Archive for avril, 2015

Soto – Inside The Vertigo

sotothefallsingleOn avait senti le tournant musical se profiler pour Jeff Scott Soto. Rappelons, pour mémoire, que le chanteur avait franchement durci le son sur son disque précédent, Damage Control, et ce pour le meilleur car il s’agit d’une des meilleures choses qu’il ait produite depuis longtemps. Mais cet Inside The Vertigo va plus loin : il quitte largement les sentiers du hard mélodique de jadis pour s’aventurer sur ceux du heavy moderne. Pour marquer la coupure, il ne sort pas sur le label habituel de Jeff – Frontiers –, mais sur un label moins marqué musicalement ; le nom a été raccourci par ailleurs à un simple « Soto ». La guitare a été très nettement durcie et accordée plus grave, le double caisse apparaît franchement et les paroles sont bien plus sombres que de coutume chez Soto. Le tout est enrobé d’une production tout ce qu’il y a de plus moderne : puissante et claire, mettant très en valeur les guitares mais aussi le chant toujours de qualité de Soto.

Mais au final, je n’ai pas accroché à ce tournant. Ce n’est pas tant une hypothétique difficulté de Soto à chanter du heavy qui est en cause : on sait à quel point il brilla sur Marching Out de Malmsteen par exemple. Remarquons au passage, que lorsqu’il se lance dans un morceau rapide et épique comme « Narcissisticaly Yours », Soto est plus convaincant. Les huits minutes ornées de chœurs et de changements rythmiques n’ennuient jamais. Quant au reste, il est certes plaisant – comme on peut le constater en écoutant le single chassant sur les terres d’un Nickelback dopé aux hormones qu’est « The Fall » –, mais s’oublie très vite.

Trop calibrée, trop évidente, la musique de cet Inside The Vertigo passe vite au second plan et rien de bien de marquant ne ressort, si ce n’est évidemment « Narcissisticaly Your » que j’ai déjà cité et peut-être le titre éponyme, qui souffre toutefois de riffs un peu banals. Il est d’ailleurs significatif que Jeff n’ait pas réussi à proposer quelques uns des refrains mémorables dont il a le secret. Certes, la voix reste belle, mais ce n’est pas suffisant. Espérons au moins qu’à défaut de convaincre musicalement, Inside The Vertigo permette à Soto d’élargir le champ de son public. Au moins, cet objectif aurait-il été atteint.

Baptiste (5,5/10)

Ear Music / 2015

Tracklist : 01. Final Say 02. The Fall 03. Wrath 04. Break 05. Narcissistically Yours 06. End of Days 07. Inside The Vertigo 08. When I’m Older 09. Trance 10. Jealousy 11. Karma’s Kiss 12. Fall To Pieces

Steve'n'SeagullsSi l'adage veut que la copie soit le plus bel hommage que l'on puisse faire à un artiste, qu'en est-il de la reprise ? Réinterpréter un morceau est en effet un art qui nécessite talent et originalité ; et ce, dans deux seul buts : glorifier la mémoire du groupe originel et donner l'envie irrésistible d'écouter le morceau matriciel. A ce petit jeu, beaucoup s'y sont frottés avec plus ou moins de réussite. Les frappadingues de Steve'n'Seagulls (oscar du meilleur nom de groupe) tirent les marrons du feu avec ce premier album haut en couleurs.

Les Steve'n'Seagulls sont assurément décalés, mais pas fous. Piocher dans un répertoire irréprochable (Led Zep, Dio, Maiden) n'est pourtant pas sans risques. Avec leurs banjos, accordéons et mandolines et leur look de bûcherons canadiens, l'entreprise paraît plutôt casse-gueule. Mais, ça marche. Les Steve'n'Seagulls relèvent le défi, haut la main. Ici, le niveau musical est élevé et prouve que l'on a pas affaire à des manchots. Le travail d'adaptation est formidable et retrouve quasiment à chaque fois l'esprit originel des compos. Le « Over the hill and far away » de Gary Moore, meilleur que l'original, retrouve ses racines irlandaises, tandis que le riff énorme « Thunderstruck » laisse (même au banjo) toujours bouche bée. Et ainsi de suite. Chaque relecture est réjouissante et donne envie de chanter à tue-tête. L'objectif est atteint. Sans forcer.

Farm Machine est donc un bel exercice de style ; sincère, respectueux et souvent hilarant (la reprise polka/alt-country de « Ich Will » de Rammstein vaut son pesant de cacahuètes). C'est un vibrant hommage à ce hard rock/metal que nous affectionnons tant. Il se pose donc en sérieux concurrent au cultissime et immortel In a metal mood de l'estimable Pat Boone. Le futur du metal sera country, ou ne sera pas.

Nico (8,5/10)

Site Officiel: http://stevenseagulls.com/

Spinefarm / 2015

01. Grand Opening 02. Black Dog 03. Thunderstruck 04. The Trooper 05. Ich Will 06. Paradise City 07. Nothing Else Matters 08. Over The Hills And Far Away 09. Seek And Destroy 10. Holy Diver 11. Run To The Hills 12. You Shook Me All Night Long 13. Cemetery Gates

Beardfish – +4626-Comfortzone

oshy_30032015_BearfiOn ne peut vraiment pas dire que les suédois de BEARDFISH sont des artistes paresseux. A l’occasion de la sortie de ce huitième opus, +4626-Comfortzone, tout un chacun se rendra compte qu’ils ont publié pas moins de 8 albums en 12 ans de temps. Pas mal non ? Et surtout malgré des standards toujours assez élevées, on ne sait jamais trop à qui s’attendre avec eux. Le titre de ce disque lui-même ne laissera interrogatif plus d’un. Il s’agit en fait d’une référence aux numéros publicitaires que l’ont voit fleurir partout outre-Atlantique avec le « +46 » numéro international de la Suède et le « 26 » le numéro correspondent à leur ville d’origine Gävle.

BEARDFISH a toujours su se faire remarquer par une réinterprétation souvent subtile et intelligente de ce rock progressif typique des années 70. Mais rester à cela serait franchement restrictif vu le foisonnement musicale mis en œuvre par les Suédois. Déjà Mammoth (chronique ici) en 2011 avait amorcé un premier virage avec des titres plus lourd et agressif, pas si éloigné des rivages métal. Cette évolution se voit confirmé ici et vous trouverez ici et là des touches plus agressives destinées à renforcer encore les sentiments et les atmosphères. Mais que les fans se rassurent, l’orgue hammond et les longues digressions instrumentales et progressives n’ont pas pour autant été oubliées et constituent le gros du morceau de ce +4626-Comfortzone. BEARDFISH a le chic pour finement ciseler de jolies mélodies qui entraineront l’auditeur vers un vaste panorama de sentiments. L’inventivité est assez bluffante et la pelote musicale se déroule petit à petit sous nos yeux pour notre plus grand plaisir. L’auditeur est pris par la main par le leader, chanteur, claviériste et principal compositeur Rikard Sjöblom. Ce n’est pas le plus grand chanteur mais il parvient à insuffler une âme et surtout beaucoup d’émotions à travers son interprétation.

Comme d’habitude avec cette scène progressive contemporaine, un album mettra bien du temps et bien des écoutes à être digéré. Chaque écoute laisse entrevoir de nouvelles subtilités et comme un STEVEN WILSON ou un RIVERSIDE, l’auditeur devra apprendre la patience pour obtenir la quintessence de ces chansons. Le propos n’est pas toujours absolument génial mais il la qualité est là malgré quelques longueurs. BEARFISH conserve une identité forte tout en prenant quelques (légères) distances avec ses influences principales. Cette progression n’est pas pour nous déplaire, montrant un groupe en constante progression, cherchant encore et encore à affiner un son propre et une identité. Etrangement peut-être la chanson ls plus marquante s’avère être, de mon point de vue, « The One Inside Part Two – My Companion Through Life » d’une beauté simple et envoutante. Qui a dit que les groupes de rock progressif devaient être compliqués et abscons ?

Oshyrya (7,5/10)

 

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InsideOut Music / 2015

Tracklist (65:08 mn) 01. The One Inside Part One – Noise in the Background 02. Hold On 03. Comfort Zone 04. Can You See Me Now? 05. King 06. The One Inside Part Two – My Companion Through Life 07. Daughter/Whore 08. Ode To The Rock’n’Roller 09. If We Must Be Apart (A Love Story Continued) 10. The One Inside Part Three – Relief