Drudkh – A Furrow Cut Short

Je ne pense pas qu’il soit nécessaire de vous présenter dans le détail cette formation ukrainienne qui est à présent bien implantée dans la scène Pagan Black Metal. De plus notre cher Mister Brute Force a très bien dépeint le tableau de leur discographie de manière brève mais juste (oui je pense tout exactement comme lui sur le sujet) lors de sa chronique de Eternal Turn Of The Wheel (chronique ici). Contrairement à ma grosse désillusion du moment en matière de Pagan Black Metal avec les français de Himinbjorg (ma chronique de leur dernier album ici) Drudkh avec son dixième album A Furrow Cut Short a pondu une réalisation remplissant amplement les critères inhérents à ce sous genre du Black Metal.

Si je me réfère à mon album référence de nos ukrainiens, le varié est parfait Microcosmos (2009), A Furrow Cut Short est lui plus basique et un peu moins contemplatif dans sa globalité.  J’avoue que lors de mes premières écoutes de ce dernier skeud, le cachet plus propre, saillant et en un sens plus « metal grand publique », de sa production, m’a un peu déstabilisé. J’aimais beaucoup ce son caractéristique des productions indépendantes et à l’aspect feutré qui conférait à la musique de Drudkh une certaine magie mystique. Mais en fin de comptes je m’y suis fait et le fait que leurs compositions aient gardées beaucoup de mordant et des tournures épiques ont pris le pas sur la direction prise par la production du studio ViTeR Music de Kharkiv en Ukraine (la formation est pourtant coutumière de cet endroit pour enregistrer ses albums depuis Microcosmos). Les arrangements Folk ainsi que les claviers sont discrets mais récurents et on a toujours droit à de belles parties de guitares acoustiques tout du long de l’album.

Le point fort de Drudkh sur A Furrow Cut Short est sa capacité de persuasion en usant de longues compositions toujours alambiquées mais à la dynamique rythmique inébranlable. Le groupe passe sans encombre du blastbeats à des downtempo parfois Doom et à d’autres moments à des marches typiquement Folk. C’est un peu ce qui manque au dernier album de Himinbjorg en fait et ce qui fait de A Furrow Cut Short un bon album du genre sans toute fois atteindre la magie des excellents Microcosmos ou de Eternal Turn of The Wheel.

Un autre fait notable est l’enrichissement de Drudkh dans son éventail de riffs en nous proposant à plusieurs reprises un riffing sortant des sentier battus et usant de tonalités modernes comme le Postrock ou le Shoegazing voire le Postcore dans les moments massifs. C’est certainement dû au fait du projet Old Silver Key (cf : lire la chronique de Mister Brute Force dont le lien est dans le premier paragraphe) auquel certains membres de Drudkh ont participé. C’est assez remarquable car malgré cette touche moderne le tout garde le caractère traditionnel du Pagan Black Metal. C’est discret et très efficace alors je félicite cette démarche audacieuse ! Ce que je dis est facilement vérifiable à l’écoute d’un titre comme « Прокляті сини I (Cursed Sons I) » (vidéo en pied de chronique) qui est de fait bien représentatif du reste de l’album, écoutez bien à partir de la sixième minute et jusqu’à sa fin. C’est vraiment cool !

Pour moi Drudkh fait toujours partie des leaders de la scène Pagan Black Metal qui a vu ses rangs se renforcer sévèrement ces dernières années avec de talentueux nouveaux arrivants comme Panopticon (chronique ici), Saor ou Downfall Of Nur (chronique ici). Il a toutes les armes pour jouer des coudes dans le peloton de tête de cette scène que je trouve assez palpitante contrairement à certaines idées reçues !

FalculA 8,5/10

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Season Of Mist / 2015
Tracklist (58:50) : 01. Прокляті сини I (Cursed Sons I) 02. Прокляті сини II (Cursed Sons II) 03. Епосі нескорених поетів (To the Epoch of Unbowed Poets) 04. Тліючий попіл (Embers) 05. Безчестя I (Dishonour I) 06. Безчестя II (Dishonour II) 07. Поки не засиплють чужою землею очі (Till Foreign Ground Shall Cover Eyes).

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Himinbjorg – Wyrd

C’est difficile de parler d’un groupe pour qui on ressent un profond respect depuis très longtemps. Je fais partie de ces  rares personnes qui ont découvert la musique de Himinbjorg, une formation Pagan Black Metal savoyarde qui comptait dans ses rangs  un membre de Forbiden Site Mathrien D., à ses débuts lorsque leur démo Where Ravens Fly (97) fut ré édité en 98 par Red Stream, Inc. un label américain. C’était dans le courant de l’année 99 et on m’avait alors prêté ce skeud de Pagan Black Metal auquel j’avais tout de suite succombé. Je me suis par la suite empressé de le commander dans le courant de l’année 2000 via la VPC de feu Holy Records avec son successeur et premier véritable album de Himinbjorg  In the Raven’s Shadow. Deux pièces maitresses du Pagan Black Metal qu’il faut prestement recommander à toute personne se disant apprécier ce courant du Black Metal ! Le temps depuis s’est écoulé et je n’ai eu de cesse que de soutenir et suivre ce groupe malgré des sorties éloignées les unes des autre et de multiple changement de line-up (sur les trois dernières productions).

En effet j’écoute encore énormément les albums de Himinbjorg dont la musique a pas mal évolué au fil des années : des pérégrinations progressives du EP Third (2001) et de l’album Haunted Shores (2002 tous deus produit par Stéphane Buriez dans son LB Lab Studio), à la transe païenne très vindicative de Golden Age (2003) que Hamster avait chroniqué ici même (chronique ici), au plans Heavy et progressifs mais toujours chargés en bourrasques Pagan Black Metal de Europa (2005). J’avais été en revanche bien moins convaincu par son avant dernière réalisation Chants d’hier, Chants de guerre, Chants de la Terre… (2010) qui est bien plus intimiste et directe et donc moins épique que toutes les autres sorties du groupe.

La conjoncture actuelle étant plutôt propice a une sorte de revival Pagan Black Metal, j’en veux pour preuve les récentes excellentes sorties de Panopticon (ma chronique ici) qui doit remettre le couvert sous peu, Saör ou Downfall of Nur (ma chronique ici). J’espérais que Himinbjorg nous assaille comme il avait su si bien le faire par le passé avec de grandes compositions épiques, dynamiques, contemplatives et véhémentes à la fois.

Malheureusement et après plusieurs écoutes intensives de Wyrd forcé de constater que l’on est assez loin de mes espérances. Attention ! Je ne dis pas qu’il s’agit d’un mauvais album ! Je dis juste que pour ce qui est de l’intensité, du dynamisme et de la véhémence d’entant il vous faudra aller voir ailleurs car ici à part « Initiation » et « The World of Men Without Vertue (The Circle of Disillusion) » assez fades rythmiquement parlant et avec un manque de punch flagrant au niveau du blastbeat, on n’a pas grand-chose à se mettre sous la dent ! Bon sang de bon soir ! C’est rageant surtout quand on compare à ce que le groupe était capable de faire sur In the Raven’s Shadow, Golden Age ou encore Europa ! Je ne sais pas ce qui cloche, si c’est une volonté de rester sur des midtempo ou un manque de fougue : toujours est-il que l’on ressent un manque de fluidité dans le jeu de batterie notamment dans les parties en up tempos (qui sont pourtant peu nombreuses). Le tranchant des lames de nos fiers identitaires se serait-t-il émoussé ? J’aurais tendance à dire que oui !

Alors certes il faut saluer le travail de production accompli par Zahaah (seul rescapé de la formation originelle) qui a une nouvelle fois tout composé, tout joué et enregistré dans son home studio ainsi que le mixage / mastering de Patric « Darkhyrys » au WSL Studios (France). De même que la collaboration avec Christophe Morvan ( TriYann et Soldat Louis)  pour les flûtes / cornemuses et Baptiste Labenne (Boisson Divine) pour les guitares folks / mandolines / cornemuses gasconnes car les instrumentations et arrangements Folk sont vraiment très bons, nombreux et récurrents tout du long de Wyrd. J’ai quand même apprécié quelques morceaux comme « The Sword of Dignity », les fins de « The Mirror Of Suffering », « The Circle of Warriors » et « Initiation »  avec leurs  superbes cornemuses ainsi que les superbes guitares Heavy et leurs leads assez magiques sur une composition comme « The Eternal Light ».

Ma déception est assez grande à l’arrivée et peut être avais-je tort de sur estimer Himinbjorg en plaçant tant d’espérances en lui. Wyrd est un album certes soigné mais qui fait preuve de peu d’audace et s’installe dans une routine qui ne lui va décidément pas ! Ma déception se transforme un peu en morgue quand je me retrouve à lire une récente interview de Zahaah qui fait un peu le barbot en se la racontant et dénigre l’actuelle scène Pagan Black Metal qu’il traite de stérile et peu inspirée. J’ai juste envie de vous dire d’aller faire le test par vous-même et de comparer cet album de Himinbjorg avec les références que je cite dans le troisième paragraphe de cette modeste chronique. Quant à Zahaah si il me lit, je lui souhaite pour le futur de retrouver un peu de sa superbe passée en lui recommandant toute fois  un peu plus de modestie car il risque de faire marrer beaucoup de monde dans les chaumières et ce à ses dépends ! A bon entendeur !

FalculA 6,5/10

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Bandcamp Officiel où Wyrd est en streaming.


European Tribes / 2015
Tracklist (48:00) : 01. Intro (Call to the Being) 02. The Sword of Dignity 03. The World of Men Without Vertue (The Circle of Disillusion) 04. The Circle of Warriors 05. Initiation 06. The Mirror of Suffering (The Circle of Ghosts) 07. The Shamanic Whisper 08. Another Shore 09. The Eternal Light.

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Je vous parlais encore récemment lors de la chronique du dernier album de Leviathan (chronique ici) de ces nombreux « one man band » qui m’ont vraiment  touché et qui sont devenus monnaie courantes au sein de notre scène Metal Extrême. The Clearing Path est un nouvel exemple de ces instrumentistes talentueux et touche à tout comme Wrest (Leviathan) ou Austin P. Lunn "Skallehammeren" (Panopticon chronique ici). Née sur les cendres du groupe Thy Solace, The Clearing Path est l’œuvre d’un artiste italien Gabriele Gramaglia. On pourrait situer  le champ d’actions de sa musique entre le Black Metal Progressif d’un Enslaved ou d’un Borknagar et le Black Metal plus virulent et toujours très dynamique des américains de Woe.

 
Watershed between Earth and Firmament était au départ la démo de The Clearing Path, elle servait certainement à Gabriele pour démarcher de futurs labels. J’en profite d’ailleurs pour remercier Loïc (Autokrator/N.K.V.D) de m’avoir mis en relation et de m’avoir fait découvrir la musique de Gabriele ! Sachez que je ne suis pas le seul à avoir été agréablement surpris par la qualité de composition et d’emballage sonore de Watershed between Earth and Firmament puisque Avantgarde Music a signé The Clearing Path et l’édite au format CD ce 11 Juillet 2015 !


La qualité du son est absolument surprenante pour une jeune formation de cette envergure ! Elle est d’autant plus remarquable qu’elle est l’œuvre intégrale de Gabriele dans son Home Studio le tout ayant été confié à son ami  de longue date Mark Gervasio pour le mastering au Effort Studio en Italie. La production est ample et pleine de reliefs avec une basse / batterie comme je les aime ainsi que de luxurieux arrangements ! Du tout bon en somme !


Comme je le disais dans l’introduction The Clearing Path développe dans sa musique un Black Metal très dynamique et vindicatif à l’instar des américains de Woe (facebook officiel ici) que votre humble  serviteur vous recommande grandement au passage. C’est vraiment prégnant tout au long des six titres de Watershed between Earth and Firmament et en particulier sur le très énergique second morceau « Sacred Mountain » ! Je pense que la voix hurlée de Gabriele n’est pas étrangère non plus à ce ressenti. The Clearing Path y ajoute un fort penchant pour des pérégrinations progressives psychédéliques qui souvent m’ont évoqué les instrumentations de Esoteric. Ecoutez « Holy Waters » ou « Atop The Throat, My Glance Cautiously Surveys The Depths » vous verrez que l’on est vraiment proche de certaines instrumentations du CD2 de The Maniacal Vale ! Sur d’autres morceaux on est plus dans un esprit Progressif et Black Metal pérennisé par des groupes comme Enslaved ou Borknagar avec des chœurs discrets mais efficaces : la fin de « Sacred Mountain » ou « Goddess Aura » et « My Wild Goose Chase ».


Bref Watershed between Earth and Firmament nous scotche tout du long de ces six titres. Le seul reproche que l’on pourrait faire c’est qu’il est trop court ! A Metalchroniques.fr nous espérons très vite une suite ! Comme vous devez le deviner The Clearing Path  est un groupe à suivre de très près ! Je vous garantis un voyage vers des contrées Black Metal détonantes et climatiques ! Ne loupez pas le coche les amis car comme avec Downfall Of Nur (ma chronique ici) nous assistons à une relève du Black Metal par de jeunes artistes vraiment très doués ! A suivre également l'autre projet de Gabriele qui se nome Summit (facebook officiel ici). 


FalculA 8/10


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Bandcamp Officiel (album en streaming intégral)


Avantgarde Music / 2015
Tracklist (29:30) : 1. Holy Waters 2. Sacred Mountain 3. Goddess Aura 4. Atop the throat, my glance cautiously surveys the depths 5. My wild goose chase  6. This river will carry me towards the grandest light. 

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