L’électro et le Metal, deux mondes reliés, ici et là, par quelques passerelles à la solidité variable. Certains groupes ont su dompter les deux genres pour nous proposer un résultat probant (le dernier exemple en date étant Desideratum des furieux d’Anaal Nathrakh), d’autres s’y sont cassé les dents et ont encorné leur réputation (l’exemple le plus tristement célèbre est, bien entendu, Morbid Angel et son Illud Divinum Insanus). À ce petit jeu-là, The Browning est un cas à part, un vilain petit canard aux bollocks bien accrochées et qui ne recule devant rien pour fusionner les deux genres. Après un Hypernova que j’avais laissé de côté pour me concentrer sur des sorties purement Metal, ils nous reviennent avec Isolation… et je ne sais pas si j’aime ou si je déteste cet album.

Une partie de moi trouve cet album putassier au possible. Je sais que j’use et abuse de cet adjectif, mais Isolation est formaté au possible. Tout est fait pour qu’il rentre parfaitement dans le moule (certes original) que le groupe s’est imposé. Rien n’est laissé au hasard, l’apport électronique prend le pas sur le Deathcore, le noie sous une avalanche de beats de dancefloor pour le rendre catchy as fuck. Il n’y a aucune impression de spontanéité. C’est lisse, c’est carré, c’est froid, ça pue l’album de studio millimétré et artificiel. Dans un genre où certains groupes sont passés maître dans l’art de véhiculer des sentiments avec leur musique, The Browning fait office de top model botoxé au visage figé dans une expression neutre.

Mais une autre partie de moi trouve cet album génial. Parce qu’il est foutrement cohérent. Là où la plupart des groupes se contente de dropper ici et là quelques éléments de musique électronique, histoire d’apporter une petite touche d’originalité, The Browning va beaucoup plus loin et marie réellement les deux genres. Mieux encore : la sauce prend. Malgré ses défauts, malgré son calibrage presque pop tant certains morceaux, Isolation contient son lot de morceaux qui font mouche chez le connard aigri que je suis.

Même si tout n’est pas parfait, loin de là (je pense surtout à « Fallout » dont le chant presque clair sur le refrain me colle des boutons comme sur n’importe quel album de Metalcore/Deathcore), The Browning tire son épingle du jeu. Il ne deviendra certes jamais mon album de chevet, je ne pense pas que je dépenserai ne fût-ce qu’un euro pour les voir sur scène (à moins qu’ils ne soient sur une affiche qui vaut le détour à mes yeux… auquel cas j’irai les voir par curiosité), mais Isolation n’est pas le naufrage que je redoutais (ou que j’espérais). Isolation tient la route. En poussant la fusion des genres jusqu’à un niveau à mes yeux encore jamais atteint, The Browning atteint un haut niveau de cohérence et d’efficacité et se démarque habilement de toute la scène Deathcore/Metalcore. The Browning serait-il en train de devenir un Finntroll 2.0, un groupe qui sort de l’ordinaire, s’affranchit de sa scène et ouvre la voie vers de nouveaux horizons ? Seul l’avenir nous le dira…

Mister Patate (6/10)

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Spinefarm Records / 2016
Tracklist (xx:xx) 1. Cynica 2. Pure Evil 3. Isolation 4. Dragon 5. Fallout 6. Vortex 7. Spineless 8. Hex 9. Phantom Dancer 10. Cryosleep 11. Disconnect 12. Pathologic