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H.e.a.t. – II

Quel titre étrange que celui du sixième disque de H.e.a.t. : II n’est en rien le deuxième du groupe. Et ce n’est même pas le deuxième album du groupe avec Erik Grönwall au micro mais son quatrième, succédant à un Into The Great Unknown qui avait pu décontenancer par ses expérimentations. Ici ce ne sera plus le cas car H.e.a.t. revient bien plus à ses fondamentaux : du Hard mélodique européen dans le sillage d’Address the Nation, sans doute le meilleur album du combo suédois ou du plus nerveux, Tearing Down The Walls. Toutefois, on ne peut parler d’une réplique exacte car H.e.a.t. vient sans doute d’accoucher ici de son album le plus heavy. Il est d’ailleurs significatif que les claviers de Jona Tee soient plus en retrait que la guitare d’un Dave Dalone qui semble avoir bel et bien remplacé définitivement Eric Rivers. Jona Tee n’est toutefois pas totalement absent car il a (excellemment) co-produit le disque avec Dave Malone et a co-composé une majorité des titres. C’est, en fait, surtout l’orientation du groupe qui le place un peu plus en retrait.

En effet, on voit ici le disque le plus heavy du groupe très loin des horizons du Hard FM très sages de Freedom Rock. « Victory », « We Are Gods » et « Rise », dotés de chœurs virils en diable, nous renvoient plus au Dio des années 80 que de Bon Jovi. Erik Grönwall est toutefois très à l’aise dans ce registre vocal aussi puissant que lyrique : ce chanteur reste indéniablement bluffant. Il est une des plus belles voix du hard rock contemporain et sa prestation est encore une fois impériale. Cependant, les amateurs des premiers essais du groupe n’ont pas à s’inquiéter et le sens de la mélodie du groupe n’a pas été remisé au placard pour autant. La synthèse de la puissance – marquée souvent par des tempos plus rapides que de coutume – et de la mélodie est recherchée et atteinte à chaque fois comme en témoignent les excellents « Dangerous Ground » et « Adrenaline ». L’unique ballade, la majestueuse « Nothing To Say », complaira aussi aux amateurs de la face plus apaisée du groupe.

Il y a peu de reproches à faire à ce II tant il frise l’excellence.  On exclura celui de n’être pas aussi bon qu’Adress The Nation : la chose n’était pas atteignable. C’est plus l’organisation du disque qui parait maladroite : quelle idée d’avoir placé le monstrueux « Rise » en fin de disque et non en ouverture ? Mais en ces temps de musique dématérialisée, le problème semble dérisoire. Car mine de rien, H.e.a.t. confirme ici encore une fois qu’il maitrise parfaitement son propos tant en terme de forme que de contenu pour accoucher d’un disque classieux, racé, moderne et par ailleurs totalement sincère.

Baptiste (8,5/10)

 

Gain Record / 2020

Tracklist : 1. Rock Your Body 2. Dangerous Ground 3. Come Clean 4. Victory 5. We Are Gods 6. Adrenaline 7. One By One 8. Nothing To Say 9. Under The Gun 10. Rise

Phil Anselmo était LE chanteur incontournable des années 90 lorsqu’il œuvrait avec Pantera et Down. Multipliant les projets annexes (Viking Crown, Superjoint Ritual, il a même joué dans Necrophagia), ce dernier s’est perdu après une séparation douloureuse avec les frères Abbott ; vivotant à la recherche de sa gloire passée. Avec deux albums solo indignes, le résident de Nola n’a pas non plus fait l’affaire… Jusqu’à En Minor, un nouveau projet auquel Anselmo pensait depuis ses 9 ans.

Quand le vocaliste a annoncé sortir un album de « Depression core », nous nous sommes évidemment braqués, échaudés par ses précédents efforts. « Depression core », ça ne veut rien dire voyons ! Mais nous avons gratté un peu, écouté et réécouté When the cold truth has worn its miserable welcome out pour pouvoir vous en parler.

Ce premier album de En Minor n’est pas évident au premier abord. Si le bancal « Mausoleums » ne convaincra toujours pas après plusieurs écoutes, le reste de l’album est d’un autre tonneau. « Blue », mais surtout « On the floor », relèvent indéniablement le niveau. L’ambiance est sombre, la voix d’Anselmo, rocailleuse et grave, colle parfaitement à ce folk crépusculaire. La guitare de Schteve Taylor envoûte et nous ramène au meilleur de Sixteen Horsepower et Woven Hand. Normal, le guitariste a fait partie de ces deux formations menées par le torturé David Eugene Edwards.

Si « Warm sharp bath sleep » se fait plus lumineux, la suite se montre encore plus maîtrisée, vivante, presque chaleureuse malgré le marasme ambiant (« Melancholia »). Crescendo vers le qualitatif, When the cold truth has worn its miserable welcome out se termine avec le joli « Disposable for you » et ses violons tourbillonnants. S’ensuit le silence et l’envie de se replonger dans ces dix (le premier titre n’a toujours pas nos faveurs) morceaux gorgés de feeling.

Mine de rien, c’est là où on ne l’attendait pas que Philip Hansen Anselmo se révèle bien plus subtil qu’il ne veut bien le montrer. Un bon album de dark folk blues était une chose impensable lorsque ce dernier hurlait « Five minutes alone ». En baissant sa garde, il accouche de son meilleur album depuis au moins quinze ans ; une œuvre qui se bonifiera au fil du temps.

Nico (8,5/10)

Site Officiel : https://enminor.bandcamp.com

Season Of Mist /2020

1. Mausoleums 2. Blue 3. On the Floor 4. Dead Can’t Dance 5. Love Needs Love 6. Warm Sharp Bath Sleep 7. Melancholia 8. This is Not Your Day 9. Black Mass 10. Hats Off 11. Disposable For You

Dead Lord – Surrender

Mine de rien, Hakim Krim, leader de Dead Lord, mène sa barque avec l’assurance de celui qui sait. Assurément sympathique, on l’imagine bien en geek fondu de vieux rock ; avec sous le bras une tonne de vieux vinyles de Nazareth, Free et surtout de Thin Lizzy. Depuis qu’il a débarqué en 2013 au sein de cette vague du rétro-rock à la mode, lui et son groupe ont effectué un parcours sans faute.

Comme ses prédécesseurs, Surrender est une vraie machine à remonter le temps. S’il se réfère aux grands anciens du hard-rock, ce dernier album possède une identité forte. De part un songwriting solide, les compos sont irrésistibles (« Dark end of the rainbow ») et s’incrustent immédiatement dans le cortex. « Letter from Allen St. », « Evil always win », « Messin’up » sont des morceaux attachants vers lesquels nous reviendrons souvent. L’orchestre joue sa partition avec application ; les riffs sont cool (« Distance over time »), les mélodies efficaces (« Authority »). L’ensemble est porté par la voix toujours aussi captivante de Krim.

S’il n’y a aucune surprise notable, Surrender est une œuvre qui perpétue la tradition ancestrale de ce hard-rock que l’on appelait pas encore metal. Comme pour chaque style musical en vogue, seul les meilleurs resteront. Et sur ce point, nous ne nous faisons pas trop de soucis pour Dead Lord.

Nico (7,5/10)

Site Officiel : https://www.deadlord.com/

Century Media /2020

01. Distance over time 02. Letter from Allen St 03. Authority 04. Evil always win 05. Messin’ up 06. Dark end of the rainsbow 07. Bridges 08. The loner’s ways 09. Gonna get me 10. Dystopia 11. Hands down 12. Moonchild 13. I staden som aldrig slumar till