Dire que la dernière offrande du sieur Saenko m’avait amèrement déçu est un euphémisme. Certes, il ne s’agissait pas techniquement d’un album de Drudkh (malgré la présence de la totalité du line-up du groupe), mais cette représentation marquée des Ukrainiens au sein de Old Silver Key et leur incapacité à susciter en moi cette satisfaction engendrée auparavant par chaque opus de Drudkh m’avaient salement refroidi. Le propos avait déjà été quelque peu édulcoré sur les derniers albums en date (ceux sortis sur Season Of Mist), il était maintenant dilué avec l’adjonction de Neige. Je craignais donc le pire.
La première écoute m’aura donc fait l’effet d’une bonne rafale cinglante qui fouette le visage et fait monter les larmes aux yeux. Les égarements commis sur l’album d’Old Silver Key sont de l’histoire ancienne et, plutôt que de poursuivre gentiment dans le sillon entamé avec Handful Of Stars, Drudkh revient à ses premiers amours, ce Black Metal poignant qui m’avait charmé dès le premier album sorti en 2003. Chacune des quatre pistes (« Eternal Circle » n’étant qu’une maigre intro) fleure bon l’époque où Drudkh était encore une perle rare, connue d’un nombre limité d’aficionados du genre, et ce retour aux sources a quelque chose de vrai, d’authentique. Certains groupes tentent vainement de sonner authentique, comme à leurs débuts. Drudkh y parvient sans peine.
Avec un peu de recul, mes craintes étaient infondées. Old Silver Key n’est pas Drudkh. Il s’agit peut-être même d’une aubaine pour nos amis ukrainiens qui peuvent ainsi jouer sur deux tableaux : le tableau post-rock aux très légers relents Drudkhiens d’une part, et le Black Metal slave qui leur a permis de percer d’autre part. Certains groupes auraient peut-être dû s’inspirer d’une telle démarche pour éviter les déboires qui ont succédé à la sortie d’un album en rupture flagrante avec le passé… N’est-ce pas, Morbid Angel ?
Season Of Mist – 2012
Tracklist 1. Eternal Circle 2. Breath of Cold Black Soil 3. When Gods Leave Their Emerald Halls 4. Farewell to Autumn's Sorrowful Birds 5. Night Woven of Snow, Winds and Grey-Haired Stars
Cadaveria ? Voyons voir, fondé en 2001 par deux membres du groupe de Black Metal Opera IX voilà leur nouvel album qui se retrouve à la tête de ma pile de chroniques à traiter parce que "toi t'es le boss, l'horreur c'est ton truc" dixit le chroniqueur peu enthousiaste. Admettons. Horror metal, c'est le 4ème album des italiens, qui sort 5 ans après In Your Blood.
Une éternité en somme, au point qu'à la réception de l'album, ce n'est pas sans appréhension que j'ai entamé son écoute. Les à prioris ont la vie dure, mais j'avoue que j'avais en tête un groupe italien de metal gothique avec chanteuse, en somme un outsider de Lacuna Coil qui serait resté coincé dans la catégorie culte. Mauvaise pioche. C'est un poil plus extrème et compliqué que ça.
Non, cadaveria ne va pas vous infliger 56 minutes de metal gothique avec une chanteuse qui se tortille comme des centaines d'autres en gémissant son mal à la vie. Flowers In Fire pourrait lors de son entame prêter à confusion, mais le groupe hausse le ton en balançant des riffs de guitare rugueux, et en s'appuyant sur une section rythnmique de Necrodeath qui cogne avec conviction. Un titre représentatif de l'album. Du metal sombre et mélodique, qui vire au Black Metal. Les quelques amateurs du groupe seront rassurés, le mélange des styles est toujours au programme du groupe italien, qui s'affirme une fois encore à l'aise dans les passages dignes du Heavy metal, du Thrash et des autres styles cités plus haut. Néanmoins on retiendra que le ton est plus agressif et Thrash que dans l'album précédent.
Cadaveria au chant suprend agréablement par sa capacité à changer de registre (chant clair et mélodique, ou hurlé, qui rappelle celui d'Angela Gossow d'Arch Enemy). Elle passe à chaque fois le cap. Clayman soulignait sa maîtrise au chant en 2007. C'est toutjours le cas aujourd'hui. La production un poil rugueuse devrait en revanche faire tiquer les amateurs de metal symphonique. L'album tient bien la route, les compos accrocheuses, en dépit de quelques longueurs qui les rendent un brin linéaires. Certains passages auraient mérité d'être plus concis. Au delà de ça, Cadaveria s'en tire bien malgré les clichés (comme la couverture de l'album caricaturale), et possède de solides arguments pour convaincre.
Hamster (08/10) 07.02.2012
Addendum 19.06.2013 :
Bakerteam Records et Cadaveria ont décidé un peu plus d'un an après la publication initiale de sortir une édition spéciale du quatrième album "Horror Metal". "Horror Metal – Undead Edition" comprend deux titres bonus, "Whispers Of Sin" (Ancestral Remix)' et 'Hypnotic Psychosis (Chaotic Remix)'. Commentaires du groupe "nous sommes entrés en studio pour réenregistrer les parties de batterie du morceau “ Whispers Of Sin" et nous sommes fiers d'affirmer que cette chanson sonne plus directe, et est plus captivante qu'auparavant, en un mot plus "ancestrale". Le chant a été réenregistré sur "Hypnotic Psychosis". Nous avons supprimé les réminiscences "New Wave" de ce titre pour avoir un ambiance plus extrème et agressive”.
01. Flowers In Fire 02. The Night’s Theatre 03. Death Vision 04. Whispers of Sin 05. Assassin 06. The Days of the After and Behind 07. Apocalypse 08. The Oracle (of the Fog) 09. Requiem 10. This is Not the Silence 11. Hypnotic Psyehosis
Undead Edition : 12. Whispers Of Sin (Ancestral Remix) 13. Hypnotic Psychosis (Chaotic Remix)
Nous voilà face à un album qui se découvre comme un livre. Les morceaux comme des chapitres, auxquels le groupe a décidé de faire référence non pas par des titres mais par de simples numéros, dont la trame se dévoile au fil d'une écoute posée et intéressée. Comme un oppressant roman qui sait toutefois laisser son lecteur respirer et évoluer, cet album développe un fil conducteur aux multiples ramifications qui s'étendent bien au delà de ce que pourrait laisser entendre une première écoute.
Soyons clairs toutefois, il serait à la fois réducteur et peu approprié de référer à ce travail comme du post-rock, label que le groupe a choisi d'afficher de façon prédominante pour synthétiser son travail. On évolue ici entre sombre pop-rock et drone doom, des lourdes basses qui nous feront vibrer aux simples mélodies qui doivent très certainement faire s'envoler un public live digérant ces envolées.
Pour un deuxième album, il faudra souligner que les influences sont très peu assimilées et restent une osature forte de ces sept nouvelles compositions. Le groupe italien navigue ainsi entre des montées en puissance rythmique/ guitares empruntées aux Foo Fighters, de lourds moments qui se sont fortement fait piétinés lors de la Black Procession de Machine Head. Certaines intros viendront nous rappeler les Monoliths & Dimensions de Sunn O))) alors que des atmosphères vogueront entre Wolves In The Throne Room et We're Here Because We're Here d'Anathema.
Cela fait beaucoup, nous direz-vous, et l'on en vient à avoir peur du capharnaüm en lisant ces lignes, vous aurez très certainement raison. Mais il faut ajouter pour la défense de ce jeune groupe que tout cela est proposé de façon à vous emporter doucement d'atmosphère en atmosphère, les contrastes relevés étant aidés par des transitions bien travaillées. Et si cet album manque encore trop de cohésion et de force de caractère pour vous emporter, il reste un travail de qualité que nous vous recommenderons de ne pas négliger. A découvrir en live ou lors d'une écoute posée, de préférence en regardant les actuels paysages enneigés défiler et en vous laissant, comme avec un bon livre, vous emporter un moment loin de votre quotidien.