AF-invisibleTroisième album des néerlandais, Invisible Circles, devrait susciter des réactions partagées, moins accrocheur que "Prison of desire", et sans la puissance et la cohérence de "Decipher", revue de détail…
"Childhood in minor", des enfants qui piaillent pour commencer l'album, avec un clavier qui fait retentir une berceuse… Normal me direz vous, c'est conceptuel, les enfants et les problèmes qu'ils rencontrent dans la vraie vie (la confrontation avec les adultes et tout ça…), et en particulier la vie d'une jeune donzelle confrontée à des parents qui privilégient leurs carrières au lieu de s'occuper d'elle, pas aussi convaincant que les misérables, enfin bon on fait ce qu'on peut.. et c'est tout de même plus sérieux que des épées et des dragons (désolés les rôlistes mais faire le lien avec la vraie vie en musique c'est pas mal non plus), ou plus puéril que la chanson "Forlorn Hopes" qui traitait avec justesse des conflits au Moyen Orient (il est vrai que le texte de cette chanson de Decipher était signé de Mark, parti depuis fonder Epica pour ceux qui n'ont pas suivi tous les épisodes de la saga).

Le titre d'entrée lance les hostilités, les rythmiques, le chant de Floor (très en voix) sont efficaces, mais tout de même on ne sent pas d'évolution notable, on a l'impression que le groupe mise sur la sécurité des recettes éprouvées par l'excellent Decipher. Cela dit "Beautiful emptiness" est très accrocheuse, et entretient l'espoir d'une galette incontournable. D'ailleurs la production est du meilleur cru (Sascha paeth s'est occupé de pousser Floor dans ses retranchements, tandis que la production générale de l'album est signée Hans pieters). "Between love and fire", dans la meme veine, avec forte dynamique, l'album va crescendo on se dit que le cap du troisième album va être passé haut la main. Les arrangements sont agréables, mais ça pêche du côté des orchestrations moins enlevées que dans Decipher, et puis ça dérape, on part dans le concept, avec des dialogues (Amanda Sommerville d'Ayreon et Jay Lansford qui a travaillé avec Rhapsody) qui font décrocher l'auditeur et cassent le rythme. Cela dit, Bas a la bonne idée de chanter et s'en sort bien. Puis "sins of idealism" fait retomber la température, en dépit du chant parfait de Floor, la compo n'a rien d'exceptionnel. "Eccentric" des orchestrations moins éclatantes et une rythmique que le groupe à déjà écoulé plus d'une fois, cela dit elle possède une efficacité indeniable et le chorus est très accrocheur.

L'album redémarrerait -il ? Pour une fois Luuk a le droit de laisser sa basse prendre le dessus ce qui n'est pas déplaisant. Floor a pris une place prépondérante dans les structures des compos, mais cela ne masque pas le manque d'inspiration, en dépit de son talent indéniable. "Digital deceit", After forever a semble t-il décidé de recycler tous les éléments utilisés dans les albums précédents, intro un poil orientalisante. Sander assure toujours des grondements convaincants. La compo a malheureusement un air de déjà vu, en dépit de sa rythmique puissante, les mélodies sont banales. "Blind pain", la plus rentre dedans, la puissance est là, mais pas l'inspiration, l'ombre du symphonique et percutant Decypher plane toujours. Cela étant, le groupe à suffisamment de savoir faire dans sa besace pour faire illusion. Quand After Forever bastonne, c'est vraiment convaincant, malheureusement elle se conclut par un dialogue plutot rébarbatif… "Two sides" : là encore nous sommes en terrain connu, et l'air de rien, la lassitude commence à pointer le bout du museau. Le départ de Mark aurait t-il laissé plus de traces que le laisse entendre le groupe ? Paradoxalement la plus courte des compos de l'album souffre de longueurs et donne l'impression d'entendre les musiciens jouer en ordre dispersé.

Le soufflé retombe une nouvelle fois avec "Reflections" ou malgré tout Luuk prend encore une fois les devants à la basse. Le groupe est en pilotage automatique, l'alternance grosses rythmique de guitare et passages ou Floor s'en donne à coeur joie, malgré l'interprétation laisse sur sa faim. "Life's vortex", enfin le dernier morceau, Luuk encore une fois est bien présent plus qu'il ne l'a jamais été, mais les mélodies ne sortent pas de la banalité, encore une fois on reprend les riffs un poil orientalisants agrémentés de choeurs, déjà entendus autrefois, mais le coeur manque à l'appel, ça s'éternise, et on n'en redemande point. Pas de surprise majeure, des imperfections (les dialogues qui coupent l'album), malgré une interprétation de haute tenue, "invisible circles" n'atteint pas les sommets que tutoyait le groupe avec Decipher. On passera l'éponge sur les tenues arborées par le groupe (sorte de compromis entre l'équipage de star trek et bioman), en espèrant un album plus inspiré la prochaine fois…

Hamster (06.5/10)

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Transmission Records / 2004

Tracklist (58:56)

1. Childhood In Minor 2. Beautiful Emptiness 3. Between Love And Fire 4. Sins Of Idealism 5. Eccentric 6. Digital Deceit 7. Through Square Eyes 8. Blind Pain 9. Two Sides 10. Victim Of Choices 11. Reflections 12. Life's Vortex