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Il existait déjà quelques liens entre le Metal et la Country : Jeff Walker et son improbable album de reprises de country, David Vincent et son projet country après son départ de Morbid Angel, le groupe No One Gets Out Alive qui marie banjo et slam… et mis à part NoGoA, je trouvais l’intérêt de la démarche très limité. Mais là, Devildriver vient de frapper très fort dans le mauvais goût. Le dernier album en date, Trust No One, était déjà tiédasse, mais la bande à Dez vient de pondre l’album de reprises le plus moche depuis bien longtemps, le genre de chiasse en godet qui ferait passer les albums de reprises de Six Feet Under pour du génie.

Parce que Devildriver a trouvé que passer à la moulinette Groove Metal des classiques de la country serait une bonne idée. Vraiment. Et puis quoi encore ? Une reprise de “Lady Marmalade” par un groupe de Metal français ? (1)

Plus sérieusement, le massacre est vraiment total, avec un Dez qui beugle comme un veau. Et pour prendre un exemple vraiment comparable, penchons-nous sur « The Man Comes Around », repris aussi par Jeff Walker und Die Fluffers. Jeff avait réussi à se maintenir sur le fil, trouvant l’équilibre entre la voix grognée et le riff un peu plus mordant d’une part et l’héritage country du morceau d’autre part. Dez, par contre, fait fi de cet héritage. Il le prend en levrette, lui claque le boule et ne le rappellera pas demain. Et bordel, c’est moche. On perd toute la « finesse » du genre, on perd l’émotion et on se retrouve devant un gros cirque redneck bruyant auquel ont aussi participé Randy et Mark de Lamb Of God, Burton C. Bell de Fear Factory et Wednesday 13 des Murderdolls pour ne citer qu’eux.

Album de fin de contrat chez Napalm Records ? Si c’est le cas, Devildriver aurait pu nous gratifier d’un live plutôt que de ce … truc. Et cette mention « Volume I » laisse présager le pire.

Mister Patate (Johnny Cash en backflip dans sa  tombe/10)

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Napalm Records / 2018
Tracklist (45:35) 1. Country Heroes (Hank Williams III cover) 2. Whiskey River (Willie Nelson cover) 3. Outlaw Man (Eagles cover) 4. Ghost Riders in the Sky (Stan Jones cover) 5. I’m the Only Hell (Mama Ever Raised) (Johnny Paycheck cover) 6. If Drinking Don’t Kill Me (Her Memory Will) (George Jones cover) 7. The Man Comes Around (Johnny Cash cover) 8. A Thousand Miles from Nowhere (Dwight Yoakam cover) 9. Copperhead Road (Steve Earle cover) 10. Dad’s Gonna Kill Me (Richard Thompson cover) 11. A Country Boy Can Survive (Hank Williams Jr. cover) 12. The Ride (David Allan Coe cover) 

(1) Oh wait #OneWayMirror

Cannibal Corpse – Red Before Black

Mouais. Il m’aura fallu huit mois pour finalement prendre le temps d’écouter suffisamment Red Before Black, le 14e album studio de Cannibal Corpse. Et vu l’absence prolongée de Castor (on l’aurait aperçu rôdant aux alentours du Burger King de Breda), personne n’était là pour marquer sa joie en se secouant la queue plate. Faudra d’ailleurs qu’il m’explique en quoi A Skeletal Domain était si génial. Castor, si tu me lis, j’amène les bières, tu amènes les pizzas et on en discute.

Red Before Black, donc. Pour faire bref (parce que j’ai pas que ça à foutre, l’album est déjà tout tiède et il y a bien plus passionnant en approche), Red Before Black est à l’image de la prestation vocale de Corpsegrinder pendant tout l’album : pas de hauts, ni de bas, un registre unique, linéaire et un poil monotone. Et pourtant, j’adore ce groupe, je me souviens de la tournée Kill et d’un concert particulièrement énorme au Trix à Anvers, mais Red Before Black me donne l’impression d’un groupe qui ne fait plus le moindre effort.

Alors oui, un album moyen de Cannibal Corpse conserve une force de frappe appréciable, mais les morceaux se succèdent sans vraiment susciter le moindre haussement de sourcil. Si je mets l’album en musique de fond et si je ne me concentre pas sur l’album, je ne relève la tête à aucun moment. Pas une seule envie de faire de l’air guitar, pas le moindre headbang, rien. Les années passent, les albums se suivent et, de plus en plus, j’ai ce sentiment d’un groupe qui s’enlise petit à petit, comme un vieil hippopotame dans un marais. On sait qu’il est potentiellement dangereux, qu’il a une réputation destructrice, mais il se contente de régner sur sa flaque de boue en chiant sur les arbres et en bouffant la verdure.

Comment justifier ma note presque généreuse lorsqu’on lit cette chronique ? Parce qu’en y réfléchissant bien, et quand j’écoute attentivement cet album, je ne lui trouve pas d’autre défaut que celui d’être le produit d’une bande de fainéants qui se reposent sur leurs acquis. C’est convenu, sans surprise, mais l’album propose juste ce qu’il faut pour éviter l’échec total, avec quelques morceaux taillés pour la scène (histoire de renouveler un peu la setlist des concerts) et au niveau global moyen mais solide. Le groupe frôle les pâquerettes, attention à ne pas se vautrer avec la prochaine galette et de finir à bouffer les pissenlits par la racine.

Mister Patate (6/10)

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Metal Blade Records / 2017
Tracklist (46:23) 1. Only One Will Die 2. Red Before Black 3. Code of the Slashers 4. Shedding My Human Skin 5. Remaimed 6. Firestorm Vengeance 7. Heads Shoveled Off 8. Corpus Delicti 9. Scavenger Consuming Death 10. In the Midst of Ruin 11. Destroyed Without a Trace 12. Hideous Ichor

Dimmu Borgir – Eonian

Beaucoup de temps s’est écoulé depuis la sortie d’Abrahadabra, le dernier effort en date de Dimmu Borgir. Et le groupe ne m’a pas manqué, c’est le moins qu’on puisse dire, tant cet album était, à mes yeux, une sacrée déception. Je n’attendais donc plus rien de la bande à Shagrath, et c’est toujours dans ce cas-là, lorsque l’on abandonne ses a prioris, qu’un groupe peut surprendre positivement.

Enfin, dans le cas présent, on dira simplement que le groupe m’a surpris, mais pas toujours positivement. Parce que ce n’est plus du Dimmu Borgir, du moins pas « mon » Dimmu, celui que j’ai découvert avec Puritanical Euphoric Misanthropia. Je souriais quand certains parlaient de « Disney Metal » ou de « Soundtrack Metal », mais au final, ils ont raison. Les Norvégiens ont perdu de leur mordant et mettent désormais en avant le côté épico-théâtral de leur musique. Remplacez Shagrath par une chanteuse lambda et vous avez un groupe de Pouffe Metal (et c’est peut-être justement la présence de Shagrath qui me rend si indulgent avec le groupe).

Musicalement, si l’on fait abstraction du nom du groupe, de son passif, Eonian est un album intéressant et abouti. L’ajout de chœurs pour remplacer le chant clair est un parti pris efficace, le groupe se hasarde à quelques expérimentations (rythmiques tribales et incantations, par exemple) sans pour autant trop lâcher le bord de la piscine…

Mais c’est Dimmu, bordel ! Je peux comprendre que le groupe ait décidé d’évoluer dans une direction fortement opposée à ses méfaits précédents, mais qu’il ose alors aller au fond de ses idées, en abandonnant tout ce qui, dans une certaine mesure, donne l’impression d’être en présence d’une mouture adoucie et ramollie d’un des monstres du black sympho grand public. Merde, ce blast sur « Alpha Aeon Omega » couplé à cette instru pompeuse prouve que le groupe en a encore largement sous le pied et n’a pas oublié comment augmenter le rythme cardiaque de ses fans.

Au final, je suis donc partagé. Un cran au-dessus d’Abrahadabra, un cran en-dessous des opus précédents, Eonian est clairement le type d’album qui aurait eu un meilleur accueil s’il avait été sorti par d’illustres inconnus plutôt que par les géniteurs d’Enthrone Darkness Triumphant.

Mister Patate (6,5/10)

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Nuclear Blast Records / 2018
Tracklist (54:19) 1. The Unveiling 2. Interdimensional Summit 3. Ætheric 4. Council of Wolves and Snakes 5. The Empyrean Phoenix 6. Lightbringer 7. I Am Sovereign 8. Archaic Correspondence 9. Alpha Aeon Omega 10. Rite of Passage