Voici donc le deuxième album de Journey avec Arnel Pineda, remplaçant d'un Augeri défaillant, lui-même remplaçant d'un Steve Perry lunatique (et encore nous excluons la période Jeff Scott Soto). Cet album va confirmer une règle, claire depuis Arrival : le premier album de Journey avec un nouveau chanteur est réussi et s'avère inspiré et le suivant, beaucoup moins flamboyant. Generations avec Augeri était donc assez insatisfaisant malgré quelques bons titres. 

Des ratages

Revelation, qui voyait les premiers pas au chant de Pineda, redressait fièrement le niveau et avait même permis à Journey de renouer avec des ventes de disque importantes. À première vue Eclipse est sensiblement inférieur à son prédécesseur et l'on peut prédire que le succès commercial sera bien moindre tant l'on a du mal à voir se détacher un éventuel single ici. Peut-être que le très AOR « Anything Is Possible » pourra attirer l'attention des radios spécialisés en classic rock aux États-Unis, mais cela n'a rien d'évident.

Un certain nombre d'autres morceaux ratent l'étape du single radio pêchant souvent par des refrains trop banals, à l'image du pourtant bon morceau d'ouverture « City Of Hope » ou de « Edge Of The Moment ». Quant à la ballade « Tantra », malgré des qualités indéniables, elle est bien bien loin des « Faithfully » ou « Send Her My Love » de jadis voire même d'un « After All These Years » sur Revelation.

Un disque à écouter quand même

Pourtant ce disque mérite le détour, et pas uniquement pour les fans indécrottables. En effet, le groupe, ayant sans doute compris qu'il ne tenait pas de hits, a cherché clairement à enrichir sa musique le plus possible, ce qui voit les morceaux de Journey dépasser allègrement les six minutes, soit bien au-delà des formats radio habituels. C'est évidemment Neal Schon qui peut s'exprimer le plus ici, ce qui donne une tonalité assez hard rock à l'ensemble. Mais auss ce qui donne lieu à de très belles parties de guitare (« City Of Love », « Edge Of The Moment ») et à des solos de premier ordre. Quand on connaît la classe du guitariste et la pureté de son son, on appréciera au plus haut point. Par ailleurs, Pineda chante toujours extrêmement bien, même si on attend toujours le moment où il se démarquera plus nettement de Steve Perry. Mais écouter ses vocalises sur le début de « Chain Of Love » lui fera tout pardonner. On ne s'étonnera pas au final de trouver un instrumental « Venus » qui permet à Castronovo d'exprimer, par des parties à la complexité inhabituelle, son talent de batteur, parfois un peu sous-employé. 

Eclipse est donc une sorte d'OVNI dans la carrière de Journey : malgré le style AOR, l'écoute n'accroche pas immédiatement, mais révèle assez de richesse pour rendre le disque clairement intéressant et attachant. 

Baptiste (7/10)

 

Frontiers / 2011

Tracklist (66:19) : 1. City Of Hope 02. Edge Of The Moment 03. Chain Of Love 04. Tantra 05. Anything Is Possible 06. Resonate 07. She's A Mystery 08. Human Feel 09. Ritual 10. To Whom It May Concern 11. Someone 12. Venus