WSLongtemps la présence décisive de David Coverdale au sein du Deep Purple Mark III et IV fut quasiment oubliée. Le blond chanteur anglais était reconnu comme le leader de Whitesnake un point c'est tout. Et Coverdale ne faisait rien pour que les choses ne changent : excepté durant les toutes premières années du Serpent Blanc, où « Mistreated » apparaissait dans les setlists, rapidement toute référence à Deep Purple fut abandonnée, malgré la présence au sein du line up de Whitesnake de Jon Lord et d'Ian Paice. 

Finalement, l'on a vu réapparaître il y a quelques années « Stormbringer » ou « Burn » sur scène lors de la résurrection de Whitesnake. Les disques du Deep Purple mark III et IV ont été réédités et remasterisés et ont connu une nouvelle jeunesse. Cette époque de la longue histoire de Deep Purple est maintenant totalement réhabilitée et « Burn », « Soldier Of Fortune » ou « You Keep On Moving » apparaissent bien comme les classiques intemporels qu'ils devaient être dès l'origine. 

Enfin !

C'est dans ce contexte, d'autant plus fort que récemment Jon Lord est décédé, que David Coverdale a décidé de rendre hommage au groupe qui fit d'un vendeur de jeans, binoclard et en surpoids la légende du hard rock que l'on connait aujourd'hui. Il ne s'agit pas d'un hommage « plat », puisque David Coverdale a sacrément « whitesnakisé » la musique de Deep Purple. Les morceaux du Pourpre profond repris ici sont joués par les musiciens actuels de Whitesnake. C'est dire que le son est franchement plus heavy et donc perd un peu en finesse. Malgré son niveau technique Tommy Aldridge ne sera jamais Ian Paice… Il faut donc en prendre son parti si l'on veut apprécier The Purple Album. Et faire quasiment son deuil des anciennes parties de claviers de Jon Lord, très discrètes ici. Il est vrai que Whitesnake fut et reste avant tout un groupe de guitare. Cela aurait été tricher avec l'identité du groupe que d'escamoter la chose. 

Cela sied bien au morceau les plus puremment hard rock de Deep Purple comme « Stormbringer » ou « Lady Double Dealer » qui lorgnent presque vers le heavy. Mais les morceaux qui intègrent le plus de variantes par rapport aux originaux sont ceux qui y gagnent le plus : « You Fool No One » par exemple ou « Sail Away » dans une version très émotionnelle, plus banale que l'originale mais qui vaut toutefois le détour. 

Un vocaliste unique ici

Regrettera-t-on la présence d'un unique vocaliste sur cet album de reprises ? En effet, on sait que c'est la présence de Glenn Hughes à côté de Coverdale qui participa fortement à la création d'une identité du DP mark II. Ici Coverdale se charge de toutes les voix de telle sorte qu'il doit prendre en charge les graves et les aigus. Certes, il a nettement perdu en puissance vocale (malgré de beaux restes comme sur « Love Child » qui contient une belle poussée). Mais le savoir-faire est plus que jamais présent et, en fait, bien peu seraient qui pourraient se targuer de chanter aussi bien à soixante-quatre ans. 

On a souvent reprocher à David Coverdale d'être trop « vendeur » voire cynique par rapport à sa musique. Cette fois, je suis persuadé que l'hommage qu'il rend ici à Deep Purple est totalement sincère. Et s'il permettait de faire réaliser à chacun la valeur des trois disques enregistrés par le Pourpre profond entre 1974 et 1976, il aurait déjà largement atteint sa cible. 

Baptiste (7,5/10)

 

Frontiers / 2015

Tracklist : 1. Burn 2. You Fool No One 3. Love Child 4. Sail Child 5. The Gypsy 6. Lady Double Dealer 7. Mistreated 8. Holy Man 9. Might Just Take Your Life 10. You Keep On Moving 11. Soldier Of Fortune 12. Lay Down Stay Down 13. Stormbringer