Archive for octobre, 2014

oshy_24102014_Pau_GiliberSi vous avez un minimum de culture rock, vous avez déjà entendu parler de Paul Gilbert. Vous avez même sans doute tapé du pied sur certains de ses titres sans forcément le savoir. Mais pour les cancres, rappelons que Paul Gilbert est un guitariste américain principalement connu pour son travail avec les groupes RACER X et MR. BIG. Il a connu le très grand succès et a pu toucher les foules avec ce dernier qu’il quitte en 1996 afin de poursuivre une carrière solo riche bien que beaucoup plus confidentielle. Depuis 1998 avec King of Clubs, il propose tous les deux ans environ un nouvel album. Voici Stone Pushing Uphill Man pour la cuvée 2014, deux années après Vibrato. Notons que depuis 2009, MR BIG est revenu au-devant de la scène.

Stone Pushing Uphill Man n’est autre que le quatorzième disque que le virtuose sort sous son nom. Installé désormais au Japon, récent père de famille, Paul Gilbert offre à nouveau un vaste panorama de son inspiration du moment et de son talent au niveau technique. Il est connu et reconnu par ses paires pour être l’un des tous meilleurs guitaristes. Il a été nommé quatrième « shredder » le plus rapide de tous les temps par le magazine GuitarOne en 2003, après Michael Angelo Batio, Chris Impellitteri et Yngwie Malmsteen. Cela nous fait une belle jambe si la musique proposée est complexe techniquement mais « imbitable » mélodiquement. Heureusement, l’américain a su éviter cet écueil offrent ici onze nouvelles compositions agréables et variées. Les ambiances, les rythmes et les thèmes s’enchainent avec talent et grâce sans que la lassitude ne vienne poindre trop vite son nez. Il faut bien sûr une belle démonstration de la maîtrise de son instrument mais il n’en fait pas trop, le risque d’indigestion a été écartée.

Tous les titres sont instrumentaux mais ils ne s’éternisent pas en longueur. La majorité des plages oscillent entre trois et cinq minutes et cela suffit largement. Paul Gilbert n’a plus rien à prouver et se fait plaisir ici. Entouré de ses camarades, ils laissent son inspiration et son instrument parlé. Vous trouverez ici de quoi largement tapé du pied et secouer la tête à l’écoute des très rock et entrainant « Working For The Weekend » à la saveur très JOURNEY ou encore « I Got The Feelin' » plutôt jazzy.

Sans être un fan absolu de cet exercice particulier qu’est l’album instrumental d’un virtuose de la guitare, nombre d’entre nous pourraient prendre un certain plaisir à l’écoute de ce Stone Pushing Uphill Man. Rien d’exceptionnel si ce n’est le niveau technique affiché, mais un petit bonheur simple et accessible à tous les amateurs de rock histoire de se détendre autour d’un verre. Et c’est déjà beaucoup.

Oshyrya (07/10)

 

Site Officiel

 

Music Theories Recordings / 2014

Tracklist (42:27 mn) 01. Working For The Weekend 02. Back In The Saddle 03. I Got The Feelin' 04. Goodbye Yellow Brick Road 05. Why Don't We Do It In The Road 06. Shock Absorber 07. Purple Without All The Red 08. Murder By Numbers 09. My Girl 10. Wash Me Clean 11. Stone Pushing Uphill Man

Beyond Creation – Earthborn Evolution

Quo Vadis, Gorguts, Cryptopsy, Archspire… En matière de Death technique, le Canada compte son lot de fiers représentants du genre, à tel point qu’on viendrait à se demander s’il y a quelque chose dans l’air qui rend les musiciens si virtuoses entre Toronto et Vancouver. Parmi toutes ces formations, nous nous intéresserons aujourd’hui à Beyond Creation qui nous propose un nouvel effort sorti chez Season Of Mist (qui nous a déjà proposé Archspire plus tôt cette année). Alors, que vaut ce Earthborn Evolution ?

Cet album est frappant à plusieurs égards. Tout d’abord, malgré sa complexité, il parvient à rester « digeste » pour un album de Death technique. Ici, pas de sweeping survolté ou de passages mindfuck total, juste une galette qui a su trouver le juste équilibre entre technique débridée et efficacité. À certains égards, Earthborn Evolution me rappelle les Allemands d’Obscura (sur un plan purement musical, bien entendu, parce que le chant est radicalement différent). Par ailleurs (et là aussi, j’aurais envie de faire le parallèle avec la bande à Steffen Kummerer), le mix de l’album est à tomber à terre, et la basse, loin d’être un simple renfort à la batterie, vient jouer ici un rôle complet, venant se placer au même niveau de la guitare pour apporter une harmonie supplémentaire. Et au niveau des compos ? Là aussi, une réussite sur toute la longueur, un album sans véritable temps mort, avec juste ce qu’il faut de cassures au niveau du rythme pour ne pas lasser. Sans jouer la carte de l’ultra technicité, Beyond Creation nous livre une galette plus que recommandable, suffisamment « simple » pour être appréciée dès la première écoute et suffisamment recherchée pour conserver une durée de vie supérieure. Une bonne pioche !

Mister Patate (8,5/10)

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Season Of Mist Records / 2014
Tracklist (46:23) 1. Elusive Reverence 2. Sous la lueur de l'Empereur 3. Earthborn Evolution 4. The Great Revelation 5. Neurotical Transmissions 6. Abstrait Dialog 7. The Axiom 8. L'exorde 9. Theatrical Delirium 10. Fundamental Process

 

141018Casablancas voidzÇa, pour une claque, c'est une claque. Il a sacrément bien grandi le petit Julian Casablancas. Le bouclier Strokes remisé au placard, il avance toujours, après Phrazes for the Young, premier succès critique et commercial,  sans masque mais avec l'appui des Voidz  ; à l'écoute de ce premier opus long format (et des vidéos live), il y a fort à parier que le clin d'œil à Richard Hell et ses Voïvods n'est pas loin. Entre écorchés, on se comprend.
Il faut se rendre à l’évidence, la créativité des Strokes, c'est lui. Et s'il en est aussi, sûrement, la partie agaçante (genre deuxième de la classe et fort en sport en plus), il a bien mûri le gars Julian. Tellement qu'on en oublie son côté fils à papa. Voici même notre chanteur et compositeur armé, depuis sa rupture avec les addictions, d'une conscience. Oublieux de l'ombre encombrante d'un autre brun charismatique mais décédé jeune, Jim Morisson, Casablancas délivre les 12 coups de cette Tiranny comme autant d'interrogations sur l’état d'un monde déroutant. Mais sûrement pas autant que le sont – déroutant, suivez un peu – les fulgurances Nintendo Blood ou les 11 minutes de Human Sadness, morceaux d'apparence déconstruits, concassant avec méthode le diptyque couplets refrain pour aller chercher avec les griffes cette émotion rageuse tapie au fond des ventres repus de Babylone. Concassée, c'est aussi ta petite gueule à la sortie de l'hallucinant Father Electricity, hommage tout sauf nostalgique à l'afrobeat de Fella, quarante ans après. 
Le Julian et ses Voidz maîtrisent l'art du contrepied comme peu en mettant en avant la basse stricte que tout groupe post punk rêverait de jouer sur Where No Eagles Fly avant de hurler un final furibard porté par des guitares incandescentes et des claviers épileptiques. Et voilà que Xerox renvoie aux Strokes que l'on connaît… jusqu'à l'irruption de synthés unijambistes et de guitares anorexiques. 
Assurément, Julian Casablancas tient là son In Utero à lui, cet album personnel et définitif. Celui qui consacre – enfin – le grand musicien qui se cachait derrière le poseur dilettante. A voir comment il réussira à réinjecter de cette furie créatrice dans les Strokes. 

Nathanaël Uhl (8.5/10)

Site officiel : http://juliancasablancas.com
Facebook officiel : www.facebook.com/JulianCasablancas

Cult records (2014)

Tracklisting : 
1. Take Me in Your Army 2. Crunch Punch 3. M.utually A.ssured D.estruction 4. Human Sadness 5. Where No Eagles Fly 6. Father Electricity 7. Johan Von Bronx 8. Business Dog 9. Xerox 10. Dare I Care 11. Nintendo Blood 12. Off to War…