Pendragon est en pleine métamorphose ; ce Passion permet de le démontrer. En effet, son prédécesseur Pure avait fait l'effet d'une claque auprès de nombreux fans habitués à un style clairement établi depuis The World (1991). Car en l'espace d'un album le groupe de Nick Barrett avait opéré un tournant majeur, modernisant clairement sa musique tout en la durcissant franchement. Même l'artwork classique du groupe, qui jusque là adoptait systématiquement des thématiques féériques et oniriques a été abandonné au profit d'illustrations composées de montage photo beaucoup plus sombres.
Or avec ce Passion, Pendragon ne tourne pas la page de Pure mais enfonce le clou. L'écoute des loops de batterie à l'entame du titre d'ouverture puis du quasi growl de Barrett au chant pour lancer les parties chantées en renversera beaucoup. Certes Pendragon, n'a pas entièrement viré sa cutie et l'on trouve sur ce disque de nombreuses caractéristiques de la musique de Pendragon avec de belles parties de claviers (sur « Empathy » notamment), des solos cristallins et lyriques en diable (« This Green And Pleasant Land »), voire un titre franchement apaisé (« Your Black Heart » interprété au piano par Nick Barrett plus que jamais maître à bord du bateau). Mais l'ensemble est quand même dans la droite lignée de Pure, certains riffs heavy (le remarquable « Passion », « Feeding Frenzy » ou l'excellent « Skara Brae ») ne trompant pas. On remarquera que le changement de batteur au profit d'un Scott Higham très à l'aise dans un registre heavy technique se montre plus que jamais justifié.
Malgré une inspiration un chouïa en-deça de celle de Pure, le tout reste hautement recommandable et sera un régal pour l'amateur de musique élaborée et puissante. Après plus de trente ans de carrière, il fallait oser opérer une mue pareille, alors qu'il aurait été tentant d'œuvrer dans un style qui garantissait à Pendragon une tranquille rente de situation jusqu'à la fin de sa carrière. Après les deux premiers disques (The Jewel et Kow Tow) qui voyaient un groupe en construction, puis deux décennies de The World jusqu'à Believe où le groupe avait adopté un progressif assez apaisé et élégant, une troisième ère tout aussi intéressante est donc ouverte pour Pendragon. Réjouissons-en nous.
Baptiste [8/10]
Snapper Music / 2011
Tracklist (54:44) : 1. Passion (5:28) 2. Empathy (11:21) 3. Feeding Frenzy (5:47) 4. This Green And Pleasant Land (13:14) 5. It's Just A Matter Of Not Getting Caught (4:41) 6. Skara Brae (7:32) 7. Your Black Heart (6:46)

Cryptborn à beau être un groupe finlandais, il sonne comme ce que l’on fait de mieux en matière de Swedish Death Metal. La Suède, quel pays merveilleux ! Vraiment, le Death Metal là bas à une façon de sonner bien à lui, que l’on reconnait entre mille, et qu’une pléthore de groupe essaient aujourd’hui de copier. Sonner Swedish quand on fait du Death Metal, non seulement c’est aujourd’hui devenu une mode qui marche à plein régime, mais c’est aussi presque devenu un gage de qualité.
Voilà une démo qui porte foutrement bien son nom. Visceral. En effet, on ne peut qu’opiner du chef à l’écoute du gros quart d’heure que nous propose les ricains de Clinging To The Trees Of A Forest Fire : si ça, ça ne vient pas des tripes, alors je n’y comprends plus rien…Bon après, ce qui vient des tripes n’est pas forcément synonyme de qualité. Prenez le vomi par exemple, ca vient de cette zone là, et ca reste bien dégueulasse tout de même. Bon, sans aller jusqu’à dire que Visceral l’est, je dois avouer que l’écouter m’a été plutôt désagréable. Et pourtant, je suis habitué à me prendre des décibels dans la tronche, et je trouve toujours quelque chose d’attirant, d’attrayant où d’intéressant dans les styles les plus extrêmes et les plus innommables, et dans les formes d’expressions les plus controversées. Et Pourtant, CTTTOAFF m’en a touché une sans faire bouger l’autre.