Imperial Triumphant – Goldstar
Posted by Mister PatateAvr 14
Lorsque je déambule dans les rues d’une ville où je n’ai jamais posé les pieds, une de mes marottes favorites est la recherche de la beauté architecturale. Une devanture Art Déco, une pierre commémorative témoignant du passé d’un édifice, un grillage de fer forgé… La pierre se faisait volute, le verre se faisait vitrail… Autant de souvenirs d’une époque révolue où l’architecture n’était pas purement fonctionnelle, ou le « beau » (concept tellement subjectif) était encore un point incontournable dans le cahier des charges. Aujourd’hui noyés dans un océan de béton où chaque tour est un clone de sa voisine, ces pépites visuelles n’en brillent que plus fort.
Et aujourd’hui, alors qu’ils fêtent leurs 20 ans de carrière avec un sixième album, les ricains d’Imperial Triumphant font, eux aussi, figure d’accroche-o(r)eil(le), de formation qui cherche à se démarquer dans un océan de sorties qui semble de plus en plus s’uniformiser avec le temps. Pour un Imperial Triumphant / Oranssi Pazuzu / (ajouter l’artiste hors catégorie de votre choix), il y a 100, que dis-je, 1.000 clones de groupes vus et revus.
Et pourtant, si on le compare à son prédécesseur, l’excellent Spirit Of Ecstasy, le trio masqué a quelque peu réajusté certains curseurs, rendant l’album un peu moins exigeant à la première écoute. À l’instar d’un Alphaville, Goldstar semble dévoiler plus facilement ses atours. L’accroche est plus immédiate. Mais cette simplicité est toute relative. Les écoutes se succèdent et, petit à petit, on plonge le nez dans le détail, on décortique les couches, on saisit enfin, le casque rivé sur les oreilles, ces petits je-ne-sais-quoi qui attiraient vaguement l’attention sans que l’on puisse mettre le doigt dessus.
L’album se déguste d’une traite, presque maniaquement, sans qu’un seul titre ne sorte du lot. Et c’est peut-être là son talon d’Achille. Goldstar n’a pas un titre tubesque. Imperial Triumphant ne fonctionne pas au single. Les limites ? Connait pas ! En plein cœur de l’album, on passe d’une réinterprétation géniale de la Sarabande de Händel (« Hotel Sphinx ») à une explosion presque grindcore (« NEWYORKCITY ») et, ensuite, à une fausse publicité délicieusement vintage pour des cigarettes (« Goldstar »)… le tout en l’espace de moins de 6 minutes. Envie d’ajouter un zeste de folie dans les percus ? On invite Mister Haake sur deux morceaux. Ça ne suffit pas ? Ajoutons Dave Lombardo dans l’équation.
À l’image de New York, la musique d’Imperial Triumphant pourrait se résumer en 5 mots : The Sky Is The Limit. De l’entrée en matière fracassante sur « Eye of Mars » (ces cuivres, bon sang !) à la spirale finale d’un « Industry Of Misery » qui semble fondre et se disloquer petit à petit à partir de 4:55 comme certaines compos du terrifiant Everywhere at the end of time de The Caretaker, Goldstar est un nouveau chef d’œuvre incontestable du trio de la Grosse Pomme.
9/10
Century Media Records / 2025
Tracklist (38:15) 1. Eye of Mars 2. Gomorrah Nouveaux 3. Lexington Delirium 4. Hotel Sphinx 5. NEWYORKCITY 6. Goldstar 7. Rot Moderne 8. Pleasuredome 9. Industry of Misery
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