Bref. On me reprochait récemment un certain manque d’ouverture d’esprit au niveau musical. Du Death suédois à toutes les sauces, du Black, du Grind, du Thrash et puis basta. Mon carré musical avait fière allure, non ? Alors, quand Season Of Mist nous a envoyé le nouvel album de Kells et que personne n’a fait mine de s’y intéresser, je me suis souvenu de mes premières amours avec le Metal à chanteuse… enfin, surtout avec les chanteuses de Metal. D’ailleurs, quand je pense à Cristina Scabbia, ça me fait toujours tout drôle. Bordel, où ai-je bien pu mettre ce rouleau de Sopalin ?

Donc voilà, Kells nous propose un troisième album, celui de la consécration et de la percée. On nous annonce une Virginie gonflée à bloc (oui, moi aussi, j’avais mal interprété cette phrase), la participation de Ted Jensen pour le mastering de l’album (oui, ce bon vieux Ted, vous vous souvenez, le son de Death Magnetic ?), une prod’ qui bute et un groupe prêt à frapper fort. Rien que ça. Bon, vu le marasme actuel sur le marché du Metal à chanteuse (Within Temptation me déçoit de plus en plus, le seul attrait de Lacuna Coil est le joli minois de Cristina, The Gathering est mort avec le départ d’Anneke, et Nightwish… ha, Nightwish !), Kells a un coup à jouer… Mais détrôner les cadors du genre est apparemment plus ardu qu’il n’y semble.

Tout d’abord, le style pratiqué : des riffs Néo Metal, une touche symphonique légère et une chanteuse qui officie sur deux registres. En gros, Virginie, c’est la Belle et la Bête à elle toute seule. Pas mal comme idée, ça réduit les charges salariales, en cette période de crise, avoir deux chanteuses en une, c’est toujours ça de pris. Ce nouveau registre, c’est, paraît-il, la réponse à un conseil formulé par Candice d’Eths. Mouais, suivre les conseils d’Eths sur l’album de la percée, c’est un peu hasardeux (à mon humble avis, Eths n’a pas vraiment percé hors des frontières françaises, mais c’est une autre histoire). Par ailleurs, ces morceaux où hurlements et chant clair cohabitent risquent de poser problème en live (certains enchaînements, en particulier), à moins de recourir à des backing vocals… mais où est alors l’intérêt d’une chanteuse polyvalente si une partie de son chant doit être assurée par quelqu’un d’autre en live ? À voir en live, donc, mais ce point me laisse un peu dubitatif pour le moment…

Ensuite, la prod’. Peut-être est-ce dû aux MP3 envoyés par le label (et encore, j’en doute franchement, Season Of Mist nous envoie des MP3 de qualité, j’ai encore pu le constater avec le nouveau Terrorizer), mais ce n’est pas folichon : batterie et basse en retrait, guitares qui manquent parfois de mordant, on a beau être sur un album de Metal moderne, on est loin des productions en béton armé que d’autres groupes nous alignent régulièrement.

Enfin, les compos. On me dira certainement que je suis méchant, que je ne comprends pas l’essence-même de cette musique trop raffinée pour mes oreilles de bœuf inculte, mais où est l’étincelle ? Où est ce petit quelque chose qui rend un Unleashed Memories de Lacuna Coil aussi enchanteur et qui fait cruellement défaut ici ? Anachromie est sans relief, aucun morceau ne ressort véritablement. Enfin, non, je mens, « Addictions » et « Nuances » sortent du lot, mais pas en bien.

Au risque de m’attirer les foudres des puristes et autres fans, j’ai trouvé cet album décevant. Comment peut-on prétendre à la confirmation ou à la percée au niveau international si on n’arrive pas un seul instant à atteindre le niveau actuel des groupes qui ont donné à ce genre ses lettres de noblesse et qui, en cette année 2012, vivotent péniblement sans parvenir à renouer avec leur niveau d’antan ?

[3,5/10] Mister Patate

Site officiel : www.kellsofficial.com
Myspace officiel : www.myspace.com/kellsgaia

Season Of Mist – 2012
Tracklist 1. Bleu 2. Se Taire 3. Illusion D'Une Aire 4. L'heure Que Le Temps Va Figer 5. L'Asphalte 6. Emmurés 7. Quelque Part 8. Le Manège Déchanté 9. Cristal 10. Addictions 11. L'Autre Rive 12. Nuances 13. L'Écho 14. Furytale  15. On My Fate