Depuis le départ de DC Cooper, la trajectoire de Royal Hunt a suivi un tournant musical vers un heavy progressif nettement moins symphonique symbolisé par l'embauche d'un nouveau guitaristique au bagage technique impressionnant. Cette volonté, un peu tardive, de correspondre aux goûts du jour ne semble pas avoir permis au groupe d'élargir son spectre d'auditeurs ; pire, la masse du public de Royal Hunt est allée en s'étiolant. Ceci explique sans doute cette escapade du claviériste leader du groupe, Andre Andersen, vers ce projet un peu bancal concocté par les soins de Frontiers.
Sans doute pour complaire aux acheteurs du label FM, l'on a fait appel à deux chanteurs œuvrant dans un registre plutôt hard rock mélodique (l'ex Danger Danger, Paul Laine et David Readman de Pink Cream 69 et ex-Adagio). Et l'on a orienté la musique composée par Andersen sur III vers une dimension moins symphonique. Cette dernière reste cependant fortement marquée (« Dust To Dust »), souvent avec bon aloi sans que l'on touche là au sommet de la créativité d'Andersen (le solo de la clavier fort plat sur « Tell Me Your Lies » illustre bien ce constat). En outre on remarquera que toutes les intonations FM et Hard US à la Danger Danger de Paul Laine n'apparaissent nullement ; on connaissait déjà la capacité de David Readman de changer de style de chant au gré des contextes musicaux.
Une fois ces remarques techniques effectuées, on peut se pencher sur le contenu musical propre du projet. Celui-ci me semble facile et convenu au final : un Royal Hunt moins heavy et moins ambitieux, doté de compositions plus courtes et desservies par une production souvent moyenne. La curiosité suscitée par l'emploi de deux chanteurs s'effrite vite quand on constate que cet emploi est alternatif, les chanteurs s'étant divisé le disque en deux parties égales, n'apparaissant jamais ensemble sur un même morceau. De plus les timbres de voix des chanteurs ne s'avèrent pas assez différents pour produire des discontinuités réelles sur le disque. D'où un certain désintérêt s'installant vite.
Ce III est cependant loin d'être catastrophique, recelant un certain professionalisme, mais ne s'avère en définitive pas une alternative intéressante à la musique actuelle de Royal Hunt.
Baptiste (6/10)
Frontiers / 2006
Tracklist : 1. Rise 2. Dust To Dust 3. The Way It Goes 4. Straight To The Heart 5. Tell Me Your Lies 6. Don't Need A Thing 7. End Of My Rope 8. Scared To Live 9. Bulletproof 10. Learning To Fly
Au beau milieu de l'hibernation forcée de Nightwish, le guitariste du groupe scandinave, Emppu Vuorinen vient de concrétiser un projet qui lui tenait à cœur depuis plusieurs années : Brother Firetribe. À l'écoute de cet éruptif False Metal, l'on comprend aisément pourquoi Emmpu ne pouvait réaliser toutes ses aspirations dans le groupe du claviériste Tuomas Holopainen. En effet Brother Firetribe œuvre dans un registre Hard FM scandinave qui n'aurait pas dépareillé à la fin des années 80' : à vrai dire, seul le son, puissant et massif, tout particulièrement au niveau des guitares, ancre les musiciens dans la scène métallique contemporaine. Le reste évoque Journey, Bon Jovi, Europe voire le Kiss de Crazy Nights.
On pourrait supposer que Vuorinen n'a finalisé si tardivement ce disque car il lui fallait trouver le chanteur adéquat. C'est assurément fait avec Pekka Ansi Heino de Leverage : même s'il officie avec ce dernier groupe dans un cadre beaucoup plus heavy, l'homme se fond parfaitement dans le registre mélodique de Brother Firetribe. Outre la puissance de son organe vocal, il alterne et varie ses mélodies, de la ballade mélancolique (« Spanish Eyes ») aux refrains brûlants et heavy (« Break Out », « Midnight Queen » et j'en passe), sans jamais se montrer banal et convenu. Pour sa première prestation sur album, le résultat s'avère tout simplement stupéfiant ; Pekka Ansi Heino constitue assurément un nom à retenir.
Il est soutenu, non seulement par la guitare de Vuorinen qui signe là ses meilleurs soli (« One Single Breath » ou bien « Valerie » où il opte pour de belles parties fluides) mais aussi par les claviers très présents de Tomppa Nikulainen. Que ce soit lors de moments lead bienvenus – par exemple à la fin de « Love Goes Down » – mais surtout aussi lors de rythmique, pour se combiner aux guitares, à la manière de Journey (« I'm On Fire », « Devil's Daughter ») tout est du plus bel effet.
Au final, tout se révèle exemplaire sur ce False Metal. Au milieu d'une apathie musicale soporifique frappant le hard mélodique, ce premier disque fait figure d'une météorite inattendue mais incontestablement explosive. Espérons qu'elle puisse passer par la France grâce à une distribution conséquente.
Baptiste (9/10)
Spinefarm / 2006
Tracklist : 1. Break Out 2. Valery 3. I'm On Fire 4. Love Goes Down 5. Devil's Daughter 6. Midnite Queen 7. One Single Breath 8. Lover Tonite 9. Spanish Eyes 10. Kill City Kid
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Hamster Forever
Fév
8
Dans la catégorie metalcore nord américain, Bleeding Through occupe une place particulière, non pas en raison de son hommage discret au glam californien via l'utilisation un poil abusive de Eye liner ou de coupes de cheveux improbables. Une partie de l'explication se trouve plutôt dans le line up, la claviériste ne faisant pas dans la figuration, apporte une petite touche personnelle à l'identité sonore du groupe.
Au delà de ça, le groupe n'a pas mis d'eau dans son vin pour ce quatrième album, d'entrée de jeu le ton est donné, la tendance est à la volée de baffes histoire de coller l'auditeur au mur, et ce ne sont pas les quelques passages mélodiques au chant clair, teintés de mélancolie qui modifient la donne. On retrouve une formule assez classique usée jusqu'à la corde par les groupes metalcore, les gros riffs de guitares crasseux et teigneux, un vocaliste tentant d'imiter le grizzly réveillé malencontreusement pendant son hibernation, et les moments dégoulinants de tendresse ou il s'agit de faire passer l'émotion liée au dépit amoureux.
Néanmoins il faut bien admettre qu'en la matière, le groupe mouline ses riffs avec justesse et efficacité, le tout produit par Rob Caggiano (en vacances très prolongées d'Anthrax, ce qui lui permet de donner libre cours à ses talents de producteur), qui a d'ailleurs mis l'accent sur les guitares, sans pour autant écrabouiller les passages au clavier. Au final, il ne fait guère de doute que les compos de ce nouvel album devraient permettre à Bleeding Through de faire quelques ravages sur scène, pour le plus grand plaisir de nombreux pré ados nord américains en mal de défoulement. Reste à savoir si l'Europe succombera… rien n'est moins sûr. Chaudement recommandé aux fans de metalcore qui ne sont pas encore lobotomisés par le nombre de disques du genre sortis depuis deux ans, et pour ceux qui trouvent un Killswitch Engage trop mielleux.
Hamster (07/10)
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Trustkill – Roadrunner / Universal 2006
Tracklist (42:46) 01. For Love And Falling 02. Confession 03. Love In Slow Motion 04. The Painkiller 05. Kill To Believe 06. Dearly Demented 07. Line In The Sand 08. She´s Gone 09. Tragedy Of Empty Streets 10. Return To Sender 11. Hollywood Prison 12. The Truth