Peste Noire, ou quand la censure est plus néfaste qu’utile
Posted by Mister PatateNov 8
Annulation en Allemagne, annulation en Norvège, concert secret en France : si Peste Noire fait parler de lui aujourd’hui, ce n’est pas par la qualité de sa musique, mais uniquement en raison de remous extra-musicaux liés à sa réputation. Depuis le Ragnard Rock Festival et mon article sur la complaisance de ce festival envers une frange de son public attirée par certains groupes, je reçois régulièrement des messages d’antifas m’invitant à faire barrage face à des groupes comme Peste Noire. Je ne réponds jamais à ces messages. Parce qu’en optant pour la voie de l’annulation, des pressions envers les orgas et autres menaces à peine voilées, ils aggravent encore la situation.
Soyons clairs : je ne partage pas les avis de Famine (la personne) et de son entourage. J’ai vu le documentaire « À La Chaise-Dyable » et plusieurs de leurs positions me hérissent le poil. Par contre, je respecte beaucoup Famine (l’artiste). Dans la scène BM actuelle, il fait partie des rares artistes qui osent. Un des rares qui sortent des sentiers battus, qui brisent les codes, qui métissent sa musique. Ses albums valent la peine d’être écoutés, bien plus que 95 % des sorties actuelles.
En poussant des orgas respectables à annuler la venue de Peste Noire, les antifas poussent ce groupe dans la clandestinité. Est-ce une bonne chose ? Non, certainement pas. Au contraire, ces rares concerts « clandestins » se transforment de facto en meetings de « personnes aux idées bien tranchées ». Dans un festival comme le Blastfest, la concentration de telles personnes aurait été réduite, et il y a fort à parier que l’orga aurait réagi vivement à tout débordement ou signe extérieur incitant notamment à la violence. Pareil en Allemagne. Là-bas, un « simple » salut nazi fait l’objet de poursuites (ça peut monter jusqu’à 3 ans de prison). Plutôt que d’exposer le problème, ces annulations et ces pressions le dissimulent. Parce qu’en fait, le problème n’est pas vraiment Peste Noire, mais une partie de son public. « Pour vivre heureux, vivons cachés » : en étant poussés dans la clandestinité, ce public est libre de faire ce qu’il veut. Est-ce souhaitable ? Certainement pas. Rendre le problème invisible ne le résout pas, au contraire.
KPN flirte avec les limites. Mais ce n'est pas en plaçant le groupe dans la posture de la victime que la "Lumière" va triompher. Parce que les petits procureurs antifascistes ne sont pas des phares de la pensée. On peut aussi faire appel à l'intelligence de ses auditoires. Si quelques crânes rasés ne sont pas dupes. Les autres non plus.
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