anat-hereLa musique, comme toute forme d'art, doit avant tout transmettre des émotions. C'est du moins comme cela que je l'ai toujours envisagée. Et c'est certainement pour cela que j'ai atterri dans le métal, alors que… il faut être bien malin pour deviner que j'apprécie ce style si on me croise dans la rue. Je ne parle même pas des gens qui m'ont connue enfant.
Anathema a commencé par le metal. Quelques uns ne les suivent plus qu'à distance depuis qu'ils n'utilisent plus autant de guitares saturées et que ça ne braille plus du tout dans les micros. Il faut dire que s'ils excèlent dans la mélancolie depuis toujours, ils ont commencé par proposer au public la colère/frustration qu'elle peut engendrer. Ils sont ensuite passés à la mélancolie pleine de tristesse. Celle qu'ils expriment maintenant est plutôt positive, tournée vers l'espoir ou au moins l'acceptation. Tout en conservant ce côté écorché vif quelque part dans les émotions. Qui sont donc un peu différentes au fil des années, mais toujours aussi omniprésentes, essentielles, centrales à la musique d'Anathema. Sans doute au fur et à mesure qu'ils apprennent à utiliser diverses subtilités musicales et d'arrangements pour faire passer ces différentes nuances, au lieu d'y aller brut de décoffrage comme à leurs débuts. 
Le seul album que je ne peux pas vraiment classer là-dedans, sans doute parce que je n'ai jamais vraiment pu y adhérer (alors que j'adore tout le reste) est A Natural Disaster, trop de petites choses inutiles rendaient le tout hautement "abordable pour le grand public" en effaçant beaucoup de cette force émotionnelle qui a toujours été le point fort d'Anathema, pour ne pas dire leur marque de fabrique.

Evidemment on ne peut pas s'empêcher de penser à certains groupes à succès actuels en écoutant cet album, comme Radiohead, Coldplay ou que sais-je encore. Mais Anathema fait les choses avec tellement plus de subtilité, de nuances… Il y a deux manières d'écouter cet album: se laisser transporter par les émotions sans vraiment comprendre ce qui nous arrive, juste apprécier le moment présent, ou analyser chaque petite subtilité musicale et ce qu'elle apporte au tout, dans la chanson comme dans l'album. Car chaque note, chaque harmonie, chaque rythme de cet album est pensé. Avec tellement de finesse que l'on peut très bien passer à côté de ces détails, ça ne saute pas aux oreilles, on peut se contenter de se laisser transporter par le résultat final. Et c'est très bien comme ça: encore une fois, la musique doit avant tout véhiculer des émotions.

En apprenant qu'ils engageaient une chanteuse (également soeur du batteur) dans le groupe, j'ai craint que Vinny chante moins. Alors que sa voix est absolument, absolument nécessaire à la musique d'Anathema. Mais la dite chanteuse a surtout un rôle de choriste, rôle qu'elle remplit parfaitement. Tout va donc pour le mieux dans le meilleur des mondes. 

En un mot?
Cet album est tout simplement beau. 
Avec une mélancolie qui mentionne la tristesse du passé pour pouvoir mieux appuyer l'espoir du lendemain.
Il n'y a que les trois dernières chansons sur lesquelles j'ai du mal à accrocher. « Get Off Get Out » est un exercice de composition très réussi dans le genre « rock 70's », mais on se demande un peu ce qu'il fait là, au milieu de chansons beaucoup plus tournées vers l'émotionnel. « Universal » et « Hindsight » sont probablement un peu trop longues et surtout ils en font un peu trop sur ces deux chansons. Elles sont belles, mais finissent par être tellement travaillées que les émotions qu'elles font naître sont plutôt de surface, pas aussi pénétrantes que dans les autres chansons, trop floydiennes peut-être, souvent trop simples dirais-je, surtout par rapport au reste de l'album. Rien n'est jamais parfait de toute manière en ce bas monde!

Polochon (09/10)

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Kscope / 2010

Tracklist (58:07) : 01. Thin Air 02. Summernight Horizon 03. Dreaming Light 04. Everything 05. Angels Walk Among Us 06. Presence 07. A Simple Mistake 08. Get Off Get Out 09. Universam 10. Hindsight