Phazm – Scornful Of Icons

Scornful Of Icons c’est un peu comme si on avait mélangé dans un shaker At The Heart Of Winter de Immortal, Heartwork de Carcass, Leviathan de Mastodon et The Link de Gojira. C’est même un peu plus en fait, bref il faut impérativement l’écouter !

Ca fait  plus d’une dizaine d’années maintenant que le projet Phazm est sur les rails. Un projet initié et s’articulant autour de Pierrick "Pierhryck" Valence (ex-Agressor, ex-Scarve) officiant ici au chant et à la guitare. Il est d’ailleurs le seul rescapé du line-up ayant accouché de l’imposant premier album Hate at First Seed (2004). Un album violent et très Doom qui avait bien tapé dans les oreilles de votre serviteur, ce qui le rendait très affable en éloges puisque à l’époque il allait jusqu’à psalmodier et prédire à tout-va de futures gloires concernant des formations comme Phazm, Glorior Belli ou Withered (ce dernier dont je vais vous parler très prochainement). En effet, je devais alors être sous l’emprise d’un sortilège puissant qui me faisait dire dans le courant des années 2000s qu’il y aura un renouveau, une période faste dans les années à venir pour le courant Black / Death Metal si il arrive à se métisser au Sludge (et ses dérivés Doom ou Southern).

Dès lors je ne pouvais être que séduit par un album comme Antebellum Death 'n Roll (2006 notre chronique ici) même si adorant son côté Death’n’Roll très prononcé ainsi que ses grosses accentuations Boogie, Southern et Sludge Doom, il délaissait cependant un peu les up-tempo. Je me rappelle avoir trouvé ça un peu dommage car il aurait pu sonner encore plus ultime à mes oreilles de grosse brute. Deux années et quelques chamboulements de line-up plus tard, l’entité Phazm a largement comblé mes attentes. En effet, Pierrick et sa bande ont su garder leur originale mixture Sludge, Doom, Southern, Boogies et Death’n’Roll tout en revenant à l'intensité Black Death Metal des débuts. En ce sens Cornerstone of the Macabre (2008 notre chronique ici) était une bonne synthèse des deux précédentes réalisations. En plus du large panel exposé sur ce troisième album on pouvait déjà desceller le très bon chant bien posé et très diversifié de Pierrick ainsi qu’ici ou là quelques riffs de guitare et tournures rythmiques faisant penser au Modern Death Metal tribal qu’un Gojira pouvait proposer sur The Link (je vous l’assure et vous renvoie pour étayer mon propos à des compositions comme «Adrift » ou « The Worm On The Hook »). C’était une chose assez surprenante dans le process de composition de Phazm pour que je daigne attirer votre attention. 

Phazm avait annoncé en 2009 qu’il cessait toute activité et c’est avec surprise que nous avons appris courant 2012 qu’il se reformait et reprenait le chemin de la scène. Il nous aura fallu attendre près de deux ans afin de voir Scornful Of Icons débouler dans les bacs à la fin du mois de Mars ! Le groupe travaille toujours avec Osmose Productions un label français qui fut dans les 90s/2000s un des meilleurs représentants du savoir faire en matière de Metal extrême. Il faut dire qu’on est très bien servi côté artwork puisqu’il a été réalisé par Valnoir Artfield Lautrec (facebook ici) reconnu dans le milieu Black / Death Metal pour son travail graphique (Ariti, Anorexia Nervosa, The CNK, Antaeus, Ascension, Blut aus Nord, Deluge, Nachtmystium, Glaciation, Necroblaspheme ou Peste Noire…). Comme je le dis souvent : quand l’artwork est soigné de la sorte, ça vous met indubitablement en appétit ! C’est d’autant plus vrai quand le son comme ici est parfait en tous points. J’ai l’impression de me répéter au fur et à mesure de mes chroniques mais je tiens inlassablement à vous rappeler que le son organique tout en rondeurs et profondeurs où chaque instrument est à sa place, ben ça m’émoustille voyez-vous ! 

Le contenu musical de Scornful Of Icons est assez difficile à décrire tant il brosse de manière magistral tous les registres évoqués plus haut et que Phazm a exploré par le passé. Il s’agit en effet d’un condensé drôlement bien ficelé, très ramassé et intense où seul l’aspect purement Death’n’roll a été gommé en faveur de tournures Black Death Metal souvent très Thrash, Sludge ou parfois Modern Death.

J’ai vraiment apprécié l’efficacité de ce mixe improbable mais diaboliquement efficace à l’instar des superbes  « Ginnungagap », « The Soothsayer » (désolé mais ce titre me fait méchamment penser à « Embrace The World » de Gojira en version Boogie et rétro Thrash Metal), « Ubiquitous Almighty » ! Il en va de même sur la quasi-totalité de l’album où Phazm se montre aventureux, tribal presque rituel. C'est éblouissant et brillant à la fois ! Ecoutez « The Godless Pope » ou « Conquerors March » des compositions très vindicatives qui pourtant ne peuvent s’empêcher de vagabonder et de rebondir dans tous les sens avec parfois une approche rituelle et pagan folk ! Putain que c’est bon ! À noter  « Scornful of Icons » une composition Totalement Folk et presque Bluegrass en son début avec de nombreuses collaborations comme celle improbable de Manu Eveno de TRYO au violon, de Jean-Claude Condi un luthier qui a couché des parties de Nyckelharpa (instrument de musique traditionnel à cordes frottées d'origine suédoise) ainsi que les délicieux chœurs décalés d’Alexandra Prat la chanteuse d'Arita. Un titre EPIC et beau ! Pierrick annonce d'ailleurs qu'il travaille sur de nouvelles compositions dans une orientation très rituelle en collaboration avec Octantrion (site ici) une formation de musique traditionnelle œuvrant en duo composée de Éléonore Billy (nyckelharpa, tenorharpa suédois et hardingfele) et Gaëdic Chambrier (mandoles, cistres et guitares). Affaire à suivre de très près ! J’ai également adoré le chant mais bon ça ce ne fut pas une nouveauté pour moi car on connaissait tous les grandes capacités de Pierrick dans ce domaine. 

Bref un retour plus que gagnant pour Phazm qui accouche d’un bel album de Metal extrême novateur, très abouti, ultra efficace, nostalgique et contemplatif à la fois ! Scornful of Icons  est EPIC et percutant alors je dis un grand bravo à l’audace et au talent de composition de Pierrick Valence ! Et j’en redemande bordel !

FalculA (8,5/10)


Facebook officiel
Bandcamp officiel où l’album est en streaming complet.


Osmose Productions / 2016
Tracklist (37:18) : 1. Ginnungagap 2. Ubiquitous Almighty 3. The Soothsayer 4. The Godless  Pope 5. Howling for You 6. Conquerors March 7. Scornful of Icons 8. Never to Return.

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Necroblaspheme – Belleville

Il nous aura fallu attendre trois ans depuis la sortie du fracassant Ep XXVI : The Deeper – The Better dont je vous recommande impérativement l’écoute (en streaming ici) et la lecture de notre chronique de l’époque réalisée par notre regretté chroniqueur ymishima ! Il décrit avec justesse l’ampleur prise par la musique de nos franciliens et son orientation assumée délaissant le Black Death traditionnel pour un crossover de Black / Death Metal / Postcore / Sludge modern et urbain. Pour ma part je vous avais annoncé en news ici et la venue de ce troisième tant attendu opus. Je vous avais également brievement parlé de Necroblaspheme et de tout le bien que j’en pensais lors de ma chronique du dernier et excellent album de Recueil Morbide (chronique ici). Oui je fais partie de ces personnes qui guettaient l’arrivée de Belleville avec énormément d’impatience ! 

Dès ma découverte du très bel artwork signé Dehn Sora (site ici et facebook là) je n’ai pas été déçu ! Il est soigné et sobre et on peut tout de suite déceler des pistes sur les thèmes et la musique qui va suivre. Necroblaspheme taquine une fibre identitaire à prendre au sens littéral et non au sens politique du terme. Ce n’est peut-être qu’une divagation de ma part mais cette pochette m’a évoqué l’esprit de celle de l’avant dernier album de Primordial le sublime et très épique Redemption at the Puritan's Hand. Bon Necroblaspheme ne donne pas dans le Pagan Black Metal hein !? Mais une certaine progressivité qu’il distille sur une bonne partie des compositions de Belleville invite à la contemplation et insuffle une emphase très épique à chacun de ses titres. En ce sens Belleville montre des ambitions plus Black Metal tout en restant fidèle à ce crossover Black, Death, Postcore et Sludge dont il s’est fait le chantre depuis Destination: Nulle Part (2008) leur second album. Cependant il se rapproche un peu de ce que Glaciation a fait avec son récent Sur Les Falaises De Marbre (lire l’excellent chronique de Mr Brute Force ici). 

J’ai aussi beaucoup pensé à la musique de Enslaved lors de l’écoute de Belleville notamment sur deux morceaux en particulier « Waiting to Exhale » dont le riffing m’a rappelé par moments certains plans de RIITIIR et c’est encore plus probant sur « Such a Lot » avec ses chœurs harmoniques. De là à dire que la musique de Necroblaspheme est du Black Metal progressif il n’y a qu’un pas que je ne franchirais pas ! En effet la musique ne s’est pas complètement assagi non plus et garde toujours ce référentiel Sludge Postcore et Black Death qui décidément lui va très bien ! Elle reste très virile et intense et donc dans la parfaite continuité de XXVI : The Deeper – The Better
 
C’est d’ailleurs à ce sujet une très bonne option qu’a pris le groupe en ce qui concerne la production de Belleville puisque il a décidé de retourner au Sainte Marthe Studio (site ici) sous la houlette de Francis Caste. En effet cette production brute mais chaleureuse convient vraiment à l’orientation du groupe et j’ai particulièrement apprécié le mixe final de la batterie et de la basse qui apporte énormément de rondeur et d’ampleur au son de Necroblaspheme.

Un album vraiment parfait et carré en tout point qui conviendra autant à un publique Postcore ou Sludge qu’à un publique plus sensible aux propos Black Death Metal. Certains bien entendu ne manqueront pas de critiquer la démarche d’ouverture de Necroblaspheme et lui reprocheront une carence en terme d’agressivité pure et de chaos mais je ne serai pas de ceux-là ! Tout simplement parce que j’ai adoré le fond et la forme de Belleville ! Il ne reste plus qu’à voir ce que cela donnera en live et si (comme je le souhaiterai) le groupe gardera un peu de son ancien répertoire dans ses futurs sets car je le répète les compositions de Belleville sont pour moi parfaitement complémentaires à celles de Destination: Nulle Part et XXVI : The Deeper – The Better. Affaire à suivre donc… 

FalculA (8,5/10) 


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Bandcamp Officiel où leurs deux derniers albums ont en streaming. 


Indépendant – Dooweet Records / 2015   
Tracklist (40:32) : 01. Rempart 02. Le Discours du Bitume 03. How did we get There 04. Two Trees (DeadWood) 05. Hyperspace 06. Waiting to Exhale 07. Freed 08. The Grande Boars Haunting 09. Gouffre 10. Such a Lot. 

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Référendum de la rédaction 2012

Référendum 2012 : 86 albums en lice à départager (11 de moins que le cru 2011). La majorité de la rédaction s'est prononcée, le temps de cuver et de bruler les urnes, et de se concentrer sur l'essentiel, voici les résultats :

1Napalm Death Utilitarian
2. Anaal Nathrakh – Vanitas 
Aborted – Global Flatline

4. Kreator – Phantom Antichrist

5. The CNK – Revisionnisme

6. Luca Turilli – Ascending To Infinity

7. Testament – Dark Roots Of Earth


8. Cattle Decapitation – Monolith Of Unhumanity

9. Converge – All We Love We Leave Behind

10. Blut Aus Nord – 777 Cosmosophy

Le palmarès en détail pour chacun des chroniqueurs qui se sont prononcés :

Aske :
Napalm Death : Utilitarian / CNK : Revisionnisme / 7 weeks : Play dead of night / Nothnegal : Decadence / Sybreed : God is an automaton / Yossi sassi : Melting clock / Spawn of possession : Incurso / Deftones :Koi No Yokan / Destruction :Spiritual Genocide / Burzum : Umskiptar

Baptiste
1. Kreator – Phantom Antichrist 2. Marillion – Sounds That Can't Be Made 3. Jon Lord – Concerto For Group And Orchestra 4. Unisonic 5. Black Country Communion – Afterglow 6. Testament – Dark Roots Of The Earth 7. Gotthard – Firebirth 8. AOR – Colors Of LA 9. Withcraft – Legend 10. Europe – Bag of Bones

Castor :
Cattle Decapitation – Monolith of Inhumanity / Anaal Nathrakh – Vanitas / Aborted – Global Flatline/ Grave – Endless Procession of Souls / Goatwhore – Blood For The Master / Malnatt – Principia Discordia / Psycroptic – The Inherited Repression / Napalm Death – Utilitarian / Ex Deo – Caligvla / Kataklysm – Iron Will

Clayman :
Hypno5e – Acid Mist Tomorrow / Allegaeon – Formshifter / Be'Lakor – Of Breath and Bone / Destinity – Resolve in crimson / Eluveitie – Helvetios / Gloria Morti – Lateral Constraint / Kreator – Phantom Antichrist / T.A.N.K. (Think Of A New Kind) – Spasms Of Upheaval / Luca Turilli's Rhapsody – Ascending to Infinity / Before The Dawn – Rise Of The Phoenix

Hamster :
1. Aborted – The Global Flatline 2. Skepticism – Farmakon 3. Testament – Dark Roots Of The Earth 4. All Hail The Yeti 5. Gorod – A Perfect Absolution 6. Sylosis – Monolith 7. Kreator – Phantom Antechrist 8. Dew Scented – Icarus 9. Tiamat – The Scarred People 10. Lamb Of God – Resolution.

Mister Patate
Anaal Nathrakh – Vanitas / The Project Hate – TCRA / Murder Construct – Results / Deftones – Koi No Yokan / Aborted – Global Flatline / Eïs – Wetterkreuz / Gloria Morti – Lateral onstraint / BAN – 777 – Cosmosophy / Hour of Penance – Sedition / Cattle Decapitation – Monolith of Inhumanity

Nico :
1. Napalm Death – Utilitarian 2. Converge – All We Love We Leave Behind 3. Vision of disorder – The cursed remain cursed 4. Kadavar – Kadavar 5. Nachtmystium – Silencing machine 6. Biohazard – Reborn in defiance 7. Sonne Adam – Messenger of desolate ways 8. Bad Brains – Into the future
9. Enslaved – RIITIIR 10. Asphyx – Deathammer

Oshyrya
01. Luca Turilli – Ascending to Infinity 02. Wintersun – Time I 03. Kamelot – Silverthorn 04. Gazpacho – March of Ghosts 05. Steve Hogarth & Richard Barbieri – Not The Weapon But The Hand 06. Holy Knights – Between Daylight and Pain 07. Mass Hysteria – L'Armée des ombres 08. Munruthel – CREEDamage 09. Skálmöld – Börn Loka 10. The Stranded – Survivalism Boulevard

Ymishima :
1. Shining – Redefining Darkness 2. Glaciation – 1994 3. Necroblaspheme – XXVI The Deeper The Better (excellente longévité pour quelque chose d'aussi court, j'en reviens pas)  4. The CNK – Révisionnisme 5. Blut Aus Nord – 777 – Cosmosophy 6. Anaal Nathrakh – Vanitas 7. Cowards – Shooting Blanks&Pills 8. Sale Freux – L'Exil 9. Decline Of The I – Inhibition 10. Converge – All We Love We Leave Behind

 

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