Archive for juillet, 2010

As I Lay Dying – The Powerless Rise

aspatatedie1807102041Désolant, que dis-je, désespérant ! Et dire que je me faisais un plaisir non feint de « m’occuper » à ma manière de cette dernière offrande des metalcoreux chrétiens d’As I Lay Dying, voilà que ces amis de Jésus ont décidé de ne plus tendre l’autre joue et de se rebiffer ! Adieu, plaisir et joie jouissive de finir une chro en pataugeant dans de la tripaille et du sang de christiancoreux jusqu’aux genoux (tout en restant objectif, bien entendu), car As I Lay Dying vient de me coller une mandale (petite, la mandale, hein, on n’en est pas encore arrivé au niveau de la machine à torgnole brevetée par Heaven Shall Burn).
 
Bon, avant tout, une petite mise au point s’impose : si vous êtes radicalement allergique / opposé à tout ce qui touche de près ou de loin au metal avec des touches « core », As I Lay Dying ne risque pas de vous faire changer d’avis. En d’autres termes : les vieux cons aigris et obtus du fond qui ne jurent que par le bon vieux death qui suinte / le bon vieux heavy avec calebuttes en peau de bête s’empresseront de cracher sur cet album sans même l’avoir écouté (et je dois avouer qu’il fut un temps où j’aurais certainement fait partie de ces vieux cons)… Et pourtant, après plusieurs écoutes, il faut reconnaître que ces petits gars ont fait un beau bout de chemin et nous livrent ici un album plus que correct.
 
En effet, même s’il garde quelques caractéristiques frappantes du genre, The Powerless Rise compte aussi son lot de passages burnés, de mélodies et de soli que l’on n’attendrait pas forcément sur un album « trendy ». Ces gars savent jouer, cela ne fait aucun doute, mais que serait As I Lay Dying sans sa tête pensante, Tim Lambesis, qui assure à la fois le chant et la prod’ des albums du groupe ? Difficile à dire, mais il est indéniable que son rôle au sein de la formation est majeur, plus particulièrement au niveau du chant, grâce à son registre très large et parfaitement maîtrisé.
 
As I Lay Dying décroche-t-il pour autant une victoire incontestable sur son terrain ? Presque. En effet, The Powerless Rise souffre quelque peu d’une production un poil faiblarde, plus particulièrement si on la compare à celle du dernier Heaven Shall Burn qui souffle tout sur son passage. Pure coïncidence, le nom de cet album dévoile son contenu : As I Lay Dying poursuit son ascension avec un album dont la prod’ manque de puissance, à l’exception d’un ou deux morceaux qui sortent du lot (je pense plus particulièrement à ce « Condemned » qui ne démarre réellement qu’à 00:30 pour ne plus lâcher le morceau jusqu’à la fin). 
 
Les Californiens d’As I Lay Dying ont fini de tendre l’autre joue… maintenant, ce sont eux qui collent des tartes par paquets de 12, et il y a fort à parier qu’ils pourront faire encore plus mal s’ils arrivent à coller un son « à la HSB » sur leur prochain album !

Mister Patate (07/10)

www.asilaydying.com

Metal Blade Records / 2010
Tracklist (44:14) 01. Beyond Our Suffering 02. Anodyne Sea 03. Without Conclusion 04. Parallels 05. The Plague 06. Anger and Apathy 07. Condemned 08. Upside Down Kingdom 09. Vacancy 10. The Only Constant Is Change 11. The Blinding Of False Light

 

Witchery – Witchkrieg

patatewitch1807101815La récession, la crise, le chômage… tout ça ne touche pas Legion, bien au contraire : surchargé de boulot, le pauvre bougre a dû lâcher Devian, faute de pouvoir y consacrer suffisamment de temps (et, par la même occasion, il crée de l’emploi, notre ami Erik, en cédant sa place à un nouveau beugleur)… Mais bon, malgré tout, ça devait le démanger, après des années à s’être arraché les cordes vocales chez Marduk et Devian… Alors, chassez le naturel, il revient au galop, et voilà Legion de nouveau en selle au sein d’un combo majeur : Witchery, le All-Stars-Band made in Sweden avec de vrais morceaux de Seance, The Haunted, Arch Enemy et Opeth dedans !
 
Pour ce premier album depuis 2006, Witchery a décidé de mettre les petits plats dans les grands. En effet, malgré la qualité de leur line-up, nos amis suédois ont convié quelques amis d’outre-Atlantique sur leur nouvelle galette, et pas des moindres : Kerry King (qui nous colle un solo dans un style bien slayerien sur le morceau éponyme), les compères Gary Hold et Lee Altus d’Exodus, Andy LaRocque et Jim Durkin, excusez du peu, la concentration de musiciens de premier rang sur cet album se rapproche de celle de Hollandais devant les écrans géants d’Amsterdam le soir de la finale de la Coupe du Monde.
 
Sur le papier, donc, il ne peut plus rien nous arriver d’affreux, cet album se doit d’être une tuerie sans nom, une boucherie aux relents Thrash qui va nous scotcher au mur et nous arracher les tympans… mais Witchery ne serait pas le premier All-Stars-Band à nous décevoir. Qu’en est-il, au final ?
 
Eh bien, Witchkrieg me laisse quelque peu sur ma faim. Certes, il dispose de plusieurs qualités indéniables, dont une prod’ énorme, où chaque instrument semble avoir été poussé au maximum pour mieux nous dépoussiérer les conduits. Cependant, la prod’ n’est pas la seule garante du succès d’un album : il faut en effet aussi des compos qui tiennent la route, et c’est là que Witchery pèche. Sans être vraiment mauvaises, certaines compos manquent de punch, comme si ces 4 ans sans nouvelle sortie avaient quelque peu émoussé le combo. Bon, il reste tout de même quelques morceaux qui feront du bien par où ils passent (« Witchkrieg », « The God Who Fell Drom Earth », « The Reaver », pour ne citer qu’elles), et Witchery parvient encore – quand il en a envie ? – à nous pondre du riff velu qui pète des nuques, mais le butin est finalement bien maigre. Au niveau du chant, enfin, Legion me semble, pour la première fois, réellement cramé : son chant se fait plus grave, comme s’il s’économisait la voix (et où est-elle passée, cette voix démoniaque qui a fait sa renommée à l’époque, lorsqu’il officiait encore chez Marduk ?).
 
Une fois de plus, Witchery vient vérifier l’adage selon lequel la valeur d’un groupe ne se juge pas uniquement sur les talents de chacun de ses membres… 

Mister Patate (06/10)

www.facebook.com/officialwitchery

Century Media Records / 2010 

Tracklist (34:25) 01. Witchkrieg (guest solo Kerry King) 02. Wearer of Wolves Skin 03. The God Who Fell from Earth (guest solo by Gary Hold and Lee Altus of Exodus) 04. Conqueror’s Return 05. The Reaver (guest solo by Gary Hold and Lee Altus of Exodus) 06. From Dead to Worse (guest solo Andy LaRocque of King Diamond) 07. Devil Rides Out 08. One Foot in the Grave (guest solo Jim Durkin of Dark Angel) 09. Hellhound 10. Witch Hunter

Terry Brock – Diamond Blue

Terrybrock_dbLe cahier des charges de Terry Brock devait être extrêmement précis à l'entame de ce second album solo. On sait que Frontiers n'aime pas trop les sorties hors des sentiers battus et on se doute qu'ici le label napolitain s'est encore gardé de toute excentricité : le chanteur de Strangeways et (depuis peu) de Giant devait, sur ce Diamond Blue, faire de l'AOR, un point c'est tout. Pas d'expérimentation à l'horizon ni d'influences autres que ce qui se faisait il y vingt ans sur les radios US.

On imagine que, vues les prédilections de Terry Brock pour ce genre musical, de telles exigences n'étaient pas pour le froisser. Depuis Strangeways mais aussi le disque solo de Mike Slamer et le dernier essai de Giant, on sait que Terry Brock excelle particulièrement dans ce type de musique. Et l'écoute de ce Diamond Blue confirmera qu'il est un des meilleurs chanteurs du genre actuel et, probablement, un des plus belles voix du hard rock tout court. 

Pour ne rien gâcher, Terry Brock a conçu et réalisé ce deuxième disque solo avec l'aide de Mike Slamer. Il s'agit peut-être d'un échange de bons procédés puisque Brock avait chanté sur la dernière réalisation solo de Slamer, effectuant une prestation par ailleurs très remarquable. On sent d'ailleurs « la patte » de Slamer ici, à la fois à la guitare et à la production. Les deux tutoient l'excellence et nul ne pourra reprocher à Brock de présenter à son public un disque « bon marché ». Si tous les disques de hard mélodique proposaient de telles qualités d'interprétation, de réalisation et de production, le genre serait sans doute loin de la confidentialité qui est la sienne sur le vieux continent.

Le disque s'ouvre en effet sur un trio de chansons de hautes tenues et extrêmement accrocheuses : « Diamond Blue », le tubesque « It's You » et l'entraînant « Jessie's Gone ». La tension retombe un peu sur un titre d'un hard rock eigties un peu plus banal, « No More Mr Nice Guy » au refrain un peu plat (sans rapport avec la chanson d'Alice Cooper) mais ne va pas tarder à remonter par la suite. Ainsi la ballade « Rain » s'avère très élégante et sensible, alors qu'un titre plus rock comme « Face in The Crowd », malgré sa simplicité apparente, révèle des trésors d'intelligence dans la composition (un peu à la manière de ce que sait si bien faire Journey). Et comme la qualité se maintiendra sur le somptueux « Why » ou l'émouvante « Face The Night », on arrivera à la conclusion que Terry Brock et Slamer ont réussi à réaliser un disque de très belle tenue, malgré – seuls bémols, mais fâcheux toutefois – son formatage et quelques inconstances, notamment sur les derniers titres. 

Diamond Blue restera donc à conseiller avant tout aux amateurs d'AOR ou aux curieux désirant savoir quelle excellence peuvent atteindre les musiciens du genre. Les fans d'expérimentations passeront donc leur chemin. 
 
Baptiste (07,5/10)

 

Frontiers / 2010

Tracklist (49:57) : 1. Diamond Blue 2. It's You 3. Jessie's Gone 4. No More Mr. Nice Guy 5. The Rain 6. Broken 7. Face in the Crowd 8. Why 9. Too Young 10. Soldier Falls 11. Face The Night