Archive for juillet, 2003

Pride Of Lions – S/t

Pride of Lion est une association un peu improbable entre un vieux routard de la scène AOR, le claviériste de Survivor, Jim Peterik, et un jeune chanteur, Toby Hitchcock, dont le talent fulgurant aurait incité Peterik à relancer un projet ancré dans le style AOR. Les propos dithyrambiques à l'égard de ce prodige pourraient laisser au premier abord quelque peu perplexe, le genre abondant en chanteurs de qualité. Et ce d'autant plus que les vocaux sur la majorité du disque sont partagés avec Peterik, ce dernier se consacrant avec bonheur aux voix les plus graves. 

Le démarrage du riff de « It's Criminal » semble lancer un album au premier abord inscrit dans la veine balisée des albums de Survivor, Puis quand la voix de Toby Hitchcock se pose à la suite de son aîné pour le refrain, elle dévoile d'emblée une aisance, une pureté et une puissance hors du commun. Le titre s'en retrouve plus que relevé, mais c'est sur le morceau suivant qu'Hitchcock dévoile l'ampleur de tout son registre (quatre octaves répertoriés). Il touche au sublime sur le break de « She's Gone », réunissant à chaque fois à donner la plus grande émotion en atteignant des notes si aiguës qu'on les croyait réservées avant tout aux prouesses exclusivement techniques. 

L'auditeur saisit alors, à la suite des titres « Interrupted Melody » et « Sound of Home », que ce premier essai va prendre la tournure d'un succès sans ombres. Que ce soient à travers des morceaux lents (le mélancolique « Prideland ») ou plus rock (« Love Is On The Rocks » et surtout le classique « Music and Me »), Jim Peterik témoigne d'une inspiration digne des plus belles heures de Survivor (l'ombre de l'œil du Tigre est bel et bien présente tout le long du disque). Et ce avec une constance assez surprenante : les capacités de Peterik de retrouver l'inspiration et la fraîcheur des meilleurs moments de la FM des années 80' étonne chez un musicien dont la silhouette serait plutôt celle d'un vieux briscard du style. 

Il est en effet bien dur de trouver des représentants des années 80, capables de conserver une vraie fraîcheur (car il ne s'agit pas là vraiment de novation) en ne se fourvoyant pas dans l'étalage de mélodies mille fois interprétées. S'appuyant sur l'organe et le talent hors du commun de son jeune acolyte, Jim Peterik devrait diriger son Pride of lions vers un futur très enviable. 
À la fois rassurant et impressionnant.

Baptiste [8,5/10]

www.myspace.com/prideoflions

Frontiers / 2003

Tracklist : 1. It's Criminal 2. Gone 3. Interrumpted Melody 4. Sound of Home 5. Prideland 6. Unbreakable 7. First Time Around The Sun 8. Turn To Stone 9. Madness of Love 10. Love Is On The Rocks 11. Last Safe Place 12. Music and Me

Radioactive – Yeah

Tommy Denander est assurément un musicien qui gagnerait à être plus connu. Incontournable sur la scène AOR actuelle, dont il anime un certain nombre de projets intéressants (Rainmaker ou Prisoner), le guitariste reste malheureusement trop inconnu hors de ce milieu un peu étroit. Avec le deuxième opus de son projet principal, Radioactive, tous les ingrédients sont là pour que ce relatif anonymat soit dissipé une fois pour toute. 

Car ce nouvel album de Radioactive est tout d'abord celui de l'émancipation par rapport à l'influence de Toto, bien moins présente que sur son premier disque Ceremony of innocence, sur lequel étaient largement intervenus les musiciens du groupe de Lukather. Sur Yeah !, c'est avant tout la voix de Fergie Frederiksen, notamment sur l'un des titres « Demon », qui suggère quelques réminiscences du Toto de l'époque Isolation. La chose s'arrête là. 

Une classe indéniable… sur tous les plans

Le son colossal et très puissant dont jouit l'album accentue cette distanciation, et si c'est d'AOR qu'il s'agit ici, c'est un rock FM fortement mâtiné de métal qu'offre maintenant Radioactive. La guitare de Tommy Denander est très mise en avant, dotée un son tranchant pour appuyer des riffs heavy (« Yeah », « Don't Give Up », « I Should Have Known Better » etc.). La teinte AOR est conservée par la présence régulière des claviers (très bien placés sur le titre d'ouverture « Yeah » dont ils ne cassent pas la dynamique), ou par le choix de baisser un peu le volume de la distorsion, mais sans nuire à l'énergie des morceaux concernés (par exemple sur « Fire Within »).

Cependant cette remarquable production ne sert pas uniquement la guitare mais aussi les multiples chanteurs ayant posé leur voix sur ce disque. Tour à tour c'est Geir Ronning, Mikael Erlandsson, Fergie Frederiksen, Matti Alfonzetti ou Kimmo Blom d'Urban Tale qui ont interprété de un à quatre titres. Et la variété des voix, qui s'étend du haut perché (Fergie Frederiksen) à des timbres plus chauds et à des intonations plus basses (Geir Ronning), fonctionne à chaque fois à merveille sans nuire à l'homogénéité de l'album. 

Il faut dire qu'un grand soin a été apporté aux lignes vocales souvent riches et fouillées, en tout cas accrocheuses (le refrain de « Until I Change You Heart » ou le couplet somptueux de « Don't Give Up »), soutenues par des chœurs de haute qualité de Chris Demming (voir le résultat très heureux sur « Not That Innocent »), mais aussi par un gros travail de composition à la guitare lors des refrains pour que musique et chante se combine au mieux (« 7 Am »).

Des chanteurs hors norme mais aussi un guitariste au diapason

D'ailleurs le travail à la guitare de Denander sur tout l'album est exempt du moindre reproche. Son sens de la mélodie instantanément mémorisable (« Not So Innocent ») ou du riff simple mais tout ce suite entraînant (« 7 Am ») se dispense généreusement ici à foison. Mais il alterne aussi avec créativité les rythmiques plus syncopées, les successions de riffs voire les accélérations frôlant la virtuosité, non seulement en solo mais aussi sur certains breaks, comme celui de « 7 Am ». On lorgne alors avec bonheur en direction du métal progressif contemporain, sans jamais dégager le moindre relent d'opportunisme, car c'est avant tout la grande aisance des musiciens qui se manifeste alors.

En fait, Tommy Denander est un guitariste qui aime les contrastes et ainsi sur « Lies Feeds On Lies », il fait se succéder avec bonheur un solo acoustique avec des parties plus stridentes dotées de quelques harmoniques et bends attaquées de manière virulente. Un tour de force plus révélateur encore caractérise la ballade « Over You », dépourvue des grosses ficelles du genre : la voix de Ronning ; succédant à un arpège sombre, se fait tour à tour sensuelle, légèrement cassée, pour éclater sur un refrain plus rugueux sans jamais paraître être téléscopé. Le morceau culmine sur le solo vigoureux irréprochable.

Il est temps d'arrêter là la description car c'est en fait chacun des morceaux de qui devrait se prêter à une analyse détaillée, tant Yeah est un album à la richesse systématique. Une pièce de maître en quelque sorte. Sans doute un chef d'œuvre du genre. En tout cas, une parution qui devrait faire date.

Baptiste (9/10)

 

MTM / 2003

Tracklist (44:24) : 1. Yeah 2. Demon 3. Dont Give Up 4. Lies Feed On Lies 5. I Should Have Known Better 6. Over You 7. Fire Within 8. Not That Innocent 9. Make It Mine 10. Souls On Fire 11. 7 am 12. Until I Change Your Heart.

Kreator – Live Kreation

Ce live de Kreator était fort attendu car le groupe n'avait pas produit grand chose sur ce plan depuis le mini LP Out of the Darkness… et la vidéo de la tournée Extreme aggression. La carrière de Kreator n'étant pas homogène mais constituée de hauts et de bas, rythmés par des expérimentations musicales variées dès Renewal, on aurait bien imaginé un live plus tôt, dès la tournée Coma of Souls qui devait clore toute une période dans la vie du groupe. Ce ne fut pas le cas et Live Kreation, arrivé plus bien plus tardivement, se devait donc de couvrir une période de presque vingt ans, constellée de dix albums. Du fait de l'arrivée un peu tardive de ce live, nous avons donc affaire à un panorama d'une carrière très touffue sous la forme d'un double disque, aux titres extraits de toute une tournée.

Au risque d'incliner plus vers la compilation live que vers un véritable enregistrement de concert. Pourtant, il est indéniable que le pari est complètement rempli et que Kreator accouche là d'un live exemplaire. Même si des overdubs et des retouches ont pu être effectués en studio, on sent réellement ici un groupe très maître de son art et parfaitement en place. L'aisance sur les passages les plus rapides (« Extreme aggression » ou « All of the Same Blood », très impressionnants) ou sur ce vieux morceau, « Riot of Violence », chanté par le batteur Ventor/Jurgen Reil, témoignent de tout ce savoir-faire. Le groupe est en outre servi par un son excellent, très puissant mais propre et net, qui redonne ainsi un cachet actuel aux titres les plus anciens : les mythiques « Tormentor », « Flag of Hate » ou « Pleasure to Kill » retrouvent ainsi une certaine seconde jeunesse. Si la brutalité juvénile brouillonne d'antan est un peu estompée sur les plus vieux morceaux comme « Under the Guillotine  », « Pleasure to Kill » ou « Riot of Violence », la fougue des premiers temps est concentrée et raffinée par une maîtrise bien plus flagrante, sans jamais être dénaturée.

Et puis le public est quand même présent, jouant ainsi le rôle des backing vocals sur « Violent Revolution » et rendant ainsi cette version plus percutante que sur album. Pour finir, le choix d'intégrer un grand nombre de titres live (23 au total) s'avère en fait tout à fait justifié. On perçoit en fait bien à quel standard de qualité s'est maintenu durant sa carrière Kreator. Ainsi le morceau « Lost », issu du moyen Cause for conflict, desservi auparavant par le son confus de l'album, prend ici d'autres couleurs et révèle bien les capacités de composition qui présidèrent à son origine.

En fait aucun album n'est négligé par le Live Kreation même si les opus les plus controversés comme Renewal ou Endorama, ne sont représentés que par un unique morceau. Le tir est donc un peu concentré sur les albums les plus réputés : Coma of souls, avec notamment le titre éponyme et l'incontournable « People of the Lie », Pleasure to Kill avec trois morceaux et évidemment le dernier en date, Violent Revolution. Des puristes reprocheront donc quelques absences, notamment plus de titres extraits de l'incommensurable Extreme aggression, mais il s'agit de réticences mineures qui ne doivent pas occulter l'évidence : Kreator vient d'accoucher d'un des meilleurs live de Thrash jamais mis sur disque. Incontournable donc.

Baptiste [09/10]

 

www.kreator-terrorzone.de/

SPV – Wagram / 2003

Track listing : 

Disque 1 : 1. The Patriarch 2. Violent revolution 3. Reconquering the Throne 4. Extreme Aggression 5. People of the Lie 6. All of the Same Blood 7. Phobia 8. Pleasure to Kill 9. Renewal 10. Servant in heaven – King in hell 11. Black Sunrise 12. Terrible Certainty 13. Riot of Violence

Disque 2 : 1. Lost 2. Coma of souls 3. Second Awakening 4. Terrorzone 5. Betrayer 6. Leave this World Behind 7. Under the Guillotine 8. Awakening of the Gods 9. Golden Age 10. Flag of Hate 11. Tormentor