In Flames fait partie de ces groupes dont les albums sont attendus comme le Messie."Reroute to remain" ne fait pas exception à cette règle, mais risque fort de déconcerter, voire d'en décevoir plus d'un… Principal changement, la production, exit les Fredman studio, c'est Daniel Bergstrand (Messhugah, Strapping Young Lad), qui remplace Fredrik Nordström.
In Flames bénéficie d'un son plus gros, plus puissant, mais tous les musiciens ne sont pas à la fête… Principale victime, la guitare solo constamment à la lutte avec la guitare et la section rythmique pour être un tant soit peu audible, même motif, même punition pour les claviers. Il faudra sans doute plusieurs écoutes pour s'acclimater au nouveau son du groupe.

"Reroute To Remain" ouvre l'album avec une intro aux claviers (idée intéressante, cela dit fallait-il lui donner un son désuet, typé années 80, pas loin du groupe Andromeda ?). Le morceau garde les caractéristiques d'In Flames dans sa composition, les riffs accrocheurs, et les lignes mélodiques (malgré une production qui les relègue au second plan). Autre nouveauté, les choeurs mélodiques, très travaillés, certes, mais là encore le mixage ne les met pas en valeur, loin de là…
Avec "System", on est en terrain connu, plutôt rentre dedans, avec un son de batterie omniprésent, là encore, le groupe dynamite la vieille recette et insère un couplet chanté par Anders (vois torturée, par les effets surtout, avec d'ailleurs un vague soupçon de Wall of Voodoo à certains passages de l'album). Là encore le clavier à un son, particulier… Cela dit la compo reste intéressante, très structurée avec ses variations de tempo. "Drifter" ne fait pas de quartier, la batterie est encore au premier plan avec les guitares rythmiques, chant aggressif et choeurs mélodiques, le solo de guitare du morceau est le plus audible de l'album… "Trigger" assez classique de la part d'In Flames dans sa structure, le chant d'Anders subit encore des effets un peu trop appuyés.

"Cloud connected" est le morceau le plus puissant de l'album, mid tempo avec dans le fond quelques parties de claviers… Le son de guitare est vraiment énorme et colle au mur… Toujours les variations des parties de chant (mais quand Anders hurle c'est tout de même dans ce registre qu'il est impressionnant), et le soliste au placard… "Transparent", un morceau ou la section rythmique s'en donne à coeur joie, en guise d'intro Daniel Svensson blaste son kit de batterie et on perçoit un son de basse monstrueux… "Dawn of the new day", morceau accoustique ou l'on peut apprécier vraiment le chant mélodique d'Anders (moins d'effets). Toutefois la compo reste assez convenue… "Egonomic", le morceau suivant très speed, histoire de faire oublier la ballade, refrains mélodiques au menu, et toujours la prégnance de la batterie et des guitares ryhtmiques….

"Minus", là encore, on reconnait le style du groupe de Göteborg dans les arrangements entres parties mid tempo/ chant aggressif et les accélérations, toujours maîtrisées. "Dismiss The Cynics", est de la même trempe, avec un passage mélodique mid tempo. "Free Fall" : intro de boite à musique, mais le reste n'a rien d'une comptine, là les effets sur le chant sont à la limite du supportable, la compo est portée par des guitares rythmiques toujours aussi lourdes et ne laissent que la portion congrue aux aspects mélodiques (claviers, guitare et choeurs).

"Dark Signs", là encore pas de boulerversement révolutionnaire, pour une fois les choeurs -très en avant et poussés par les claviers- donnent toute leur mesure dans ce morceau qui varie les tempos."Metaphor" est le morceau le plus intéressant si l'on veut s'attarder sur la capacité de surprendre d'In Flames. Accoustique, sans les tonnes d'effets que semble affectionner Daniel Bergstrand, on notera l'apparition d'un violon, on pourra encore apprécier -ou haïr- le chant d'Anders, et le batteur montre quelques talents de percussionniste. Enfin, Black and White qui se distingue dans l'album par ses rythmiques syncopées et on peut constater qu'Anders n'a rien perdu de son aggressivité…
Bilan : un album qui laisse une impression mitigée… A trop vouloir changer, on risque de se fourvoyer et de se perdre ! L'intégration de claviers, le chant mélodique, les choeurs, le violon… sont en soit des idées intéressantes, encore faut il les mettre en valeur. Et c'est là ou le bas blesse, le mixage apporte un plus au côté aggressif sans doute, le groupe compose toujours des morceaux accrocheurs, mais ne met pas en valeur les arrangements mélodiques. Soilwork y est parvenu avec plus de brio avec Devin Towsend aux manettes. Dommage. Il fait regretter la production -basique- mais plus limpide d'un Whoracle pour ne citer que mon favori… Enfin tout cela n'est qu'une affaire de goût parait-il, reste à voir ce que cela va donner en concert…

Web hamster (06,5/10)

http://www.inflames.com/

Nuclear blast – M10 / 2002
Track listing (51:32) 1. Reroute To Remain 2. System 3. Drifter 4. Trigger 5. Cloud Connected 6. Transparent 7. Dawn Of A New Day 8. Egonomic 9. Minus 10. Dismiss The Cynics 11. Free Fall 12. Dark Signs 13. Metaphor 14. Black & White