Mystery » fortement réminiscent de « Vigilante » de Magnum) devraient inciter Tobias Sammet à ne pas se reposer sur ses lauriers de compositeur phare de la scène heavy mélodico-symphonique. Attendons de voir… jusqu'à un nouvel opus prévu pour 2015. Nous voici gâtés…

Baptiste (7,5/10)

 

Site officiel

Nuclear Blast / 2013

Tracklist (61:57) : 01. Spectres 02. The Watchmakers' Dream 03. Black Orchid 04. Where Clock Hands Freeze 05. Sleepwalking 06. Savior in the Clockwork 07. Invoke the Machine 08. What's Left of Me 09. Dweller in a Dream 10. The Great Mystery